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Conflits fonciers à Solenzo : Autochtones et allogènes enterrent la hache de guerre

Publié le mercredi 14 mars 2012 à 00h28min

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La crise foncière qui oppose les autochtones aux populations immigrées depuis quelques années dans les Banwa a trouvé un dénouement heureux. C’est ce qui ressort de la rencontre de conciliation qui a regroupé les différents protagonistes de la crise le samedi 10 mars 2012 à Solenzo.

La date du samedi 10 mars 2012 restera gravée dans la mémoire des Solenzois. En effet, cette date marque le retour définitif à la paix dans cette localité entre populations autochtones et immigrées longtemps divisées par les litiges et les conflits autour du foncier. Devant l’autorité administrative de la région notamment le Haut-commissaire des Banwa, la chefferie coutumière de Dédougou, le Procureur de Dédougou et le Secrétaire général du Conseil régional de la Boucle du Mouhoun, principal acteur dans la résolution de la crise, les ennemis d’hier ont pris l’engagement de fumer le calumet de la paix dans le seul but de propulser le développement des Banwa.

A la tribune des échanges, autochtones et allogènes, jeunes comme anciens tous ont regretté les événements tumultueux du passé et ont dit « plus jamais ça » à Solenzo. Mais les migrants dont la majorité écrasante est d’ethnie mossi iront encore plus loin puisqu’ils vont demander officiellement pardon aux autochtones Bwaba avant de se soumettre aux rites comme l’exige la tradition en pays bwaba. Pour mémoire, après les évènements de 2010 marqués par le refus de libérer les terres retirées par les autochtones et le labour de ces terres par des groupes de migrants organisés et usant souvent de la force, un clivage assez profond est né entre les autochtones et une partie des migrants.

Et c’est à partir de ce moment que les groupes se sont formalisés et chaque groupe est à l’affût de toute information le concernant. Cette situation a créé une suspicion et entraîné des rumeurs de toutes sortes sur les intentions des uns et des autres. C’est ainsi que le 16 mai 2011, un agent de police de Solenzo traverse un cortège de masques organisé dans le cadre de la cérémonie coutumière du dô. Conformément aux rites, il est fouetté par les accompagnants des masques et son moyen de locomotion est confisqué. Peu après, des agents de police armés rejoignent le domicile du chef coutumier pour réclamer l’engin de leur collègue.

La suite on la sait tous. Le commissariat de police est saccagé puis incendié quelque temps après. Dans l’après-midi du 17 mai 2011, la situation s’enlise et se transforme en un conflit intercommunautaire suite à la diffusion par un animateur de la radio Lotamou de Solenzo de propos supposés hostiles aux coutumes. Armés de fouets, les organisateurs des rites se dirigent sur son domicile et son accueillis par des coups de feu de la part d’un groupe de migrants de l’ethnie mossi venus le défendre. Le bilan est macabre. Deux morts et de nombreux blessés par balles.

Ousmane TRAORE

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 14 mars 2012 à 06:37 En réponse à : Conflits fonciers à Solenzo : Autochtones et allogènes enterrent la hache de guerre

    Gloire à vous, le pays est dans la mauvaise direction et ce sont des actions de ce genre qui vont nous ramener sur la bonne route. Il faut le comprendre, nous devons tout faire pour maintenir notre pauvre pays en paix car les pays africains dits riches ne finissent pas de brûler.
    J’ai rencontré des ivoiriens de tous les bords, ils ont une seule chose en commun, les mésententes sont vraiment sataniques et chacun doit trouver l’eau où il le faut pour le mettre dans son vin. Et ceux qui ont vécu les tueries évitent de se contredire. N’attendons pas que nous en arrivions à cette étape.
    Nous sommes tous les mêmes ; si un ennemie entre au Faso, il ne va pas choisir de type de balafre.
    QUE DIEU VOUS BÉNISSE

  • Le 14 mars 2012 à 08:15 En réponse à : Conflits fonciers à Solenzo : Autochtones et allogènes enterrent la hache de guerre

    Article très bref pour un sujet aussi sensible. Cette réconciliation , nous la souhaitons durable voire définitive. Mais en dehors des autorités administratives qui cherchent des points , quel fils de la localité y était ? Où avez vous mis les députés de la province , les anciens députés et ministres et les autres cadres ? C’est une réconciliation forcée , voulue par le procureur et le haut commissaire afin de libérer ceux qui étaient détenus. Les populations se sont pliées à cette exigeance afin que les siens reviennent à la maison.Le gouvernement est il au courant de cette réconciliation ? Pourquoi n’a t il pas envoyé une délégation pour un sujet aussi sensible ? Pourquoi l’absence de la TNB et des autres organes de presse. A vouloir se précipiter pour résoudre une situation aussi sensible qui concerne tout l’ouest , j’ai bien peur que le haut commissiare et le procuneur ne complique les chose. Le problème du foncier à l’ouest et les conflits y afférants doivent faire l’objet d’un débat national et non d’une recherche de position comme le haut commissaire et le procureur veulent le faire ?

  • Le 14 mars 2012 à 10:01, par Azizo En réponse à : Conflits fonciers à Solenzo : Autochtones et allogènes enterrent la hache de guerre

    "Pour mémoire, après les évènements de 2010 marqués par le refus de libérer les terres retirées par les autochtones et le labour de ces terres par des groupes de migrants organisés et usant souvent de la force, un clivage assez profond est né entre les autochtones et une partie des migrants."

    Ca veut rien dire, cette phrase !
    Cet ecrit est plus que moyen !

  • Le 14 mars 2012 à 12:14, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Conflits fonciers à Solenzo : Autochtones et allogènes enterrent la hache de guerre

    - Justement est-ce que ce policier provocateur des courumes et ses collègues qui sont allés roupéter cher le chef de terre, font partie des révoqués de la police ?

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 14 mars 2012 à 12:22, par KOASSA En réponse à : Conflits fonciers à Solenzo : Autochtones et allogènes enterrent la hache de guerre

    C est ainsi que la gestion des conflits doit se faire. felicitation à tout le monde. DEMANDER PARDON n’ a jamais diminuer une personne.vivre en communauté c est respecter tout un chacun.

  • Le 14 mars 2012 à 16:04, par Cephas En réponse à : Conflits fonciers à Solenzo : Autochtones et allogènes enterrent la hache de guerre

    Faut-il attendre une autre étincelle pour comprendre que ceux qui se sont accaparés des dizaines d’hectares dans nos campagnes doivent en céder avant que cette poudrière n’éclate à son tour ? Évidemment, cela n’est pas le sujet de cet article, mais on ne peut plus ignorer les problèmes posés à tous les niveaux par la pression sur les sols cultivables. GOUVERNER N’EST-CE PAS PRÉVOIR ?

  • Le 16 mars 2012 à 12:26, par Bala Wenceslas SANOU En réponse à : Conflits fonciers à Solenzo : Autochtones et allogènes enterrent la hache de guerre

    Chaque fois qu’un pas est fait dans le sens du pardon et de la réconciliation cela mérite d’être salué. Seulement quand on parle de réconciliation c’est à l’évidence parce qu’il y a eu mésentente, discorde, querelle,...

    La terre rurale (comme urbaine) est une ressource qui a longtemps été nourricière pour tant de générations. Les conflits liés à l’accès à cette ressource ne sont pas nouvelles ; par contre ce qui me semble nouveau c’est l’ampleur et les lignes de clivage qui caractérisent ces conflits actuels. Sans entrer dans le détail de l’historique des mouvements de peuplement, tant que ’dame nature’ était ’importante’ en quantité et qualité les alliances entre autochtones et allocthones ont permis à l’Homo de se rendre ’maître’ de territoires. Maintenant que nos besoins (et gourmandises) nous font demander trop à cette nature, les alliés d’hier entrent en conflit pour le contrôle de cette même ressource.

    Les politiques foncières (dont la PNSFMR et la loi 34) vise à trouver des solutions d’utilisation plus équitable, plus viable et durable du foncier. Seulement entre l’intention des politiques et lois, et les pratiques quotidiennes le gap est parfois important. Les acquisitions foncières par les élites nationales, peuvent dans certains cas contribuer à exacerber les conflits fonciers entre les communautés locales où la compétition à la terre rurale n’en est qu’à ses débuts. Quels mécanismes de gouvernance avons-nous en place au Burkina pour assurer une gestion transparente des acquisitions foncières en cours ?

    Des politiques aventurières sont en perspective avec des camouflages ’légaux’ ; et il faut bien prendre le temps d’en discuter sereinement. Si on ne prend garde, bientôt nous entrerons dans un cycle d’organisation de l’accaparement des terres aménagées (sur fonds publics) au profit de compagnies extrangères. Et pour amuser la galerie et divertir l’opinion publique, l’on bricolera des espaces aménagés à va-vite pour y enfermer les ’petits exploitants familiaux.

    Au-delà de la réconciliation (même fragile) de Solenzo, prenons le temps enfin de trouver des solutions durables aux acquisitions foncières en cours en milieu rural (et urbain).

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