Depuis un certains temps, on assiste à la mise en place de chefs de canton et de villages dans les provinces de la Comoé et de la Léraba. Cette pratique, dont les véritables mobiles ne sont pas connus, a suscité au sein des populations une méfiance et une défiance qui pourraient conduire à des conflits sociaux entre délégués administratifs des villages et ce nouveau pouvoir réveillé des cendres.

L’on a toujours souvenance que depuis le temps colonial, l’organisation de l’administration du territoire, à l’époque Haute-Volta, avait consacré la création de cantons administratifs par des chefs nommés. Depuis l’avènement de la révolution, cette pratique a été abandonnée au profit de la création de provinces, de départements et de villages. Elle sera plus affirmée avec le retour du pays à une vie constitutionnelle normale. C’est là l’objet de la loi 003/93/ADP qui détermine l’organisation du territoire au Burkina Faso.

Cette loi, suscitée dit clairement que le village est administré par un responsable élu. Elle précise expressément que pendant la période transitoire, le village et les secteurs sont administrés par un responsable administratif nommé (préfet ou par le maire).

Au regard de ce qui précède, la légalité constitutionnelle nous oblige à nous étonner de la mise en place de chefs de cantons et de villages qui pourrait paraître comme un autre pouvoir ou une autre forme d’organisation du territoire à côté de celui et de celle que détient l’Etat. Les questions qui peuvent subvenir sont entre autres :

 Quelles attributions pour un tel chef à côté du responsable administratif du village ?

 A quel niveau se situe-t-il dans la hiérarchie administrative ?

 Quel type de collaboration avec l’administration locale ?

Autant de questions qui suscitent des inquiétudes.

Le pouvoir traditionnel détenu par les chefs traditionnels et coutumiers comme ce fut le cas au plateau mossi n’est pas à confondre avec le système cantonal qui relève d’une époque qui entrait dans la cadre de l’organisation administrative du territoire.

Les initiateurs de la nouvelle mode des chefs de cantons dans les Cascades prennent à témoin le Larlé Naba qui les aurait inspirés et encouragés. Il serait difficile de nous convaincre que ce grand homme plein de charisme, de loyauté et de clairvoyance puisse se mêler à un tel projet dont les tenants et les aboutissements ne sont pas connus.

Il n’est de secret pour personne qu’à l’approche des échéances électorales, chacun essaie d’affûter des armes en mettant en place sa stratégie de conquête du pouvoir. Mais cela devrait se faire dans le respect de la non violation des textes régissant notre loi fondamentale.

C’est pourquoi j’interpelle les filles et fils de la région afin de mettre chacun devant sa responsabilité.

Nous devons coûte que coûte bannir toute pratique qui pourrait être à la base de conflit ou de fracture sociale. Le respect de la tradition et de notre classe coutumière ne devrait pas mettre en péril la paix sociale que nous appelons de tous nos vœux.

Un citoyen de Banfora,
Albert KARA

NB : Le titre et le chapeau sont de la Rédaction.