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Affaire Justin Zongo : 5 personnes inculpées pour coups mortels

Publié le vendredi 27 mai 2011 à 02h40min

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« Lever un coin du voile sur les dossiers judiciaires consécutifs aux évènements de Koudougou et dont l’instruction est en cours dans les différents cabinets d’instruction du Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou ». C’est là l’objet du point de presse tenu par le Procureur du Faso, Placide Nikiéma, le jeudi 26 mai 2011 à son cabinet. Il en ressort, entres autres, que dans l’affaire Justin Zongo, 5 personnes ont été inculpées pour coups mortels et que le jugement du dossier devrait intervenir avant la fin du mois de juin.

C’est un bilan à mi-parcours des procédures judiciaires enclenchées par suite des « manifestations violentes des élèves, des étudiants et d’autres composantes de la population qui ont eu lieu les 22 et 23 février 2011 dans les villes de Koudougou, de Poa et de Kindi à l’occasion du décès de l’élève Justin Zongo » qu’a fait le Procureur du Faso, Placide Nikiéma, le jeudi 26 mai 2011 lors du point de presse tenu dans son cabinet.

On apprend ainsi qu’en plus du cas Justin Zongo, plusieurs autres cas de pertes de vie humaine et de blessés ont été enregistrés. Au titre des pertes en vie humaine, trois cas de décès ont été enregistrés à Koudougou (il s’agit de l’élève Ouédraogo Assad Aboubacar, de l’étudiant Kissou Wendkouni et du mécanicien Bado Issa).

Un cas (l’élève Bouda Michel) a été relevé à Kindi tandis que l’on déplore deux 2 décès à Poa (l’élève Zoubga Mohamed et l’agent de police Dabiré André). De plus, 200 cas de blessés légers et graves ont été enregistrés dont 28 étudiants, 40 élèves, 54 gendarmes, 53 policiers et 33 personnes appartenant à diverses catégories socioprofessionnelles. Les dégâts matériels enregistrés concernent notamment l’incendie des locaux du gouvernorat du Centre-Ouest et de 12 véhicules d’intervention de la gendarmerie de Koudougou.

Selon Placide Nikiéma, plusieurs procédures judiciaires ont été initiées qui ont été toutes délocalisées au ressort de la Cour d’appel de Ouagadougou en raison de la nécessité de garantir la célérité dans le traitement des dossiers. Au total, 4 cabinets ont été chargés de l’instruction : le cabinet d’instruction n°3 a été désigné pour s’occuper du dossier Justin Zongo, le cabinet 1 s’est occupé des évènements de Poa, le cabinet n°2 de ceux de Kindi, et le cabinet n°4 des dossiers de Koudougou.

Quelle est l’évolution actuelle des différents dossiers ? « S’agissant du dossier Zongo Justin, à ce jour, 5 personnes ont été inculpées de coups mortels sur la personne de Zongo Justin et 3 personnes sont placées sous mandat de dépôt. L’instruction de ce dossier est clause et il est en voie de recevoir règlement définitif. Il a été ensuite transféré à l’instruction en vue de l’ordonnance de clôture, dernier acte de l’instruction du dossier avant la phase du jugement ».

On apprend également qu’une expertise en maladie infectieuse a été ordonnée par le juge d’instruction, mais le Procureur du Faso se refuse à divulguer les conclusions du rapport de l’expert pour l’instant. Les 3 autres procédures seraient également en bonne voie. L’une des difficultés majeures rencontrées est que certaines personnes dont le témoignage pourrait aider à l’émergence de la vérité ne se manifestent pas.

« Or, les témoignages sont d’autant plus nécessaires en l’étape actuelle que, depuis l’ouverture de l’instruction, aucun élément des forces de sécurité ayant pris part à la mission de maintien de l’ordre des évènements des 22 et 23 février n’a reconnu avoir fait usage d’armes à feu. Ils ont reconnu avoir fait usage d’armes conventionnelles comme les bâtons de police et les gaz lacrymogènes. Pourtant, certaines victimes ont été atteintes par des armes à feu », ajoute Placide Nikiéma.

Aussi invite-t-il les uns et les autres à les aider à faire émerger la vérité. A l’en croire, l’autopsie n’aurait pas été pratiquée dans le cas de Justin Zongo en raison du refus de son père, Nagoukonba Zongo : « Le vieux Zongo a refusé catégoriquement d’autoriser l’autopsie. Il a invoqué plusieurs raisons, notamment coutumières, disant qu’à partir du moment où son fils a été inhumé, il était hors de question de procéder à une exhumation à des fins d’autopsie.

Il a dit que c’est formellement interdit dans leurs coutumes et que si ce procès devait nécessairement passer par cette autopsie, il préférerait même qu’il n’y ait pas de procès ». Placide Nikiéma a souligné que l’autopsie n’étant pas indispensable pour que le dossier soit jugé, la procédure suit son cours. « Tous les acteurs du système judiciaire sont en train d’œuvrer de sorte que ce dossier soit jugé d’ici la fin du mois de juin 2011 », a-t-il promis.

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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