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Une Lettre pour Laye : Autorités, déclarez vos biens

Publié le vendredi 27 mars 2009 à 02h48min

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Cher Wambi,
Au moment où je traçais ces lignes, alors même que l’astre du jour entamait sa descente vers l’ouest, le Premier ministre, Tertius Zongo, lui, déclinait son discours sur l’état de la nation devant les honorables élus. En attendant le jour où le chef du gouvernement voudra bien sacrifier à cette tradition républicaine en langues nationales pour se faire entendre et comprendre du « pays réel », je puis seulement te dire que l’Américain aura axé son speech sur la santé socio-économique, politique de notre pays avant d’esquisser des perspectives pour les années à venir.

A-t-il seulement convaincu l’Assemblée ? Des voix autorisées y répondront, car il m’aurait fallu toute une encyclopédie pour te dérouler la litanie des questions auxquelles il fut soumis à l’issue de son exercice. En tous les cas, cher cousin, cette sortie du Premier ministre continuera d’alimenter la chronique ce week-end et les jours à venir. N’était-ce pas, en effet, du pain bénit pour les protagonistes de la scène politique, qui n’en demandaient pas mieux, soit pour crucifier le régime, soit pour défendre le bilan du progrès continu pour une société d’espérance, à la veille de la présidentielle 2010 ?

Le ton n’est pas encore donné, certes, mais je ne t’apprends rien en te disant que des ambitions présidentielles ont commencé à pousser sur les rives du Kadiogo. Ainsi, au regard des conclusions du Congrès extraordinaire de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS), tenu le week-end dernier à Ouagadougou, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, l’homme à la barbichette récalcitrante, aura été le premier à déclarer sa candidature. La liste est donc ouverte et j’ai hâte de connaître ceux qui vont suivre.

Comme à l’accoutumée, le champion du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Blaise Compaoré, attendra la dernière minute pour se révéler, mais qu’en sera-t-il de ses accompagnateurs de 2005 ?
Inutile de te dire, cher cousin, que Me Hermann Yaméogo de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) aurait promis de jeter l’éponge au cas où les choses ne changeraient pas, comme il le fit d’ailleurs il y a moins de cinq ans, mais la liste des présidentiables était déjà longue.

Ainsi me revient-il à l’esprit d’autres candidats, tels Laurent Bado du PAREN ; Pargui Emile Paré du MPS/PF ; Philippe Ouédraogo du PDS ; Soumane Touré du PAI ; Gilbert Bouda, le Fasocrate ; Toubé Clément Dakio de l’UDD ; Norbert Michel Tiendrébéogo du FFS ; Ali Lankoandé du PDP/PS ; Ram Ouédraogo et Nayabtigungu Emmanuel Congo Kaboré qui, eux aussi, rêvaient d’occuper le palais de Kosyam. Peut-être d’ici là, cher Wambi, en saurons-nous davantage là-dessus, d’autant plus que bien de mois encore nous séparent de l’échéance présidentielle de 2010, ouverte à toutes les surprises.

Que nous réserve, par exemple, Zéphirin Diabré du groupe AREVA dont on se souvient encore qu’il a annoncé, à la faveur d’une interview parue dans l’Observateur paalga du 05 janvier 2009, la tenue d’un Forum des citoyens pour l’alternance ?
Depuis ce grand entretien qui, en son temps, avait fait des vagues, plus rien. Avait-il déjà revu ses ambitions à la baisse ?

Pas si sûr ! Car depuis quelques jours, circule une demande d’autorisation en vue de la tenue dudit forum, prévu pour les 1er, 2 et 3 mai 2009 sur le site du SIAO. Selon des sources dignes de foi, cher Wambi, il me revient que ce forum serait géré par deux structures : un comité d’organisation, et un comité du thème.

Le Comité d’organisation, à ce qu’on dit, serait dirigé par Abdoulaye Ouédraogo, un cadre du ministère du Commerce, signataire des correspondances évoquant le forum. Quant au Comité du thème, il serait, lui, présidé par Zéphirin Diabré himself, et aurait pour tâche de rédiger trois rapports, qui seront présentés aux quelque 250 participants conviés à l’événement, à savoir un rapport sur la situation politique, un deuxième sur les problèmes de développement, et le troisième sur la crise de la société burkinabè.

En attendant une éventuelle confirmation, cher cousin, on me dit que la participation se fait uniquement par cooptation, pour éviter les infiltrations. Pour ma part, j’attends impatiemment le point de presse qui s’en suivra pour en savoir plus sur cet événement.

C’est dans la fièvre donc de la présidentielle de 2010 qu’à travers les quatre coins du Faso se tiennent les conventions régionales du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) avant son grand rassemblement du mois de juillet à Ouagadougou. Et si, jusque-là, cher cousin, Roch Marc Christian Kaboré et les siens ont préparé leurs conventions respectives dans les règles de l’art, la fausse note serait venue du Sahel, où pour la tenue de ce raout politique ce samedi 28 mars à Dori, l’information a été donnée aux organes de presse par correspondance datée du 25 mars, avec pour entête :

Ministère des Mines, des Carrières et de l’Energie, comme si ledit département ministériel fait partie du patrimoine du CDP. Cette confusion des genres, cher cousin, irrite, et renforce la conviction de ceux d’en face qui jurent par tous les dieux que sans les moyens de l’Etat, le CDP serait réduit à sa plus simple expression. Quelle aubaine !

Depuis ces dernières semaines, cher cousin, le Conseil constitutionnel fait œuvre utile à travers sa campagne de sensibilisation dont le top de départ a été donné lundi à Dédougou. Une opération inespérée qui permettra à l’institution du président Dé Albert Millogo de se faire connaître et d’éclairer la lanterne des citoyens sur certains points, essentiels en république.

A titre d’exemple, cher Wambi, s’il est connu de tous qu’il est une loi, celle n° 22/95/ADP du 18 mai 1995, portant institution d’une procédure de dépôt et de vérification des listes des biens des membres du gouvernement, il n’est peut-être pas connu de tous qu’il y a une autre, celle n° 014-2002/AN/ du 23 mai 2002, qui fait obligation aux personnalités ci-après de déposer auprès du Conseil constitutionnel la liste de leurs biens à leur entrée en fonction et à la fin de l’exercice de celle-ci. Ce sont :
- Le Médiateur du Faso ;
- le Grand Chancelier des ordres burkinabè ;
- le président du Conseil supérieur de la communication (CSC) ;
- le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ;
- les chefs des missions diplomatiques et les consuls généraux ;
- les personnalités de rang ministériel ;
- les gouverneurs de région ;
- les présidents des hautes juridictions ;
- les présidents d’université et les directeurs généraux des grandes écoles ;
- le délégué général du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST) ;
- les chefs d’état-major des armées ;
- les commandants de région militaire ;
- les présidents des Cours d’appel et les procureurs généraux ;
- le directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique ;
- le directeur central de l’Intendance militaire ;
- le président du Comité national de lutte contre la fraude ;
- le directeur central des marchés publics ;
- le directeur général de la douane ;
- le directeur général de la police nationale ;
- le directeur général des Impôts ;
- les directeurs généraux des entreprises publiques ;
- les présidents des Conseils provinciaux ;
- les maires ;
- les chefs de projet à gestion autonome.

Or, cher cousin, combien sont-ils, les gourous de la République qui ont respecté cette injonction de la loi ? Tu ne me croiras peut-être pas, mais les confidences du Conseil constitutionnel sont implacables. Sauf erreur ou omission, à ce jour, l’honneur de l’avoir fait reviendrait seulement à la présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC) ; à un diplomate exerçant en République de Chine ; au président de la Haute autorité de contrôle de l’Etat et à ses membres et, naturellement, au président du Faso et aux membres du gouvernement. Alors, les autres traînent-ils les pieds par ignorance ou par négligence ? Mystère et boule de gomme ! En tout cas, ainsi va le Pays dit des hommes intègres, où la loi semble être faite pour les autres, mais passons.

Toujours au sujet du Conseil constitutionnel, j’ai reçu cette complainte d’un auteur de proposition(s) de logo que l’institution a demandées par voie de presse fin 24 septembre 2008. « Nous avons cherché à savoir si les résultats avaient été proclamés par appel téléphonique. La réponse s’avérait être « résultat non concluant ». Les questions que je me pose sont les suivantes :
- Quand a eu lieu la délibération ?
- Pourquoi les participants n’ont-ils pas été convoqués pour y assister et cela, pour plus de transparence, comme l’a fait le Centre culturel américain le 04 novembre 2008 ?

- Le concours a-t-il été relancé ? Si oui, selon quelle procédure et dans quel organe de presse ? Si non les questions qu’on se pose :
- Comment cela s’est-il fait ? Peut-on connaître l’identité du concepteur du logo si cela n’est pas un secret d’Etat, toujours dans un souci de transparence ? Ou bien le logo ne serait, comme je suis tenté de le croire, qu’une modification d’une proposition soumise lors du concours. Dans ce cas à qui sa paternité ? »

Cher Wambi, 23 ans déjà que l’avion présidentiel burkinabè a causé, accidentellement, 22 morts et de nombreux blessés à Garango. Si ma mémoire est bonne, c’était le 29 mai 1986, à la faveur d’un meeting qu’y tenaient les ténors du Conseil national de la Révolution (CNR). Depuis, les rescapés et les ayants droit des victimes, en dépit des promesses faites par les autorités, n’ont que leurs yeux pour pleurer ; le dossier s’illustrant par sa lenteur, d’où point d’indemnités jusqu’à leur où je traçais ces lignes. Aussi, les victimes vivantes, en marge de la Journée nationale de pardon (JNP) le 30 mars à venir, avaient au programme une marche pour rencontrer le président du Faso.

Peine perdue, car la mairie de Ouagadougou leur en aurait refusé l’autorisation. Leur dernière cartouche, ce sera cette conférence de presse que leur Conseil, Me Zacharie Sorgho, donnera le lundi 30 mars à partir de 9h30 à l’espace culturel Gambidi, à l’effet de faire le point du dossier et de la situation des ayants droit. Leur cause est-elle, pour autant, perdue ? Difficile d’y répondre.

Maintenant que j’en vais t’ouvrir le carnet secret de Tioko l’Intrigante, cher cousin, je t’informe que le ciel a encore ouvert ses vannes dans la nuit du mercredi 25 mars sur la ville de Sya. Même si dans la capitale, c’est le vent et la poussière qui ont pris le dessus sur le liquide céleste, tout porte à croire que, ainsi que je te le disais dans ma dernière lettre, nous connaîtrons cette année une saison hivernale précoce, porteuse de toutes le promesses.

- Du rififi à Total-Burkina ?
C’est le moins que l’on puisse dire depuis le bénéfice faramineux réalisé par le groupe pétrolier français, et chanté sur tous les toits. Si ailleurs, chaque travailleur a pu percevoir sa part du fruit de la croissance, tel n’est pas le cas au Pays des hommes intègres, où les patrons font la sourde oreille. Après les négociations, infructueuses, les travailleurs manifesteront ce vendredi, 27 mars 2009, à partir de 7h00, dit-on, par un sit-in de cinq heures. Ils pourraient passer à la vitesse supérieure, en allant en grève s’ils n’obtenaient pas gain de cause à l’issue de cette action. Osons seulement espérer qu’on n’en arrivera pas là.

- Avant la fin du premier semestre 2009, Blaise Compaoré, le chef de l’Etat burkinabè, effectuera une visite d’Etat en Côte d’Ivoire. Ce sera un renvoi de l’ascenseur à son homologue ivoirien qui en avait fait au Burkina en juillet 2008. Il se susurre qu’après cette visite du président du Faso, par ailleurs facilitateur du dialogue interivoirien, il est probable que des conseils de ministres communs (ivoiro-burkinabè) se tiennent régulièrement à Abidjan. Une vieille idée sans doute ressuscitée, puisque, du temps de Maurice Yaméogo, elle avait été évoquée, mais avait finalement fait long feu.

- C’est connu, Nestlé Burkina a rompu ses relations avec Salif Kossouka Ouédraogo depuis quelque temps. Lequel Koussouka a esté en justice, demandant la suspension des activités de Nestlé au Burkina Faso. C’est qu’entre-temps, Nestlé a introduit auprès du ministère du Commerce sa demande de DPI (déclaration préalable d’importation). Mais le ministère tarderait à délivrer cet acte administratif, qui n’aurait rien à voir avec l’action pendante en justice. Surtout que cette demande a été déposée avant l’action judiciaire. Dans cette affaire en justice, Nestlé a fait appel, et cherche surtout à comprendre pourquoi l’Etat met autant de temps à délivrer une DPI.

- Il faut le savoir, le livre de Vincent Ouattara « La vie en rouge », paru aux Editions Soulières au Canada, a été sélectionné pour l’exposition The White Ravens 2009 que la Bibliothèque internationale de jeunesse à Munich organise à l’occasion de la Foire du livre de jeunesse de Bologne. Cette exposition annuelle rassemble une sélection internationale de 250 livres de jeunesse, choisis parmi les quelque milles nouveautés. The White Ravens signifie les Corneilles blanches : par analogie à quelque chose de rare. A travers donc cette nomination honorifique, c’est toute la littérature du Burkina Faso qui est honorée.

- Le Réseau national des associations de personnes infectées et affectées par le VIH au Burkina organise, sous l’égide du SP/CNLS-IST et en partenariat avec les acteurs de la société civile, la deuxième édition de la campagne de collecte de fonds dénommée (SIDATHON). Celle-ci se déroule du 15 mars au 15 avril 2009. Il y aura une soirée de gala télévisée ce samedi dans la salle climatisée du SIAO. On imagine que tous ceux et toutes celles qui sont sensibles à la situation des personnes infectées et/ou affectées par le VIH/Sida laisseront parler leur cœur.

- Lundi de Pâques, 13 avril 2009, c’est finalement la date retenue pour fêter l’arachide à Garango, dans la région du Centre-Est. Mais avant, le samedi 11 avril à partir de 10h00, le Centre populaire des Loisirs servira de cadre à un exposé sur les méfaits de l’excision et du mariage précoce.

- Ce dimanche 29 mars 2009, rendez-vous à Kienfangué où l’association des femmes de ladite localité vous invite à son grand dassandaaga. Cerise sur le gâteau : à ce rendez-vous du donner et du recevoir, une soirée dansante qui vous tiendra en haleine de 19h00 à l’aube.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin : Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 27 mars 2009 à 03:40 En réponse à : Une Lettre pour Laye : Autorités, déclarez vos biens

    Quel gouvernement et quel pays !!ça n’étonne pas, nous sommes toujours en Afrique où rien n’est respecter.Pendant que l’on déploit les pauvres policiers pour faire appliquer et respecter les lois que je dirai destinées à la Chine de Mao (population),certaines lois sont votées mais dorment dans les coulisses.Car ceux qui doivent les respecter ne le font pas,puisqu’on est sur qu’aucune loi par exemple n’impose au petit commerçant dans la rue de déclarer ses biens.Au nom de la liberté respecter vos lois.Espérons que ça va changer.Avançons seulement, dans tous les cas,demain viendra avec nous et d’autres devront repondre avec leurs cannes à mains.

  • Le 27 mars 2009 à 10:45, par Bèb laada En réponse à : Une Lettre pour Laye : Autorités, déclarez vos biens

    Moi je ne comprends pas souvent les commentaires où les rections de certaines personnes par rapport à des verités Vraies.Indiscutables et qui tot ou tard feront les choux gras de la presse d’ailleurs. Vous savez au burkina ceux qui aspirent à avoir plus de sous l’ont fait soit en commencant par un lopin de terre en ville , ou en vendant des poulets bicyclettes et d’autres en faisant venir du sel à dos d’ane depuis le mali.D’autres encore ont demissionés de la fonction publique et ont investis leurs maigres economies dans des entreprises qu’ils ont crées. Les autres des autres , c’est à dire ceux qui restent dans la fonction publique et construisent des villas cossues à plus de 25 millions de nos francs sont des voleurs de la nation. Meme le president qui n’a aucun numero dans le registre du commerce n’echappe pas à cette realité là. Rappelez-vous ses declkarations de bien pendant la revolution. Une montre en or et quelques 150.000francs cfa. Je vous rappel que Sankara est mort et n’a laissé aucun sous pour ses propres enfants et à part aussi une maison à bilbalogho pris comme tous les fonctionnaires d’ailleurs , rien. Boukari Kaboré dit le lion est aussi dans le cas . Rien ,les lingani et autres.Donc il faut arreter de la politique un endroit des affaires lucratives. Quand on va en politique c’est defendre des causes plus nobles comme emmener la majorité des enfants à l’ecole, ameliorer le systeme de santé ou insuffler un developpement digne aux braves populations du poays et non autre.

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