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Marché de Tialgo : A quand la réouverture ?

Publié le jeudi 27 mai 2010 à 03h25min

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Plus de soixante jours après la fermeture du marché de Tialgo, bourgade située à quelques encablures au Nord de Ténado-centre, les tractations pour la réouverture semblent toujours stériles. Les esprits belliqueux se sont apaisés certes, mais les habitants de ce village séparés en deux groupes, voire en deux camps (secteurs n° 3 et n° 4) suite à des bagarres, de règlements de comptes, n’ont pas encore pris la ferme résolution de se donner la main pour le retour à une vie normale.

Le jeudi 06 mai 2010, nous foulons le sol de Tialgo pour la deuxième fois. Une seule chose nous préoccupait : trouver les conseillers municipaux et quelques personnes ressources du village disposés à éclairer notre lanterne sur la fermeture du marché intervenue depuis le 02 mars dernier. Mais les choses ne sont pas allées comme sur des roulettes. En effet, seul un des trois conseillers du village y était ce jour.

Les autres s’étant rendus à Ténado pour une rencontre. Athanase Bamouni, le seul conseiller présent, après nous avoir reçus et écoutés, refusa purement et simplement de se prêter à nos questions en dépit de notre insistance. Cela sous prétexte que de par le passé, un journaliste a eu à abuser de sa confiance. Las d’attendre, nous nous rendons au marché du village. Nous y rencontrons deux jeunes commerçants assis devant leurs boutiques, l’air désemparé.

L’un s’appelle Oli Bayili et l’autre Yombié Bazié. Ces derniers s’ouvrirent à nous dans l’espoir que notre démarche contribuera à solutionner leur problème. A les entendre, ils courent tout droit à la faillite dans la mesure où les clients étant devenus rares et la conservation des stocks de denrées difficile. « Pour se procurer un œuf ou un poulet, il faut aller ailleurs ».

La voix rouillée, l’un d’eux raconte comment le village est actuellement plongé dans la tristesse puisque, selon lui, le seul cadre de distraction, de retrouvailles et d’échanges, était le marché. Et de conclure, à l’endroit des autorités, par ceci : « Nous vous prions de vouloir bien nous sortir de cette galère qui n’a que trop duré ». La situation préoccupe les usagers du marché et particulièrement les habitants de Tialgo. Le collecteur du marché, Bapio Bamouni, âgé de 75 ans, ne cache pas ses inquiétudes.

« Je veille sur ce marché depuis 46 ans mais de tels désagréments, c’est bien la première fois que je les vis », déclare-t-il. Comme Oli Bayili et Yombié Bazié, il embouche le même clairon pour appeler à la réouverture du marché au plus vite sinon Tialgo risque de mourir d’une mort certaine. A l’en croire, le marché de Tialgo était tellement bien fréquenté que tous les jours, on y voyait du monde.

Nous mettons le cap sur Ténado situé à quelques kilomètres dans l’espoir de pouvoir échanger avec les deux autres conseillers de Tialgo. La chance nous sourit cette fois- ci puisqu’à peine sommes-nous arrivés que nous retrouvons Nébilbié Bationo et Bagora Bamouni respectivement conseiller municipal du CDP du secteur 4 et du RDR (un transfuge de l’ADF/RDA) du secteur n°3.

Selon Bagora Bamouni, des concertations sont menées pour une issue heureuse du problème. Mais des conditions sont posées pour la réouverture du marché et le moment venu, elles seront portées à la connaissance des habitants au cours d’une réunion solennelle avec les autorités. Il s’agira, selon lui, de prendre des sanctions à l’encontre du fautif qui se fera prendre sur la place du marché. Non seulement, il sera conduit devant les autorités pour un séjour au frais mais à sa sortie il devra s’acquitter d’une amende au niveau des notables du village.

Le marché sera-t-il déplacé ?

Si Nébilbié Bationo est d’avis sur la question, il émet cependant des réserves. Pour lui, la résolution définitive de leur problème réside également et surtout dans le déplacement du site du marché pour l’installer au juste milieu du village. Car sa position actuelle sise au secteur n° 3 fait craindre les habitants du secteur 4 dans la mesure où ceux du secteur n° 3 se réclament autochtones en plus d’être les fondateurs du marché, à telle enseigne qu’ils se permettent, selon lui, certains excès.

De plus, les concertations avec les autorités sont seulement menées par les gens du secteur n° 3 puisque ceux du 4 affirment ne pas être impliqués. Toute chose, qui, de l’avis de Nébilbié Bationo, ne présage pas une bonne sortie de crise. Son souhait est que les notables des deux secteurs se concertent d’abord, trouvent un terrain d’entente, se pardonnent mutuellement avant de négocier avec les autorités locales. Le premier adjoint au maire de la commune de Tenado, M. Birba épouse les idées du conseiller Bationo. « C’est du reste la recommandation que nous leur avons soumise », a-t-il dit.

Pour l’histoire, c’est la découverte du corps d’un jeune homme du secteur n° 4 lynché à mort au Secteur n° 3 pour indélicatesse qui serait à l’origine des bagarres ayant conduit à la fermeture du marché. Au départ, la famille du défunt n’avait pas trouvé à dire sur la regrettable situation, du fait du bon voisinage et de l’interpénétration familiale (liens de mariage). Mais par la suite, la situation s’est dégradée par le truchement d’un frère du défunt rentré dernièrement de Côte d’Ivoire et qui s’est refusé à digérer la mort de son jeune frère.

La famille Bationo au secteur 3 ayant été incriminée dans cette histoire, était devenue la cible à abattre. Ainsi, le marché situé au secteur 4 s’est transformé en un ring pour offrir des spectacles désolants entre les Bamouni du secteur 4 et les Bationo du secteur 3 chaque fois que les membres de ces familles s’y voyaient. Au vu de la situation qui s’empirait, les deux secteurs étant séparés, le conseiller municipal du Secteur n° 3, Nébilbié Bationo, a saisi les autorités locales (préfet, Maire). Celles-ci, devant l’ampleur du problème, n’avaient d’autre alternative que de procéder à la fermeture du marché.

Le préfet de Ténado, Mme Mariam Ouédraogo, témoigne : « quand nous avons été saisis du problème, nous nous sommes déportés sur les lieux en compagnie des forces de sécurité. Et c’est au vu de l’ampleur du problème que les autorités communales ont pris leurs responsabilités en fermant le marché, cela, pour parer à toute éventualité et pour dissuader les belligérants ».

Aujourd’hui le marché, le lieu du donner et du recevoir est vide de ses usagers. L’économie du village a pris un coup, Tialgo passant pour être la locomotive en maraîcheculture au niveau de la province du Sanguié malgré le manque de bas-fonds irrigués. Le rêve de tous, c’est l’apaisement des cœurs et la réouverture du marché.

Pascal Y. BAKO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 27 mai 2010 à 10:48, par Richard En réponse à : Marché de Tialgo : A quand la réouverture ?

    Il faut purement et simplement déplacer ce marché à Garango ou à Zabré. Si ces petits gourounsis, au moment où les autres (leurs boss les bissas) s’associent pour développer leurs communes, eux, sont occupés à se diviser à coups de machettes, il faut nommer un bissa comme chef de Tialgo. Je propose Smokey. Bref, après cette parenthèse, je pense qu’ils vont bientot s’entendre et travailler à développer la cohésion et la fraternité pour sortir Tialgo de l’ombre comme du reste, nous le faisons chez nous. Passé un délai de 24 heures, si la situation n’évolue pas, Smokey sera intronisé comme chef de terre, de l’eau, des sols, de la végétation et de tous les êtres vivant sur l’ensemble de la commune rurale de Tialgo. Fait à Ouagadougou ce jour 27 Mai 2010 pour servir et valoir ce que de droit.
    Ampliations :
    - Laurent Bado le célébre chauve,
    - Tertius Zongo, fils du terroir,
    - Bado François de Salles, un engagé des droits humains,
    - Monsieur et Madame Djibril Bassolet, au darfour
    - Ousmane Badolo, ministère de la santé,
    - Longa, porc-au-fourreur à Djo

    • Le 27 mai 2010 à 23:38 En réponse à : Marché de Tialgo : A quand la réouverture ?

      Je souhaite à toute la population de Tialgo de s’entendre main dans la main pour resoudre cette crise. Puisse le Seigneur vous accompagner dans cette demarche.

      File de la Region en Côte d’Ivoire !

  • Le 27 mai 2010 à 14:30, par soyons sérieux En réponse à : Marché de Tialgo : A quand la réouverture ?

    Vous voyez comment l’ africain a perdu ses repères. Comment de nos jours des bationo et des bamounis peuvent-ils se hâcher. Combien de filles bamounis sont chez les bationos et vice versa. Si nous n’avions pas perdu nos repères, c’est une affaire que les chefs des clans allaient reglér et le frère du defunt n’avait d’autre choix que de s’alligner derrière cette décison au risque de suivre son frère dans l’audelà. Si nous n’avions pas perdu nos valeurs, ce sont les "énécobias", c’est-à dire les nombreux neveus qui interviendront pour réconcilier els deux familles. Mais hélas, encore hélas au diable nos valeurs ancestrale. Vive le dieu aegent. OU ALLONS NOUS ?

  • Le 27 mai 2010 à 16:40, par FILS DU VILLAGE En réponse à : Marché de Tialgo : A quand la réouverture ?

    oh les politiques ;cette affaire est politisée ;je suis né dans ce village les gens vivaient en pleine harmonie.ATANASE pour qui te prend tu ?Laisse nos vielles vendre leur dolo ;moi on a payé mes etudes avec cette argent.mème tes enfants aussi.
    je demande aux enfants engagés de ce village tels que:BADO GREGOIRE ;BESSIN BRUNO ;BAMOUNI ABEL ;BATIONO BAGNOMBOè et autres de rentrer voir les parents de ce village pour les rappeler que nous avons manger dans le mème plat.

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