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Moumouni Kocty, maire de Fada N’Gourma : “Je me sens bien dans ma peau de formateur à la tête de la commune”

Publié le samedi 19 mai 2007 à 08h27min

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Moumouni Kocty, maire de Fada N’Gourma

Conseiller des jeunes agriculteurs de formation, Moumouni KOCTY dirige depuis les élections municipales de mai 2006 la commune urbaine de Fada N’Gourma. Un passage que le bourgmestre élu sous la bannière du CDP estime comme étant la continuité de son rôle de formateur pour impulser le développement de la capitale du Gulmu.

Sidwaya (S.) : Quelle est votre devise à la tête de la commune urbaine de Fada N’Gourma ?

Moumouni Kocty (M.K.) : Tolérance et pardon. Parce que toute personne doit accepter son prochain quel que soit son comportement. Si vous ne tolérez pas, vous agissez mal et après vous demandez pardon, cela n’a pas de sens. C’est pourquoi la tolérance est très importante.

S. : Huit (8) mois après votre élection à la tête de la commune de Fada, quelles sont vos priorités ?

M.K. : Le maire en lui-même n’a pas de priorités.
Ce sont les priorités des populations qui s’imposent au maire. Nous avons bénéficié de beaucoup de lotissements, beaucoup d’infrastructures ont été réalisées. Maintenant nos priorités restent l’assainissement de la ville, l’éducation, l’eau potable et la santé.
Nous pensons que si la ville est bien assainie, que les populations ont de l’eau propre pour boire et que les enfants vont à l’école, nous sommes sur la voie du développement.

S. : Comment comptez-vous relever tous ces défis ?

M.K. : Etant donné que nous connaissons déjà les problèmes, la première des choses à faire, c’est d’asseoir une base de travail, une organisation qui permette de savoir ce que chacun peut apporter pour la réalisation de ces chantiers.

S. : On parle de plus en plus de plan communal de développement. Quel est l’enjeu de cette politique ?

M.K. : Lorsque je parlais tantôt d’outil de travail, c’est à cela que je veux faire allusion. Ce document permet d’éviter de naviguer à vue. Pour une entreprise aussi importante que le développement d’une commune, il faut une planification du travail. Il ne faut pas se mettre à travailler de façon anarchique, sans savoir d’où l’on vient et où l’on va. En plus, les bailleurs ne sont jamais prêts à accompagner quelqu’un qui ne sait pas où il va. Ce document est comme un tableau de bord auquel l’on fait référence pour conduire à bien le processus de développement.

S. : Que retenez-vous de l’intervention de la coopération suisse ?

K.M. : Ce que la Coopération suisse a fait pour la commune de Fada, sans rentrer dans les détails, nous pouvons dire que les populations l’apprécient très positivement. A travers la mise en place de toutes ces infrastructures marchandes qui ont généré des emplois, tout comme les investissements sociaux et dans le domaine de la formation, elle apporte beaucoup aux populations.
La situation est satisfaisante. Dès le départ, l’intervention de la Coopération suisse dans ce domaine n’était bien comprise, parce que pour la population, il fallait aller au social, or pour arriver à résoudre le problème du social, il fallait un certain nombre d’infrastructures marchandes que les populations devraient gérer elles-mêmes.

Par la suite, lorsque cela a été compris, l’aspect économique de la ville a changé positivement. Beaucoup de désœuvrés ont trouvé un emploi. Si on se basait sur les œuvres sociales seulement, cela n’était pas certain. Pour lutter contre la pauvreté, il faut avoir un minimum à travers le travail.

S. : Quelle est l’importance des infrastructures tels le marché central, le marché à bétail, la gare routière... dans la vie de la commune ? Comment sont-elles gérées ?

M.K. : Ce sont des infrastructures qui permettent à la commune d’avoir des recettes. Si je prends le cas du marché central, depuis dix ans que cette infrastructure existe, elle a apporté beaucoup à la physionomie de la ville. Elle a fortement contribué au développement économique de Fada N’Gourma. Il y a un impact direct envers ceux qui viennent se ravitailler, c’est-à-dire une facilité d’approvisionnement. Quand le marché n’était pas modernisé, les gens avaient des difficultés pour se ravitailler en marchandises eu égard à sa petitesse. Sans compter que cela à permis un certain brassage, un contact entre les gens.

L’autre impact est sur les finances locales, c’est à dire les retombées financières dont la commune bénéficie chaque année et qui sont de plus en plus importantes. Sur le plan de la lutte contre la pauvreté, il y a beaucoup de personnes qui sont engagées dans le fonctionnement de ce marché, tels les gardiens, les collectrices et collecteurs, les comptables, etc. et qui sont payées sur les ressources propres de ces infrastructures.

En outre, le système de gestion mis en place permet à la mairie d’avoir une épargne, des ressources qui pourraient permettre à la commune de faire des réalisations sociales. Au niveau du marché à bétail, la gestion est beaucoup plus poussée. Ce sont les acteurs eux-mêmes qui gèrent sous l’égide d’un protocole d’accord de gestion signé avec la Commune.

Il y a le conseil d’exploitation qui regroupe en son sein des techniciens chargés de réfléchir sur les grandes idées à promouvoir. Le comité de gestion composé uniquement des acteurs, est chargé de la gestion opérationnelle.
A ce niveau aussi, ce sont de nombreuses personnes qui sont engagées et qui gagnent leur vie. C’est vous dire que ces infrastructures ont un impact très important sur la vie de la commune.

S. : Quelles sont vos perspectives ?

K.M. : C’est surtout arriver à travers des actions concrètes à réduire de façon significative la pauvreté. Lutter contre la pauvreté, c’est arriver à résoudre les besoins essentiels de la population, dans les domaines de la santé, de l’éducation et l’approvisionnement en eau potable.

S. : Présentez-nous la commune de Fada N’Gourma.

K.M. : La commune de Fada a une superficie de 3 600 km2, une population de 125 000 habitants environ, et compte 34 villages dont un nouvellement reconnu au niveau administratif. La ville de Fada N’Gourma est située dans une zone agro-pastorale avec beaucoup de superficies forestières, une zone riche en faune sauvage. Le transit des animaux est très important dans la zone et nous sommes en tête de peloton en terme de cheptel. Au niveau de l’agriculture, la culture céréalière est très poussée, mais de plus en plus, le coton aussi prend de l’ampleur et nous disposons d’une usine d’égrenage. Il faut noter aussi que le secteur informel se développe dans la région à travers des activités comme la mécanique, la menuiserie, etc.

S. : Quel est l’apport de l’usine d’égrenage dans l’économie locale ?

K.M. : Sur le plan des recettes, nous n’avons pas des taxes qui nous reviennent, parce que la loi permet à une usine qui vient de s’installer de passer un certain nombre d’années sans payer de taxes. En contre-partie il y a les emplois créés. Mais comme taxes indirectes, nous avons, par exemple, les taxes de résidence que nous prenons avec les travailleurs de l’usine. Il y a aussi les taxes de stationnement des nombreux camions qui viennent charger les balles de coton. Sans compter beaucoup d’autres aspects qui ont toujours des retombées dans la commune.

S. : Quelles sont les difficultés auxquelles la commune fait face ?

K.M. : La principale difficulté, est d’abord au niveau de la population, à qui il faut arriver à faire comprendre que la commune est leur affaire. La commune ne peut se développer sans elle. Il faut que la contribution de chacun soit effective. Ensuite, il faut arriver à valoriser les potentialités dans les domaines du cheptel, agricole, etc.

S. : La ville de Fada compte combien d’entreprises ?

K.M. : Il y a environ une cinquantaine et concernent plusieurs domaines dont les plus importants sont la construction générale, la menuiserie métallique et de bois, etc. La mairie, emploie 42 agents actuellement. A la faveur de la communalisation intégrale, un certain nombre de personnel, nous a été reversé, ce qui a grossi l’effectif. Ces 42 agents sont les permanents, mais la mairie emploie aussi des contractuels qui travaillent au niveau des structures comme le trésor, les impôts, etc. Ceux-ci sont au nombre de 16.

S. : Hier agent d’agriculture, aujourd’hui maire. Comment vous sentez-vous dans cette fonction ?

K.M. : Je me sens bien parce que aujourd’hui, un maire, c’est comme un animateur. Ce qui est en parfaite cohérence avec mon ancienne fonction qui consistait à amener les gens à découvrir et se prendre en charge.

Entretien réalisé par S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

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