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"PROMESSE FATALE" : Un mariage forcé et quatre vies perdues

Publié le vendredi 3 septembre 2010 à 01h43min

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Le mariage forcé a la vie dure au Burkina, la croyance aux forces occultes aussi. Un homme sauvé de la mort par un guérisseur fétichiste. Heureux, le miraculé, n’ayant pas de quoi payer son sauveur, promet la main de sa fille de quatre ans. Et en guise de garantie, il jure de tenir sa promesse sur deux roches maculées de sang, de plumes et qualifiées de puissances surnaturelles.

La promise grandit, brille à l’école, tombe amoureuse de son prince charmant et refuse d’honorer la parole donnée par son père. La guerre s’installe, sillonnée de flèches surnaturelles, avec à la clé, quatre morts et des vies bouleversées. Tel est "Promesse fatale", le roman de Léopold Nia Millogo, récemment publié aux éditions Découvertes du Burkina.

C’est d’une main de militaire que Léopold Nia Millogo a écrit ce roman. Pas étonnant, puisque le propriétaire de cette main est un gendarme de formation qui, après une carrière débutée en 1980, se retrouve aux commandes du groupement de gendarmerie départementale de Dédougou, avec le grade de chef d’escadron. En 208 pages, il a décrit cette pratique, le mariage forcé, qui a toujours cours dans certaines régions du Burkina.
Voici l’histoire. Promise à un vieux qui peut être le père de son père Yacouba, Safiatou, brillante à l’école, refuse d’obtempérer. Soutenue en cela par sa mère qui finira par se suicider parce que répudiée par son mari et reniée par son frère cadet. Safiatou tombe amoureuse de Ibrahim, un jeune homme revenu de la Côte d’Ivoire. L’idylle ne plaît pas au père, encore moins à l’époux promis, qui tente de tuer le jeune homme.

Celui-ci s’enfuit après avoir porté un coup mortel à ses assaillants. Safiatou est contrainte de se marier au vieux Karamogo. A la hantise de convoler avec un homme qu’elle n’aime pas, s’est ajoutée la torture de coucher avec un vieillard qui n’y connaît rien à l’art de faire l’amour. Mais un enfant, Ismaël, naquit de cet océan de supplices. Qui en est le père ? Ibrahim ou Karamogo ? Les deux revendiquent la paternité. Mais Ismaël ressemble au jeune homme. Il a été décidé que la paternité soit médicalement déterminée. Safiatou meurt subitement. Suivie aussitôt par Ibrahim. Ismaël ferme la marche de ces morts mystérieuses. Qui en est l’auteur ? Justice de Dieu ou vengeance des hommes ? Réponse que donnera sans doute Léopold Millogo dans le second volume de ce roman.

Roman traversé par les convictions que la femme n’est que le second de l’homme, un second que ce dernier peut utiliser à sa guise et qui ne peut trouver le bonheur que dans le mariage (forcé ou pas) et dans la "ponte" d’enfants. L’école, une usine à fabriquer des rebelles femelles. Dans les belles senteurs de l’hivernage en campagne, cette œuvre déroule une histoire tragique, celle que vivent en silence, de nombreuses filles et femmes au Burkina.

Abdou ZOURE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 7 mars 2011 à 06:15 En réponse à : "PROMESSE FATALE" : Un mariage forcé et quatre vies perdues

    on ne raconte pas la fin d’un livre, sinon a quoi bon l’acheter ??!!!

  • Le 7 novembre 2016 à 13:21, par TIBIRI Dieudonné En réponse à : "PROMESSE FATALE" : Un mariage forcé et quatre vies perdues

    Le résumé est focalisé sur le mariage forcé... vous oubliez un autre aspect important, le titre de l’oeuvre : Promesse fatale... Quelle est cette promesse et pourquoi le père de la jeune fille ne peut revenir sur la parole donnée ? Le regard sur ce roman doit etre beaucoup plus anthropologique que moderne... Ne voyez pas uniquement la situation de Safiatou... observez plutot celle du père qui doit la vie a Karamogo (celui qui la sauve d’une maladie mortelle) et savoir que sans ce dernier Safiatou (la promise du vieux féticheur Karamogo) n’aurait pas eu de père (il serait mort) et ne serait pas scolarisé et autres... donc je propose un résumé sur l’importance et la difficulté de chaque personnage en scène et non un résumé sur un thème à la mode : mariage forcé... faudrait un regard beaucoup plus critique et davantage impartial et neutre comme l’auteur l’a fait dans son roman... Agréable lecture et bonne suite de débat car, l’oeuvre ouvre un vaste champ de questionnement sur la tradition et le modernisme... ANK

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