Monsieur le Président, je suis un enseignant et militant du CDP et respectueux de la discipline et de la cohésion du parti et ne voudrais ici en aucune façon rentrer dans votre affaire pleine de polémique et de non- dits, "Affaire Salif Diallo", comme la qualifient les médias.

Monsieur le Président, militant de base que je suis, je voudrais vous relater un fait gravissime, qui milite en faveur des déclarations de son Excellence Salif Diallo, ambassadeur du Burkina Faso à Vienne, Autriche. Courant mars de cette année 2009, je suis allé rendre visite, pour la deuxième fois, à des camarades enseignants à Kouna. J’y ai vécu une situation très douloureuse pour notre peuple. Une mine des environs, de toute évidence proche, est allée déverser des produits hautement toxiques (cf. Gouvernorat du Sahel) dans le barrage de Kouna. Ce qui est plus grave est que les populations de Kouna y ont perdu plusieurs centaines de têtes de bétail. Celles de Gorom- Gorom, Markoye et Dori, ont été contaminées par les mêmes produits hautement toxiques à travers la consommation des poissons pêchés dans ledit barrage.

Monsieur le Président, les populations ont vécu cette catastrophe et continuent de la vivre dans le total abandon de leur gouvernement et de leurs représentants, les députés à l’Assemblée, toutes tendances confondues. Donc vous êtes mal placés vous et vos députés du CDP pour juger de qui n’est rien ou est quelque chose.

Mais soyons direct avec vous car il y eut vraisemblablement un deal entre des grands commis de l’Etat et cette société minière de la région. Me souvenant de cet acte crapuleux, je reste très convaincu par contre et c’est l’avis de tous les vrais fils du Sahel, que si Salif Diallo était là au moment de ces faits, il aurait fait quelque chose pour nous dans cette affaire criminalo-financière qui a consisté à ce que des hauts commis de l’Etat entrent en complicité avec des chercheurs d’or pour contaminer des milliers de pauvres paysans et tuer des centaines d’animaux domestiques. L’attachement de Salif Diallo au monde rural est sans comparaison avec ce qui se passe aujourd’hui. Jamais, il n’allait pactiser avec des criminels pour tuer autant de bêtes et compromettre la vie de milliers d’humains. Des gens me lisent à travers ces lignes et vous diront oui, c’est vrai ce que ce pauvre militant vous dit. Depuis avril, nous avons attendu et rien ne vient nous donner un espoir de justice.

Monsieur le Président, si vous êtes quelque chose plus que Salif Diallo alors demandez des comptes à vos camarades du parti, chargés des Mines et des carrières ; de l’Agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques ; de l’Environnement et du cadre de vie ; de l’Elevage et de l’Administration territoriale. (...) Dites-moi Monsieur le Président, vous qui êtes quelque chose, comment l’on peut en tant que président du parti majoritaire, se taire sur une affaire aussi grave. Donc des gens mentent au chef de l’Etat et ils sont bel et bien parmi les caciques du parti, comme l’a dit Salif Diallo.

Revenons à l’historique des faits monsieur le Président. Une société minière ose aller déverser des métaux lourds dans un barrage comme celui de Kouna en plein Sahel où l’eau est un trésor des trésors, sans être vue ni inquiétée. Dès le signal de la forte mortalité des animaux et du défilé des malades au CSPS de Markoye pour diarrhée, vomissements et maux de ventre, le ballet des techniciens commença.

Des agents du ministère de l’Agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques, triplement concernés par la qualité de l’eau, les poissons et les caïmans, vont sur les lieux dès la signalisation de la mortalité d’animaux. Ils font des prélèvements, s’en vont et les résultats attendent toujours. Mieux, leur ministre reste muet face à une telle catastrophe.

Des agents des services de l’Elevage vont aussi sur les lieux, constatent les mêmes dégâts et font le décompte de plus de deux cent têtes d’animaux tuées. Leur ministre reste muet depuis ce jour, et ne cherche à demander à qui de droit un dédommagement des pauvres éleveurs. (...) Le ministre chargé de l’Environnement dépêche un de ses conseillers techniques (un Colonel des Eaux et forêts selon les informations reçues). Le conseiller technique est rejoint par trois hauts cadres du département par hélicoptère transportant un laboratoire spécialisé dans l’étude des eaux sales. Selon le gouverneur du Sahel, sur les ondes, on apprend au moins que les cadres de ce département ont fait une étude des eaux sales et que les résultats mettaient en relief la présence de métaux hautement toxiques donc très dangereux pour la santé humaine et animale. Depuis, ce ministre observe aussi un silence de mort. (...) Vous Monsieur le Président, qu’avez-vous fait après la parution de l’Observateur Paalga sur la question ? Le journal La voix du Sahel a interpellé les autorités provinciales, régionales et nationales en vain. Même le Premier ministre qui aime tant la lutte contre la corruption et la criminalité s’est tu. (...) Monsieur le Président, lors de ma première visite aux collègues à Kouna, j’ai bien bu pendant toute une semaine de cette eau tueuse patiente. Donc, c’est un cadavre en sursis qui vous écrit au nom de ces milliers de femmes et d’hommes et surtout de femmes qui allaitaient ou portaient en elles des fœtus, et qui avaient bu durant des mois cette eau. Alors deux questions toutes simples.

Pensez-vous en votre âme et conscience que si Salif Diallo était le ministre chargé de l’eau, une telle catastrophe resterait impunie ?
Pensez-vous que ces crapules continueraient à exploiter nos minerais ? Je reste convaincu de votre "non". Eh bien, ne dites plus que Salif Diallo n’est rien car vous riez de vous-même sans vous en rendre compte. (...) La morale et le patriotisme vous condamnent Monsieur le Président, au nom des populations et de leurs fœtus contaminés à jamais par ces métaux lourds, à faire rétablir les responsabilités et sanctionner les coupables et leurs complices.

Que ceux qui se sont cachés au CDP pour leur propre intérêt et Dieu seul sait qu’ils sont nombreux ; que ceux qui mentent quotidiennement au chef de l’Etat comme l’a dit Salif Diallo et tout le monde sait qu’il en existe parmi vous, laissent la place à des femmes et à des hommes plus crédibles et patriotes, pour ne pas continuer à compromettre l’avenir politique du Président Blaise Compaoré.

Le Burkina Faso a son propre "Iran Gate" que nous pouvons appeler "Kouna Gate". Alors mesurez-en la gravité et faites-en tirer les conséquences par vos commis impliqués. Si vous ne faites rien pour faire saisir la justice et ouvrir une enquête diligente et digne de ce nom, alors ne dites plus jamais que Salif Diallo n’est rien, car il aurait fait mieux que vous dans une telle situation qui vous interpelle hautement.

Et si vous ne faites rien alors ne soyez pas surpris que les associations de défense des droits de l’Homme se saisissent de cette affaire. Si vous ne faites rien, ne vous étonnez pas que d’autres méthodes soient utilisées pour présenter la vraie face de notre gouvernement dans cette affaire d’exploitation de nos minerais où certains de vos grands commis et camarades vendent la vie humaine contre de l’or. Enfin n’oubliez surtout pas, Monsieur le Président, que si vous ne faites rien, les populations du Sahel demanderont des comptes au candidat Blaise Compaoré très prochainement. C’est en ce moment précis que le Président du CDP que vous êtes, comprendrez que le Président Compaoré a compris que vous et vos camarades lui mentaient, le trompaient et le roulaient dans la farine comme des "boulangers". A bon entendeur salut ! (...) Mes très distinguées et militantes salutations. maigab2007@yahoo.fr

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