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Affaire Justin Zongo : L’Etat a-t-il bradé les policiers pour sauver sa peau ?

Publié le lundi 29 août 2011 à 21h10min

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Comme un couperet, le verdict du procès de l’affaire Justin Zongo est tombé le 23 août dernier. La sentence de la chambre criminelle de la cour d’appel de Ouagadougou est claire : il y a eu coups mortels et complicité de coups mortels sur feu Justin Zongo. En conséquence, l’officier principal de police, Narcisse R. Kaboré, à deux ans de sa retraite, écope de 8 ans de prison ferme, les assistants de police Belibi Nébié et Bema Fayama, 10 ans fermes chacun. Si ce verdict est bon pour un apaisement social au Faso, il est aussi et surtout pédagogique à quatre titres essentiellement. D’abord, ce procès, paradoxalement, est venu remettre en cause la notoriété de l’Etat.

En effet, en rendant coupables les agents de la police qui étaient pourtant dans l’exercice de leur fonction, quoiqu’il ait eu de l’abus, on est parvenu à infirmer l’adage qui dit : « la crainte du gendarme est le début de la sagesse ». Encore faut-il qu’on reconnaisse à l’homme de tenue le pouvoir que la loi lui a conféré ? C’est un secret de polichinelle de dire aujourd’hui que l’autorité des hommes de tenue est mise à rude épreuve. Et ce n’est pas pour rien que la Police a mis suffisamment du temps avant de reprendre de services.

On se rappelle qu’à la barre, l’assistant Bema Fayama a déclaré avoir administré une gifle à Justin Zongo pour refus d’obtempérer, car estime-t-il, « force doit rester à la loi ». C’est bien dit, les forces de l’ordre ont souvent recours à la violence légale pour asseoir l’autorité de l’Etat. Lors des grèves et autres mouvement de rue, par exemple. Si en voulant faire respecter l’autorité de l’Etat, il y a eu des erreurs professionnelles, il devrait avoir des situations atténuantes pour les coupables. Toute chose qui galvanisera les autres agents des forces de sécurité. Mais dans l’affaire Justin Zongo, on a comme impression que l’Etat a bradé les policiers pour sauver sa peau. Du coup, le discrédit tombe sur ce corps aux missions combien nobles et très souvent incompris.

Et au-delà de la police, les autres corporations de sécurité. La conséquence est que les citoyens auront tendance à banaliser les instructions des forces de sécurité qui, elles-mêmes risquent de ne pas fournir grand effort pour faire respecter la loi (parce que personne ne protège au cas où il y aurait problème). C’est cela le hic de ce procès. La deuxième leçon qu’il faut garder à l’esprit comme un verset, c’est le professionnalisme dans l’exercice de ses fonctions. Les forces de sécurité ont, au fait, appris que maintenant, les anciennes méthodes sont obsolètes et qu’il faut accomplir ses missions avec rigueur et professionnalisme, sinon, voilà les sanctions.

Le lycée et la famille de Justin Zongo fautifs

Dans le récit de l’affaire Justin Zongo, il ne ressort nulle part, ou du moins nous n’avons pas à notre connaissance d’éléments qui expliquent les démarchent de réconciliation entreprises par la famille de feu Justin auprès de celle de Ami Zongo. Peut être que la solution allait venir de là, si l’on admet qu’un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès. Mais non, rien ne fut fait. Ce qui est une remise en cause de la médiation légendairement reconnue à la société burkinabè. C’est donc dire que nos canaux traditionnels de résolution de conflit sont en train de s’effriter et il va falloir véritablement y songer, si non...

Et ce n’est pas seulement la famille du regretté Justin qui a échoué. C’est aussi son lycée. En effet, il n’a pas été fait cas de sanction disciplinaire à l’encontre des contrevenants qui ont gravement violé les franchises scolaires. Et pourtant, le règlement intérieur des établissements secondaires est sans équivoque en cas de bagarre entre élèves. A supposé que le lycée avait joué correctement sa partition, peut-être que beaucoup d’eau n’allait pas couler sous le pont. Maintenant que le mal est fait, il ne reste qu’à tirer les enseignements nécessaires afin que plus jamais une telle situation ne se reproduise au pays des « Hommes intègres ».

Konwoman Rufin PARE (Pekker4@yahoo.fr)

Pour Lefaso.net

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