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18 mois fermes et 300 000 francs d’amende pour enlèvement d’une mineure décédée par la suite

Publié le samedi 28 juillet 2007 à 08h22min

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En mars 2006, de retour de cérémonies de mariage qui se sont déroulées dans son village , la maman se rend compte de l’absence de sa fille. Elle en informa le père de famille Likré Sawadogo. De fil en aiguille, on se rendit compte qu’un jeune du village aussi manquait à l’appel.

Les soupçons se portèrent alors sur la famille Bikienga et le grand frère fut garde au commissariat de police afin d’amener le petit frère à revenir avec la fille Lamoussa. La famille ne fit aucune recherche et n’invita pas les Sawadogo à retrouver leur fille. En Avril 2007, le jeune Bikienga revenait de sa virée de Côte d’Ivoire avec une fillette de quelques mois, la mère Sawadogo Lamoussa, élève en classe de 5ème et qui devait passer en 4ème étant décédée 23 jours après son accouchement des suites de maux gastriques selon Bikienga. La famille ne fut informée que par un oncle, de Bikienga et non une délégation familiale comme cela se passe en pareille circonstance.

Il a fallu attendre la venue annuelle qu’effectuait chaque année un des oncles de Lamoussa installé en Côte-d’Ivoire depuis des décennies pour que l’affaire éclate au grand jour. En effet, c’est cet oncle Sawadogo Kanré qui alla informer le directeur du CEG de la mort de Lamoussa qui était brillante en classe. Le directeur l’orienta vers la police et voilà le jeune Bikenga répondant devant le tribunal d’enlèvement d’une mineure de 16 ans, élève en classe de 5ème du CEG de Dablo.

Selon Bikienga, qui est illettré, lui et Lamoussa s’aimaient. C’est au marché qu’il lui a fait la cour et au départ il ne comptait pas l’épouser, mais passer le temps avec elle. Mais un jour, Lamoussa lui aurait dit que ses parents l’avaient donnée en mariage et qu’elle ne voulait pas de cet homme. Faux retorquent les géniteurs, puisque, inscrite à l’école, elle a toujours brillé, fréquentant le CEC, et devant passer en classe de quatrième. Si eux ils la donnaient en mariage, c’est renier les sacrifices consentis pour sa scolarisation.

Des débats, il est ressorti que Bikienga n’a jamais approché la famille Sawadogo pour solliciter la main de leur fille Lamoussa et n’ya jamais d’ailleurs mis pied. Lamoussa en regagnant la famille, les membres de sa famille ne se sont jamais inquiétés.

Partis en Côte d’Ivoire à l’aventure, ils se sont retrouvés dans une plantation et Lamoussa a accouché sans soins dans le style traditionnel. Voilà que les maux gastriques sont apparus et elle n’a pas été conduite dans un centre de soins de santé puisqu’elle avait emporté avec elle son carnet de santé où aucune mention n’a été faite.

Ce qui est curieux dans cette affaire, c’est qu’après information, le vieux Kanré est allé trouver le père de Bikienga pour lui dire que comme c’est devenu comme cela et que chacun a procédé à son rituel, il serait bon, qu’une délégation constituée par un membre désigné de chaque famille se rende en Côte-d’Ivoire pour voir la tombe.

La démarche est restée négative. Pour le parquet, les cas d’enlèvement de mineures sont nombreux et très souvent, les coupables sont inaccessibles car hors des frontières. Quand il a été demandé à la famille Sawadogo si elle se constituait partie civile, elle a répondu non et sollicite qu’on relâche le prévenu.

Ce que le tribunal n’a pas suivi en appliquant l’article 402 du code pénal alinéa 1 en condamnant Bikienga à 18 mois de prison ferme et 300 000 francs d’amende. Espérons que ce verdict fera jurisprudence car dans la zone, surtout au Centre-Nord, c’est comme une fierté et un honneur d’enlever des filles mineures.


*Drôle de bouvier

Ouédraogo Idrissa qui est à Pissila conduit des bœufs entre Pissila et Mogdaga les jours de marché. Un jour, il dit à un acheteur de bétail Sawadogo Wendganda, pourquoi il confie ses bœufs à d’autres et pas à lui. Au marché suivant, Sawadogo lui remettra deux bœufs, mais à son arrivée à Mogdaga il en manquait un. Selon Idrissa, dans la nuit, les bœufs se sont affolés et après avoir réussi à les rassembler, il a constaté qu’il en manquait un qui n’a pas été retrouvé jusqu’à ce jour. Aussi, le tribunal l’a invité à payer à Sawadogo la somme de 70 000 francs et l’a condamné à 6 mois de prison avec sursis.


*Quand l’on s’invite au tribunal

Sawadogo Lamine est acheteur d’or sur le site de Baskouda dans le département. En voulant s’absenter, il a commis un jeune homme d’acheter le métal jaune si quelqu’un venait à en vendre. Ainsi Sawadogo Barké qui est orpailleur est venu vendre le métal au jeune apprenti pour la somme de 16 500 francs. A son retour, Lamine constatera que le métal jaune était du faux. Connaissant bien Barké, puisqu’il est l’un de ses clients, ils se traîneront devant le tribunal

Selon Barké, il est allé dans une boutique et voyant quelque chose de noué, le prit, pensant que c’était de l’or. Connaissant bien Lamine, qui lui aussi le connaît, il ne lui viendra pas à l’idée de lui jouer un mauvais tour. Il fut relaxé pour infraction non constituée. Ouédraogo Karim est lui sur le même site de Baskouda et employé par la Société des mines Kaboré et frères "SOMIKA".
Il comparaissait pour détournement de minerai d’or de 2kg et demi. Les faits.

Sur le site, suite à une mésentente, il avait été mis fin à l’exploitation d’un filon en attendant qu’un compromis soit trouvé. Ceux qui travaillaient aux alentours furent invités à la vigilance afin que quelqu’un ne pénètre pas dans le puits. Une nuit, Diallo Arouna et Tapsoba Arouna s’introduisirent dans le puits et furent aperçus. Très vite Karim fut informé, vint les faire extirper et les conduisit au poste de police jusqu’au matin où sur intervention ils furent libérés. Karim fit travailler le minerai et y retira vingt et un grammes d’or qu’il vendit et partagea l’argent.

Plus tard il était convoqué à la brigade de Kaya pour vol de minerais d’une valeur de deux kilos et demi par un certain Daouda Zongo inconnu sur le site, et de la SOMIKA et qui se disait être propriétaire du trou. Appelé, le responsable du site, Kirakoya fera comprendre, qu’en son absence, c’est Karim qui s’occupe de la gestion du site, dont habilité à saisir du minerai ou de l’or, donc l’exploitation serait frauduleuse. Pour l’avocat de la partie civile, l’acte posé par Kassoum peut être assimilé au vol et il réclame 20 millions de dommages et intérêts.

Pour Karim comment peut-on voler son produit puisque la concession est propriété de la SOMIKA et Karim est employé de la même société. D’autre part, comment peut-on évaluer la quantité d’or contenue dans un minerai surtout que l’exploitation du puits avait été interdite et que le dit propriétaire est inconnu sur le site. En définitive, Karim fut relaxé pour infraction non constituée après plus de 3 heures et demie d’audience.


*Drôle de marché

Sana Salfo est orpailleur.
De retour du site pour le village, selon ses déclarations, il a rencontré quelqu’un qui conduisait deux ânes destinés à la vente.

Après négociation, il acheta les deux ânes puis le vendeur l’accompagna à la maison et récupéra son argent. Ces ânes étaient prévus, pour aider le père à labourer ses champs. Le père aussi qui exerçait dans le petit commerce dira plus tard qu’il n’en voulait pas. Alors, Salfo instruisit son grand-frère de les vendre, ce qu’il fit.
Sana Issaka qui avait perdu six ânes vit plus tard les deux ânes et déclarera en être le propriétaire.

Et voilà les parents à la barre, car voisins et issus du même village. Salfo reconnut avoir acheté les ânes sans témoin et Issaka qui est commerçant d’ânes n’avoir pas informé la famille de Salfo du vol de ses six ânes.
Ce qui est curieux, est que les deux familles s’adonnent de temps à autre au commerce d’ânes. `Néanmoins le tribunal a condamné Salfo à 6 mois de prison ferme avec sursis et à 50 000 francs d’amende.


*Trop facile comme preuve

Koné Adama est employé chez Ouédraogo Joseph comme vendeur car ce dernier est commerçant de céréales. Entre temps, Joseph tombe malade et dit à son employé de remettre les recettes au voisin qui cochera, chaque fois qu’il vendra des céréales. Voilà qu’un jour, Adama vient lui dire qu’il a perdu 420 000 francs et comment !

Selon ses déclarations, après la fermeture, il a fait un crochet chez son ami et il eut un besoin urgent d’aller aux toilettes. Il est allé sous des arbres se soulager et ce n’est qu’une fois à la maison en voulant se déshabiller qu’il s’est rendu compte que les sous manquaient.

Il est retourné sur les lieux avec une torche, mais point de sous. Son intime ami Sawadogo Amidou qui allait souvent lui rendre visite lors de sa détention a passé un sale quart d’heure car avant saconvocation, il est allé dire à un de ses amis d’aller récupérer 350 000 francs avec le petit qui travaillait avec lui dans la boutique. Après un long retard, tout le monde s’est rendu compte qu’Adama menait les gens en bateau.

Il a été condamné à 6 mois de prison ferme et à payer 420 000 francs à Joseph, Amidou son ami ayant été relaxé.

Jacques NONGUIERMA
AIB/Sanmatenga

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Vos commentaires

  • Le 29 juillet 2007 à 00:40 En réponse à : > 18 mois fermes et 300 000 francs d’amende pour enlèvement d’une mineure décédée par la suite

    Je ne suis pas juriste. Je reconnais aussi les efforts du tribunal mais j’avoue etre decu du verdict. Ce monsieur devrait avoir au moins trois chefs d’accusation :
    - enlevemenet de mineur
    - sequestration de mineur
    - viol de mineur ayant cause son engrossement
    - negligence de mineur violee et en besoin d’assistance
    - negligence ayant cause homicide involontaire.
    Avec au moins 2 de ces chefs d’accusation, le prevenu meritait au moins 20 ans de prison. Apres ses 18 mois passes, il sortira, enleveras une autre mineure qui si elle a de la chance n’aura perdu que sa scolarite. Ce monsieur, a l’image de l’indigne enseignant d’anglais meritait une sanction maximale exemplaire, sutout que l’auteur de l’article dit que ce mode d’acquisition de femme est en train de devenir une norme.

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