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Soutien à l’école Wend N’Goudi de Koudougou : L’association « Paillettes pour Paillotes » priée de débarrasser le plancher

Publié le mercredi 4 février 2009 à 00h39min

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A Koudougou, il y a une école au secteur 10 dénommée « école Wend N’Goudi ». Elle est dirigée par une brave dame, Jeanne Zongo. Cette école bénéficie du soutien de l’association française « Paillettes pour Paillotes ». La coopération est née à la faveur d’une rencontre fortuite en 2005, entre la française Sylviane Meriel, présidente de l’association « Paillettes pour Paillotes » qui a décidé de soutenir désormais l’école. En deux ans, « Paillettes pour Paillotes » dit avoir investi plus de 30 millions de FCFA. Mais voilà que pour des raisons administratives la française a été priée de mettre fin à ses interventions. Nous lui avons donc rencontré, voici ses explications.

AIB : Depuis quand êtes-vous en contact avec l’école Wend N’Goudi ?

Mme Sylviane Meriel (SM) : C’est en 2005, lors d’un voyage à Koudougou que j’ai fait la connaissance de l’école Wend N’Goudi, de Jeanne Zongo, la fondatrice. J’ai vu ce jour-là des enfants que j’ai tout de suite aimé, je me souviens avec des vêtements tous déchirés et qui ont chanté la « chanson des orphelins ». Je n’ai jamais entendu une chanson aussi triste que ce jour-là. Avec mes amis, nous avions le cœur brisé et les larmes aux yeux. Des enfants si gentils et sages, mais si sales aussi apprenaient leurs leçons avec la faim. Quand je suis repartie en France, j’ai parlé à mes amis de tous ces enfants sans famille du Burkina Faso.

J’ai raconté aux tout-petits et aux plus grands, le manque de nourriture, le manque de soins, le manque d’habits et le manque de jeux pour les enfants de l’école Wend N’Goudi.. Je suis revenue toute seule en 2006, seulement pour les enfants, et nous étions tous très heureux de nous revoir. Maman Jeanne Zongo faisait ce qu’elle pouvait, mais elle est très limitée en moyens.. J’ai donc décidé d’aider les enfants de son école. Il fallait réfléchir et faire très vite en commençant par leur donner à manger chaque jour de classe.

AIB : Concrètement, qu’est-ce que vous avez fait pour l’école ?

SM : Depuis janvier 2007, l’association « Paillettes pour Paillotes » a mis chaque jour, des petites paillettes brillantes dans les yeux des enfants ; c’est-à-dire une jolie cuisine a été construite, et chaque jour d’école, trois cuisinières préparaient leur repas avec une bonne quantité de couscous/haricots, afin qu’ils mangent bien pour bien étudier. En mai 2008, je suis revenue avec le vice-président, Antoine Castelli de l’association, et nous avons acheté 185 billets pour que tous les élèves aillent au Théâtre populaire de Koudougou assister au spectacle donné par des enfants d’autres écoles. Cela a été une grande fête, et c’est comme ça que nous avons fait fabriquer 20 djembés, et pris un professeur deux fois par semaine, pour que Wend N’Goudi aussi, puisse participer au prochain spectacle, comme les autres écoles. L’école n’avait pas beaucoup d’ombre, donc, « Paillettes pour Paillotes » a fait construire un très grand préau de 150 m2, avec 26 bancs pour les enfants qui s’asseyaient à même le sol. Les 185 élèves pouvaient désormais déjeuner à l’abri du soleil, étudier et se reposer.

A la mi-octobre 2008, nous avons inauguré le préau en même temps qu’on a ouvert la cantine ce jour-là pour cette année scolaire. Puis, une équipe de football a été créée, avec de belles tenues bleues et noires que nous avons achetées.
En plus, « Paillettes pour Paillotes » a cousu des tenues scolaires pour chacun des 185 élèves. Pendant deux ans, « Paillettes pour Paillotes » a essayé de rendre heureux les enfants pour qu’ils grandissent dans de bonnes conditions, car, ils représentent l’avenir du Burkina Faso et je crois en eux. Je suis certaine qu’il y a parmi eux, un grand docteur, un grand architecte, un grand savant ; et pourquoi pas le futur président d’un pays ? Tout est possible !

Q : il semble que vous abandonnez en si bon chemin ces enfants ? Pourquoi ?

Sm : Oui ! Cette belle histoire, entre mes petits et moi, Maman Sylviane qu’ils m’appellent est obligée de s’arrêter. Le monde des adultes est cruel. On m’informe seulement aujourd’hui, qu’à cause de papiers de partenariat entre l’association « Paillettes pour Paillotes » et l’association de Wend N’ Goudi qui ne sont pas signés, tout doit s’arrêter. Je dois donc partir.

Dès lors, il n’y a plus de cantine « Paillettes pour Paillotes », plus d’activités annexes… Mais le préau et la cuisine restent, car c’est seulement pour les enfants que tout cela a été fait. Ils pourront donc continuer à en profiter. Quand je reviendrai en mai avec Antoine Castelli, on verra ce que l’on décidera. Ce qui est sûr, certaines grandes personnes d’ici ont cassé quelque chose dans mon cœur.

Pour l’instant, j’ai trop de peine. Quand les enfants ont su que je partais, on a tous pleuré. Mais je veux qu’ils sachent que je ne les abandonne pas, je ne les quitte pas, je serai toujours présente à Koudougou. Mais c’est comme ça la loi, et il faut la respecter. C’est seulement dommage que cette loi fasse souffrir 185 enfants. La route est longue et je la continuerai à Koudougou, pour d’autres enfants, qui ont besoin, eux aussi, que l’on s’occupe d’eux. En revenant deux fois, ou trois fois par an, je serai toujours près des enfants de Wend N’Goudi.

Interview réalisée par François KABORE

Sidwaya

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