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<I>Une Lettre pour Laye</I> (9/07/2004)

Publié le vendredi 9 juillet 2004 à 07h51min

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Cher Wambi,

Dieu et les mânes des ancêtres ont exaucé nos prières puisqu’après ma dernière lettre, d’abondantes pluies se sont abattues sur le territoire national. De quoi redonner espoir au monde paysan, qui avait semé qui une fois, qui deux fois pour le seul profit des oiseaux et d’autres prédateurs. La saison hivernale est-elle enfin installée ? Seul le ciel saurait y répondre.

En attendant, cher cousin, les acteurs du développement rural ont l’oreille tendue vers l’hôpital de Val-de-Grâce en France, où a été admis d’urgence le 6 juillet dernier le ministre d’État en charge de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Salif Diallo, qui a accusé une fatigue excessive. Il y aurait été évacué par les bons soins du Guide Libyen, le colonel Mouamar Kadhafi, en l’absence du président du Faso Blaise Compaoré, parti prendre part au IIIe Sommet de l’Union africaine à Addis Abeba en Ethiopie. Le Guide, notre grand ami, aurait dépêché à cet effet un avion de type Falcon depuis Tripoli.

Pour ta propre gouverne, le Val-de-Grâce est un ancien couvent situé au Ve arrondissement de Paris, construit au XVIIe siècle, transformé en hôpital d’instruction et école du Service de santé des armées. Ce dôme majestueux a été agrandi et modernisé de 1975 à 1978. De Ouaga à Falagountou, l’on prie pour que Salif Diallo, qui a toujours été de tous les combats pour le développement, nous revienne très rapidement, et sain, et sauf !

Lors de son internement à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo à Ouagadougou dans la soirée du 5 juillet, ses frères et sœurs du grand Yatenga ont fait, dois-je te signaler cher cousin, preuve d’une solidarité jamais égalée, en accourant à son chevet. Au nombre de ceux-là : les Salif Déré, Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi, Ouédraogo Boureima dit Obouf, Alizèt Gando, et j’en oublie. Ce week-end Salif Diallo devait être à Yakouta dans le Séno pour inaugurer un barrage ; à Bendogo aux côtés de son mentor Blaise Compaoré, pour assister à l’arrivée officielle de l’eau de barrage de Ziga (ce samedi), puis au lancement officiel des activités de Pétrofa le 12 juillet prochain à Ouahigouya en présence de son collègue du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat, Benoît Ouattara, et de l’ambassadeur des Etats-Unis au Burkina, J. Anthony Holmes.

Pour lui, ce ne sera que partie remise, je l’espère bien cher Wambi. Autre membre de l’équipe d’Ernest Paramanga Yonli, admis dans un hôpital parisien ces derniers temps : Adama Fofana, notre ministre chargé des Relations avec le Parlement, et porte-parole du gouvernement, parti, lui, plus tôt. A lui aussi je souhaite un prompt rétablissement.


Cela dit, le ministère de la Sécurité vient d’acquérir un important lot de matériel roulant et d’armement pour contrer le grand banditisme. Il était vraiment temps, car plus personne au Faso ne savait à quel saint se vouer. Peu de temps après, Ouagadougou a été soulagé d’un de ses prédateurs, Massimbo alias Simba, qui écumait les quartiers périphériques et la banlieue à la tête d’un gang armé de pistolets de calibre 9 mm , donc militaires.

Si le cerveau est aujourd’hui dans l’au-delà grâce à l’efficacité de la police nationale, ses lieutenants sont toujours parmi nous et il va falloir redoubler de vigilance. Mais comment ces oiseaux de mauvais augure ont-ils pu se procurer des armes militaires ? me demanderas-tu. Eh bien ! je me suis laissé dire que vers une certaine frontière, d’anciens rebelles venus du Liberia les loueraient, l’unité à 25 000 Fcfa par jour.

Nombreux sont donc des coupeurs de routes qui y vont signer ce genre de deal criminel. Mais le plus cocasse cher cousin, c’est qu’il paraît que bien d’hommes de tenue de chez nous prêtent leurs armes pour de telles forfaitures. A preuve, j’ai reçu le 7 juillet dernier une correspondance qui attire l’attention du patron de la Gendarmerie nationale sur un important vol d’armes de guerre commis par un de ses éléments à Kaya, la capitale du Sanmatenga, de connivence avec des hors-la-loi bien connus. Et la même lettre de stigmatiser la corruption, l’affairisme, l’impunité, les rackets et les promotions de complaisance chez les pandores. Voilà assurément un défi qui vient d’être lancé à "Madou bandit", le colonel chef d’état-major de la Gendarmerie, qui devrait ouvrir grand les yeux pour voir ceux de ses brebis qui pourrissent le troupeau.


Me Prosper Farama s’est-il abonné aux affaires corsées ? On le saura très bientôt cher cousin. Tu te rappelles qu’il fut un temps où le Burkina était devenu la seconde patrie de Charles Taylor, l’ancien président du Liberia. A l’époque, tout baignait et lui et son entourage pouvaient se permettre toutes les largesses. C’est ainsi qu’un jeune Burkinabè aurait bénéficié de madame Taylor, la première dame du Liberia, d’un camion et de bien d’autres avantages pour services rendus.

Comme tu le sais mieux que quiconque, les temps ont changé, et Charles Taylor est désormais en lieu sûr à Kalabar au Nigeria. Les dollars se font donc maintenant rares, puisque les comptes du clan Taylor ont été bloqués, et madame Taylor tirerait le diable par la queue. A tel point qu’elle aurait pris langue avec une femme d’affaires résidant à la Patte d’Oie à Ouagadougou, afin qu’elle récupère auprès de son ancien garçon de courses tout ce qu’elle lui avait donné. Ce à quoi notre brave femme d’affaires s’attellerait ces jours-ci. Vrai ou faux ? Toujours est-il que le jeune homme, qui n’entend point se laisser dépouiller, frapperait aux portes du cabinet de Me Prosper Farama, ce jeune avocat qui a déjà un passé élogieux, pour obtenir sa défense. Si cela s’avérait, ce serait bien une montagne de dossiers de la famille Taylor qui serait soulevée à Ouaga.


Du 28 juin au 2 juillet dernier s’est réuni à Cotonou le comité des ministres pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). A l’ordre du jour figurait le renouvellement du mandat du directeur général de l’Agence, qui, selon les textes, est d’une durée de six ans. Le titulaire actuel du poste, le Nigérien Ousmane Issoufou Oubandawaki, a réussi à représenter sa candidature, une candidature appuyée par une grande campagne médiatique et un lobbiying digne des candidats à la Maison Blanche.

Malgré tout, au jour de vérité, il a été battu par le candidat tchadien, M. Issouf Mahamat, qui a obtenu 10 voix contre 6. Le candidat ivoirien s’en est tiré, lui, avec 1 seule voix pour. M. Issouf Mahamat, l’heureux élu, qui devrait prendre fonction le 1er janvier 2005, a 16 ans de carrière à l’ASECNA, et a occupé successivement les postes de directeur de l’Exploitation, et des Orientations stratégiques au siège à Dakar.


Cher Wambi, dans ma précédente lettre, je te parlais du départ de Norbert Michel Tiendrébéogo, patron du Front des forces sociales (FFS), pour l’Hexagone afin de recevoir des soins suite à sa détention au camp Paspanga de la Gendarmerie. Eh bien, saches que Norbert Tiendrébéogo est de retour depuis le mardi 06 juillet dernier à 21 heures. Rencontré hier fortuitement en ville, le président du FFS m’a dit être allé à Paris et à Gap en France pour rencontrer ses partenaires et éventuellement se faire visiter par un neurologue. Ce qui fut fait. Cadre de banque à la S.G.B.B., Norbert Tiendrébéogo bénéficiait d’un congé annuel d’un mois, et sa reprise de service est prévue pour le jeudi 15 juillet prochain.

Par la même occasion, apprends, cher Wambi, qu’Emile Paré, qui a rendu de bons et loyaux services au système bancaire burkinabè, à la S.G.B.B. et à l’Observateur, où il compte de bons amis, a fait valoir ses droits à la retraite. Il est désormais Président du conseil d’administration (PCA) de la S.G.B.B., et son remplaçant à la tête de cette banque est son ancien adjoint, Marcel Languin.


Des majorettes et une fanfare, voilà cher cousin ce que Simon Compaoré alias Tebguéré vient de créer dans la commune de Ouagadougou, dont il est le maire. Je t’avoue que l’annonce de la création de majorettes dans notre ville cela m’a surpris et je me suis même empressé de dire que c’était une première au Burkina Faso. Il a fallu que ton beau-frère Sougrenooma me rappelle qu’il en avait déjà existé, mais dans les années soixante-dix. Ces majorettes-ci, une initiative de l’Office national des postes et télécommunications (OPT), étaient selon lui sous la supervision de Mamadou Simporé. Il m’est revenu que cette idée de la commune, devenue réalité, est un vieux projet d’une dizaine d’années, mais qui, du fait de contraintes budgétaires, dormait dans les tiroirs. Mais pourquoi maintenant ? Sans doute que c’est dans la perspective du Xe sommet de la Francophonie que la capitale accueillera en novembre prochain.

Et en marge de cet événement, la 24e assemblée générale de l’Association des maires francophones, dont Simon Compaoré occupe le poste de trésorier. Pour le succès de ces rencontres, "l’homme court" de la capitale a lancé un appel invitant toutes les bonnes volontés à appuyer la commune. Si tu veux bien apprécier la fanfare et les majorettes, je t’invite à te rendre ce samedi 10 juillet à la station de pompage d’eau de l’ONEA à Bendogo, où elles feront leur première prestation publique lors de la cérémonie officielle à l’occasion de l’arrivée de l’eau de Ziga à Ouagadougou.

Autre information entrant dans le cadre des activités de la mairie : sache que Simon Compaoré a ordonné de sculpter tous les arbres morts du parc urbain Bangr-weoogo et même ceux situés sur les rues et avenues du centre ville et surtout ceux de l’avenue Bassawarga jusqu’à Ouaga 2000 avant le sommet de la Francophonie. « La résurrection », ainsi a-t-il décidé de baptiser cette action.


Avant de t’inviter à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, cher cousin, je te propose cette devinette : "Qu’est-ce qu’un simoniaque ?" Si tu n’y es pas, sache que c’est un trafiquant d’objets sacrés, de biens spirituels ou de charges ecclésiastiques. De tels individus, eh bien, on en rencontre aussi sous nos cieux, où ils n’hésitent pas à "visiter" les sacristies de certaines églises ou les cantines des prêtres. L’un d’eux a été pris la main dans le sac lundi dernier à l’église de la paroisse de Tanghin-Dassouri. Il ne dut son salut qu’au prêtre, qui se contenta de reprendre sa soutane et son chasuble.

On raconte qu’à l’église de Dapoya à Ouagadougou, un autre a profité d’un moment d’inattention à l’issue de la messe pour s’introduire dans la sacristie, où il s’est masqué avec une soutane pour subtiliser les fonds de la quête dominicale. Démasqué par un choriste, il aurait été lynché par les fidèles, furieux, si le curé n’était pas intervenu. A présent le carnet de Tipoko l’Intrigante :

- Des agents du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation (MATD) menacent de bouger, parce que s’estimant les laissés-pour-compte de la Fonction publique. Dans une lettre adressée au ministre Lassané Sawadogo, ils s’insurgent contre ce qu’ils appellent l’octroi disproportionné des indemnités. Pendant que dans les autres ministères des agents s’en tirent avec trois à quatre indemnités, eux de l’Administration et de la Décentralisation n’en auraient qu’une ou pas du tout. Ils dénoncent aussi les nominations dites injustifiées d’agents aux compétences douteuses à des postes de préfet et de haut-commissaire au détriment de ceux formés à l’Ecole nationale d’administration et de la magistrature. Et de conclure : " De même qu’un bois mort aura beau séjourné dans l’eau, il ne deviendra jamais un caïman, un infirmier ou un instituteur ne deviendront jamais un administrateur".

- Ce vendredi 9 juillet aura lieu à partir de 9 h 00 à la Maison du peuple à Ouaga la cérémonie de remise des prix aux lauréats du concours de l’Excellence à l’école primaire, édition 2004. Placée sous le haut patronage du Premier ministre Paramanga Ernest Yonli, cette cérémonie récompensera :
- le meilleur élève de chaque province au CEP et son maître ;
- les 100 meilleurs élèves de CM1 des écoles primaires publiques et privées du Burkina ;
- les 30 meilleurs élèves des écoles satellites (ES) et les maîtres titulaires de leurs classes ;
- les 30 meilleurs élèves des centres d’éducation de base non formelle (CEBNF) et les maîtres titulaires de leurs classes ;
- les 30 meilleurs élèves des écoles franco-arabes et les maîtres titulaires de leurs classes. Comme le dit la sagesse, on reconnaît les travailleurs quand vient la moisson.

- Au Faso, les fraudeurs sont de véritables stratèges, qui trompent parfois la vigilance de nos braves douaniers. Mais ces derniers ne se laissent pas avoir si aisément, en témoignent les multiples prises de produits de la fraude qui sont souvent présentés à la presse. Le lundi 12 juillet 2004 à partir de 9 heures à Zaghtouli, la Coordination nationale de lutte contre la fraude procédera à l’incinération de plusieurs sortes de produits frauduleux. Il s’agit notamment de 1417 kg de médicaments de la rue ; de 591 kg de produits vétérinaires que des individus malintentionnés ont voulu introduire clandestinement dans notre pays ; de 53,5 kg de chanvre indien ; de 1128 kg d’explosifs que d’aucuns appellent pétards, qui ont fini par élire domicile même dans les églises lors des fêtes. Avec un tel lot de produits de la fraude, c’est au Trésor public qu’on a évité de subir certainement une hémorragie, et à la jeunesse, d’ingurgiter plus de 50 kg de chanvre indien. Bravo donc à nos douaniers, qui depuis quelques jours d’ailleurs organisent des journée portes ouvertes sur leur institution afin de faire découvrir davantage par le public les missions qui leur ont été assignées.

- Le ministre délégué auprès du MEBA Arsène Armand Hien et la représentante résidente de l’UNICEF au Burkina, madame Joan French ont été décorés le 10 juin dernier de la médaille Jeanne Martin Cissé, par l’Organisation panafricaine des femmes (O.P.F). Ils ont été décorés à l’école de Tanghin au secteur 24 par le président du CES. En présence de madame Kadiatou Korsaga, S.G. de l’O.P.F. au Burkina. Ce prix existe depuis 1962, et a été institué à Dar-el-Salam en Tanzanie ; il récompense toujours des personnalités qui se sont distinguées dans le domaine de l’éducation des filles, de la lutte contre le VIH/SIDA, de la protection des droits des enfants, et des femmes... C’est au cours de la 71e assemblée de la commission scientifique tenue à Dakar, que ces deux personnes ont été retenues, en plus de 8 autres Africains. Le ministre Armand Hien reste le seul récipiendaire burkinabè, madame Joan French étant Jamaïcaine.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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