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Une Lettre pour Laye : Quand Naon écrit à Blaise

Publié le jeudi 12 mars 2009 à 23h52min

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Cher Wambi,

Ainsi donc, les grandes dames du Faso ont sacrifié à la tradition en s’offrant une journée entière de bamboula le 8 mars, passage obligé pour celles, d’entre elles, qui tutoient le micro pour accéder à leur quête quotidienne d’égalité avec l’homme. Mais y parviendraient-elles si jamais la journée internationale à elles dédiée devrait se résumer à un véritable défilé de mode au cœur de la misère rampante du Burkina profond ?

J’ignore comment l’événement a été vécu à Laye, où s’offrir le précieux sésame, ce fameux pagne du 8-Mars, était la croix et la bannière pour nos bonnes vieilles, qui peinent à se procurer leur plat quotidien de « gâoré ». En tous les cas, l’unanimité semble se faire sur la nécessité de repenser la commémoration de la journée internationale de la femme au Pays dit des hommes intègres, afin qu’elle profite à la majorité silencieuse de nos mères et sœurs qui ignorent tout du « rouge à lèvres » et du shampoing.

Peut-être, cher cousin, que je suis en retard d’une révolution, mais durant tout ce mois de mars, on en entendra encore parler, si tant il est vrai que les prédateurs politiques en ont profité pour s’inviter dans l’actualité nationale, en attendant l’échéance de la présidentielle 2010.

Mais les expertes en djandjoba et bobaraba ne se sont pas encore remises de la fatigue du 8-Mars que les yeux se tournent vers Koudougou, la capitale provinciale du Boulkiemdé et de la région du Centre-Ouest, où est célébrée ce week-end la Journée nationale du paysan (JNP).

Au moment où tu me lis, certainement que des délégations entières bravent encore nos routes ancestrales pour rallier la ville de M. Maurice, où le grand sachem, Blaise Compaoré, et ses courtisans auront à cœur de convaincre les acteurs du monde rural de l’impérieuse nécessité d’investir dans la terre afin d’atteindre, pour toujours, l’autosuffisance alimentaire, condition sine qua non du développement économique et social.

Et en cette 13e édition, où l’accent sera mis sur la diversification de la production agro-sylvo-pastorale au Burkina Faso à travers le thème : « Alternatives pour la sécurisation des revenus des producteurs ruraux dans un contexte de crise », les petits plats semblent avoir été mis dans les grands pour permettre aux paysans de répondre favorablement à l’invite présidentielle.

Ce faisant, cher Wambi, je me suis laissé dire que ce vendredi 13 mars à Koudougou, le deuxième Programme national de gestion des terroirs (PNGT II) déversera 6. 175 milliards de nos francs sur 169 communes rurales, à travers des conventions qui seront remises aux gouverneurs de région. Ce pactole s’inscrit dans le cadre du financement des micro-projets divers entrant dans le cadre de la réalisation du programme du locataire du palais de Kosyam, dont l’épine dorsale demeure l’élargissement des opportunités de création de richesses.

A la question de savoir quelle part reviendra à ta commune, je préfère te renvoyer et au PNGT II de Jean-Paul Sawadogo et au gouverneur de ta région pour de plus amples informations. En attendant, cher cousin, je puis seulement t’en donner la répartition par région, en prenant bien le soin de te prévenir que celles d’entre les 302 communes rurales qui ne seraient pas prises en compte par les présentes conventions le seront en 2010.

Ainsi la boucle du Mouhoun (23 communes) recevra 693 326 000 FCFA :
- les Cascades (7 communes) : 266 220 000 FCFA ;
- le Centre (6 communes) : 242 144 000 FCFA ;
- le Centre-Est (12 communes) : 389 209 000 FCFA ;
- le Centre-Nord (15 communes) : 621 190 000 FCFA ;
- le Centre-Ouest (20 communes) : 706 969 000 FCFA ;
- le Centre-Sud (14 communes) : 568 818 000 FCFA ;
- l’Est (13 communes) : 543 987 000 FCFA ;
- les Hauts-Bassins (12 communes) : 419 947 000 FCFA ;
- le Nord (11 communes) : 415 227 000 FCFA.

Pour s’assurer qu’il sera fait bon usage de ce pactole, cher cousin, tu noteras que les ressources seront virées dans les comptes des communes au Trésor public. En outre, il sera exigé des communes bénéficiaires l’observance de toute la rigueur, de la transparence, notamment en matière de passation de marchés.

En dépit de la crise financière mondiale, cher Wambi, certaines sociétés ont réussi l’exploit de réaliser des bénéfices faramineux en 2008 : c’est, en effet, le cas du groupe pétrolier français, Total, qui peut se vanter d’un bénéfice de 15 milliards d’euros. Mais les fruits de la croissance feront-ils le bonheur de tous les artisans de cette prouesse ?

Si en Europe on annonce, en tout cas, le licenciement de 555 agents, au Pays des hommes intègres, la grogne commencerait à monter au sein du personnel local de Total Burkina. A l’origine, les salaires dits de misère qui leur seraient versés. Et un arrêt de travail planerait à l’horizon pour dénoncer trois de leurs cadres sur 95 employés, qui, à eux seuls, empocheraient 60% de la masse salariale. Mais jusqu’où ira-t-on dans ce bras de fer, qui fera à coup sûr des victimes ?

En attendant, le cas Total Burkina semble faire l’actualité au ministère du Commerce, où le nom de cette compagnie est de plus en plus cité dans cette mise à mort prématurée de GPL Service. Espérons seulement que les différents protagonistes sauront trouver un terrain d’entente pour permettre à tout un chacun de mettre du beurre dans ses épinards.

Par ailleurs, pendant que je traçais ces lignes, cher cousin, j’ai appris que Total Burkina vient d’imposer aux gérants des stations-service de son réseau de nouvelles dispositions portant modes de paiement des commandes. Ainsi, désormais, les chèques certifiés et le cash sont les voies royales du règlement des factures émises pour le compte de la société pétrolière. La direction de la boîte justifie ce changement par le fait que « de nombreux chèques émis ou endossés par nos gérants à l’ordre de Total Burkina en règlement des commandes sont rejetés par les banques pour insuffisance de provisions.

Cette situation expose notre société et nous met en difficulté dans nos activités ». Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ces nouvelles mesures sont loin de faire l’unanimité chez les gérants. Beaucoup estiment, en effet, qu’au lieu de frapper aveuglément tout le monde, Total aurait dû cibler les gérants indélicats.

En plus de la difficulté de disposer immédiatement de liquidités (une dizaine de millions par commande), des gérants se plaignent du fait que la certification des chèques occasionne des coûts supplémentaires, variables selon les banques, mais qui oscillent autour de 20 000 FCFA le chèque. S’il faut trois commandes par semaine, faites le calcul par mois et par année. S’il faut mettre le magot dans un sac pour se rendre à Total, le risque d’être victime de vol ou de perte est réel.

De plus, cette solution va favoriser la débancarisation des activités des gérants, qui ne pourront plus bénéficier à terme des services bancaires, notamment les prêts pour faire croître leurs affaires. La rupture de carburant dans certaines stations depuis le week-end dernier serait-elle due à ces nouvelles mesures ? On n’en sait rien pour l’heure. Dans tous les cas, vivement qu’une issue juste soit trouvée à cette inquiétude des gérants des stations Total.

Serons-nous seulement entendus ? Rien n’est moins sûr. Et maintenant que je m’en vais t’ouvrir très rapidement le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, cher Wambi, je t’invite à porter à travers tout le village la nouvelle du décès, le diamnche 8 mars dernier, du papa de notre cantatrice bien aimée Amety Meria, j’ai nommé le vieux Tidiane Dramé. Son inhumation a eu lieu le lendemain lundi 9 mars à Bobo-Dioulasso. Nul doute que nous saurons accompagner la famille Dramé dans cette douloureuse épreuve.

Retour tout de même dans la capitale, pour t’annoncer que les funérailles du Wogodogo-Naaba Kaongo auront lieu le dimanche 15 mars 2009 en son domicile, au quartier Wogodogo, secteur 19. En rappel, le Wogodogo-Naaba Kaongo s’est éteint le 11 janvier 2009.

- La refondation, un terme plus que d’actualité dans le milieu politique ces derniers mois. Lancée pour la première fois par l’UNDD (Union nationale pour la démocratie et le développement), la notion semble s’être étendue à d’autres milieux. La preuve : ce samedi, au CBC à partir de 9 heures, une coalition de mouvements se donne rendez-vous pour réfléchir sur le thème « La refondation : comment et pourquoi ? ».

S’y retrouveront, avec la Génération Refondation, l’association « Halte à la drogue », le Réseau burkinabè pour la promotion du droit (REBUPROD), le Congrès panafricain pour une jeunesse unie (COPAJU) et le Mouvement de la jeunesse UNDD (MJ/UNDD). Le week-end prochain, ce sera au tour de Bobo-Dioulasso, à l’ancien Centre Muraz et, le samedi d’après, à Koudougou, à la salle de conférences de l’Environnement et du Cadre de vie.

- Bientôt Savane FM émettra en Côte d’Ivoire voisine. Eh oui ! C’est la bonne nouvelle que nous ramène Zida Boubacar Sidnaaba de son séjour abidjanais d’il y a quelques jours. Encouragé et soutenu en cela par le premier responsable ivoirien, Laurent K. Gbagbo, « Petit marteau » (Ndlr : Petit marteau casse gros caillou, c’est ainsi qu’on appelait Sidnaaba au Liberia où il a séjourné tout jeune) installera des antennes dans les villes de Bouaké, de Daloa et de San Pedro, avec des émetteurs de 2 000 Watts. L’objectif d’une telle initiative, c’est de donner au quotidien des nouvelles du pays à nos compatriotes vivant dans ces régions et aussi recueillir les leurs.

L’idée a tellement fait l’unanimité que des institutions se sont déjà manifestées pour aider les prometteurs en les dotant de matériels appropriés. En attendant que les prochaines œuvres cinématographiques de Sidnaaba visitent les écrans (Ndlr : il s’agit de Somzita ou l’Ingrat et d’« Un pays, deux peuples »), on ne peut que tirer son chapeau à l’équipe de Savance qui a réussi une première depuis le déclenchement de la malheureuse guerre interivoirienne : ouvrir une nouvelle radio dans ce pays.

- Le 8 mars est donc passé, et bien passé. Finis les djandjobas, rangés les pagnes circonstanciels qui sont devenus, au fil des ans, de véritables impôts de capitation pour certain(e)s. Chacun et chacune ont pu commémorer comme ils pouvaient cette journée internationale de la femme : les uns bruyamment, les autres plus discrètement et sobrement.

Est de cette dernière catégorie Ernest Ki, le patron de « La Grande Cave », qui, comme à l’accoutumée, a organisé ce dimanche 8 mars 2009 une soirée de dégustation et de ventes promotionnelles de ses vins et spiritueux. L’autre moitié du ciel était naturellement à l’honneur de ces retrouvailles sympathiques entre personnes au palais exercé.

Il semble en effet, foi de celui qui a été fait compagnon des échansons de France il y a quelques années de cela, que l’avenir du vin est dans la femme. Invité de marque de ces bacchanales au féminin où on a cependant consommé avec modération, GEOFF TOCKNELL, Corporate service manager à l’ambassade d’Afrique du Sud au Burkina, le pays de Mandela étant de plus en plus réputé dans le domaine vinicole.

- Depuis mi-février, le sergent-chef Babou Naon a été transféré à la prison militaire du camp de Gounghin. Mais le transfert en ce lieu de détention suscite des inquiétudes de la part de sa famille, car Babou Naon, actuellement malade, ne bénéficierait pas de soins appropriés. A en croire certaines sources, les membres de sa famille auraient adressé une lettre au Président du Faso demandant la libération du prisonnier Babou Naon, qui a déjà purgé plus des 2/3 de sa peine.

Les mêmes sources précisent que des correspondances similaires ont été adressées à certains ambassadeurs comme ceux de la France et des Etats-Unis, ainsi qu’au Moogho-Naaba, au MBDHP, aux dignitaires des Eglises chrétiennes,… sollicitant leur intervention auprès du Chef de l’Etat afin que Babou Naon puisse bénéficier de la liberté.

- Est-ce le statu quo ante concernant les loyers de la CNSS de la cité an IV B ? On se souvient que les loyers des cités, qui étaient de 55 000 F CFA/mois, avaient subi une hausse qui devait entrer en vigueur à partir de ce 1er mars. Laquelle augmentation n’avait pas été, du tout, digérée par les locataires. En tout cas, on aura constaté que les bulletins de loyer du mois de mars 2009 mentionnent toujours la somme de 55 000. Donc sans l’augmentation des 47%, qui feraient monter le loyer à 80 000 F CFA.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin, Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 13 mars 2009 à 13:08, par a’ nakonda En réponse à : Une Lettre pour Laye : Quand Naon écrit à Blaise

    Ca s’ appelle "écrire avec du tact et du talent".
    Du courage cher rédscteur et longue vie à "une lettre pour laye"

  • Le 23 mars 2009 à 22:45, par sougri En réponse à : Une Lettre pour Laye : Quand Naon écrit à Blaise

    Ce n’est pas mieux de ravaler ton orgueil et demander pardon ? Tu aurais du commencer par là. En tout cas esperont que le president qui prète une oreille attentive aux sollicitations à lui adresser t’écoute et te fasse grace. Il faut que tu puisse te soigner. Courage et meilleur santé.

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