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Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore depuis ce mercredi

Publié le jeudi 3 juin 2010 à 07h43min

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Gaoua, la cité aux milles et une collines renfermant sans aucun doute de nombreux gisements d’or

La question de l’orpaillage continue de troubler la quiétude de la population de Gaoua. Après Kampti, Gaoua- ville, Djikando, c’est aujourd’hui le village de Holly à 12 km de Gaoua qui est en ébullition.

Affrontements entre villageois et orpailleurs désireux de s’installer dans le village, intervention des forces de l’ordre et arrestation d’un villageois. La tension est vive. Ce mercredi matin, de nombreux villageois se sont rendus au commissariat de police pour exiger la libération de celui qui a été arrêté.

Ces dernières années, l’exploitation anarchique de l’or vole le sommeil paisible aux populations du Sud-ouest. Dano, Diébougou, Gaoua, Batié, le phénomène prend de plus en plus d’ampleur. Les troubles avec. Entre les populations qui s’opposent farouchement à l’exploitation anarchique de l’or et les orpailleurs désireux de se faire de l’argent, le chemin qui mène à l’entente et à la cohésion semble être un horizon fuyant.

Ces jours-ci c’est Holly, village situé à 12 km de la ville de Gaoua qui connaît des troubles consécutifs à l’exploitation de l’or. Lundi 31 mai, les habitants de Holly étaient aux funérailles d’un des leurs. Ce même jour, un groupe d’orpailleurs débarquent dans le village en compagnie de certains éléments de la police nationale pour exploiter l’or dans le village. Informée, la population se rend sur les lieux pour déguerpir les étrangers indésirables. Il s’en est suivi un affrontement. La population prend à partie un groupe de jeunes du village qui sont de mèche avec les orpailleurs. Ces jeunes s’en sortent avec des blessures.

Mardi 1er juin, Kodjo Kambou, originaire de Holly et en partance pour la Côte- d’Ivoire est arrêté à la gare de Gaoua aux environs de 20h. Motif, il fait partie, selon la police, des villageois qui se sont opposés à l’installation des orpailleurs la veille dans leur village. La nouvelle de l’arrestation parvient à Holly. Mercredi 2 juin au matin, la population de Holly est devant le commissariat de police pour exiger la libération de Kodjo Kambou. "No Kodjo, no move".

En fin de matinée et après d’intenses négociations, la mairie de Gaoua réussit à gagner le repli de la population. Mais promesse est faite de revenir si d’ici là Kodjo Kambou n’est pas libéré.

Selon des sources officielles, le chef du groupe des orpailleurs détient une autorisation d’exploitation délivrée par le ministère des carrières et des mines. Pourtant, la mairie de Gaoua d’où relève le village de Holly n’a été ni consultée, ni informée de l’installation d’orpailleurs sur son territoire communal. Le directeur régional de la police que la presse locale a approché s’est refusé à tout commentaire, arguant qu’il ne sait à l’heure actuelle où se trouve le groupe d’orpailleurs.

La vérité sur cette affaire est à l’image d’un trou d’orpaillage où l’obscurité voile le métal précieux. Mais au regard de la récurrence des crises et affrontements, nous gagnerons à faire en sorte que la lumière règne enfin dans ce milieu. Sinon, les coulées de boue nous guettent. Et avec elles, beaucoup de drames…

Koundjoro Gabriel KAMBOU
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 juin 2010 à 19:42, par Sydney En réponse à : Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore, depuis ce mercredi

    C’est domage de brader la vie des populations pour des intérêts personnels. Les responsables de ce déosrdes sont ceux qui délivrent ces autorisations anarchiques, sans consulter ni autorités communales, ni les populations à la base. la situation au Sud ouest risque d’être pire que ça si on y prend garde comme l’a souligné l’article.

  • Le 2 juin 2010 à 20:33 En réponse à : Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore, depuis ce mercredi

    Je ne comprends pas le ministère des mines, des carrières et l’énergie. Quel deal il y a dans ce ministère au point que des documents d’exploitation soient délivrés sans que les autorités locales et les villages concernés ne soient informés. Certes la terre appartient à l’Etat, mais il va de soit que l’Etat aussi doit informer les résidents de ce qui se passera dans un futur proche. Après Diébougou voici le cas de Holly, auparavant il y a eu Gaoua. Sii dans les autres contrées il n’y a pas de problème pour l’exploitation artisanale sachez que dans le Sud Ouest cette exploitation artisanale causera de sérieux problèmes. Il y a un problème d’ordre sociologique, de façon générale les populations du Sud Ouest n’aiment pas le travail de l’or (voir l’or circuler à l’état brute) et ces conséquences d’où une nécessité de réorienter l’attribution des concessions artisanales vers des concessions industriels.

    • Le 3 juin 2010 à 05:49, par Paris Rawa En réponse à : Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore, depuis ce mercredi

      De toute façon, l’État, c’est aussi l’administration locale, c-à-dire le maire et les conseillers de la commune rurale concernée. Les élus locaux et leurs électeurs (la population de la commune) devraient s’unir pour réclamer leur part du gâteaux, d’une part sous forme de taxes sur l’autorisation d’exploitation et sur le rendement en or de chaque site au profit de la commune, et d’autre part sous forme de conditions d’exploitations (pas de produits toxiques, préservation des nappes phréatiques et de terres arables, dédommagements des propriétaires des terres aurifères exploitées...)

      • Le 3 juin 2010 à 18:12 En réponse à : Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore, depuis ce mercredi

        Paris Rawa, l’Etat centrale n’est pas l’administration locale. Tu vis en France, mais je suis étonné de ta réaction. Alors à quoi sert la décentralisation et même la déconcentration. Dans le cadre de la décentralisation on parle d’un développement participatif ? Justement, c’est pour prendre les préoccupations des populations et en tenir compte. Pourquoi alors un ministère décide t elle unilatéralement de donner des autorisations d’exploitation sans consulter les populations concernées. Pensez vous que les orpailleurs financent une localité avec les gains qu’ils engrangent. Venez voir certains sites où il y a eu l’orpaillage et vous comprendrez pourquoi il faut arrêter cette pratique dans les villages.

  • Le 2 juin 2010 à 23:21, par The Maverick ! En réponse à : Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore depuis ce mercredi

    Toutes mes felicitation a ce journaliste. Article simple et riche. Du courage !

  • Le 3 juin 2010 à 10:02 En réponse à : Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore depuis ce mercredi

    mon cher Koundjoro vous faites une bonne analyse mais je sens que vous ne dites pas tout ce que vous auriez aimé dire et ouvertement. mais neanmoins votre opinion a le merite d’exister et ceux qui savent comprendre comprendront. Ce qui est sur c’est que cette histoire de clash entre orpailleurs "dument patentés" et villageois dans le sud ouest n’est que l’effervescence d’un mouvement de fond : la question de la terre et plus particulierement dans une société comme celle des lobi dagara. Cette question montre comment le burkina est gerée aujourd’hui et au profit de qui. Elle se double d’une crise sociale generalisée, plus particulierement la region lobi dagara qui commence a vivre ce que d’autres regions avaient deja vecu. mais avec une autre dimension supplementaire tres importante : l’histoire des familles, leurs origines et la question de leur anteriorité i-e qui est le vrai "proprietaire de la terre" (le Tegan). ceci est une question tres importante pour la société lobi dagara car loin d’etre une affaire de possesssion c’est beaucoup plus une question de survie identitaire, de surve de la culture de cette societe. Et comme le rappelle si bien l’article ce genre de conflit survient surtout et principalement dans la region lobi dagara : ceci est symptomatique. Le hasard n’existe pas ! je rappellerai qu’il y a peine quelques semaines un conflit ouvert s’est posé entre 2 villages freres a Dissin (ce qui est inimaginable dans la culture lobi dagara) pour une question de decoupage administratif en village, question en somme banale mais qui en fait posait l’autorité du chef de terre, donc toute l’ame mystique du village. Meme le colon francais n’avait jamais osé (aurait-il pu ?) toucher au chef de terre dans la region. Quand je lis que mon frere HIEN Kilmité (fils du pays) affirme haut et fort que le Burkina n’a jamais ete aussi bien dirigé, je vois a quel point les soi-disant intellectuels, fils du pays se sont devoyés, laissant leurs freres meres grands peres etc dans la desolation totale, a essayer de sauver ce qui peut l’etre encore de leur culture. faut-il attendre de ressortir les arcs et fleches ? Faut-il attendre que non que la coulée de boue, mais de sang ?
    SOME

    • Le 3 juin 2010 à 12:56, par X-MEN En réponse à : Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore depuis ce mercredi

      Mon frere ce que vous dite est incontestable !Il y’a Kilimite qui attend le moment sombre pour se reconnaitre fils de cette region.Il ya aussi de mauvais policiers affectes dans cette region puisqu’il faut etre leur ami pour que ton adversaire ne soit pas ecoute meme quand il a raison,et ces policiers mal instruits sont toujours prets a dire qu’ils sont alles a l’universite rien que pour intimider les honnetes citoyens.MAIS QUI SONT CES POLICIERS CORROMPUS ?Ils prendront l’argent des orpailleurs mais ils seront chaties tot ou tard l’occasion se presentera.MERCI CE JOURNALISTE Koundjoro.

  • Le 3 juin 2010 à 11:05 En réponse à : Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore depuis ce mercredi

    il faut décentraliser la délivrance des permis et mettre fin à l’exploitation anarchique. je soutiens la réaction des populations.

  • Le 3 juin 2010 à 11:29 En réponse à : Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore depuis ce mercredi

    c’est quand même étonnant que la police accompagne des orpailleurs pour aller les installer.

  • Le 3 septembre 2010 à 23:24, par Gazoduc En réponse à : Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore depuis ce mercredi

    Tout ce qui est dit ci dessus me va droit au coeur. La terre appartenant à l’Etat, même aux paisibles populations abusées dans cultures et leurs droits économiques, que le ministère des mines et carrières cesse de délivrer des permis à des groupes d’amis que tout le monde sait d’où ils viennent, des hauts lieux du pouvoir, pour nous piller et nous narguer.

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