LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Koudougou : A l’hôpital de l’Amitié les urgences chirurgicales peuvent attendre !

Publié le jeudi 14 mai 2009 à 02h45min

PARTAGER :                          

Le service des urgences du CHR de Koudougou défraie la chronique et mérite qu’on y accorde un peu de son temps pour comprendre ce qui s’y passe. Etre conduit aux services des urgences de Koudougou, c’est comme être conduit en enfer sans prière aucune. Si la comparaison est trop osée la réalité n’en est pas moins choquante.

Tenez ! Des accidentés de la circulation sont conduits aux urgences chirurgicales aux environs de 18h30 par les sapeurs-pompiers qui s’étaient rendus sur les lieux de l’accident.

Les accidentés trouvent un infirmier seul qui s’occupe d’un nourrisson visiblement souffreteux. Trente minutes plus tard il est rejoint par un attaché de santé (on le voyait à sa tenue verte) qui, après avoir examiné les blessures, conclut qu’il leur faudrait quelques points de suture.

C’est là que commence un ballet interminable de nos agents de santé au sein du service auquel les patients ne comprenaient absolument rien. C’est tout naturellement donc que l’un des accidentés voulut comprendre la situation.

On ne passa pas par quatre chemins pour lui dire que le service des urgences chirurgicales du grand CHR de Koudougou ne disposait de RIEN pour soulager la peine de pauvres citoyens dont le crime, c’est d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment comme pourrait bien l’être n’importe quel autre usager de la voie publique.

Vous vous trompez, chers lecteurs si vous comprenez par ‘’RIEN’’ un quelconque médicament ou accessoire médical dont les patients s’acquittent habituellement afin de recouvrer rapidement leur santé.

"RIEN" était véritablement RIEN. En fait, les pauvres agents ne disposaient même pas de "boîte", comprenez par là le minimum de leurs outils de travail (ciseaux, pinces…), indispensable en chirurgie. C’est vous dire que sans leurs blouses, ces messieurs étaient des touristes égarés dans un centre hospitalier avec des accidentés comme objets de curiosité.

Toujours est-il que nos blessés sont restés près de deux heures durant pour s’entendre dire que les sutures que nécessitait leur état ne seront pas faites et que s’ils étaient en grand danger, il aurait fallu faire sortir le grand plateau de la salle d’opération (de la grande chirurgie, je suppose). Mais comment en est-on arrivé là dans ce CHR qui a fait la fierté de la région tant par son architecture que par la qualité des soins qui y étaient donnés ?

La réponse ne nous a pas été fournie par le DG qui passait son chemin par hasard et qui s’est plutôt préoccupé de ce qu’il y avait beaucoup trop d’ordures qui traînaient dans les locaux. Monsieur le DG eut l’air surpris à l’évocation du dysfonctionnement criard qui prévalait aux services des urgences chirurgicales.

« On va voir ça », s’est-il contenté de dire laconiquement. Pourtant, des discussions avec l’agent de santé, il est ressorti que les plus hautes autorités du CHR avaient été avisées de la situation. C’est du reste ce qu’a confessé l’infirmier de garde qui se confondait en excuses, embarrassé qu’il était devant autant d’incapacité de leur part à venir en aide à des accidentés.

Il n’y a certes pas eu mort d’homme cette fois-ci (que Dieu soit loué), mais pourrait-on en dire de même pour les autres cas anonymes ? Quel calvaire ont peut-être vécu les pauvres paysans sans recours aucun ? Eux qui, en pareille situation, confient leur sort au TOUT-PUISSANT ! Pour l’heure, permettons-nous quelques inquiétudes, tout de même légitimes :

- le Service des Urgences chirurgicales a-t-il toujours été dépourvu de matériel ?

- Si oui, quelle est sa raison d’être ?

- Si non, où est-il passé ?

- Les responsables du CHR ont-ils vraiment été alertés ?

- Ont-ils situé les responsabilités ?

- Qu’ont-ils fait pour y remédier ?

Ou bien attend-on comme toujours qu’un parent des hommes qui comptent dans ce pays ait l’épée de DAMOCLES sur la tête avant d’agir ? Loin de nous l’intention d’incriminer qui que ce soi. J’appelle seulement à plus de responsabilité de la part de ceux en qui l’Etat a cru bon de placer une parcelle de son autorité afin de mieux présider au bonheur de TOUS.

Monsieur le DG, je ne dirai pas que rien n’a évolué depuis que vous êtes à la tête du CHR de Koudougou (je n’en sais absolument rien). Ce que je dis, c’est que quelque chose doit être fait aux URGENCES CHIRURGICALES.

H. Zémani Enseignant

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 14 mai 2009 à 04:23, par konoha, burkinabé révolté En réponse à : Koudougou : A l’hôpital de l’Amitié les urgences chirurgicales peuvent attendre !

    vous faites bien de soulever ce problème M l’enseignant. malheureusement ce que vous décrivez est courant dans les hopiayux et dispensaires de notre cher Burkina. les questions que vous soulevez d’ailleurs ont leur réponses :
    d’une part les autorités politiques n’ont pas le sens des priorités. pourquoi par exemple dépenser des milliards pour la construction d’un échangeur alors que nos hopitaux sont dans un état lamentable ? cet argent aurait pu servir à financer la santé l’éducation ou à améliorer le sort des étudiants. aulieu de cela on préfère singer les autres pays sans réfléchir.
    d’autre part, la raison pour laquelle ils ne se soucient guère de tous ces problèmes est évidente : les hopiatux burkinabés sont fait pour les pauvres burkinabés. je veux dire par là que ces gens la ne s’y soignent pas. eh oui eux ils vont en suisse ou en france.ils en va de meme pour leur enfants.en matière d’éducation c’est pareil : ils vont dans les grandes universités en dehors du burkina. alors pourquoi se soucieront ils de pauvres gens comme nous ? ils préfèrent se remplir au maximum les poches, en détournant les deniers publics(opprimant fiscalement le pauvre contribuable burkinabé au passage alors qu’eux même ne paient pas d’impôt !), et acheter des villas à l’étranger pour leur vieux jours.
    c’est dégueulasse mais c’est le burkina !et il va falloir que ca change !!! tôt ou tard !!!

  • Le 14 mai 2009 à 19:10, par domba En réponse à : Koudougou : A l’hôpital de l’Amitié les urgences chirurgicales peuvent attendre !

    Je n’irais jamais dans cet hopital. Pendant mes vacances d’été l’année dernière ma copine est tombée malade, on y a été en ambulance de mon village, car elle ne pouvait plus se tenir debout, on a passé quatre jours à l’hopital sans qu’ils ne sachent nous dire de quoi elle souffrait. La prise de sang que l’infirmière à faite d’une manière absolument indigne, elle n’avait même pas de gant à la main ! Nous n’avions jamais eu le résulta des analyses, conséquence ma copine souffrait d’une typhoîde qui s’est empirer, nous avions été obliger d’évacuer dans une clinique privé à ouaga 2000, ils étaient étonner que l’on soit été garder quatre jours dans cet hopital alors qu’ils n’ont même pas pu faire un bon diagnostique. Le medecin m’a dit que si nous étions rester encore plus de temps, probablement les choses auraient été dramatique ! C’est terrible ! En moins de deux heures ils ont fait le diagnostique, nous avons payé 600 000 f Cfa, mais au bout de cinq jours ma copine marchait et nous avons prolonger d’une semaine pour en profiter. Dire que ce grand enseigne soit dans un tel état de gestion, c’est minable rien a dire. Il n’ ya qu’en afrique que ceux ci est possible.

  • Le 14 mai 2009 à 20:22, par Pecos En réponse à : Koudougou : A l’hôpital de l’Amitié les urgences chirurgicales peuvent attendre !

    Il ya certes ce manque de matériels mais il serait également nécessaire de regarder dans les cliniques officieuses comment elles se sont établies car l’explication de la situation se trouve à ce niveau.Le DG le sait sinon je suggère qu’il y apporte un démenti publique et une enquête pourrait être conduite par la presse d’investigation et toute la population Koudougoulaise comprendra pourquoi certains de leurs parents, amis et connaissances ont perdu la vie pour des pécadilles.

    Mais si l’exemple vient d’en haut peut on accabler les auteurs de ces agissements si répréhensibles quand les responsables du scandale qui amène au remplacement du DG du CHNYO sont toujours en activité et disent que si ils parlent des personnes et non des moindres vont en prendre pour leur grande ;ce scandale n’ayant jamais été élucidé et les auteurs chatiés à la hauteur de leur forfait le personnel médical se croit tout permis et chacun faisant son deal selon le niveau d’intervention(il y a des personnes de moralité irréprochable et se dévouant à leur tâche conformément au serment fait.

    Quand célébrerons nous les ...ème anniversaire de la mort de la MORALE au BF.

  • Le 14 mai 2009 à 20:25, par Thiérry En réponse à : Koudougou : A l’hôpital de l’Amitié les urgences chirurgicales peuvent attendre !

    Vous avez peut être raison parceque une situation de ce genre revolte et nous interpelle tous. Peut être que le DG n’était vraiment pas informé de la situation c’est pourquoi il s’étonne mais là aussi c’est pas normal. Qulequ’un certainement n’a pas fait son boulot. Il ya dans nos hôpitaux un véritable déficit de communication parceque parfois le circuit que doit emprunter l’information pour atteindre l’administration est très très long et très délicat. Il faut avoir travaillé une fois dans un hôpital pour le comprendre. Ce n’est pas une excuse mais ayant fait le milieu et connaissant comment les hôpitaux ont évolué jusque là, j’ai bien peur que dans un proche avenir les hôpitaux ne puisse faire face dans l’immédiat aux besoins urgents des services au regard de la complexité de la procédure des dépenses et des contraintes de la nouvelle règlementation des marchés publics.
    Un hôpital ne saurai se gerer comme n’importe quel établissement public de l’Etat car c’est le lieu des urgences par excellence et devant un manque de boîte pour la petite chirurgie il n’y pas à refléchir beaucoup, il faut l’acquérir immediatement parceque l’urgence n’attend pas. Si devant une telle situation il faut passer par des appels d’offres à n’en pas finir, j’ai bien peur que l’hôpital Burkinabè ne puisse plus jouer le rôle qui lui est dévolue. Ces difficultés sont légions dans les hôpitaux et cela nécessite que des procédures plus adaptées soit trouvées pour le cas spécifique des hôpitaux.
    Tout le monde connait le problème de nos hôpitaux et le plus souvent c’est pas que les caisses de l’établissement sont vides mais les procédures d’achat sont complexes. La question que je me pose, Comment arrivé à un bon arrimage entre bonne gouvernance et les nombreuses reformes qui constituent parfois des entraves à la bonne marche du système.
    Que Dieu nous préserve et nous évite les services d’urgence de l’hôpital Burkinabè.

  • Le 14 juillet 2011 à 15:53 En réponse à : Témoignage d’une journée au sein des locaux du CHR de Koudougou

    Je rentre il y a tout juste une semaine d’un séjour au Burkina-Faso, dans la région du Boulkiemdé. Au cours de ce dernier, j’ai été sujet à une forte hypertension, mêlée à un état de panique et d’angoisse. Alors hospitalisé aux urgences de ce centre, je me suis rendu compte que cette structure ne possède pas un ventilateur, est infestée de mouches et autres parasites volants. Outre l’état des lieux, le comportement des médecins fut pour le moins inquiétant : A mon arrivée, j’ai été latéralement étouffé sous la masse plutôt impressionnante d’infirmiers et autres internes qui s’est abattu sur moi. Vous vous demanderez sans doute comment au sein de cette structure on accueille les grands accidentés ou autres grands malades. C’est déplorable !
    De plus, lors du diagnostic qui a été fait à la louche par un médecin plus préoccupé par le repas qui l’attendait que par ses patients, je me suis demandé si j’étais à la bonne adresse. J’ai ensuite été placé dans une chambre au côté d’une jeune fille forte gentille (tout de même) qui m’a avoué avoir été piqué 8 fois à chacun des deux bras dans le but de trouver une veine. On se demande tout juste si le personnel de ce centre a suivi une formation ou s’il a bénéficié d’une promotion sociale (de papa ou maman docteur).
    Après deux heures d’attente allongé, l’infirmier vint à moi pour m’expliquer à quelle fréquence je devrais prendre des anxiolytiques(qu’on donnerait en France à des patients souffrants de crises de folie)et ce, prescrits par le médecin en charge de mon cas. Ce dernier a vraiment paru ridicule lorsque j’ai vu avec quel air il m’abordait. Prétentieux de nature ou fort joyeux d’être dans la peau d’un infirmier divin, j’ai tout juste eu le sentiment que cette personne souhaitait mettre en avant ses compétences plutôt que d’exercer à juste titre sa profession.
    Bien heureusement, cette mésaventure s’est terminée après "seulement 6 heures" au sein de ces locaux lorsque j’ai exhorté le médecin de me laisser rentrer, estimant que j’étais en danger dans ce centre.
    Un témoignage frais et authentique des évènements auxquels j’ai été témoin il y a peu.
    Un conseil : Plutôt que d’être hospitalisé à l’hôpital de l’amitié de Koudougou, demandez le rapatriement si vous jugez votre situation préoccupante !!
    Enfin je finirais sur cette note : Le manque évident de compétences de la part du personnel ne me fait pas oublié les grandes capacités des infirmières à rassurer leur patient. Peut-être est-ce tout juste la raison d’être de ce centre ? Soigner les patients par la parole ? Dans ce cas, il faudrait revoir l’enseigne de la boutique. C’est Honteux !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km