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SUCCESSION DANS LE RISSIAM AU BAM : Le chef de canton entendu au haut-commissariat

Publié le mardi 25 octobre 2011 à 02h13min

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Le Naaba Woobgo de Rissiam a été reçu par les autorités administratives et judiciaires de la province du Bam le 18 octobre 2011 au haut-commissariat. Le haut-commissaire et le substitut du procureur ont voulu, à travers cette rencontre dite de concertation, comprendre pourquoi Naaba Woobgo aurait violé la mesure gouvernementale interdisant la succession dans son canton en intronisant de nouveaux chefs de village.

Le canton de Rissiam couvre trois départements de la province du Bam. Il s’agit des départements de Rollo, de Kongoussi et de celui de Sabcé. Depuis 2008, un arrêté du haut-commissariat de la province, toujours en cours, a suspendu la succession de la chefferie dans le canton suite à un long malentendu qui a failli conduire à des affrontements entre populations. Depuis lors, les différents villages du canton sont sans chef selon les notables du Rissiam. Le samedi 15 octobre 2011, l’administration locale a été mise au courant que des intronisations ont eu lieu dans le village de Pouni et de Boalin.

Dès lors, le Haut-commissariat a invité le chef du canton de Rissiam, Sa majesté Naaba Woobgo, le 18 octobre 2011 pour en savoir les raisons. Et c’est dans l’après-midi que Sa majesté a rejoint le haut-commissariat, accompagné de ses ministres dans un cortège escorté par une soixantaine de motos toutes catégories confondues. Il était aussi accompagné de quelques chefs de village relevant de son ressort. Le Haut-commissaire, madame Edith Kabou/Seni, était entourée de son Secrétaire général, Albert Zongo, du substitut du procureur du Tribunal de grande instance de Kongoussi, du Préfet de Sabcé et des représentants des forces de défense et de sécurité de la province. « Nous vous remercions pour avoir accepté laisser vos occupations et venir pour qu’on puisse échanger.

Je vous ai invité à propos de la chefferie dans votre canton. Nous avons appris que vous avez procédé à des intronisations à Pouni et à Boalin. Et comme il y a un arrêté qui interdit la succession dans votre canton depuis 2008, nous voulons savoir comment cela est arrivé », a introduit la première responsable du Bam en langue nationale Mooré. "Je n’ai pas intronisé un chef dans mon canton a retorqué Naaba Woobgo. J’ai tout simplement désigné des gens qui s’occuperont des coutumes en attendant la levée de la mesure. Je n’ai pas remis de bonnet à quelqu’un encore moins des fétiches. Donc, je ne considère pas cela comme des intronisations." Il a même fait savoir qu’en plus des deux villages, il a aussi désigné quelqu’un à Pogro dans la commune de Rollo ce qui porte le nombre de villages à trois.

Ensuite, la parole fut passée tour à tour aux différents chefs de village qui voulaient s’exprimer. Tous (Kongoussi, Kougsabla, Yougnini, Bam, Ronghin, Bango, etc.) ont presque pris la parole pour soutenir le chef de canton et demander la levée de la mesure pour la survie des coutumes dans le Rissiam. Naaba Woobgo a laissé entendre que suite à cette interdiction de poursuivre la succession, les départements de Kongoussi, Rollo et Sabcé sont morts coutumièrement. Aux dires du professeur Albert Patoin Ouédraogo, chef de Bango, le Rissiam compte environs 88 villages et les différentes coutumes desdits villages sont assurées par des neveux ou des tantes sous forme d’intérim ; toute chose qui ne devrait pas dépasser 3 ans. « Les tantes qui ont abandonné leurs foyers durant les trois ans ont des difficultés pour les intégrer après tant d’années d’absence », a-t-il ajouté.

A en croire toujours les différentes explications des coutumiers, la mauvaise saison agricole dans le canton de Rissiam est imputable à la mort des coutumes dans les villages. Le haut-commissaire, après avoir longuement écouté les dépositaires des coutumes dans le Rissiam, a déploré le fait que l’administration n’ait pas été informée de la démarche avant son exécution. Pour ce faire, elle a exhorté le chef de canton à ne plus nommer quelqu’un dans un village jusqu’à la levée de la mesure gouvernementale. Sa majesté s’est dit prêt à se conformer aux exigences de l’administration mais souhaite tout de même que la suspension soit levée rapidement. Le haut-commissaire a promis de rendre compte rapidement à sa hiérarchie de la situation qui prévaut pour qu’une solution soit trouvée le plus vite possible.

Asmado RABO (Collaborateur)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 25 octobre 2011 à 10:01, par Rim-bila En réponse à : SUCCESSION DANS LE RISSIAM AU BAM : Le chef de canton entendu au haut-commissariat

    Bonjour à tous. Il ya dans le Burkina Faso deux formes d’organisation de la vie sociale. Il ya le système occidental marqué par un mimetisme aveugle et le système traditionnel, celui de nos ancêtres.

    Pour vivre en paix, il faut impérativement que les uns et les autres reconnaissent à chaque système, sa valeur. Au besoin il ne faut jamais réléguer le système traditionnel au second plan. A voir de très près, on se rend compte qu’aucune décision administrative "moderne" ne convient totalement à notre manière de vivre ; aucune décision venant de ladministration moderne n’est unanimement acceptée sans coup de force de la part des dirigents moderne.

    Prochainement, je suggère que Madame la Haut-commissaire, au lieu de convoquer les Chefs coutumiers, se deplace pour les voir car dans le milieu Moaga c’est celui qui veut le chef qui le rejoint.

  • Le 25 octobre 2011 à 12:24, par Dissin Bié En réponse à : SUCCESSION DANS LE RISSIAM AU BAM : Le chef de canton entendu au haut-commissariat

    Encore chefferie coutumière et administration.
    A quand l’indépendance des chefferies coutumières ? Tant que l’administration mettra sa bouche dans la gestion des chefferies coutumières, les problèmes subsisteront toujours.
    Aussi, il est bon de croire que le problème de la chefferie coutumière n’est pas partagée de la sorte dans toutes les ethnies du Burkina. Il y va de l’administration de ne pas vouloir harmoniser la coutume à tous les peuples (ethnies).
    Par exemple : le Dagara ne connait pas la chefferie telle que décrivent les petits fils mossis. de même que le gourounsi au mossi.
    Je ne comprends pas pourquoi au temps de la colonisation, les blancs accordaient plus d’importance aux coutumes que maintenant où nous nous disons indépendants on accorde plus de la valeur aux coutumes, on veut tout harmoniser (cas de noms de famille chez les Dagara et les Gourounsi)
    Sommes-nous entrain de se perdre ou de faire disparaître d’autres peuples au profit d’autres ? A quoi la semaine nationale de la culture ? et quelle culture si chaque peuple ne voit dans sa culture que celle de l’autre ?
    Donc à chaque peuple, sa tradition, ses coutumes et ses us.
    Merci

  • Le 31 octobre 2011 à 16:58 En réponse à : SUCCESSION DANS LE RISSIAM AU BAM : Le chef de canton entendu au haut-commissariat

    il n’y a pas de naaba wobgo chef du Rissiam. celui dont on parle dans le reportage est OUEDRAOGO Rawanguian. de concert avec l’administration il avait pu bloquer toute intronisation dans le Rissiam par les vrai detenteur de la cheferie. monsieur le journaliste n’a pa retracé l’histoir de la Cheferie du Rissiam. il fallait le faire pour ne pas semer la confusion dans l’esprit des uns et des autres.

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