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Développement de la commune de Dédougou : En attendant le sursaut d’orgueil de ses fils

Publié le jeudi 20 août 2009 à 02h23min

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La décentralisation consacre le droit des collectivités territoriales à s’administrer librement et à gérer des affaires propres en vue de promouvoir le développement à la base et de renforcer la gouvernance locale. Adoptée et mise en place par l’Etat burkinabè pour booster le développement à la base, la communalisation intégrale fait son petit bonhomme de chemin malgré les difficultés rencontrées çà et là. La commune de Dédougou, engagée dans ce processus depuis 1994, se fraie difficilement son chemin. Mais quel bilan peut-on dresser du processus de la communalisation intégrale après quelques années d’exercice ?

Les élections municipales du 23 avril 2006 et la mise en place des communes rurales ont marqué l’achèvement du processus de communalisation intégrale du Burkina Faso. Cadre d’exercice du pouvoir local, elle est l’aboutissement d’une procédure de décentralisation et de déconcentration de pouvoir visant à insuffler un dynamisme au développement local.

Considéré comme axe fondamental d’impulsion du développement local, le processus de communalisation intégrale voulu par les autorités a pour objectif de mobiliser les moyens adéquats pour l’accompagnement des collectivités territoriales dans leur mission, combien noble, de promotion du développement local, gage d’un développement national équilibré, réduisant ainsi les disparités.

Elle permet aux collectivités territoriales, actrices incontournables, d’instaurer un développement local qui favorise la satisfaction des besoins et préoccupations des populations à la base.

Erigée en commune de plein exercice depuis 1979, avec une superficie de 1340,40 km2, et une population estimée à 86 665 habitants, selon les données du dernier recensement, la commune de Dédougou, composée de 37 villages et de 91 conseillers municipaux, connaît des fortunes diverses.

Des premières élections municipales en 1994 aux élections de 2006, ce sont au total trois (03) maires, Michel Gnidé Tamini, Elisabeth Hakani Kondé, Gnami Valentin Konaté, actuel édile de la commune, qui se sont succédé à la tête de l’hôtel de ville. Avec un tel changement de la classe politique, les adeptes de l’alternance ne peuvent pas se plaindre dans la cité de Bankuy.

Chef-lieu de la région de la boucle du Mouhoun, la commune de Dédougou connaît certaines difficultés dues, en partie, à l’instabilité et à l’inconstance de la classe politique, plutôt préoccupée par le système « ôte-toi que je m’y mette ».

En vingt-cinq (25) ans, la commune de Dédougou a connu seulement deux opérations de lotissement, tandis que la population, elle, croît à un rythme exponentiel. La commune occupe le 8e rang des villes du Burkina, avec une population qui représente, à l’échelle nationale, 2,11% de la population urbaine. Ce taux de croissance de la population de Dédougou serait légèrement supérieur à celui de l’ensemble des villes du Burkina : 4,40% contre 4,27% pour le taux national. Une croissance qui rend difficile le problème de logement pour les fonctionnaires et autres. Dédougou fait partie des villes les plus chères du pays en matière de logement.

Circuler dans la ville relève du parcours du combattant. Les routes sont jalonnées de nids-de-poule et de flaques d’eau pendant la saison pluvieuse. Le manque de caniveaux en est la principale cause. Le secteur n°3, que certains surnomment « Madagascar », est difficilement accessible pendant la saison pluvieuse.

Pourtant, ce ne sont pas les initiatives qui font défaut, ni les opportunités. Les partenaires Italiens qui ont construit l’abattoir frigorifique ont été approchés par les autorités communales à l’époque pour la réalisation des caniveaux. Ceux-ci ont promis, dans la mesure du possible, d’intégrer cette doléance dans leur prochain projet d’investissement.

Cette coopération décentralisée entre la ville de Goretti et celle de Dédougou, qui a suscité l’espoir des Dédoulais, a-t-elle été enterrée par l’administration communale ? L’administration étant une continuité, a-t-on coutume de dire, la population pourra alors demander des comptes aux autorités communales sur le sort réservé à cette coopération décentralisée naissante.

En matière d’infrastructures routières, la cité de Bankuy n’est pas mieux lotie. De nombreuses voies sont impraticables pendant la saison des pluies. Pourtant, les autorités municipales avaient l’opportunité, avec la CSE (Compagnie sahélienne d’entreprise) qui avait en charge le bitumage de la route Dédougou-Bobo, de réfectionner certaines artères de la ville. Le constat est triste : pas de route réfectionnée, à plus forte raison bitumée par l’entreprise. A-t-elle seulement été approchée par l’administration locale ?

Faire de Dédougou une ville propre, coquette et digne du rang de chef-lieu de région, c’était le souhait de Gnami Valentin Konaté à sa prise de service. Aidé en cela par ses devanciers par la mise en œuvre de projets de collecte d’ordures à travers certaines artères de la ville. Le rêve « Bankuy, la coquette », un vœu si cher au bourgmestre de la commune, risque de rester pieux tant que les Dédoulais n’auront pas de cadre de vie sain, des routes praticables, des caniveaux pour drainer les eaux de pluie, etc.

S’il y a bien une chose qui fâche la population dédoulaise, c’est la situation que connaît le marché central. Lancés en grande pompe en octobre 1998, les travaux de réhabilitation entrepris, par le premier conseil municipal, avec pour partenaire financier la KFW, du marché de Dédougou sont, de nos jours, un serpent de mer pour les autorités communales.

Non seulement le partenaire financier n’a pas respecté ses engagements, mais aussi la municipalité peine à trouver des bailleurs de fonds fiables et crédibles, capables d’achever les travaux de réhabilitation. Cette situation d’impasse dans laquelle est engluée cette infrastructure socio-économique ne fait pas honneur à la cité de Bankuy ni à ses habitants.

Onze (11) années pour réfectionner une infrastructure socio-économique, cela frise le ridicule. Même Rood Woko, dont la réhabilitation nécessitait d’importants moyens financiers, est de nos jours fonctionnel.

Au regard de l’incapacité manifeste des autorités communales à trouver des partenaires à même d’achever les travaux, envisager une solution endogène ne serait pas utopique. Gnami Valentin Konaté pourrait mettre à profit ses relations avec certains opérateurs économiques de la place. Aussi, une autre solution envisageable serait celle de la coopération décentralisée.

Si le constat sur le terrain permet de se rendre compte de certaines réalisations : la gare routière, l’abattoir frigorifique, la salle de mariage, les travaux de construction et de lotissement des secteurs 5 et 2, les latrines publiques dans les 37 villages de la commune, quatre (04) marchés villageois, des fourrières et des marchés à bétail dans les quatre pôles économiques de la commune, à savoir Soukuy, Passakongo, Oulani et Kari, il a aussi permis de relever des insuffisances.

Parmi elles, le manque d’infrastructures routières que nous avons évoqué un peu plus haut, le stationnement anarchique des véhicules sur la voie publique. Par ailleurs, le cas de l’abattoir frigorifique communal mérite qu’on s’y attarde. Classé 3e abattoir sur le plan national, l’abattoir frigorifique communal serait sous-exploité, selon les techniciens de la DRRA. Sa capacité réelle est 5 fois supérieure au niveau actuel d’exploitation.

La commune de Dédougou regorge de nombreuses potentialités économiques et touristiques, au regard de sa position géostratégique. Son inaccessibilité par une voie bitumée à la capitale reste un handicap majeur à son décollage économique. Pour réussir ce pari, la commune de Dédougou, par ailleurs chef-lieu de la région de la boucle du Mouhoun, a besoin de l’union sacrée de tous ses fils pour booster son développement.

Malheureusement cette flamme allumée par les fils de la région et les autorités régionales depuis février 2005 semble éteinte. L’inertie qui anime les acteurs de cette association de ressortissants des fils de la région constitue une entrave à la prise en compte des préoccupations de la population. Personne ne viendra construire la région et son chef-lieu à la place de ses ressortissants.

Sinon comment comprendre que le chef-lieu de la plus grande région ne dispose ni d’une école professionnelle, ni d’une école supérieure ou universitaire ? Il faut donc un vrai sursaut d’orgueil pour mettre en route cette association aux pieds d’argile sur laquelle repose l’espoir de toute la région.

Dramane Sougué

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 20 août 2009 à 13:30, par OUEDRAOGO Hilaire En réponse à : Développement de la commune de Dédougou : En attendant le sursaut d’orgueil de ses fils

    certes ! vous avez fait un diagnostic sommaire du problème et cela devrait conduire à des propositions de solutions ou autres alternatives afin que tous :
    - prennent conscience de l’effectivité du problème ;
    - acceptent en parler ;
    - réalisent que chacun a sa part de responsabilité ;
    et qu’individuellement personne ne peut seul perétendre au développement de la commune ;
    - s’engagent pour une fédération des fruits de reflexions, des forces et des énergies loin de certains clivages...

    Hilaire OUEDRAOGO ouedhil@yahoo.fr

  • Le 20 août 2009 à 14:44, par Cicéron En réponse à : Développement de la commune de Dédougou : En attendant le sursaut d’orgueil de ses fils

    J’ai mal pour ma ville natale ! Article bien élaboré ! Réflexions pertinentes !Mais nous ressortissants de cette ville,Pourrions nous laisser nos intérêts égoïstes et nos jalousies inconstructives et mesquines un jour, et faire face aux vrais défis de faire bénéficier à notre région, son titre de grenier du Faso.... Le chemin est tortueux mais pas impraticable. Agissons intelligemment.

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