Cher Wambi,
Cher Wambi, j’ai quelque peu hésité avant de t’envoyer cette lettre, puisque, pour sûr, tu seras à Ouagadougou dès ce vendredi après-midi pour cette raison : c’est ce week-end que celui qu’on peut considérer, à juste titre, comme le patriarche de Laye, même s’il réside à Ouagadougou au quartier Larlé, célèbre son jubilé d’eau, c’est-à-dire ses 100 ans de vie et ses 80 ans de baptême.

Je veux bien sûr parler du vénérable Emmanuel Zongo, né en 1910 et baptisé le 16 avril 1930, jour de Pâques, à Pabré. Premier catéchiste de Bassinko en 1932, il a engendré 10 enfants, dont 6 en vie ; 23 petits-enfants et 13 arrière-petits-enfants. Parmi ses enfants vivants, il compte un prêtre, l’abbé Jean-Baptiste, âgé aujourd’hui de 75 ans. Parmi ses gendres, on peut citer l’ancien ambassadeur Paul Rouamba et l’ancien ministre Raogo Antoine Sawadogo, chantre de la décentralisation. Mais ce n’est pas à Laye ni à Bassinko seulement qu’on se souviendra de lui comme ouvrier autochtone dans la vigne du Seigneur. En effet, il fut également le tout premier catéchiste en pays dagara où il a laissé un souvenir impérissable. Car avant lui, c’est au Ghana que les Dagaras allaient se faire catéchiser. A ce titre, beaucoup dans le Sud-Ouest le considèrent comme leur saint Paul local, l’apôtre des gentils.

Comme les bons Pères blancs savaient assurer les arrières de leurs catéchistes par l’apprentissage d’un métier, il a appris à manier la machine à coudre, tant et si bien qu’il fut, peu après les indépendances, le président de la coopérative des tailleurs de la Haute-Volta. Pour en revenir au jubilé à proprement parler, qui sera célébré le dimanche 23 mai, retenons les points suivants :
 7 h 00 : messe d’action de grâce à l’église Notre-Dame du Rosaire de Kologh-Naaba ;
 13 h 00 : rafraîchissement au domicile de Larlé ;
 15 h 00 : animation culturelle (chorale, troupe traditionnelle). Joyeux anniversaire, papa et papy, Ad multos Annos !

Oui, cher cousin, par colonnes entières, et ce, depuis la mi-mai, les villages commencent à se vider en direction des champs, en réponse à l’appel solennel de la campagne agricole, à laquelle nul paysan ne saurait se dérober. La pluie est enfin là ; vive donc la pluie qui, cependant, et pour l’instant, fait la ronde, même si j’espère qu’elle nous soulagera un tant soit peu de cette canicule jamais enregistrée au pays des hommes intègres. Et maintenant que dans les régions les plus fertiles l’on commence à mettre les semences en terre, il n’est de rêve qui vaille que de voir les semis pousser, prospérer, et combler nos villages par greniers entiers. En tout cas, cher cousin, il n’est d’être qui ne soit optimiste à l’entame de la campagne, et la meilleure raison à celà, c’est ces oiseaux qui nous accompagnent de leurs chants et de leurs gazouillements à longueur de journée. En attendant, et c’est le revers de la médaille, d’autres n’ont que leurs yeux pour pleurer.

Tu voudrais en savoir davantage que tu prendrais le chemin de la ville de Sya où, par dizaines, des arbres centenaires ont été déracinés, où celui de Komki-Ipala où des maisons se sont effondrées, si elles ne sont décoiffées, vaincues par la fougue du vent. Hélas, ce n’est pas sans nous renvoyer au déluge du 1er septembre 2009, dont les sinistrés se comptent encore par certaines. Y aurait-il autre choix alors que de sonner le tocsin ? Voilà des catastrophes qui, à coup sûr, inviteront aussi bien certaines entreprises que des municipalités au banc des accusés, vu que certaines réalisations n’ont jamais été faites dans les règles de l’art. A bon entendeur donc, salut.

Alors que je couchais encore ces lignes, cher cousin, l’astre du jour s’était retranché derrière des nuages noirs et lourds qui coiffaient Simonville. Pour sûr, avant même que tu aies épuisé la présente missive, la fraîcheur sera au rendez-vous dans la capitale et ses environs, à en croire les sorciers du ciel. Mais en attendant, tendons l’oreille vers l’ASECNA qui nous livre ci-après les relevés pluviométriques de la semaine du 13 au 19 mai 2010 aux quatre coins du Faso : Dori = néant ; Ouahigouya = 1,8 mm ; Ouagadougou-aéro = 2,5 mm ; Dédougou = 36,2 mm ; Fada N’Gourma = 25, 3 mm ; Bobo-Dioulasso = 7,7 mm ; Boromo = 5, 7 mm ; Pô= 45, 0 mm ; Gaoua = 40, 5 mm ; Bogandé = 11, 9 mm.

Retour maintenant en cité, cher Wambi, pour nous intéresser au volcan qui couve au sein de la Convention des Forces républicaines (CFR), groupe parlementaire composé de partis politiques et/ou coalition de partis de la mouvance présidentielle et dont sont issus les députés Bayiré Harouna (CFDB) ; Dicko Amadou Diemdioda (CFD/B) ; Kaboré Saïdou (UPR) ; Gouem Laléyan, dit Saïdou (UPR) ; Guigma Victor (RPC) ; Ouali Mihyemba Louis Armand (RDB) ; Sanogo Drissa (PAI) ; Sanogo Issa (UPR) ; Tou/Héma Makoura (RDB) ; Yaméogo Salvador Maurice (UPR) ; Zagré Sibdou Désiré (CFD/B) et Zon Hamadou (UPR). Au moment même où tu me lis, cher Wambi, ce groupe parlementaire menacerait de voler en éclats, selon certaines indiscrétions. Le casus belli, à ce que l’on dit, viendrait du renouvellement annoncé des différents bureaux des groupes parlementaires le 30 mai prochain.

Et à en croire ces mêmes sources, si le pacte qui lie les membres dudit groupe est respecté, c’est en principe le député Ouali Mihyemba Louis Armand du RDB qui devrait, à partir de cette date- là, présider à ses destinées. Mais, mais et mais ! Car depuis mars 2010, cet élu du Sud-Ouest a divorcé d’avec le RDB pour convoler en justes noces avec l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de Zéphirin Diabré. D’où la furie de certains pontes de voir un opposant aux commandes du groupe CFR. S’engagea alors une bataille rangée à l’issue incertaine, qui pourrait faire tache d’huile çà et là.

Une semaine nous sépare encore de la date fatidique du 30 mai 2010, jour du renouvellement du bureau, mais des menaces de démission du groupe parlementaire CFR se font déjà entendre, au cas où le député Ouali Mihyemba Louis Armand serait lésé. Vers quel horizon les démissionnaires s’envoleront-ils ? Mystère et boule de gomme. Les négociations se poursuivent toujours, mais, à ce qu’on dit, les députés Guigma Victor, Sanogo Drissa et Ouali Mihyemba Louis Armand, entre autres, seraient déjà sur le départ. Qu’en attendre, cher Wambi ?

Cher Wambi, l’événement de février 2010 au Ghana tiendrait du simple fait divers s’il ne concernait pas un ancien président, Jerry John Rawlings, en l’occurrence. Mais voici sa demeure partie en fumée le dimanche 14 février, fête de la Saint-Valentin. Seule son épouse et sa fille y résidaient à l’heure du drame. Si aucune perte en vie humaine n’est à déplorer, le flight lieutenant pleure toujours la perte de ses archives, dont celles relatives à ses nombreuses visites au Burkina Faso depuis les signes avant-coureurs de la révolution d’août jusqu’à nos jours.

Qui sait l’importance des archives comprend aisément pourquoi Rawlings remue ciel et terre pour les ressusciter. En tout cas, les autorités burkinabè en sont déjà saisies, et tu pourras aussi y être d’un éventuel secours ; tout comme l’Observateur paalga, mais dont la photothèque aussi partit en fumée la nuit du 10 juin 1984. En attendant, ne voilà-t-il pas J.J. Rawlings contraint d’abandonner son vieux bungalow colonial, situé dans le Ridge d’Accra, qu’il occupait depuis le début des années 80 ?

Tipoko l’Intrigante, dont je t’ouvre ci-après le carnet secret, n’en dirait pas moins.

 Les échos du palais de justice qui nous sont parvenus ne sont pas bons pour l’opérateur de motos Mégamonde, qui éprouve déjà des difficultés de survie. Assigné en justice depuis fin 2006 par son ex-partenaire chinois, Jincheng, pour contrefaçon et concurrence déloyale, il s’est vu finalement interdit d’utilisation des appellations JC et CJ sur toute l’étendue du territoire burkinabè. Dans le même temps, le tribunal a ordonné l’annulation de tous les enregistrements de la marque JC faits au profit de Mégamonde à l’OAPI (Organisation africaine de la propriété intellectuelle). Ce, à la grande satisfaction de la société Jincheng et de ses représentants au Burkina, tout comme de leur conseil, le cabinet Me Mamadou Sawadogo, même si le marathon judiciaire a duré trois ans. Mégamonde se pourvoira-t-il en cassation ? Attendons de voir.

 Dafani, on en reparlera toujours avec cette situation confuse dans laquelle cette usine de fabrique de jus basée à Orodara s’est engluée depuis quelques mois. Et depuis, le mystère reste entier avec ce silence assourdissant des responsables de la société ; eux qui se refusent toujours à donner des explications officielles sur la nature de la crise qui a entraîné la suspension des activités de leur entreprise et plongé toute la région du Kénédougou dans un profond désarroi. L’inquiétude commence aussi à prendre des proportions inquiétantes chez le personnel de la société, en congé technique depuis quatre mois et sans salaire. Curieusement, les produits Dafani ont subitement fait leur apparition ces derniers jours sur le marché à Bobo et à des prix qui ont été majorés de 30% à 40%. La petite boîte de 600 FCFA est actuellement vendue à 900 FCFA et la grande boîte à 1500 FCFA.

Selon nos informations, des esprits malins, qui étaient dans le secret des dieux, avaient eu le temps de faire des provisions avant l’arrêt de la production. Des spéculateurs qui sont aujourd’hui contraints de vider leur stock, et le plus vite possible, sous peine d’être pris dans leur propre piège. Car aux dernières nouvelles, la reprise des activités de Dafani n’est plus qu’une question de mois, voire de semaines, avec un nouveau repreneur et principal actionnaire. Dans les coulisses, c’est le nom de Yacouba Barro, P-DG de SODIFA et de la compagnie de transport TCV, qui est de plus en plus cité. Wait and see.

 « Après la pluie, vient le beau temps », dit l’adage. Mais dans le milieu du handball, c’est le sale temps après la 26e Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe (CAVC) que notre pays a abritée du 7 au 17 avril 2010. Bien avant cette manifestation, la rumeur faisait état de divergences persistantes au sein de la famille. Mais le temps d’une décade la fibre patriotique a pris le dessus, pour permettre de relever le défi de l’organisation. A peine le Palais des sports a-t-il refermé ses portes que l’on apprend que le Secrétaire général de la Fédération burkinabè de handball aurait rendu sa démission. Aucune explication officielle n’a été donnée, et pour l’heure, on ne sait si celle-ci sera acceptée.

Autre démission, acceptée cette fois-ci, celle du duo d’entraîneurs de la LONAB handball club que sont Boukaré Tiendrébéogo et Abdoul Rahim Kéré. Ils auraient rendu le tablier à cause des divergences persistantes entre eux et la direction du club. Peut-être ont-ils voulu anticiper, au regard du bilan de leur participation à la 26e CAVC. Mais peut-on les blâmer pour cela, eux, qui, en 3 saisons, ont donné à la LONAB 6 trophées et vu qu’aucun club n’a fait mieux ? Pour ma part, cher Wambi, la véritable raison est ailleurs, et dans les jours à venir, on en saura davantage.

 En d’autres temps, on l’aurait simplement rangé dans la rubrique “Chien écrasé”. Mais ça commence à tellement bien faire que l’on ne saurait le faire. De quoi s’agit-il ? Eh bien ! de ces “folies” des travailleurs sur le chantier de bitumage de la RN1 (Ouaga-Bobo). Que l’on ne prenne surtout pas cela pour de l’acharnement, il y va de notre intérêt à tous, que les travaux soient menés à terme avec les moindres désagréments.

Il y a quelques jours, un camion passait sur les jambes d’un jeune homme ; le mercredi 20 mai, c’est une pelleteuse qui “embrochait” un petit commerçant aux portes de la maternité de Gounghin Nord (secteur 9). Pourtant, la victime passait paisiblement son chemin, roulant sur sa bicyclette chargée de marchandises. Et le plus frustrant dans cette affaire, c’est que certains agents, pendant que des témoins étaient en branle pour porter secours au garçon, voulaient continuer allègrement leur boulot comme si de rien n’était.

 « Y. Dominique Kaboré lettres ouvertes : Philippe Zinda Kaboré » et « Philippe Zinda Kaboré, un héros de la lutte anticoloniale », ce sont là les titres de deux ouvrages écrits en hommage au premier député de la Haute-Volta au Parlement français. Respectivement signées par Désiré Gabriel Dominique Kaboré et Alice Solange Kaboret/Tiendrébéogo, les œuvres seront dédicacées le mardi 25 mai 2010 à 17 heures dans la salle de conférences des archives nationales.

 Ce week-end, la ville de Dédougou dans le Mouhoun va vibrer au rythme de la coupe Jeunesse Action de la député Korotimi Koté. Salif L. Kaboré est le parrain de cette 5e édition. Avant la grande finale, qui va opposer le secteur 1 de la commune de Dédougou à Bondokuy, une nuit culturelle aura lieu le vendredi à partir de 20 heures au ciné Loba. Le samedi, jour de la grande finale, il y aura dans la matinée des activités sportives et sociales (cyclisme, handi-cysclisme homme et femme, jeux de société...), des dons de matériel à un orphelinat, un don d’ambulance... La jeunesse du Mouhoun, mobilisée comme un seul homme derrière la promotrice de cette manifestation, entend faire de cette 5e édition un véritable succès. Rendez-vous est donc pris ce week-end avec la population de Dédougou et de ses environs pour une belle fête culturelle et sportive.

 Organisée par l’association Gournaam-survie, la 4e édition de la « Journée de l’enfant exclu et marginalisé » aura lieu les 21 et 22 mai 2010 à Ouagadougou. Manifestation placée sous le patronage du représentant de la Ligue islamique mondiale de secours, hadji Moussa Cissé, elle sera parrainée par Baba Hama, directeur de Communication de la Présidence du Faso, et se déroulera sur l’avenue 56, du côté de la grande mosquée d’Hamdalaye. Le thème retenu cette année est : « Enfants exclus et marginalisés : quelle contribution des médias à la promotion de leurs droits ? » Plusieurs associations sœurs du Sénégal, du Mali, du Niger et de la Guinée sont attendues à ce rendez-vous et, à l’occasion, un Réseau africain pour l’insertion des enfants exclus et marginalisés (RAPIEM) verra le jour.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin, Passek Taalé.

L’Observateur Paalga