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Une Lettre pour Laye : Vous avez dit Rood Wooko

Publié le vendredi 10 avril 2009 à 02h03min

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Cher Wambi,
Tu pourras porter l’information partout où besoin sera : c’est maintenant officiel, Rood Woko, le grand marché de la capitale burkinabè parti en fumée voilà bientôt six ans, rouvrira ses portes le jeudi 16 avril à venir. « L’homme court » de l’hôtel de Ville a donc tenu promesse ; les bailleurs de fonds et autres partenaires au développement n’ont point rechigné à délier les cordons de la bourse pour que Rood Woko renaisse de ses cendres.

Dans l’attente de ce grand jour où, certainement, tu feras le voyage de Simonville pour en être un des témoins privilégiés, l’accent semble avoir été mis dans la communication pour prévenir tout risque, et nous éloigner du spectre de mai 2003. Plus rien n’y sera comme avant, et je puis t’assurer, à la lumière des directives données par l’autorité municipale, que le désordre ambiant qui caractérisait Rood Woko fera désormais place à la discipline, pour plus de fluidité et de sécurité.

Pourvu seulement que les commerçants adhèrent amplement à cette ligne de conduite, eux qui, d’habitude, ne voient que leurs intérêts immédiats. En tous les cas, cher cousin, point de doute que des désagréments, nous en connaîtrons avant d’avoir accès au grand marché de Ouagadougou, car la carte de la circulation dans la zone communale sera redessinée. Privilège aux piétons qui pourront aller et venir dans tous les sens, contrairement aux automobilistes, désormais invités à passer par les parkings urbains.

Maintenant que Simon peut prendre un repos mérité et que les commerçants semblent retrouver le sourire, pourquoi Rood Woko ? Comme tu le sais, cher Wambi, le nom du grand marché de Ouagadougou a été emprunté au dialecte mooré, et veut dire en français facile « marché continu » ou « marché à fréquentation permanente ».

Car, pour peu que ta mémoire reste vivace, au plateau mossi, les marchés se tiennent tous les trois jours. Ce qui n’est pas un fait du hasard, puisqu’il fallait tenir compte du cycle de la préparation du dolo, cette bière de mil qui rythme la vie au village, mais dans la capitale, Ouagadougou, le marché se tenait tous les jours.

D’où l’ancestral Rood Woko, jadis installé à la place d’arme, rebaptisée place de la Révolution, puis place de la Nation. Son site actuel ne date donc que de l’avènement de l’Indépendance, et demeurera à jamais le fleuron de l’économie burkinabè. Mais qui en est, ou en sera le chef ou le « Raag naaba » vu que le coutumier qui en avait la charge a répondu à l’appel des ancêtres ? Peut-être, d’ici là, en saurons-nous davantage, si tant il est vrai que la tradition n’a point été oubliée avant cette historique date du 16 avril 2009. Cap maintenant, cher cousin, sur l’école burkinabè qui est aujourd’hui au cœur du débat.

Comme s’ils s’étaient donné un seul mot d’ordre, société civile, politiques semblent voler, chacun à sa manière, à son chevet. Ainsi, si à l’Université de Ouagadougou, le temple du savoir, l’heure est à la grève pour les enseignants-chercheurs, en quête de plus de beurre dans leurs épinards, l’Assemblée nationale fait, aujourd’hui même, de l’école burkinabè l’objet de questions orales. A partir de 16h00, en effet, le député Yamba Malick Sawadogo interpellera le Premier ministre sur l’exécution des programmes officiels dans l’enseignement de base.

Son homologue Nicolas K. Dah s’adressera aux ministres de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA), et des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (MESSRS) sur les interventions des associations des parents d’élèves (APE) dans la vie des structures éducatives.

Quelles sont les raisons du retard enregistré lors de la rentrée universitaire 2008-2009 à l’université de Ouagadougou et les dispositions prises pour que ce retard ne joue pas sur la qualité des enseignements ? Question du député Etienne Traoré à l’adresse du chef du département de l’enseignement supérieur.

Pour sa part, le ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation sera, une nouvelle fois, interrogé par le député Salfo Tiemtoré :
- quels sont le statut et la situation actuelle des APE ?
- n’est-il pas nécessaire pour une meilleure efficacité des APE d’y associer les enseignants ?
- afin d’éviter les querelles au sein des APE, n’est-il pas possible d’instituer un meilleur cadrage pour l’utilisation des fonds collectés ?

Voici, cher Wambi, autant de préoccupations qui viennent s’ajouter au printemps des grèves dans l’école burkinabè, pour qui sait que le Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS) a, lui aussi, annoncé la couleur pour la semaine à venir. Une grogne qui n’est pas sans susciter des inquiétudes dans les rangs des parents et des élèves à la veille des examens, et tu devines aisément pourquoi. Le pire sera-t-il évité à temps ?
La réponse du gouvernement se fait en tout cas attendre.

Autre sujet de préoccupation à l’Assemblée, cher cousin, c’est sans aucun doute la succession de l’honorable député Ambroise Sawadogo, décédé, comme tu le sais, le 18 mars dernier sur les bords de la lagune Ebrié. Sur cette question, en effet, un flou artistique règne aussi bien dans les rangs de ses camarades du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) que des partis de l’opposition.

Mais que dit donc la loi en la matière ? Pour la réponse à cette question, je me refère à la loi n°014-200-2001/AN du 3 juillet 2001 portant code électoral, modifié par les lois suivantes :
- n°002-2002/AN du 23 janvier 2002 ;
- n°013-2004/AN du 27 avril 2004 ;
- n°024-2005/AN du 25 mai 2005 ;
- n°002-2006/AN du 27 février 2006, article 160 qui dit ceci :

« En vue de pourvoir aux vacances qui pourraient se produire, chaque liste de candidats au scrutin dans le ressort de la province et dans le ressort national comprend un nombre de suppléants égal au nombre de sièges à pourvoir. En cas de vacance de sièges à l’Assemblée nationale, il est fait appel aux suppléants dans l’ordre de leur inscription sur la liste des suppléants. Des élections partielles peuvent être organisées en cas de besoin, sauf dans le dernier tiers de la législature ». Et puisque nous sommes toujours dans les délais, qui donc pour occuper le siège vacant ?

Dans des milieux bien introduits, en tout cas, il se susurre que ce pourrait être le suppléant Dieudonné Badini, ancien secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances, aujourd’hui patron de l’Inspection générale d’Etat. A moins que lui-même ou son parti viennent à en décider autrement, la loi devrait donc être respectée. Mais sait-on jamais !

En attendant, cher cousin, ça barde dans de nombreux conseils municipaux dont l’espérance de vie est mise à rude épreuve. Tel celui de Béguédo dans le Boulgou, promis à la dissolution par le chef du département de l’Administration territoriale ; celui de Zambo dont le maire règne sur un désert ; et maintenant Nasséré dans le Bam où, depuis le 19 mars, 16 élus ont suspendu toute participation aux sessions du Conseil municipal.

Quels sont donc les griefs qui lui valent aujourd’hui d’être lâché par les siens ? La correspondance ci-après, à lui adressée avec ampliation au haut-commissaire du Bam, au gouverneur du Centre-Nord et au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD) est des plus édifiantes. Lisons plutôt :

« Mme le maire,
Nous avons l’honneur de porter à votre connaissance ce qui suit : Depuis que par des manœuvres sordides vous êtes élue conseillère, puis maire, vous avez utilisé l’approche d’achat de conscience, la division des populations et du conseil municipal pour atteindre vos objectifs personnels. A cause de vous, la commune de Nasséré traverse la crise la plus grave de son histoire.

En effet, la commune a fait cinq mois sans session du conseil municipal. Les seules sessions qui ont été convoquées n’ont pas respecté les textes. Deux sessions ont été convoquées et non tenues, l’une sur l’installation du conseil municipal les 19 et 26 juillet 2008, l’autre sur le budget supplémentaire le 3 août 2008 qui a été reportée à une date ultérieure sans jamais se tenir. Or le code général des collectivités territoriales au Burkina Faso vous prescrit de rendre compte en cas d’impossibilité de tenir une session.

Pour ce qui est du budget primitif 2009, il a été voté sans respecter l’article 238 du code général qui stipule que deux tiers des conseillers doivent être présents à l’ouverture de la session, sinon la séance est reportée à une date ultérieure qui ne peut excéder sept jours. Or, votre session, convoquée par le premier adjoint (non compétent) n’a pu se tenir les 5, 6 décembre 2008.

Le 10 décembre 2008, vous n’avez réuni que 14 conseillers (sur 32) et 3 procurations dont celle du conseiller de Tibtenga Foulbé, acquises par la force, les intimidations et l’achat de conscience. Par ailleurs, nous avons constaté que vous avez organisé une assemblée générale pour la mise en place du Conseil d’administration de la Maison de formation (MADEFON) et fait élire votre 1er adjoint au poste de président, ce qui est illégal, car les textes du MADEFON interdisent aux conseillers municipaux d’en être les dirigeants.

En outre, vous avez gardé par-devers vous le chèque BICIAB n°2366964 du 21 novembre 2008 de 14 000 000 F, qui n’a pas été remis à l’entreprise, pour empêcher le déroulement des travaux de construction du Centre interculturel d’alphabétisation et de formation (CICAF). Sur 17 villages que compte la commune, 7 n’ont pu mettre en place leur conseil villageois de développement (CVD) à cause de vos méthodes de travail et comportements antérieurs.

Enfin, vous organisez des groupes de ressortissants de Nasséré résidant à Ouagadougou pour détruire le comité de jumelage. Pour toutes ces raisons, nous, signataires de la présente lettre, suspendons notre participation aux sessions du Conseil municipal pour compter de ce jour. Veuillez agréer, Mme le maire, l’assurance de notre considération distinguée.

Cher Wambi, j’espère que tu ne m’en voudras pas de ne t’avoir pas situé, depuis belle lurette, sur ce qu’on avait fini par baptiser « Affaire Faso Tours », et laquelle opposait Daouda Zarei et 13 autres actionnaires et le syndic- liquidateur de la société Faso Tours à Boukary Diallo. Si ma mémoire est bonne, elle remonte à mi-novembre 1998. A défaut de te refaire un exposé exhaustif des faits, permets-moi de t’en rappeler quelques-uns. Retiens seulement que tout est parti du fait que le nommé Boukary Diallo, après avoir cédé ses actions, a vendu à Mamadou Bamogo la cour de Faso Tours, sise à côté de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers.

Ce, après avoir usé de tous les moyens pour obtenir un duplicata du titre foncier de la cour de la société. Mais, grâce à la vigilance de l’un des ex-actionnaires, en l’occurrence Zarei Daouda, le manège a été vite découvert. Bref, c’est à partir de cet instant que s’est ouvert le feuilleton judiciaire qui a connu son épilogue le 3 avril dernier, en faveur des 14 ex-actionnaires et ex-travailleurs.

C’est dire qu’il aura fallu 11 ans pour vider ce dossier que beaucoup d’avocats avaient trouvé inextricable. C’est le 16e avocat, Me Mamadou Ouattara, qui a pu le conduire avec succès. Par cette décision, cher cousin, la justice burkinabè vient de frapper un grand coup. En tout cas, il m’est revenu qu’on a même tenté de corrompre un actionnaire pour empêcher la manifestation de la vérité. C’est dire que, dans les jours à venir, la cour de Faso Tours sera mise en vente. Certainement que Mamadou Bamogo, qui y a déjà fait de lourds investissements, sera candidat à son achat.

Cher Wambi, mieux vaut prévenir que guérir, dit-on.
Et l’épidémie de rougeole qui sévit actuellement dans la cité devrait interpeller plus d’un. Les chiffres, en tout cas, parlent d’eux-mêmes : à la 13e semaine de l’épidémie au « Pays des hommes intègres », on dénombrerait 1608 cas dont 130 décès. En faut-il plus pour tirer la sonnette d’alarme ?

En attendant, un autre mal resurgit à Simonville : la lèpre, qu’on croyait éradiquée depuis des lustres. Peut-être, au village, en savez-vous plus, vous, les incontournables sous l’arbre à palabre, jamais informés de quoi que ce soit, mais toujours informés. Ce n’est pas Tipoko l’Intrigante, dont je t’ouvre ci-après le carnet, qui nous dira le contraire.

- Sous la révolution d’Août, il avait dû s’exiler pour sauver sa peau au regard de certaines de ses positions qui ne cadraient pas toujours avec la vision des hommes forts de l’heure. Docteur Jean-Gabriel Tapoko, puisque c’est de lui qu’il est fait cas, est parmi nous depuis bientôt un mois pour un projet sanitaire d’envergure : la construction d’une polyclinique. Et à ce que l’on dit, les travaux pourraient démarrer incessamment, en tout cas après la signature de la convention y relative avec l’Etat, laquelle serait en très bonne voie. Courage donc, Docteur !

- Le dimanche 12 avril prochain, la communauté chrétienne célèbre la fête de Pâques. A l’occasion, Maur Akendengué, fondateur de l’ONG Maur Akendengué, organise à son domicile, sis sur l’avenue Babanguida, à Ouagadougou, rue 29-30, porte 45, une distribution gratuite de repas aux indigents et aux sans-domicile fixe (SDF). A cet effet, Maur Akendengué sollicite la participation de tous à ses œuvres de bienfaisance à travers des dons de riz, de maïs, de condiments, de poisson, de viande, d’huile, etc.

- La communauté rwandaise vivant à Ouagadougou est en deuil depuis le 07 avril 2009, jour où a débuté le génocide des Tutsi au Rwanda il y a de cela 15 ans. Ce drame s’est étalé sur 100 jours pendant lesquels plus d’un million de Tutsi et des Hutus modérés ont été massacrés par des Hutus extrémistes sous l’œil des caméras et de la communauté internationale.

Il est prévu une cérémonie du souvenir le 18 avril 2009, en mémoire des victimes de ce génocide, suivie du moment de recueillement. La journée de mémoire qui sera dédiée aux victimes sera placée sous le signe de la réconciliation et du pardon.

- Dans la perspective du jubilé d’or du petit séminaire Notre-Dame d’Afrique de Koudougou, fondé en 1958, l’Amicale des anciens dudit tiendra une assemblée générale le dimanche 19 avril 2009 à partir de 11 h 00 dans la salle de réunions de la paroisse Jean- XXIII. Réunion au cours de laquelle des informations pratiques seront données sur ce grand événement prévu pour les 1er et 2 mai 2009 à Koudougou.

Pour sûr, ce jubilé d’Or sonnera les retrouvailles de sommités de ce pays, tels le député Laurent Bado (promotion 59), le professeur Kiéthéga Jean-Baptiste (promotion 61) ; le ministre Bembamba Lucien Marie-Noël (Promotion 69) ; l’ambassadeur Tiao Beyon Luc Adolphe (promotion 69) ; Mgr Ouédraogo Johacim (promotion 76) et nous en oublions...

- Les 1er et 2 mai 2009, la ville de Nouna, chef-lieu de la province de la Kossi, sera en fête. Il s’y tient, en effet, des activités entrant dans le cadre de la 9e édition de la Coupe jeunesse unie, organisée par l’ancien chef d’état-major de la Gendarmerie nationale, le colonel Mamadou Traoré, actuellement conseiller du chef d’état-major général des Armées, le général Ali Traoré.

Les festivités commencent dès le 30 avril par un concert gratuit à 20 h au stade Monseigneur Lesourd qui va regrouper des vedettes de la musique malienne et burkinabè, telles Abdoulaye Diabaté, Adjaratou Diabaté et Sissao. Comme il est de coutume, il y aura une distribution de vivres et un djandjoba pour les femmes.

La particularité de cette édition, c’est que le colonel Traoré a initié, en parternariat avec l’Office national d’identification (ONI), une « opération carte d’identité » pour les personnes en difficulté et l’établissement d’actes de naissance pour les élèves qui n’en possèdent pas. Un acte citoyen qui mérite d’être salué à sa juste valeur. Pour un succès éclatant des manifestations, le donateur a sans doute besoin du soutien des personnes de bonne volonté, des sponsors et de tous les fils de la région.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir.Ton cousin, Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 10 avril 2009 à 22:11, par Burkinabe de new York En réponse à : Une Lettre pour Laye : Vous avez dit Rood Wooko

    L’homme court de Ouaga ne voit vraiment pas les choses d’au dessus.ma famille est vendeuse de biens electro menages je me demande comment pourront ils amener leurs marchandises dans les boutiques alors que les tv pesent souvent tres lourd et aucun system n’est mis en place pour faciliter les mouvements des articles lourds.

  • Le 11 avril 2009 à 11:59, par Laverdure En réponse à : Une Lettre pour Laye : Vous avez dit Rood Wooko

    Il n’y a vraiment pas de quoi etre fier de la re-ouverture du marche de Rood Wooko !!!!!Meme si Simon a tenu sa promesse pour le 16 Avril, on se souviendra que la construction du marche( qui etait la fierte des burkinabes)n’a pas pris autant d’annees pour voir le jour ; et apres presque 6 annees, on nous bourre avec des phrases comme cela avait ete fait en un clin d’oeil.

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