Comme le voulait le gouverneur, ce fut une rencontre d’échanges à cœur ouvert. Pas de sujets tabous. C’est le gouverneur en personne qui, le premier, a levé le lièvre en interpellant les fils et filles de la province sur un certains nombre de sujets. Le tout premier dossier concerne un projet de construction de nouveaux bureaux munis d’une grande salle de réunion au profit du haut-commissariat de Koupéla. Le projet date de plus de dix ans. Les travaux de construction se sont stoppés au stade du chaînage.

Et depuis plus de dix ans, ce bâtiment inachevé trône dans la cour du haut-commissariat de Koupéla et personne n’en parle. Ironie du sort. Les investigations indiquent que sur papier, le bâtiment en question a été réceptionné dans les règles de l’art. Un acte que le gouverneur ne peut accepter. Et il ne comprend pas comment les fils et filles de la province ferment les yeux sur ce dossier. « A chaque fois que je suis de passage à votre haut-commissariat et que mes yeux se posent sur ce bâtiment, j’ai honte » confesse-t-il. Et d’ajouter : « Il faut que la lumière soit faite sur ce bâtiment ». Le lièvre levé, un certain nombre de personnes prennent la parole dont le député Blaise Lambert Kyélem. Dans son intervention, l’on apprend qu’un des hauts-commissaires du Kourittenga avait tenté il y a quelques années, d’éclaircir le dossier avec l’aide du même député Kyélem.

Après des démarches dans les ministères, il avait alors été demandé à ce haut-commissaire de faire un nouveau devis d’achèvement du bâtiment. Le haut-commissaire s’exécuta. Mais peine perdue. Son dossier disparut. Depuis lors, personne n’a encore eu le courage d’évoquer le cas de ce bâtiment de la honte. Aussi après de vives discussions, le gouverneur demanda à l’actuel haut-commissaire Dramane Sanou de refaire sans délai un nouveau devis et de relancer le dossier avec l’appui des élus de la province.

Que lumière soit faite…

Le second dossier soulevé par le gouverneur concerne une infrastructure à vocation industrielle située à la sortie droite de Koupéla (axe Koupéla-Ouaga). Un grand mystère entoure cette infrastructure réalisée par l’Etat. Pourquoi cette infrastructure qui aurait pu être utile à la province devient une cabane des ânes ? L’a-t-on vendue à un particulier ? Personne à Koupéla n’a pu donner de réponses claires. Et ce qui choque encore plus est que des opérateurs économiques de la province tels la présidente territoriale de la chambre de commerce de l’Est Adja Mamounata Vélegda, avait manifesté le besoin d’une telle infrastructure pour installer une unité de transformation d’huile de sésame. Ce qui aurait sans doute créé de l’emploi pour les fils de la province. N’ayant pas eu gain de cause, dépitée, l’opératrice est allée installer ces unités à Ouagadougou. Le gouverneur a alors donné des instructions pour que toute la lumière soit faite cette sur les tenants et aboutissants de ce bâtiment. Le souhait du gouverneur est que la commune puisse en disposer.

D’autres sujets non moins sensibles ont animé les échanges suscitant par moments, des réactions très passionnées. Il s’agit entre autres du litige frontalier entre Sapaga et Pouytenga, l’eau de l’ONEA que d’aucuns soupçonnent d’être source de la maladie de la typhoïde à Koupéla, le phénomène des filles mères qui prendrait de l’ampleur à Koupéla, les sempiternels accrocs entre commerçants et services des impôts, la question de prise en charge adéquate des malades du Sida, la gestion qualifiée de ténébreux du projet PADABII à Tenkodogo, le blocage des marchés de forages du PADSEAII, le dysfonctionnement des comités locaux de sécurité etc. Sur chaque sujet soulevé, le gouverneur a interpellé les services techniques concernés à donner des réponses claires et pragmatiques.

Concernant le litige de Sapaga, le gouverneur a indiqué que le gouvernement a pris en main l’affaire et qu’une ONG a été commise pour sillonner les localités, entendre les protagonistes en vue de trouver un consensus. Sur les querelles entre commerçants et services des impôts, il a été demandé au directeur régional de la chambre de commerce d’organiser des rencontres d’échanges entre les acteurs. Vu le mécontentement général autour de la gestion du projet PADABII, le gouverneur a pris lui-même l’engagement d’interpeller qui de droit. Disons-le. Certains sujets ont, au cours des débats, suscité des réactions assez enflammées. Heureusement avec dextérité, le gouverneur a su les contenir. Selon de nombreux témoins, ces échanges directs ont été salutaires. Et plusieurs de saluer, le courage du gouverneur qui a permis de soulever tous ces sujets qui semblaient quelque peu tabous. L’autre mérite de Siméon Sawadogo, est d’avoir réussi à apporter des réponses pragmatiques à chaque préoccupation
soulevée.

Onésime Aké Loba LANKOANDE

Le Pays