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<I>Une lettre pour Laye</I> : S.O.S. pour Clémentine Kientega

Publié le vendredi 31 décembre 2004 à 07h35min

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Cher Wambi,

Ceux qui devancent Blaise dans l’eau

Une année s’en va, et une autre s’annonce. Dans quelques heures en effet, nous ferons nos adieux à l’année 2004 pour entrer pleinement dans l’année 2005.

Je ne doute pas un seul instant qu’à Laye, vous restez préoccupés par la campagne agricole écoulée, qui n’est pas arrivée à terme, faute de pluies.

Pire, l’invasion du Faso par les criquets pèlerins n’était pas pour arranger les choses. Mais rassure-toi, cher cousin, parce que les gouvernants se veulent aussi rassurants, il n’y a pas de quoi paniquer.

A manger et à boire, on en aura suffisamment jusqu’à la prochaine récolte. La zone d’ombre qui persiste au "Pays des hommes intègres", c’est la montée vertigineuse du grand banditisme, les braquages et j’en passe. Combien d’honnêtes citoyens y ont laissé la vie ou perdu leurs biens au cours de l’année qui s’achève ? Ceux qui veulent se donner bonne conscience disent que ce sont les conséquences du chômage croissant, mais tout de même !

En tout cas les autorités gagneraient à redoubler de rigueur et de fermeté afin de pacifier la cité, et de sécuriser les acteurs du développement. Car, aujourd’hui, la preuve est faite qu’il n’est pas aisé d’aller d’une ville à une autre du Burkina en toute sécurité. Les coupeurs de routes sont omniprésents et sévissent plus que les criquets pèlerins, au grand dam des forces de l’ordre et de la sécurité.

C’est, cher cousin, la raison qui explique mon absence du village en ces temps de fête. Rester en ville comportait moins de risques. Ainsi, comme à l’accoutumée, j’ai pu sacrifier aux traditionnels vœux de Noël présentés aux voisins, parents et amis, en attendant le 1er janvier 2005, c’est-à-dire demain samedi, pour le grand tour du Faso.

Qu’en a-t-il été à Laye ? Tu en as certainement entendu parler, Noël 2004 à Ouaga a été très exceptionnel. Nous avons, en effet, vécu une de ces chaleurs qui rappelle les mois d’avril et de mai. Le monde est-il en train de changer lui aussi comme les ans ? De mémoire de Burkinabè, on n’a jamais vu un tel climat au mois de décembre. J’étais encore en train de me poser des questions quand, par la voie des ondes, j’ai appris l’apocalypse survenu en Asie du Sud-Est.

Un simple coup de colère des eaux marines, et voilà la terre entière en deuil depuis dimanche dernier. A ce jour, on compte plus de 80 000 morts et 30 000 disparus en Indonésie, au Sri Lanka... et même non loin de nous en Somalie. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer la colère de la mer ? Si chez nous les "rats" des églises et des mosquées prétendent que c’est Bon Dieu qui rappelle son peuple à l’ordre, les savants, en tout cas, disent qu’il s’agit ni plus ni moins d’un séisme.

En un mot, la terre aurait eu une fracture, si tu veux, cher Wambi. C’est pire que le 11-Septembre, qui avait endeuillé les Etats-Unis d’Amérique en 2001 ; c’est la pire des catastrophes jamais vues. Prions Dieu que ça n’arrive pas sous nos cieux, car, si ça arrivait, les localités tels Manga, Pabré et autre Bazoulé seraient rayés de la carte du monde. Je dis cela pour m’amuser, mais implorons les ancêtres pour qu’ils nous épargnent d’un tel malheur.


Cela dit, cher cousin, aujourd’hui est la fin d’une autre époque, celle des billets de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), gamme 1992. Tu te rappelles, l’opération de retrait de ces billets de 500, 1000, 5000 et 10 000 FCFA avait débuté le 15 septembre dernier et courait jusqu’à ce 31 décembre. En tout cas, au Burkina, la Banque centrale a su mouiller le maillot, comme on dit, afin que même les habitants des villages les plus reculés en soient informés.

D’ailleurs, on vient de m’apprendre qu’elle a ouvert un guichet à la Maison du peuple à Ouagadougou depuis hier pour faciliter la tâche à ceux qui voudraient échanger leurs anciens billets. Avis donc à ceux qui, de tout temps, gardaient leur argent dans les canaris ou les enterraient dans leurs cases, comme cela a toujours cours à Sasma dans le Boulgou.

Mais attention, cher cousin ! Car malgré les campagnes d’information et de sensibilisation menées par les banques, il y en a qui se laissent facilement prendre au jeu des escrocs. A Pag-la-Yiri, Dame Blandine a, en tout cas, été bien payée pour le savoir. Alors cher cousin, mes seules adresses sont les banques, la poste et le guichet de la Maison du peuple, si tu ne veux pas que les termites à deux pattes rongent tes économies. A bon entendeur, salut !


L’an 2005, tu le sais déjà, nous conduira aux élections municipales et présidentielle au Faso. Ce qui retiendra l’attention, c’est assurément l’échéance présidentielle qui, depuis bientôt un an, fait des vagues. Il y a d’un côté ceux qui contestent à Blaise Compaoré le droit de se représenter, et de l’autre ceux qui ne jurent que par lui.

Mais avant même que l’enfant terrible de Ziniaré ait décidé de la suite de sa carrière politique, il y en a qui ont pris sur eux le risque de se jeter à l’eau avant lui. Je veux bien sûr parler de ceux qui sentent le "gombo" partout, et qui opèrent par anticipation stratégique.

Ainsi me revient-il qu’on se bouscule aux portes de la présidence du Faso, du siège du parti majoritaire, et des domiciles des bonzes du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) pour glaner les éventuels marchés, pour ne pas dire les deals, qui accompagneront la candidature de Blaise Compaoré. Des fabricants de gadgets (tee-shirts, casquettes, montres, boucles d’oreilles, etc.) aux marchands de cycles, en passant par les imprimeurs, les restauratrices, tout le monde est sur le qui-vive.

Même dans les agences de communication et de propagande, la bataille s’avère rude. Les journalistes ne sont pas en reste. De sources dignes de foi, des agents d’organes de presse tant publics que privés se seraient déjà positionnés pour assurer la communication du candidat Compaoré à la présidentielle 2005. Mais qu’adviendra-t-il si, par miracle, le promoteur du développement solidaire décidait de prendre sa retraite ?


Cher Wambi, à l’heure qu’il est, sûrement que la nouvelle du décès du patriarche de Tanghin-Dassouri t’est parvenue au village. En effet, Robert Balébien Balima s’en est allé le 28 décembre dernier à 11 heures dans sa 99e année. Robert Balima, c’est cette bibliothèque que L’Observateur avait rencontrée au cours d’un long entretien le vendredi 19 novembre 1994. Autant dire que cela fait une bonne dizaine d’années, et à 89 ans, il avait encore la mémoire vive et le sens de la répartie.

Exceptionnel, l’homme l’était à plus d’un titre. En effet, Robert Balima, qui était catholique pratiquant, a eu 22 enfants (morts-nés inclus) avec sa seule épouse, Suzanne Compaoré (la seule femme qu’il dit avoir connue en tant qu’homme en 70 ans de vie conjugale), et a été infirmier. Ce condisciple de Boubou Hama (du Niger) et de Guillaume Ouédraogo a fêté en 2004 sa 42e année de retraite après 37 ans de bons et loyaux services (avec en tout et pour tout un mois de congés).

Ainsi donc, le vénérable patriarche, qui parlait de mort, nous disant le 19 novembre 1994 que "La mort, c’est zéro. Faites du bien et vénérez Dieu, c’est tout, le reste n’a pas d’importance" , s’en est allé. Pour te prouver que le patriarche que le Tout-Tanghin-Dassouri pleure aujourd’hui était un des piliers de l’Eglise catholique, en lieu et place de l’absoute, c’est une grand-messe qui a duré plus de trois heures qui a été dite à son intention. Last but not least, l’archevêque de Ouagadougou, Mgr Jean-Marie Compaoré, et l’évêque de Manga, Mgr Wenceslas Compaoré, étaient du nombre des fidèles venus dire adieu au "vieux" avant son inhumation. Il s’en est allé avec tous les honneurs dus au patriarche qu’il était.


En attendant la reprise des phases éliminatoires jumelées de la CAN et du mondial 2006, nombreux sont les supporters qui ont entrepris de passer nos Etalons à la loupe. Ainsi, concluent-ils, l’attaque constitue le point névralgique de notre onze national. Nous n’avons pas d’attaquants confirmés qui puissent nous faire rêver.

Alors, que devient Narcisse Yaméogo ? Ce joueur talentueux, après ses débuts dans la capitale du Boulkiemdé, a fait les beaux jours de l’ASFA-Y, de l’EFO avant d’être sollicité par la Jeanne d’Arc de Dakar. C’est avec cette même équipe sénégalaise qu’il reviendra endeuiller l’ASFA-Y en coupe africaine la saison écoulée. Après une saison bien remplie au Portugal, on vient de l’annoncer en Russie. Pourquoi diable tarde-t-on à le rappeler en équipe nationale si tant il est vrai que ses mérites sont indéniables ?

A ce qu’il paraît, cher cousin, on lui aurait fermé les portes de l’écurie depuis le fameux match ASFA-Y # JA de Dakar. Et ce qu’on m’a servi comme raison est la suivante. Le stade de l’EFO jouxtant la demeure de François Compaoré, le jeune frère de l’autre, avait été affecté au club sénégalais pour ses entraînements. La veille du match, alors que les joueurs quittaient ledit stade à bord d’un car affrété par la partie burkinabè, l’un d’eux demanda à qui appartenait cette somptueuse bâtisse. Narcisse, apparemment le seul Tengèmbiiga (autochtone) du groupe, sans attendre, répondit : "C’est la villa de François Compaoré, le petit frère du président. Celui-là même qui a fait tuer le journaliste Norbert Zongo".

Le car qui transportait les joueurs avait des oreilles, m’a-t-on dit, puisque le chauffeur de service n’était autre qu’un pandore. La suite, on la devine aisément cher cousin. Narcisse se serait rendu compte de sa faute bien plus tard, mais sa langue avait déjà fourché. Des émissaires auraient été envoyés pour présenter les excuses du joueur à qui de droit, mais en vain. En tout cas moi je te restitue la chose telle que je l’ai apprise. Maintenant à la question de savoir si ces faits sont avérés, laisse-moi te dire que je ne suis pas dans le secret des dieux, donc...


Maintenant, cher cousin, et avant de t’inviter à parcourir très rapidement le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, bien maigre aujourd’hui, je te souhaite ainsi qu’à tous les parents de Laye une bonne et heureuse année 2005, débarrassée des angoisses que nous avons pu connaître en 2004.

- Comme chaque année, le Mess des officiers de Ouagadougou sera pris d’assaut ce 31 décembre à partir de 21h. En effet, l’Amicale des anciens enfants de troupe y organise sa traditionnelle "Saint- Sylvestre de l’AET". Sous ce vocable "AET" est désignée toute personne, civile ou militaire ayant fait ses Humanités dans un prytanée militaire. Et ils sont bien nombreux à toutes les hiérarchies de l’administration et de l’armée. En plus des feux d’artifice qui crépiteront aux douze coups de minuit, ces anciens du Prytanée militaire du Kadiogo proposent un melting-pot de rythmes assuré par les AS DJ, l’orchestre national et Jeanne Bicaba.

Tous les âges s’y retrouvent donc. Une grande tombola avec des lots importants est également au programme. La Saint-Sylvestre de l’AET est ouverte à tout le monde et constitue une formidable opportunité de communion dans la fête ; en plus, les droits d’entrée sont modiques, car ils sont de 15 000 F pour les couples et de 10 000 F pour les personnes seules, y compris une boisson. Les réservations se font au 50 30 68 15 et au 50 39 82 06.

- Le 21 décembre 2004 à Ouagadougou, il ne faisait pas bon circuler sur une motocyclette non dédouanée ou non immatriculée. Les forces de police et de la douane ont durement sévi ce jour-là. Depuis, c’est la ruée vers la Direction générale des transports terrestre et maritime (DGTTM), tout le monde voulant se mettre à jour. Comme on le dit, tant que ça ne chauffe pas, les gens traînent les pieds.

Aujourd’hui, les agents de la DGTTM sont littéralement débordés. Dès 19 heures, les gens commencent à faire la file pour pouvoir être servis le lendemain avant 12h30, l’heure de la fermeture des bureaux de la DGTTM. Un vrai chemin de croix. Mais il y a une question qui mérite d’être posée à ces messieurs de la DGTTM : pourquoi ne pas ouvrir assez de guichets pour traiter diligemment les dossiers de tous ces demandeurs ? Comment comprendre que malgré l’affluence on ne maintienne qu’un seul guichet ?

C’est vrai que les propriétaires des engins ont fauté par négligence en laissant traîner des mois, voire des années, des démarches administratives qu’ils savent contraignantes tôt ou tard, mais on ne saurait occulter le rôle joué par les sociétés et autres vendeurs de motos. En effet, comment comprendre que cinq mois après l’acquisition d’une moto, l’acheteur soit toujours à la recherche du certificat de dédouanement de son engin auprès du vendeur ?

C’est dire en clair que ces sociétés nous vendent des motos non dédouanées et les services compétents laissent faire. Qu’on nous explique cela. Sinon c’est à croire que ces retards dans la délivrance des documents de vente des motos cachent mal un faux deal.

- Dans l’Observateur Paalga du 03 août 2004, dans un "SOS pour une « chaîne de cœurs pour sauver le cœur d’Alima », une jeune fille qui souffrait d’une malformation, avait été lancé à l’endroit d’éventuelles bonnes volontés. Un couple français avait alors été très sensible à ce cri du cœur. Aujourd’hui, Alima, après un séjour en France, a un cœur neuf grâce au couple Armengol.

Alors qu’on implorait Dieu pour que pareil cas malheureux ne soit plus enregistré, voilà qu’une autre urgence se présente. Comme Alima, qui n’avait que six mois de survie, une dame d’une trentaine d’années, Clémentine Kientega qu’elle s’appelle, a la vie présentement en sursis. Atteinte d’un cancer du sein droit, elle n’a plus qu’un mois de vie si les deux produits qu’on lui a prescrits ne sont pas obtenus d’ici là : il s’agit de Taxotère 80 mg (2 fois) et de 20 mg (2 fois), le tout pour un montant de 1 200 000 FCFA.

Si ces produits sont acquis, Mme Kientega devra subir une ablation du sein avant des soins au Ghana voisin. Sa famille lance donc un SOS pour lui venir au secours. Pour toute aide, les contacts sont les suivants : 76 61 41 35 et 76 64 04 88. D’avance merci.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.

Ton cousin,
Passek Taalé.
L’Observateur Paalga

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