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Reconditionnement des sacs de 50 kg de riz : Un commerçant indélicat épinglé

Publié le lundi 19 mai 2008 à 12h07min

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La Brigade de gendarmerie de Boulmiougou, secteur n°17 de Ouagadougou, a mis la main sur l’entrepôt d’un commerçant du nom de Ousmane Kaboré, qui procède à un recondionnement des sacs de riz qu’il met sur le marché, en diminuant la quantité du sac de riz de 50 kg de près de 10 kg. L’affaire a été portée à la connaissance de la presse, le 16 mai 2008, dans la capitale burkinabè.

Sur la route de l’usine BRAFASO, quartier nouvellement lotie au secteur n°17 de Ouagadougou, se trouve un grand entrepôt de couleur jaune où sont entreposés des sacs de riz de 50 kg. A l’intérieur de ce local, il se passait des pratiques frauduleuses. L’entrepôt, rempli de sacs de riz de 50 kg, avait été purement et simplement transformé en usine de stockage et de reconditionnement de riz. Un coup d’œil dans le magasin et dans la cour suffit pour comprendre la gravité de l’acte de M. Kaboré, qualifié pour le moment, d’infraction économique.

Selon les explications de la gendarmerie, Ousmane Kaboré, grossiste, procédait à l’aide de quatre ouvriers, à la diminution de la quantité de riz contenu dans chaque sac de 50 kg. Ainsi, c’est plutôt des sacs de 40 ou 41 kg qu’il distribuait à ses détaillants, au prix des sacs de 50 kg. A leur tour, ceux-ci revendaient ces sacs aux consommateurs au prix "normal" de 20 000 F CFA, le sac. Et les représentants de l’Inspection générale des affaires économiques (IGAE) de dire que le reste du riz prélevé est reconditionné dans des sacs de couleur blanche trouvés sur les lieux et vendus en province, compte tenu du fait que le contrôle y est moins rigoureux. Le propriétaire de l’entrepôt, Ousmane Kaboré et ses employés, ont été dénoncés, le 15 mai 2008, par un citoyen, selon la gendarmerie. La brigade de ville de la gendarmerie de Boulmiougou a pris les quatre employés de M. Kaboré en flagrant délit, le même jour sur les lieux.

Près de trois millions de F CFA acquis sur le dos des consommateurs

Sur les lieux, dans l’entrepôt, le 16 mai dernier, une paire de ciseaux, des fils à coudre, une machine et des sacs vides utilisés pour reconditionner le riz. Selon le commandant de la troisième région de gendarmerie, le lieutenant-colonel Hermann Bambara, M. Kaboré et ses employés ont écoulé une trentaine de tonnes de riz, depuis le 12 mai dernier, par ces méthodes. Un calcul rapide montre l’ampleur de cette infraction économique. Le prix du kilogramme de riz coûte environ 450 F CFA sur le marché actuellement. Pris ainsi, sur chaque sac de 50 kg de riz, M. Kaboré a encaissé 4 500 F CFA.

Sachant qu’une tonne fait 20 sacs de 50 kg de riz, le calcul fait ressortir que le commerçant gagne quatre vingt dix mille francs (90 000 F CFA) sur chaque tonne. Avec 30 tonnes écoulées par cette méthode frauduleuse, Ousmane Kaboré a engrangé la somme d’environ 2 700 000 F CFA sur le dos des consommateurs. Tout ceci, sans oublier qu’il a continué de vendre les sacs de 40 kg au prix normal. Sans rentrer dans les détails, le lieutenant-colonel Bambara a déclaré lors d’un point de presse, le 16 mai 2008, que l’enquête se poursuit. Il a indiqué que le procureur du Faso a déjà été saisi sur la question. Quant à l’IGAE, Emmanuel Lingani, il a souligné que vu les circonstances, le riz a été prélevé et envoyé dans leur laboratoire pour vérification, afin de s’assurer sur sa qualité.

Interrogé sur la peine encourue par le commerçant pris en flagrant délit et qui trompait les consommateurs sur la quantité de riz vendue, M. Lingani a souhaité attendre la suite de l’enquête qui suit son cours. Le commandant de la troisième région de gendarmerie a salué le civisme du citoyen qui a dénoncé le commerçant et ses employés. Il a de même condamné le comportement "scandaleux de certaines personnes qui anéantissent les efforts de l’Etat et de la population pour le bien-être de tous". Le lieutenant-colonel Bambara a terminé sur une note d’espoir : "Osons espérer que d’autres dénonciations vont suivre…", a-t-il dit.

Ali TRAORE
traore_ali2005@yahoo.fr


« Bien mal acquis ne profite jamais »

Ainsi, la "vie chère" est une aubaine pour des commerçants cupides, de se faire de l’argent sur le dos des consommateurs. Au moment où l’on crie à la pénurie de riz et où le sac de 50 kg de riz tend à franchir les 20 000 F CFA, des citoyens burkinabè ont des magasins pleins de riz qu’ils reconditionnent et revendent aux pauvres populations. Devrait-on mettre tous ces comportements sur le compte de la vie chère ?
Ce n’est certainement pas le cas, mais de la cupidité et de la recherche effrénée du gain facile qui pousseraient des commerçants sans scrupule à agir de la sorte. Faut-il donc croire que certains commerçants cachent volontairement les sacs de riz pour créer la pénurie ?
Il est clair qu’au regard de l’acte de Ousmane Kaboré, la porte est ouverte à toutes les conjectures. Visiblement, l’on se rend compte qu’il ne faudra pas compter sur la solidarité de certains commerçants pour réduire la souffrance du peuple. Pourtant, eux, bénéficient de la baisse des taxes sur certains produits qu’ils importent.
La déception, c’est que ce ne serait certainement pas Ousmane Kaboré seul qui s’adonne à de telles pratiques !

D’autres commerçants le feraient avec le soutien de certains milieux qui n’ont rien à "foutre de la misère du peuple".
Raison de plus pour saluer le courage de ce citoyen qui a pris le risque de dénoncer ces "délinquants".

Pour dire que les uns et les autres devraient s’inscrire dans la même dynamique et arrêter de couvrir des "malfrats" pour la simple raison que "c’est mon voisin", "mon cousin", "mon ami"... Pourquoi ne pas créer un numéro vert pour la circonstance ? Pour le moment, espérons que "les gros bonnets" n’ont pas déjà appelé pour intimider la gendarmerie afin qu’on laisse Ousmane Kaboré tranquille ! Espérons aussi que l’enquête ne va pas suivre indéfiniment son cours et que très bientôt la presse sera conviée au procès de l’affaire Ousmane Kaboré... Lors de sa cérémonie de prestation de serment, le procureur du Faso, Issa Kindo, avait dit ceci : "s’il plaît à Dieu, vous entendrez parler de moi bientôt".

C’est l’occasion pour lui de se faire entendre, pour que ceux qui exercent les mêmes pratiques changent avant que ce ne soit leur tour. "Tous les jours pour le voleur, un seul jour pour le propriétaire", dit-on.
Aussi, ces individus qui veulent s’enrichir à tout prix devraient avoir à l’esprit ceci : "le bien mal acquis ne profite jamais".

A.T

Sidwaya

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