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Dédougou : Moins de grincements de dents pour la campagne agricole

Publié le mardi 21 septembre 2004 à 06h50min

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La saison hivernale tire inexorablement vers sa fin et de nombreux acteurs du monde agricole continuent toujours de s’interroger sur son issue. Car rarement saison a été aussi capricieuse en matière pluviométrique dans la Boucle du Mouhoun. Pour mieux nous situer, nous avons approché le chef de la région cotonnière de Dédougou, Kologo Lamoussi Francis (K.L.F.), qui a bien voulu nous recevoir.

Après une installation pluvieuse difficile et tardive, quelle est la physionomie d’ensemble de la campagne au niveau de votre région ?

• Je vous remercie de m’offrir cette opportunité de m’adresser une fois de plus à vos lecteurs. Pour répondre à votre question, il faut avouer que cette campagne a été très périlleuse sur le plan pluviométrique. Les pluies ont été très tardives comparativement aux deux (02) dernières campagnes. Mais dans l’ensemble, nous assistons aujourd’hui à une bonne physionomie.

Nous sommes en moyenne à une période de multiplication et les champs sont également propres. Il faut souligner que les postes de sécheresse ont permis aux producteurs de bien entretenir leurs champs contrairement aux autres années, ce qui est quand même un avantage. Mais dans l’ensemble nous sommes satisfaits de la physionomie de la campagne.

Qu’en est-il de la situation phytosanitaire ?

• Je dirai Dieu merci pour le moment, car le parasitisme est assez calme depuis le début de la campagne. Nous assistons de façon globale à une physionomie normale. Il y a quelques chenilles que nous constatons çà et là, car aucune parcelle cotonnière ne peut échapper à cette situation. Mais dans l’ensemble, les seuils économiques ne sont pas atteints sauf les quelques cas de pucerons que nous constatons. Cela aussi est dû au fait que dans la dernière décade du mois d’août il ne pleuvait pas. Alors que quand il ne pleut pas, les pucerons émergent. Et là aussi ils agissent uniquement sur les feuilles des cotonniers et cela n’a pas d’incidence majeure.

Est-ce que la mise en place des intrants a été faite dans les délais et conformément aux demandes des producteurs ?

• Je peux dire que cette année nous avons connu moins de problèmes que lors de la campagne écoulée. Si vous vous rappelez, l’année dernière c’était le branle-bas. Cette année la direction a pu anticiper car les commandes ont été lancées depuis le mois d’août 2003 et nous avons commencé à recevoir les intrants en octobre 2003.

Ce qui nous a permis de bien mener cette opération. La preuve, au mois de mars 2003, nous étions à 80% de la mise en place. Mais le problème qui s’est posé, c’est que les superficies déclarées aux comités de crédits ne correspondaient pas aux superficies emblavées pendant la saison pluvieuse. Ce qui a eu pour conséquence de recourir à des demandes complémentaires, car les intrants que nous avions commandés ne pouvaient pas suffire pour les superficies emblavées. Ces besoins sont arrivés pratiquement dans le mois de juin 2004.

Mais comme il se trouve que la saison pluvieuse s’est installée dans la même période, il y a eu moins de grincements de dents que pendant la campagne écoulée.

Mais comment expliquez-vous cette forte demande de semences ?

• Je connais Dédougou il y a plus d’une dizaine d’années mais j’avoue que je n’ai jamais vu une campagne aussi capricieuse en matière d’installation pluviométrique. Les campagnes écoulées, les pluies s’installaient précocement avec des poches de sécheresse à certains endroits. Alors que pour cette campagne, jusqu’au 15 juillet 2004, certains villages n’avaient même pas reçu une seule pluie. Il y a des producteurs qui ont semé plus de quatre fois.

Moi-même qui vous parle, j’ai fait du coton. J’ai semé au moins trois fois. Cette situation demande nécessairement plus de semences, ce qui n’était pas prévu. Mais, heureusement, nous avions déjà pris nos précautions. Et comme Dédougou est une région très difficile, certains ne vendaient pas cher notre peau. Certains villages craignaient de ne pas être satisfaits. Nous sommes même allés chercher la semence à Bobo, à Orodara, à N’Dorola pour satisfaire les paysans. Donc vous comprenez que cette situation est en partie due à la mauvaise installation de la campagne pluviométrique. Sinon cela s’est bien passé dans l’ensemble.

Au vu des difficultés que vous venez d’énumérer, ne craignez-vous pas de ne pas atteindre vos prévisions ?

• On s’était fixé une prévision de soixante- dix mille (70 000) hectares, mais à la date d’aujourd’hui, nous sommes à plus de soixante quinze mille (75 000) hectares de superficies emblavées. Ce qui veut dire qu’il y a eu plus de 10 à 15% d’augmentation. C’est vraiment inespéré en matière de prévision.

Un appel à l’endroit de vos producteurs ?

• Pour ceux qui auront l’occasion de nous lire ou qui auront des parents pour leur traduire ce message, c’est leur dire que la campagne se termine dans un mois environ. Il suffit de traiter régulièrement et de suivre les parcelles eux-mêmes comme nous l’avons toujours préconisé. Nous avons des agents qui sont sur le terrain et nous-mêmes nous sommes là. Mais ça ne suffit pas, c’est eux-mêmes qui peuvent régulièrement nous dire, en observant les parcelles, s’ils constatent des anomalies ou des attaques, et nous les signaler rapidement. Toute anomalie doit être portée à notre connaissance. Nous leur demandons de suivre les conseils que leur prodiguent nos collègues.

Entretien réalisé par Dramane Sougué

L’Observateur

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