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Une lettre pour Laye : Le haut-com toujours missing

Publié le vendredi 16 avril 2010 à 02h41min

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Cher Wambi,
J’aurais souhaité entamer la présente par les meilleures nouvelles qui soient au Pays dit des hommes intègres, mais, hélas, le maître de l’univers en a décidé autrement. Peut-être l’as-tu déjà appris, tant les voyageurs qui traversent quotidiennement le village se veulent des plus loquaces. Hélas, disais-je donc, l’Observateur Paalga, le journal de ton oncle Nakibeugo, par qui je te donne chaque semaine les nouvelles de la cité, est en deuil depuis le samedi 10 avril dernier, qui a vu le rappel à Dieu de son géniteur, Martial Ouédraogo, dans sa 77e année.

Et ce n’est pas seulement la grande famille de l’Observateur Paalga qui le regrettera à jamais, à en juger par les messages de condoléances, de solidarité et de sympathie qui ne cessent d’affluer depuis l’annonce de la triste nouvelle. Certainement que tu te souviens encore, comme si s’était hier, que le sage de Zaghtouli qui s’en est ainsi allé au royaume du silence est l’un des précurseurs de l’industrie burkinabè. La preuve par la SOVICA, la SONICO, Plast Afrique, Prochimie, COVEMI, CINAFRIC et j’en oublie. Sur le plan sportif, nos anciennes gloires n’oublieront certainement pas de si tôt la prestigieuse coupe des “3S”, qui servait de thermomètre au football burkinabè.

C’est fort logiquement donc qu’une foule nombreuse a déferlé tant à l’église Saint-Camille qu’à son domicile à la Rotonde ce jeudi 15 avril, où il a été inhumé, pour les derniers adieux. Concernant la fine crème de l’Etat, je ne saurais passé sous silence le pèlerinage du président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré, et du Premier ministre, Tertius Zongo, pour témoigner de la reconnaissance de la mère patrie à un digne et valeureux fils. Dans l’attente de pouvoir, toi aussi, faire le voyage pour t’incliner sur sa tombe, tu voudras bien porter l’information à qui de droit.

Cher cousin, au moment même où je m’apprêtais à refermer cette triste page, voilà qu’on m’annonce aussi le décès, le mardi 13 avril à Ouagadougou, du colonel Moussa Georges Boni, dont tu te souviens qu’il fut ministre de la Jeunesse et des Sports de notre pays aux lendemains de la prise du pouvoir par le Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN) le 25 novembre 1980. Sa dépouille mortelle devait être transférée dans son village natal pour l’inhumation. Que Dieu et les mânes des ancêtres aient leurs âmes et qu’ils reposent en paix. Fini donc de la série noire, je l’espère, cher cousin, et retour maintenant de la disparition mystérieuse du haut-commissaire du Séno, Iliassé Ernest Ouédraogo, en Espagne en mars dernier.

Oui, cher Wambi, tu as sans doute dû l’apprendre par l’instituteur du village, le Haut-commissaire de la province du Séno, Iliassé Jean-Ernest Ouédraogo, est porté disparu depuis fin mars 2010. Dans sa déclaration publiée dans l’Observateur paalga n°7600 du 31 mars 2010, son épouse, Henriette, relatait en effet qu’il était parti le 8 mars 2010 en vacances en Espagne, où un de ses enfants étudie. Il devait rentrer au bercail dans la nuit du 20 au 21 mars, mais cette soirée-là, pas d’Iliassé au nombre des passagers qui ont débarqué à l’aéroport international de Ouagadougou-Taamsê. Ce n’est que le lendemain 22 mars qu’il a appelé sa famille, disant avoir été arrêté et détenu par on ne sait qui. Un deuxième coup de fil suivra le même jour et puis, plus rien.

Silence radio. Qu’a-t-il bien pu lui arriver ? Mystère et boule de gomme. Depuis d’ailleurs, les commentaires et les conjectures vont bon train. Trois semaines après, le haut-com est toujours missing. Ses proches sont toujours sans nouvelle de lui. C’est ce que m’a dit, pas plus tard que mercredi, son épouse, que j’ai appelée pour avoir les suites de l’affaire. Après avoir hanté les couloirs de l’administration en quête de la moindre info, elle dit aujourd’hui se réfugier dans la prière, espérant que la providence entendra ses pleurs et lui ramènera son mari.

Cher Wambi, il y a quelques années de cela, je t’ai conté le bras de fer qui opposait l’Association des grandes et petites alimentations (A.GRA.PA) à Marina Market, leur grossiste, qui voulait également faire dans le détail. C’était donc la mort assurée pour les alevins, qui risquaient d’être mangés par les requins. Fort heureusement, Marina Market avait renoncé à ses velléités. Mais voici qu’éclate de nouveau un contentieux de la même veine. C’est ce qui ressort de la correspondance suivante que l’AGRAPA a adressée au ministre du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat, le 13 mars dernier.

“Monsieur le Ministre,

Cinq (5) ans à peine que le différend qui nous opposait à Marina Market a connu son épilogue que sommes-nous au regret de porter à votre connaissance la naissance d’un autre. En effet, la société « CADO DECO », dans sa section “alimentaire gros”, s’apprête à ouvrir une alimentation de vente au détail aux 1200 logements, dans le même espace géographique et à proximité de nos petites alimentations. A notre grand étonnement, le responsable de « CADO DECO » est celui-là même qui nous avait apporté son soutien dans le différend suscité.

Nous voudrions attirer votre attention sur cet état de fait et regrettons par avance les désagréments que pourraient engendrer les comportements irrévérencieux de notre grossiste. Ainsi, ayant rencontré ce dernier, avons-nous eu confirmation de nos pressentiments et plus encore de « l’improbable possibilité de freiner l’ouverture de son alimentation » (sic).

Or, si l’on autorise un importateur et grossiste à faire du détail dans la même zone que ses distributeurs détaillants, ces derniers ne pourront pas tenir face à cette concurrence, déloyale. Nos boutiques étant notre activité principale et la source de nos revenus, nous sollicitons votre intervention pour obtenir de notre fournisseur, « CADO DECO », qu’il renonce à l’ouverture de cette alimentation. Nous vous saurions gré, monsieur le Ministre, des dispositions que vous voudriez bien faire prendre pour une résolution diligente de ce différend. Veuillez recevoir l’expression de notre profonde gratitude”.

Cher cousin, je ne sais pas quelle sera l’issue de ce combat, surtout que certains prétendent être adossés à du solide et que rien n’y personne ne pourra les empêcher de faire ce qu’ils veulent dans ce pays. Dans tous les cas, l’AGRAPA devrait tenir une AG ce dimanche même sur cette question, et je te tiendrai informé de l’évolution de ce dossier.

Oui, cher Wambi, assurément l’horizon semble s’assombrir davantage pour nous pauvres Burkinabè. Pas besoin de revenir sur la vie chère, objet des multiples marches de protestation et des revendications des organisations syndicales, car, en dépit des aboiements incessants du chien, la caravane gouvernementale persiste et signe.

Contre vents et marées, la Taxe de développement communal (TDC), énième impôt, est plus qu’une réalité. Quid des délestages d’électricité dont la fin n’est pas pour demain ? Mais la pilule, cher cousin, eût été moins amère à avaler si l’épidémie de méningite ne s’était pas invitée dans nos contrées depuis janvier 2010. Même si l’autorité tarde à tirer la sonnette d’alarme, au niveau individuel, chacun devrait réaliser le danger qui frappe à sa porte tant les chiffres sur la maladie sont effrayants.

De début janvier au 04 avril, dit-on, la méningite du type cérébro-spinal, dont il est question, a fait quelque 550 décès sur 3 800 cas. Si l’on considère qu’en 2009 déjà, elle avait fait au Burkina Faso 683 morts sur 4 861 cas, l’on a de la peine à comprendre le peu l’empressement de l’autorité à livrer bataille contre, même si une autre s’annonce, celle de la présidentielle, qui commande le déploiement de l’artillerie lourde à bon escient.

Or, certains auraient souhaité des électeurs vivants devant les urnes plutôt que des cadavres. Si pour l’instant, cher cousin, Laye semble hors de danger, tel n’est pas le cas des districts sanitaires de Gourcy et de Séguénéga, dans la région du Nord, déclarés en situation d’épidémie, pendant que dix autres districts sont en état d’alerte. A l’instar des anciens du village, espérons que de ce lourd fardeau bon Dieu saura nous soulager.

En attendant, Tipoko l’Intrigante, fidèle à son rendez-vous hebdomadaire, nous ouvre son carnet secret, pressée qu’elle est de sacrifier à la ronde des cases à l’occasion des traditionnelles funérailles ce week-end.

- Depuis ces dernières années, les forces onusiennes de maintien de la paix aux quatre coins du monde font incontestablement recette au Pays des hommes intègres. Comme dirait l’autre, beaucoup de viande ne gâte pas la sauce. C’est révéler un secret de polichinelle que de dire que ceux de nos hommes de tenue qui ont eu le privilège d’une si noble mission ont entamé une nouvelle vie à leur retour, par la magie des espèce sonnantes et trébuchantes.

Si fait que, de plus en plus, l’on se bouscule, si l’on ne consulte les marabouts ou le sable pour être des heureux élus. Mais combien seront-ils cette année à s’envoler pour la République démocratique du Congo, Haïti, le Dafour, etc. ? Difficile d’y répondre pour qui sait qu’en plus des promesses des marabouts et autres, il faut aussi répondre aux aptitudes physiques et intellectuelles exigées.

En tout cas, ils étaient des centaines, les prétendants venus de l’armée, de la police et de la gendarmerie ce mardi 13 avril compétir à l’Ecole nationale de police. Aux nombres desquels des officiers supérieurs, des commissaires de police presque en fin de parcours qui entendent, eux aussi, jouir des fruits de la croissance. Si tant est que l’expertise burkinabè est saluée aux quatre coins de la planète, bon vent à tous.

- Du brasier dont la Citadelle, à Gounghin-Nord, faillit être le théâtre la semaine dernière, l’on en reparlera encore, tant les clients de cette nuit du jeudi 8 avril peuvent remercier le Très-Haut de leur avoir évité l’haulocauste. Quand un homme de tenue se fait arroser, lui et ses camarades de table, avec de l’essence par son épouse dans un maquis, l’on peut aisément en deviner la raison. Mais quel eût été le résultat de cette scène de ménage si le feu avait répondu au rendez-vous d’un tel scandale conjugal ? En tout cas, ç’aurait été peine perdue pour les médiateurs dans cette crise.

- A l’instar de Cotonou, le quatrième anniversaire de l’accession au pouvoir du président béninois, Thomas Yayi Boni, a aussi été fêté dans la capitale burkinabè. C’est, en effet, le luxueux hôtel Laïco à Ouaga 2000 qui a accueilli les convives d’un soir ce vendredi 9 avril 2010. A un an de la présidentielle, l’on comprend que Yayi Boni ait besoin de sonner le rassemblement de ses troupes ; d’où ce cocktail présidé par Philippe Hachémé, membre du bureau FCBE (parti au pouvoir) Force Cauri pour un Bénin émergent, chargé de la diaspora.

- “Il y a des coups d’Etat qu’il faut saluer !” Voilà des mots qui dérangent s’ils ne fâchent pas simplement certains milieux. Car ça ne fait pas du tout bon pour un malade qu’on parle de mort à ses côtés. Et pourtant, le Pr Laurent Bado en est plus que convaincu et défend même cette thèse chaque fois que de besoin. Mieux, il fait des émules au-delà de nos frontières.

La preuve, en début de semaine, il était invité à faire une communication sur ce thème ... au Niger. Et, foi de l’orateur, ce fut un auditoire très enthousiaste qui l’a par la suite raccompagné à l’aéroport pour qu’il regagne son Faso. Comme quoi il y a des vérités qui fâchent mais qui doivent être bien intégrées parce que préventives.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin, Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 16 avril 2010 à 09:49 En réponse à : Une lettre pour Laye : Le haut-com toujours missing

    Si on considere que le Haut Commissaire est un haut fonctionnaire de l’Etat, on ne comprend pas le silence de l’Etat sur cette disparution. Ce Monsieur est un homme public et on doit informer le public des efforts en cours pour le retrouver, meme si c’est difficile ! Que son epouse se resigne a la priere ? soit ! Mais les autorites ne doivent pas garder le silence. Meme pour n’importe quel citoyen lamda, notre pays doit montrer qu’il tient a la securite de ses citoyens a l’etranger.

    • Le 17 avril 2010 à 12:55 En réponse à : Une lettre pour Laye : Le haut-com toujours missing

      Comment peut-on considérer comme un simple fait divers la disparition d’un haut-commissaire. Que font l’ambassadeur et le consul sur place ? Pourquoi la presse ne prend pas des nouvelles directement auprès des représentants de l’état sur place ? Pourquoi le ministère des affaires étrangères et de l’administration territoriale restent muets ? Pourquoi laisser la veuve se réfugier dans la prière au lieu de l’envoyer par le premier vol en partance pour se renseigner sur place et ramener son époux mort ou vif ? Quel que soit les hypothèses à l’origine de la disparition, la priorité est de retrouver la personne. Il en va de la crédibilité de tout le pays. J’exhorte la presse à plus d’effort et d’imagination. Se contenter de prendre des nouvelles auprès de Madame, n’importe quidam peut le faire. J’ose espérer que les journalistes ont une autre conception de leur métier. La presse du pays a beaucoup évolué mais elle a tendance à reposer sur ses petits lauriers et à sombrer dans le misérabilisme pour expliquer ses insuffisances. Que coûte pour un journal comme l’OBS de faire un véritable sujet d’investigation là-dessus ? Ne nous décevez pas. La réputation se construit par le travail mené tous les jours sans relâche. Et bon courage.

  • Le 17 avril 2010 à 13:13, par LE BAM En réponse à : Une lettre pour Laye : Le haut-com toujours missing

    CEST VRAIMENT DOMMAGE QUE LES MINISTRES CONCERNES NE DISENT RIEN CONCERNANT CETTE DISPARUTION. AVT TT CEST UNE AUTORITE.ET APRES TT CEST UN CITOYEN OU BIEN ? DE GRACE ,NON SEULEMENT FAITES QUELQUE CHOSE MAIS DITES AUSSI QUELQUE CHOSE AUX BURKINABE OU BIEN ? CEST NOTRE DROIT DE SAVOIR OU SE TROUVE NOTRE COMPATRIOTE ?

  • Le 17 avril 2010 à 19:43 En réponse à : Une lettre pour Laye : Le haut-com toujours missing

    Le Haut Commissaire s’est toré tout simplement pour refaire sa vie

  • Le 18 avril 2010 à 00:01, par tintin En réponse à : Une lettre pour Laye : Le haut-com toujours missing

    LE HAUT - COM missing
    Et dire que nos autorités sont des faiseurs de paix à travers le monde (RCI - Guinée-Darfour etc)et ne peuvent pas s’occuper de leurs concitoyens.un haut com est avt tout une autorité.

  • Le 21 avril 2010 à 00:33 En réponse à : Une lettre pour Laye : Le haut-com toujours missing

    Pour une fois, nous savons tous que nous avons un gouvernant incompetent mais ils ne peuvent pas s’ interesser a des choses de ce genre quand meme. la gars a pris la tangente, tout le monde sait surtout avec le temoignage faux de sa femme. Laisses nous rester dans nortre chaleur et dans notre obscurite avec ses temps de la sonabhel ouais. Au moins ce ho- Kom est dans le frais queque part en france. C’est pas miuex pour lui que pour nous ?

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