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Mésentente autour d’un marigot à Faramana/Frontière du Mali : Le haut-commissaire du Houet invite au respect du bornage

Publié le jeudi 5 février 2009 à 02h22min

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Le mardi 3 février 2009, le haut-commissaire de la province du Houet, Justin Somé, a effectué une sortie à Faramana, commune rurale burkinabè frontalière avec le Mali et relevant de son domaine de compétence. Dans cette localité située à une centaine de kilomètres au Nord de Bobo-Dioulasso, celui-ci, suite à une mésentente autour de l’exploitation d’un marigot entre Burkinabè et Maliens, a sensibilisé ses compatriotes au respect du bornage qui sépare nos deux pays.

Arrivé à Faramana, le haut-commissaire du Houet, Justin Somé, s’est fait conduire sur le site du marigot à problèmes par les autorités locales, avec à leur tête, le maire Seydou Traoré. Courant 2008, à la faveur du bornage initié par le Mali et le Burkina suite au conflit frontalier qui les avait opposés en 1985, le marigot qui, auparavant n’appartenait à aucun des deux pays, se trouve désormais dans la commune malienne de Konan, frontalière avec Faramana. Mais bien avant qu’on en arrive à cette nouvelle donne, a-t-on appris, les habitants de Faramana et de Konan se disputaient l’exploitation de cette étendue d’eau riche en poissons depuis belle lurette. Selon les explications du maire de Faramana, Seydou Traoré, cette situation avait finalement abouti à un compromis entre les deux parties, quant à l’exploitation de ce cours d’eau.

“ A la faveur de cet accord, les deux parties ont convenu de faire une pêche collective chaque année, au mois de mars. Cette opération est toujours précédée (…) de sacrifices conjoints dans le marigot ”, a expliqué M. Traoré. Et le préfet de Faramana, Adama Kaboré , d’ajouter que “ les vieux de la commune ont récemment constaté qu’en dépit de cet accord, les Maliens pêchent par anticipation dans le marigot sans attendre le moment de la pêche collective ”. Surpris par l’attitude des Maliens, le chef de Faramana, Menkoura Dembélé et les siens leur ont signifié leur mécontentement. Il n’en fallait pas plus pour que l’accord vole en éclats car, selon les témoignages, les Maliens ont tout simplement fait savoir aux Faramanais (habitants de Faramana) qu’après le bornage, le marigot relève désormais de leur territoire et qu’ils en font ce qu’ils veulent.

“Cette mésentente n’a pas tourné à un affrontement physique quelconque ”, a confié le commandant de brigade de la gendarmerie de Faramana, Drissa Perkouma. Malgré tout, le chef coutumier de Faramana, Menkoura Dembélé, semble réaliste et espère que “ les Maliens reviendront à la raison pour permettre à tous de bénéficier des poissons du marigot ”. Mis au courant de cette situation, le haut-commissaire du Houet, Justin Somé, s’est entretenu tout juste avec les leaders d’opinion, les notabilités coutumières et les responsables religieux et d’associations de femmes de Faramana.

“ Même si vous tenez toujours à exploiter le marigot, il faut aller à l’évidence qu’avec le bornage il appartient désormais aux Maliens. Par conséquent, je vous invite à respecter ce bornage qui est une volonté de notre pays de marquer son territoire ”, leur a-t-il dit d’emblée. Et d’insister auprès de ses interlocuteurs : “ Respectez le bornage pour éviter tout conflit avec nos frères maliens. Mon souhait est qu’au-delà de cela, vous sensibilisiez votre entourage sur l’importance et le respect du tracé de notre frontière ”.

Quand bien même le haut-commissaire du Houet s’est évertué à donner ce message, certains Faramanais, affichent toujours leur volonté de continuer à exploiter leurs champs situés désormais en territoire malien. A cette préoccupation majeure, le haut-commissaire du Houet n’a pas fait dans la dentelle : “ Evitez les conflits fonciers avec les Maliens en respectant le bornage, qui traduit les intérêts de l’Etat burkinabè et non ceux des individus. Sachez ce qui vous appartient et ce qui ne l’est pas”. En fait, les Faramanais doivent tirer les conséquences du bornage.

Des lopins de terre qui leur sont chers et qu’ils ont perdus, les habitants de Faramana en sont venus aux problèmes de parcelles dans leur localité. Bon nombre d’entre eux, à l’image du vieux Kassoum Camara, ont fustigé l’opération de lotissement de 2003 à laquelle ils ont souscrit et qui ne leur a pas donné satisfaction. En réponse, le deuxième adjoint au maire de Faramana, Abdoulaye Ouattara, a fait comprendre qu’“ il y avait plus de demandes que de parcelles disponibles. Avec 1 612 parcelles dégagées, nous nous sommes retrouvés avec 2 371 demandes ”.

Après l’entretien avec les populations de Faramana, commune composée de 7 villages et peuplée de 16 000 habitants, le haut-commissaire du Houet a rendu une visite d’amitié et de courtoisie au préfet du cercle de Yorosso, Yéro Mamadou Traoré. Dans cette province du Mali distante de Faramana de plus de 50 kilomètres et forte de 200 000 âmes, un accueil chaleureux et digne de la tradition malienne en matière d’hospitalité lui a été réservé.

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 5 février 2009 à 09:49 En réponse à : Mésentente autour d’un marigot à Faramana/Frontière du Mali : Le haut-commissaire du Houet invite au respect du bornage

    Alors que nos populations des frontières évitent des conflits qui n’ont pas de sens. Tantôt c’est par ci et c’est par là. Q’ils suivent les normes des bornages pour éviter qu’ont nous traite de provocateurs de voisins.

  • Le 5 février 2009 à 09:55 En réponse à : Mésentente autour d’un marigot à Faramana/Frontière du Mali : Le haut-commissaire du Houet invite au respect du bornage

    Mais que le gouvernement Burkinabé contruit un barrage dans la zone là ils pouront un jour exploités aussi leurs poissons. Ce sont des petits problèmes comme celui - là qui peut du jour au lendemain causé des morts d’hommes dans les frontières.

  • Le 6 février 2009 à 11:48, par NIKIEMA En réponse à : Mésentente autour d’un marigot à Faramana/Frontière du Mali : Le haut-commissaire du Houet invite au respect du bornage

    "Donnez à César ce qui appartient à César". Il est temps qu’on arrête ces genres de situation qui compromettent la sécurité des peuples riverrains et l’image du pays des hommes intègres.

  • Le 21 février 2009 à 12:06, par la conscience En réponse à : Mésentente autour d’un marigot à Faramana/Frontière du Mali : Le haut-commissaire du Houet invite au respect du bornage

    Ce problème est plus complexe qu’il ne paraît. Après le bornage, si une concertation s’était établie entre les autorités et les populations, je crois qu’on aurait pu éviter la situation vécue aujourd’hui.
    Il faut reconnaître que le bornage a occasionné le retrait des biens de certaines personnes. Dans ce cas, et pour prévenir toute situation de contestation, il faut leur trouver une petite compensation. Pourquoi n’avoir pas initié des projets d’atténuation des impacts de ce bornage.
    Si les gens sont habitués à pêcher et à commercialiser du poisson,pour éviter qu’ils ne dérangent leurs voisins, il faut mettre en place des étangs pour la pisciculture. Il faut revoir avec les coutumiers pour affecter des terres de cultures à ceux qui n’en ont plus à cause du bornage. Il faut aussi initier des rencontres d’échages culturelles entre les jeunes des deux côtés de la frontière pour garantir les chances de respect de ce bornage. Quoi qu’on dise, ces peuples înstallés de part et d’autre du marigot sont en réalité identiques sur tous les plans. Pour preuve, ils faisaient les cérémonies d’offrandes au marigot ensemble. Il faut sensibiser, les textes ne suffisent pas. Force reste à la Loi, certes...

  • Le 29 avril 2015 à 23:47, par Balazara En réponse à : Mésentente autour d’un marigot à Faramana/Frontière du Mali : Le haut-commissaire du Houet invite au respect du bornage

    Le respect des limites territoriales avec le Mali suite au bornage des frontières du Burkina Faso avec le voisin est un devoir pour bon citoyen qui prône pour la préservation des liens séculaires. Je félicite dore et déjà l’association benkan de faramana en occurrence son président bamogo dramane qui oeuvre pour la paix, la stabilité et la cohésion à poursuivre le même élan afin de consolider les liens d’amitié déjà existant entre faramana et les communes de mahou et koury au Mali

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