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<I>Une lettre pour Laye</I> : Les renseignements français enquêtent à Ouaga

Publié le vendredi 15 octobre 2004 à 10h52min

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Cher Wambi,

Ce vendredi, quand s’éclipsera l’astre du jour, j’accomplirai mon pèlerinage annuel à Hamdalaye chez El hadj Aboubacar que tu sais être un grand ami de longue date. J’ai coutume chaque année, à la veille du Ramadan, de lui offrir un peu de sucre, du lait et même du miel quand la poche se montre généreuse, afin qu’il puisse accomplir son jeûne en toute quiétude.

Je ne sais pas quand exactement les fidèles musulmans l’entameront, mais j’ai ouï dire que dans certains pays, les adeptes du prophète Mohamed sont en plein dans le jeûne. En as-tu eu vent à Laye ?

Quoi qu’il en soit, cher cousin, nous ne pouvons que souhaiter à nos frères en islam de passer un bon mois de Ramadan, avec la bénédiction d’Allah, le Tout-Puissant et Miséricordieux, et que les bénéfices de ce jeûne leur soient profitables, à eux et à la nation entière. D’ailleurs, je n’en doute pas un seul instant, fort de ce que la communauté musulmane du Burkina Faso s’est enfin réconciliée avec elle-même, au cours du congrès qui vient de se tenir du 8 au 10 octobre 2004 au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC), et dont tu sais déjà qu’il a accouché d’un bureau de consensus, que préside El hadj Oumarou Kanazoé, qu’on ne présente plus.
Ils ont su enterrer la hache de guerre, et c’est tout à leur honneur.

Cela dit, cher cousin, l’actualité nationale reste dominée par "l’affaire dite Hermann Yaméogo", consécutive aux accusations faites par la Mauritanie contre les autorités burkinabè. Lors de la conférence de presse qu’il a donnée le jeudi 7 octobre dernier, le procureur général, Abdoulaye Barry, a en effet accusé le président de l’UNDD, promoteur du Tékré, d’avoir cogné les têtes des autorités des deux pays lors de son dernier périple en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Sénégal, aux Etats-Unis d’Amérique, etc.

Un peu comme l’avait fait le ministre de la Sécurité, Djibril Bassolet, dont les services ont eu à entendre Hermann Yaméogo et Noël Yaméogo, son compagnon, à leur retour de voyage. Et si pour l’héritier de monsieur Maurice les autorités attendent que le Parlement se prononce sur l’éventuelle levée de son immunité pour activer l’affaire en justice, ce n’est pas le cas pour Noël Yaméogo, qui a déjà été inculpé et incarcéré depuis belle lurette.

Hermann et les siens, qui n’entendent pas se laisser faire, ont choisi de riposter ce dimanche par un grand meeting d’information sur la situation et de dénonciation de la politique d’immixtion du pouvoir burkinabè dans les affaires intérieures des autres Etats, à la maison du Peuple à Ouagadougou à partir de 10h.

Mais en attendant, Reporters sans frontières (RSF) de Robert Menard, qui a appris à travers une dépêche de l’Agence France Presse (AFP) qu’elle a été citée par le ministre Djibril Bassolet comme ayant été destinataire "d’informations mensongères" sur l’existence de prétendus camps d’entraînement au Burkina Faso pour des mercenaires ayant pour mission de déstabiliser la Côte d’Ivoire et la Mauritanie, dément catégoriquement cette allégation. Et l’Organisation internationale de défense de la liberté de la presse d’ajouter qu’elle n’a jamais reçu ni de Me Hermann Yaméogo ni de quiconque des informations de cette nature.

Mais est-ce avéré que le Burkina de Blaise Compaoré est un sanctuaire de mercenaires et d’opposants indécrotables de ses pairs de la sous-région ? Comme toi, cher cousin, j’ai cherché à en savoir davantage, et voici ce que m’apprend l’hebdomadaire international Jeune Afrique l’Intelligent, dans son édition n°2283 du 10 au 16 octobre courant :

"Les accusations formulées par le président ivoirien Laurent Gbagbo à l’encontre de son voisin burkinabè Blaise Compaoré et contenues dans une longue lettre réquisitoire en date du 26 septembre remise à plusieurs chefs d’Etat de la région sont, en partie du moins, sans fondement.

C’est la conclusion à laquelle sont parvenus les services de renseignements français qui ont, à la demande de l’Elysée et du Quai d’Orsay, enquêté sur plusieurs des "informations" contenues dans cette lettre. La présence au Burkina d’anciens légionnaires du 2e REP, d’instructeurs israéliens spécialisés dans la guerilla urbaine, d’ex-maquisards congolais de Jean-Pierre Bemba, ou encore de celle du général à la retraite Jean-Claude Mantion (qui réside en Nouvelle Calédonie) relèveraient ainsi du fantasme.

En revanche, les autorités françaises, qui font confiance à l’ex-président Abdou Diouf pour apaiser les tensions entre le Burkina et ses voisins avant la tenue du Sommet de la Francophonie en fin novembre à Ouagadougou, estiment que Blaise Compaoré pourrait faire un geste en éloignant de son entourage l’opposant mauritanien Moustapha Ould Limam Chaffi, très mal vu à Nouackchott ".

A toi maintenant de savoir faire la part des choses cher cousin. Au moment où je traçais ces lignes, on m’apprend que le regroupement des 16 partis politiques de l’opposition, appelé R16, devait donner hier après-midi à partir de 15h une conférence de presse au siège du PAI à Bilbalogho pour statuer sur cette affaire qui défraie la chronique et divise l’opinion tant nationale qu’internationale.

- Ce vendredi 15 octobre, les partis sankaristes (CPS, FDS, FFS, FPC, PNP, UDPI, UNIR/MS) se sont donné la main pour commémorer de façon unitaire le 17e anniversaire de l’assassinat de leur idole, Thomas Sankara. La célébration, cette année, est placée sous le thème : "Sankarisme : seule alternative pour un développement humain durable". A 15h, ils seront tous au cimetière de Dagnoën, où ils déposeront des gerbes de fleurs sur les tombes des martyrs. Le lendemain, l’UNIR/MS de Me Bénéwendé Stanislas Sankara procédera au CBC au lancement de son site Web.

A l’occasion, une conférence-débats sera animée à partir de 9h par le Pr Claude Wetta sur le thème : "L’expérience sankariste de la lutte contre la pauvreté". La Convergence de l’espoir de Hubert Bazié, de son côté, invite ses militants à marquer partout où ils se trouveront, un moment de silence et de recueillement en mémoire de tous les martyrs des causes justes à travers le monde en général, en souvenir particulièrement de tous les Burkinabè qui, à travers le sacrifice suprême de leur vie, se sont révélés au monde dans la plénitude de leur grandeur. Aussi, les invite-t-elle à s’interroger solidairement et à s’enrichir mutuellement à partir du thème : "Parti sankariste, quel avenir ?".

Avant de t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, une bonne nouvelle pour le Trésor public burkinabè, cher Wambi : La Cour d’arbitrage de la Chambre de commerce international (CCI) a rejeté dans sa totalité les demandes du groupe italien Torno dans le conflit qui l’opposait à l’Etat burkinabè pour une créance sur le barrage de Bagré.

Le groupe italien, actuellement en liquidation, réclamait à notre pays la bagatelle de 34,6 millons d’euros, soit quelque 23 milliards de FCFA. La Cour a non seulement rejeté les prétentions de Torno, mais également l’a condamné à supporter les frais du procès, estimés à 390 000 euros, soit 255 millions de FCFA.

L’Etat burkinabè était défendu par le Cabinet Fénéon et Me Harouna Sawadogo, appuyés des témoignages du ministre délégué aux Transports, Patrice Nikièma, et de notre ambassadeur à Washington, Tertius Zongo. Le Tribunal arbitral était, quant à lui, composé du Pr Pierre Lalive (président), de Me Serge Lazaref et du Pr Robert Badinter, ancien ministre français de la Justice (coarbitre). Et maintenant, cher cousin, chose promise :

- La situation politique nationale et les consultations électorales à venir ; voilà ce pour quoi se tiendra le 16 octobre prochain un congrès extraordinaire de la Convergence pour la démocratie sociale (CDS). Il s’agit, entre autres, de la révision des statuts et du règlement intérieur, de la restructuration des organes dirigeants du parti, de la définition de la stratégie d’alliance avec d’autres partis, et notamment de l’analyse de la situation nationale et internationale.

Outre les membres du Conseil politique national, tous les présidents des Conseils politiques régionaux (CPR) et un délégué par région prendront part au congrès extraordinaire. Les travaux du congrès se tiendront au domicile du président Somé Valère au secteur n°28 si la date est maintenue, et s’il n’y a pas d’empêchement majeur de dernière minute.

- Dans la première semaine du mois de septembre 2004, un gendarme du nom de Traoré Mamadou "a gâté le nom des gendarmes" en tirant à balles réelles sur Mlle L.N qu’il courtisait sans succès. Plusieurs fois, ses supérieurs hiérarchiques l’avaient sommé de laisser la fille tranquille. Il fit la sourde oreille et commit une bêtise qui entraînera sa perte.

Le traitement de son dossier est allé très vite. S’il est condamné par la justice à trois mois fermes, il sera radié de l’effectif des gendarmes. Le plus grave pour lui, c’est qu’une commission de discipline militaire va statuer sur son sort et les deux décisions ne s’excluent pas forcément. C’est dire que la justice peut le disculper pour avoir agi par exemple à un moment où il n’était pas en possession de toutes ses facultés, mais la hiérarchie militaire peut décider autrement. Quand on entend des responsables de la gendarmerie dire qu’il gâte le nom des gendarmes, cela veut dire qu’il s’en sortira difficilement.

- Des trois défaites des Etalons du Burkina Faso dans les éliminatoires combinées de la coupe du monde et de la CAN 2006, celle de Praia est la plus dure à digérer. C’est vrai, dans un match de football, on peut gagner ou perdre, ou tout au plus, faire un nul. Ce n’est donc pas surprenant si une équipe, au sortir d’une opposition, enregistre une défaite. Mais ce qui fait mal, c’est la manière dont cela est arrivé.

A Praia, face au Cap-Vert, les poulains du sélectionneur national Todorov n’ont pas du tout mouillé le maillot. La démission était totale, et pourtant, les joueurs ont été mis dans de bonnes dispositions pour préparer cette rencontre. La veille du match, on leur a même versé leurs primes de sélection. En outre, lors du stage d’acclimatation à Dakar, des joueurs se sont fait rembourser leur titre de transport (métro et bus).

La plupart des sommes versées étaient des broutilles, mais on tenait à tout prix à entrer en possession de ce qu’on a dépensé avant de rejoindre le groupe. C’est leur droit d’exiger quoi que ce soit, mais il faudrait qu’en retour on sente qu’ils ont vraiment l’envie de jouer au football. Il est inadmissible que pour un match d’une telle importance, les joueurs ne se donnent pas à fond. Ils doivent savoir que quand on est sélectionné, ce n’est pas seulement pour venir croquer des primes de sélection.

Aujourd’hui, ils ne peuvent pas dire qu’on ne fait rien pour eux. Quand on voit les efforts que fait la Fédération depuis sa prise de fonction, c’est quand même écœurant de voir l’équipe produire une telle prestation. La question qu’on se pose est de savoir si les Etalons ne jouent pas selon leurs humeurs. Il faudrait que les choses changent parce qu’on a comme l’impression qu’il y a des tricheurs dans cette équipe. Une sélection nationale, ce n’est pas une équipe de quartier où on vient jouer sans aucune ambition.

La position qu’occupe le onze national après 5 journées (5e) continue d’être commentée diversement. Certains vont même loin en disant à qui veut les entendre que notre qualification ne tient qu’à un fil. C’est peut-être vrai, mais cela dépendra de l’orgueil des joueurs quand débutera la phase retour en mars 2005. L’inconstance des Etalons inquiète ; et si demain, on est absent de la CAN 2006 en Egypte, ce sera l’occasion de nettoyer l’écurie et de se passer des vieux chevaux qui se croient toujours indispensables.

- A l’approche du Tour du Faso, il y a lieu de se poser des questions sur la participation des Etalons cyclistes. Le Tour du Sénégal, qui a été couru le mois dernier, nous a révélé une triste vérité : la pédale n’est plus le monopole des coureurs burkinabè. Eux dont on a toujours dit du bien sur le plan international sont revenus bredouilles du pays de la Teranga. Les causes sont connues, et pourtant ! Manque de compétitions ; relève non assurée et niveau de l’encadrement technique douteux. A ce rythme, nous dirons bien un jour : si le cyclisme au Faso nous était conté.

- Au niveau de la Fédération de basket-ball, ce n’est guère mieux ; où le président Belem est prêt à tout pour conserver son fauteuil malgré l’état comateux de sa structure. Les ligues ont su jouer leur partition jusque-là, mais peuvent-elles passer le temps à se taper seules le job de la fédé ? On attend le championnat de basket-ball, qui ne vient pas, et pourtant les sponsors crachent à tout moment dans le bassinet. Mais à qui la faute si le ministère des Sports et des Loisirs fait étalage d’une impuissance déconcertante ?

- Avant de te donner rendez-vous la semaine prochaine, sache, cher cousin, que le doua du 7e jour de l’agent de police Malick Semdé est prévu pour ce dimanche 17 octobre 2004 à 8 h 30 à Dapoya, au secteur 12. Ce policier, précédemment en service à l’aéroport international de Ouagadougou, qui est mort accidentellement le 6 octobre dernier, avait été décoré, il y a à peu près deux ans, après qu’il eut contribué à l’arrestation de Sia Popo Prosper, le cerveau présumé du fric-frac de la BCEAO d’Abidjan.

Ironie du sort, c’est le dernier jour de son service à l’aéroport (le défunt avait été reçu au concours d’assistant de police et devait débuter les cours le 11 octobre), où il a passé 4 ans, qu’il a rencontré ce destin tragique, en face de la gare Sans-Frontières.

- Plus de 500 immigrés burkinabé sont en voie d’être expulsés de la Libye. Le premier convoi (150 personnes) devait en principe regagner Ouaga hier jeudi dans la soirée. Ils seront logés au stade du 4-Août en entendant de retourner dans leurs localités respectives après les formalités d’usage.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin,
Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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