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Une lettre pour Laye : Ras-le-bol de Blaise

Publié le vendredi 4 juin 2010 à 04h42min

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Cher Wambi,
Ç’en est donc fini de la troisième édition du marathon international Ouaga-Laye, qui s’est couru le samedi 29 mai, précédé par une pluie bienfaisante, comme nous le souhaitions secrètement. N’était-ce pas là du pain bénit pour les centaines d’athlètes pour qui la canicule de ce mois de mai finissant constituait un sérieux handicap ?

En tous les cas, nos vœux ont été exaucés, et des plus heureux est ce policier venu de la Gold Coast, David Zigah, qui a franchi le premier la ligne d’arrivée, avalant les 42,195 kms en 2h 42’55, et détrônant ainsi le vainqueur de l’édition 2009, le Nigérien Yahaya Nahantchi, qui, avait, lui, pourtant réalisé un temps record de 2h 38’56”. Spectaculaire que fut donc ce IIIe Marathon Ouaga-Laye, qui a consacré un renversement de la hiérarchie, les premiers de l’année dernière (hommes & dames) ayant été relégués à la deuxième place, et un podium de trois étrangers que sont David Zigah du Ghana, Yahaya Nahantchi et Moumouni Yéli, tous deux du Niger.

En dames, c’est notre compatriote Nicole Badolo, soldat de son état, qui a récupéré la couronne de l’Américaine Jenifer Lazuta, inscrivant ainsi son nom en lettres d’or dans l’histoire de ce Marathon international, qui ne cesse de prendre des grades au fil des éditions. Qu’en sera-t-il l’année prochaine vu que, blessés dans leur amour propre, les athlètes burkinabè se donneront les arguments nécessaires pour prétendre à la plus haute marche du podium ? Mission pas impossible, pour peu qu’on y mette et la volonté et les moyens de tutoyer le contingent étranger. Hélas, cher cousin, la fête est-elle à peine passée que le deuil à vite repris le dessus à Laye.

Pas plus tard que ce samedi 29 mai, en effet, le maire de la commune rurale de Laye était bien en évidence à la tribune officielle, au nombre des témoins privilégiés de l’arrivée des marathoniens. Mardi 1er juin, paf ! La triste nouvelle commence à se répandre telle une traînée de poudre : Benjamin Kagambèga venait de rendre l’âme dans la capitale, vaincu par une crise qui ne dit pas son nom. J’imagine aisément la douleur qui est la vôtre en cette circonstance, tant il n’avait de rêve que d’inscrire son Laye natal au nombre des communes émergentes de notre pays.

Le destin en a décidé autrement. Telle était aussi la volonté de Bon Dieu, qui lui avait donné le souffle il y a une cinquantaine d’années et qui le lui retire au moment où l’on avait le plus besoin de lui. La longue file de parents, d’amis et de connaissances qui déferle depuis la triste nouvelle à Laye en est l’expression parfaite. Ainsi va la vie dit-on et, après le deuil, elle reprend son cours normal, abreuvant d’espoir ceux qui auront le privilège de connaître des jours nouveaux.

Et, plus que jamais, nos braves paysans reprennent le chemin des champs, répondant ainsi aux impératifs de la campagne agricole. Car, en effet, il a commencé à tomber des cordes sur le Faso, et je m’en vais te livrer les relevés pluviométriques de la semaine du 27 mai au 02 juin 2010, que les services de l’ASECNA me chargent de porter à la connaissance de tout le village. Dor=... ; Ouahigouya= 0,9 mm ; Dédougou= ..... ; Fada N’Gourma= 28, 0 mm ; Bobo-Dioulasso= 28,7 mm ; Boromo : 43, 2 mm ; Pô= 61,6 mm ; Gaoua= 92,1 mm ; Bogandé= 10,4 mm ; Ouagadougou-aéro= 49,5 mm.

Cher Wambi, ainsi que je te l’apprenais dans mes précédentes lettres, le week-end écoulé a vu le renouvellement des commissions générales de l’Assemblée nationale, ainsi que l’élection d’un nouveau bureau. Si j’ose y revenir dans la présente, c’est que le groupe parlementaire CFR (Convention des forces républicaines), qu’on ne présente plus, a failli, à l’occasion, voler en éclats, du fait du départ des députés Louis Armand Ouali et T. Victor Guigma vers l’ADJ (Alternance - Démocratie - Justice).

Ainsi réduite à sa plus simple expression, puisque n’ayant plus le nombre requis d’élus pour former un groupe parlementaire, la CFR serait appelée à disparaître de l’hémicycle. Une éventualité que ne pourrait tolérer le parrain, comprends, cher Wambi, le tout-puissant Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), qui a vite fait de lui accorder un prêt de deux députés (Sanou T. Ghandi des Banwa et Paré Oumarou du Sourou) pour reconstituer son effectif.

Si au sein de la CFR la perfusion est unanimement saluée, l’on n’oublie toutefois pas qu’ainsi fait, le CDP a désormais droit de vie ou de mort sur leur groupe parlementaire. D’ailleurs, en était-il autrement depuis que cette CFR revendique à mort la paternité de la Mouvance présidentielle ? En tout cas, l’implosion a été évitée de justesse, mais, à la veille du scrutin présidentiel, l’appetit, gargantuesque, de certains pontes pourrait se révéler mortel pour ces élus, attéris d’horizons divers.

On se doutait bien que tout capitaine de l’armée à la retraite qu’il est, donc habitué aux missions corsées, il serait amené un jour ou l’autre à prendre du recul concernant la crise ivoirienne. Lui, c’est évidemment Blaise Compaoré, facilitateur du dialogue direct interivoirien qui a accouché, le 4 mars 2007, d’un Accord politique global (APG). Le 2 juin 2010, sur la chaîne de télévision France 24, il a laissé entendre que : “Il est certain que mes limites effectivement peuvent s’arrêter au cours de cette année”. Tout est dit dans cette phrase, qu’explicitera d’ailleurs son auteur en ces termes : “Si à une certaine date, la crise n’a pas trouvé de solution au-delà de 2010, je m’en occuperai, mais pas à ce niveau-là”.

L’Observateur paalga l’avait maintes fois mentionné, le médiateur a aussi ses problèmes domestiques, surtout une présidentielle le 21 novembre 2010. Même s’il est passé docteur ès crises, avec le Togo, la Guinée et la Côte d’Ivoire, il faut avouer que c’est la mer à boire pour lui. Concernant surtout la Côte d’Ivoire, il y a cette sempiternelle querelle concernant la liste grise et la liste blanche, ensuite la virée d’Abdoulaye Wade à Abidjan. On sait que Gorgui, lors de son séjour de 48h dans ce pays, s’était empressé de dire qu’il ne marcherait pas sur les plates-bandes de son homologue burkinabè.

Laurent Gbagbo avait même dépêché Désiré Tagro, son fidèle parmi les fidèles, pour rassurer Blaise. N’empêche, c’est à l’issue de cette visite du chef de l’Etat sénégalais qu’il y a eu cette rencontre en tête-à-tête Gbagbo/Bédié et Gbagbo/ADO, sans la présence de Boureima Badini, le représentant spécial du Facilitateur. C’est aussi après cette visite que le processus, passablement plombé, s’est alourdi davantage. Pire, on a la vague impression, qu’il n’y a pas que l’agenda surbooké de Blaise qui ait dicté cette prise de position : il y a aussi cette lassitude de quelqu’un qui accomplit une tâche de Syssiphe. Aujourd’hui, personne n’ose avancer encore de date pour la présidentielle ; or tout tient à ce scrutin majeur. Blaise penserait-il que Gbagbo “s’amuse” avec lui ?

En tout cas, c’est un avertissement à peu de frais que le chef de l’Etat burkinabè adresse à Gbagbo et à la communauté internationale. Toute négociation doit un jour aboutir ou échouer. Or on est enclin à croire que, malgré les propos rassurants émanant de la Côte d’Ivoire, il y a comme une paix fourrée : côté pouvoir, on s’arme, idem chez les Forces nouvelles. On susurre même qu’en février, pendant l’après-double dissolution (gouvernement-CEI), et alors que certaines villes étaient en proie à des casses, avec à la clef des morts d’hommes, Laurent Gbagbo aurait élu domicile au camp militaire de Zambokro, à une centaine de kilomètres de Yamoussoukro.

Au même moment, sa femme, Simone Ehivet Gbagbo, séjournait en Angola, d’où elle a ramené, semble-t-il, des pièces de rechange des appareils cloués au sol par les Français en 2004. Voilà qui ne présage rien de bon, au moment où les Ivoiriens piaffent d’impatience d’en finir avec la crise, si ce n’est la guerre, à travers des élections libres et transparentes, hélas mille fois annoncées et mille fois reportées. Bref ! Tipoko l’Intrigante, dont je t’ouvre ci-après le carnet secret, n’en pense pas autrement.

- Un événement qui divise : la remise de prix aux meilleurs élèves des écoles publiques de Gounghin. Initiée par des fils des deux zones qui composent le quartier (Gounghin-Nord et Gounghin-Sud), elle vise à récompenser les cinq premiers de chaque classe dans les 9 écoles disséminées dans les secteurs 8 et 9, ainsi que les enseignants qui se seront illustrés positivement au cours de l’année scolaire. Le lieu pressenti pour cela, l’ATB (Atelier théâtre burkinabè), au secteur… 9.

Et voilà la pomme de discorde, parce que certains parents du 8 ne veulent pas de ce site, puisque, prétendent-ils, leurs rejetons courraient des dangers en traversant le goudron. Est-ce là la vraie raison, bonnes gens ? Espérons que les uns et les autres sauront taire leurs divergences pour ne voir que le bonheur de leurs gosses, qui n’ont rien à voir dans cette guéguerre entre fils d’un même quartier.

- Le « gnontoro » coulera certainement à flots ce week-end à la Maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou (MJCO) : s’y tiendra, en effet, les samedi 05 et dimanche 6 juin, la troisième édition des journées culturelles du Sourou-Nayala ; événement que vantent, à travers ce spot-pub, ses organisateurs : dans le cadre d’une synergie d’actions pour la valorisation de nos activités socioculturelles et économiques, l’Association Hommes et Femmes pour le développement du Sourou-Nayala (HOFEDE/S-N), l’Association des Femmes pour le Développement du Nayala et l’Association Yirisalè vous informent qu’elles organisent, du samedi 05 au dimanche 06 juin 2010, la troisième édition des journées culturelles du Sourou-Nayala dans l’enceinte de la Maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou.

Au menu : du zamné, des feuilles d’aubergine africaine bouillies, des feuilles de winwin (kenebdo) etc. En musique traditionnelle : les danseurs, les flutistes de Toma et les chanteuses individuelles. En exposition vente : les pagnes en cotonnades tissés de la région san, des chaises en bois, des articles artisanaux et divers produits d’agriculture et de pêche. Sans oublier le bon nectar que seules savent préparer les femmes du Sourou-Nayala.

Nos parents à plaisanterie trouveront de même, sur l’aire d’exposition, leurs mets et boisson préférés : le zomkoom, le gonré, le gonsala, le babenda, le souma, etc. Tous les esclaves mossés sont tenus de faire honneur à leurs chefs du Sourou-Nayala, en se rendant très nombreux à la Maison des jeunes et de la culture, les samedi 05 et dimanche 06 juin 2010, pour déguster les mets et le doux dolo de notre terroir et pourquoi pas le « guinsi », la viande tant adorée par vous.

Pour les associations
Toé/Go Perpétue
Kadeoua/Koussoubé Mariam

- L’Union catholique africaine de la presse-Burkina (UCAP) s’active à relever les défis organisationnels du congrès mondial de l’Union catholique internationale de la presse. Les membres et sympathisants de ladite union sont conviés à une assemblée générale extraordinaire ce samedi 5 juin 2010 à 8h 30 au siège du Comité d’organisation (ex-siège du CES).

- Voilà maintenant des lustres que l’on parle du chanvre indien, lequel pousse à l’ombre de Christ-Roi ; en vain. Malgré les multiples interpellations par les forces de l’ordre et de sécurité, les promoteurs de la drogue dans les environs de la paroisse Christ-Roi à Pissy (secteur 17) ne font que narguer les honnêtes citoyens, infestant le quartier de bandits et de quoi savons-nous encore, 24 h/24 h. Mais le couple de dealers sait-il que la tolérance des paroissiens a des limites ?

Et Pissy, ça rappelle aussi Kamsaoghin au secteur 6 de la capitale, où quotidiennement des artistes, ou prétendus tels, font la queue, aux côtés de délinquants, pour s’acheter une pincée de poudre blanche d’herbe de la mort. Là aussi, les forces de l’ordre et de la sécurité effectuent de temps à autre des descentes, en vain.

- Ouahigouya, la capitale du Yatenga, sera en ébullition ce week-end à la faveur des finales de la XVIe édition de la Coupe de l’espoir, dont le promoteur n’est autre que Boureima Badini, représentant spécial du Facilitateur en Côte d’Ivoire. Pour cette édition, riche en couleurs, le promoteur aura en effet mis les petits plats dans les grands afin que la fête soit belle. C’est ainsi que, depuis hier jeudi, une ambiance festive règne sur toute la région du Nord, dans l’attente des finales interdépartements et interservices les 04 et 05 juin au stade provincial de Ouahigouya.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir.Ton cousin, Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 4 juin 2010 à 10:58, par colocolo En réponse à : Une lettre pour Laye : Ras-le-bol de Blaise

    Zambakro et non Zambokro est situe a 12km de Yamoussoukro, pas 100. Un peu de serieux dans votre boulot SVP. Et puis c’est tellement facile, comment sa femme peut ramener des pièces détachées d’avions d’Angola. On en fabrique la bas maintenant ? A ce qu’on sache un embargo court....

    Bref, pas de rumeurs, que des faits.

    • Le 5 juin 2010 à 16:01 En réponse à : Une lettre pour Laye : Ras-le-bol de Blaise

      Le trafic d’ armes ou de pieces d
      ’armes existe. A tel point que des armes fabriques en Ukraine peuvent se retrouver aussi chez les Forces Nouvelles via le Nord. Donc Simone peut aussi ramener des pieces d’echanges pour les avions aneantis par les francais qui ont ete provoques dans "leur" camp. Mais que ce soit Bambakro ou Zambokro, l’ erreur n’est pas un crime pendable.
      Balle a terre.

      No- man

    • Le 11 juin 2010 à 08:56, par Mossi Kacou En réponse à : Une lettre pour Laye : Ras-le-bol de Blaise

      Le fait de mal orthographier Zambakro et de mal estimer la distance n’est pas un problème grave en soit. C’est le climat délétère qui règne en Eburnie qui nous inquiète tous !

      Il ne serait pas étonnant que Simone puisse ramener d’Angola des pièces de rechange car tout le monde sait que ce pays utilise ce genre d’appareils et est un allié fidèle de LKG.

      Personne ne veut incriminer le FPI et son chef mais il faut se rappeler que lorsque Bédié et Robert Guéi étaient au pouvoir, l’Observateur avait chaque qu’il le pouvait attirer l’attention des dirigeants ivoiriens sur les risques de dérives. Ce pays est aussi le nôtre car il y réside environ 4 millions de burkinabè dont 30 à 40% seraient nés en CI donc potentiellement ivoiriens (dont Aruna DINDANE, Michel Bassolé, feu Zaré Mamadou, A’Salfo et bien d’autres anonymes)et moi même résident et travaillant au Burkina. Toute ma famille y réside (père, mère, soeurs et frères, oncles et cousins). Ce qui se passe en CI doit nous intéresser tous. Si le grand voisin ivoirien retrouve la paix, il est évident que nous retrouverons nous aussi la sérénité.
      En ce qui concerne les élections, tous les ivoiriens la souhaitent, la redoutent et ne la veulent pas à cause des violences qui pourraient en découler si des fraudes sont observées.

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