Le chef de Boussou (commune rurale de la province du Zondoma), Naaba Abga, n’a pas dérogé à la tradition qui veut qu’en pays moaga, le top de départ de la consommation des nouvelles récoltes soit un jour de récoltes, celui de la reconnaissance aux ancêtres, synonyme de nouvel an coutumier. « Filiga » dans cette partie du pays, « Nabasga » ou « Napoussoum » ailleurs, sa célébration est une véritable fête, des moments exceptionnels de réjouissances.

Danse, dolo à gogo et remémoration des temps anciens ont tenu en haleine au palais du chef, la nombreuse foule venue des quatre coins du pays pour la circonstance. Commencé la veille du dimanche 27 décembre 2009 par les salutations et les présentations de vœux des nobles, le « Filiga » a connu son effervescence dès les premières heures de la matinée. Mobilisant les populations de Boussou et des 14 villages environnants placés sous l’autorité de Naaba Abga.

Depuis 2002, date de son intronisation, la célébration de cette fête est perpétuée et respectée dans ses étapes coutumières. Elle donne l’occasion au garant de la tradition (le chef) de se présenter en public pour recevoir les salutations et bénédictions de ses sujets, ainsi que celles des autorités politiques, administratives, religieuses de toute la province et des populations de sa juridiction.

L’édition 2009 a été essentiellement marquée par les salutations des membres de la cour royale, des autorités venues de la région du Nord et des animations des troupes de danse traditionnelle venues du Sourou et du Passoré. La réception offerte par le chef à tous ses convives et la course de chevaux ont également constitué les temps forts.

A cœur joie, l’on a mangé et bu à satiété, expression d’une bonne récolte. Mais le clou de la manifestation demeure la sortie de Naaba Abga pour s’adresser à ses sujets. Ce moment solennel est intervenu aux environs de 17 heures quand le responsable des rites coutumiers de la cour royale autorise le chef à sortir de son palais. Dans une démarche impériale, Naaba Abga, tout de blanc vêtu, coiffé d’un bonnet rouge, accompagné de ses épouses, petits-fils, nièces et neveux tous élégamment habillés, s’est installé sur le « Guéré », le trône, faisant face à ses sujets massés devant le palais.

Les uns après les autres, les responsables de différentes familles de sa juridiction coutumière, ainsi que ses amis se sont succédé pour lui souhaiter une année de santé et de lucidité dans la conduite de ses missions de chef. L’heure a été aussi à la remise des présents.

Comme le veut la tradition, des bottes de mil « Kaguindi » et bien d’autres cadeaux en nature ou en espèces ont été offerts au chef sous les ovations de la foule et le crépitements des mousquets des guerriers de la cour royale. Avant de se retirer dans son palais, Naaba Abga a exprimé toute sa gratitude à ses sujets et aux autorités pour la grande mobilisation autour de son « Filiga ».

Son adresse ponctuée de coups de fusils et de son de tam-tams, a été sagement écoutée par les milliers de personnes présentes. Dans l’ensemble, le chef leur a demandé de respecter les valeurs traditionnelles face à un monde en proie aux maux et de consolider leurs actions en faveur du développement. Pour le chef de Boussou, tout citoyen peut apporter sa contribution aux efforts consentis çà et là, pour sortir le pays du sous-développement et de la misère de ses populations.

Il a invité ses sujets à œuvrer pour la justice équitable et à cultiver la solidarité envers les plus vulnérables. Paix sociale, entraide et développement local ont été les maîtres-mots de Naaba Abga. Il n’a pas manqué de dénoncer les mauvais comportements des uns et des autres à l’endroit de la chefferie traditionnelle, du progrès à la base et la préservation de l’environnement.

« Que cette nouvelle année 2010 soit pour tous, celle de l’aboutissement de toutes nos espérances et que la paix règne sur tout le Burkina Faso, l’Afrique et le monde. Que de bonnes pluies viennent mettre fin à la précarité alimentaire », a-t-il souhaité. Au-delà de la ripaille, le « Filiga » 2009 de Boussou a été une occasion de communion des populations pour des actions communes.

Philibert NIKIEMA : AIB/Gourcy

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