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SEBBA : La population et la police à couteaux tirés

Publié le jeudi 26 février 2009 à 00h07min

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La nuit de la Saint Sylvestre était chaude à Sebba, pas en terme de réjouissance, mais en terme de violence car en réaction au passage à tabac d’un jeune de la ville par des policiers, les domiciles de 4 policiers ont été incendiés par une foule en colère. De tristes événements dont les responsabilités sont en train d’être situées au Palais de Justice de Dori.

Tout a commencé dans la soirée du 31 décembre 2008 à Sebba, une altercation a opposé un policier à un jeune de la localité du nom de Bouba Sorya dans un débit de boisson. Le policier a rappelé au jeune homme qu’il devait répondre à une convocation de la police qui date de 4 mois. C’est ainsi que le policier décida de le conduire immédiatement au commissariat. Ce dernier n’a pas opposé de résistance, il a demandé à pouvoir informer sa famille avant d’aller répondre à la police. Sur le chemin, ils ont rencontré un habitant du village du nom de Sorya Yaya qui fait savoir au policier que le jeune n’était pas assez lucide pour répondre des faits qui lui sont reprochés. C’est alors que le jeune décide de ne plus suivre le policier.

Ce dernier est reparti se faire accompagné de deux de ses collègues pour le conduire une nouvelle fois. Les policiers trouvèrent Bouba Sorya au domicile de son oncle, un commerçant du nom de Inga. Le jeune homme refusa de se faire empoigner et les policiers l’ont violenté. Il s’est retrouvé dans un état où ceux qui ont assisté à la scène l’ont donné pour mort. S’en sont suivis des pleurs de femmes et des cris de vengeance des personnes informées de l’incident. Sur l’intervention de la gendarmerie alertée, le blessé a été transporté au district sanitaire de Sebba pour des soins. Aussitôt les jeunes révoltés par cet acte de la police et emportés dans un mouvement de foule décidèrent d’incendier quatre domiciles de policiers locataires en ville. Le maire et la gendarmerie ont tenté de calmer les manifestants et les autorités ont décrété un couvre-feu sur la ville de 20h à 6h.

Cela a permis aux forces de l’ordre de reprendre le contrôle de la situation, obligeant les populations à se terrer chez elles en cette nuit de réveillon du nouvel an. Le haut-commissaire a convoqué le lendemain 1er janvier 2009, les personnes ressources des différents secteurs de Sebba et appelé la population au calme. Le député Bassirou Ly, dans le même élan, est rentré d’urgence de Ouagadougou le 2 janvier 2009 pour, à son tour, apaiser les esprits surchauffés. Depuis cette date et avec les rencontres tenues par les responsables de la localité, on a pensé que l’incident était clos, mais c’est sans compter avec la détermination de l’institution policière de laver l’affront.

34 personnes détenues

Suite à une plainte de la police, une enquête sur les événements a été confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie de Dori. Cette brigade a commencé, depuis le 29 janvier 2009, une série d’interpellations des émeutiers. Plus d’une cinquantaine de personnes ont été entendues dans cette affaire. Le Tribunal de grande instance de Dori, saisi du dossier, a placé sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt et de correction de Dori, 34 personnes dont un sexagénaire (le vieux Tongoga) ainsi que le jeune Bouba Sorya qui s’est remis de ses blessures.

La liste est certainement longue et les interpellations se poursuivent. Le maire de Sebba, Ly Hama Amirou, a déploré cette situation qui n’honore pas l’image de sa ville. "C’est regrettable, dit-il, que dans une excitation désordonnée les jeunes ne cherchent pas à résoudre ce problème dans un cadre légal". On se rappelle que dans le même mois de décembre 2008, la population de Sebba a voulu lyncher un agent des Eaux et Forêts à qui on reprochait de faire du racket dans l’exercice de ses fonctions. Le jeune molesté par la police, quant à lui, n’a pas encore porté plainte. Le débat politique s’est aussitôt invité dans l’affaire, Sebba étant un bastion de l’opposition (PDS).

Devant ce caractère "rebelle", il faut craindre que cette affaire ne soit traitée avec beaucoup de fermeté et que la collaboration entre forces de sécurité et communautés ne prenne un coup. S’attaquer à des agents de l’Etat venus pour servir est blâmable et lourd de conséquences mais si l’on en est arrivé là, c’est que cela n’a pas été toujours le parfait amour entre les populations et les forces de sécurité accusées de faire de l’abus de pouvoir dans cette contrée. La machine judiciaire est en branle malgré les multiples interventions et on s’achemine vers un procès. Les familles des personnes détenues envisagent de prendre des avocats. En attendant, la tension est perceptible et un sentiment de peur habite les communautés de Sebba qui dormiront d’un œil jusqu’au dénouement de cette affaire.

Mohamed AG IBRAHIM (Collaborateur)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 26 février 2009 à 10:10 En réponse à : SEBBA : La population et la police à couteaux tirés

    En faite pour moi, généralement les policiers dans certaines loclités dans nos provinces jouent au commandos.
    Encore une fois foi de plus j’invitent les agents de sécurité dans les provinces à plus de détermination. Chèrs policiers évités la violence ne faitent pas la tête devant les citoyens, travaillez ensemble si entre forces de sécurité et civils il n’y a pas d’entente je pense qu’il sera difficile de réaliser une bonne opération en matière de sécurité.
    Ne les traitez pas de sauvages !le policier aurait pu faire preuve de professionel en amena le jeune à la police sans que l’irreparable ne se produise. Soyez sages et travailler ensemble pour la bonne marche de notre patrie.

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