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Mangodara : La capitale de l’igname cherche...vainement sa route

Publié le samedi 31 mars 2007 à 09h13min

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Le pont non achevé de Koflandé

Située à 105 kilomètres de Banfora chef-lieu de la région des Cascades, la commune rurale de Mangodara possède de véritables atouts pour un essor économique enviable. Cependant, cette commune rurale a longtemps souffert et souffre encore de l’état impraticable de la route départementale n° 30 qui la relie à Banfora. Mais l’espoir est permis.

Il a fallu trois heures d’horloge pour relier Banfora-Mangodara à moto. Pour ceux qui veulent découvrir la « cité des danseurs de Koto » (danse traditionnelle), ils peuvent déjà s’imaginer leurs calvaire et angoisses sur une route dont la réfection n’a point affecté sa difficile pratique.
En effet, il faut passer près de soixante ponts de fortune pour découvrir « Mangos City ».

De beaux champs et d’impressionnants vergers d’agrumes et de manguiers bordent le chemin qui mène dans une cité qui fait partie des plus prospères de la région des Cascades voire du Burkina.

Avec leur hospitalité légendaire, la population avec en tête, leur bourgmestre, Adama Ouattara, le préfet du département, première autorité du pouvoir central vous comptent tout de suite leurs calvaires. « Nous ne disposons d’aucun agent », clame le maire qui nous montre la salle de réunion de la préfecture où on lui a offert un bureau. La salle de réunion ressemble à une salle de classe pour écoliers. Assis sur des bancs de fortune, le maire et ses conseillers ne cachent pas leur foi en l’avenir et au développement de leur localité.

« La commune de Mangodara est un fleuron de la province de la Comoé qui ne demande qu’à être soutenue et guidée pour éclore et faire pleinement épanouir ses habitants. Nous disposons d’énormes potentialités non encore explorées par les multiples acteurs de la décentralisation intégrale qui sillonnent le pays », explique M. Ouattara.

Et si Mangodara nous était contée ?

Mangodara a été créée comme poste administratif par un décret du 10 mars 1966. A l’époque, elle comprenait seulement l’unique canton du Bas-Komono et relevait administrativement de la sous-préfecture de Sidéradougou. Mais le poste administratif a effectivement ouvert ses portes le 22 janvier 1971. Trois ans plus tard, il a été érigé en arrondissement par une ordonnance prise le 02 juillet 1974, avant de passer en sous-préfecture par décret du 20 octobre 1982. Mangodara devient un département par l’ordonnance du 15 septembre 1983 avant d’être érigée en commune rurale en la faveur de la communalisation intégrale du territoire burkinabè grâce aux élections d’avril 2006.

Située à l’extrême Sud de Banfora, chef-lieu de la région des Cascades et de la province de la Comoé, la commune rurale de Mangodara est l’un des principaux greniers de la province. Limitée à l’Est par les communes rurales de Loropéni et Djigouè (dans la région du Sud-Ouest), à l’Ouest par la commune urbaine de Niangoloko, au Nord par la commune rurale de Tiéfora et au Sud par la République de Côte d’Ivoire. Mangodara compte au total 35 villages avec 56 000 habitants.

Véritable eldorado pour les exploitants agricoles et éleveurs burkinabè, rares sont les Burkinabè qui ne trouveraient pas un parent dans cette contrée du pays.

Mangodara est une commune rurale très cosmopolite avec les Komono comme autochtones. Ceux-ci seraient venus du village de Mango de la Côte d’Ivoire voisine, raconte-t-on là-bas. En plus des autochtones, on y rencontre les Dogossè, grands producteurs d’ignames et célèbres danseurs de « Koto » (la troupe Koto de Mangodara a déjà été lauréate lors de certaines manifestations culturelles), les Dioula, les Lobi, les Mossi, les Peulh, les Bobo, les Toussian, les Dagara, les Samo ou encore les Marka formant une peuplade qui vit en harmonie dans cette localité.

Certains s’y sont installés pour le commerce, d’autres sont arrivés là, à la recherche de bonnes terres cultivables ou de pâturages pour leurs bétails, si fait que les principales activités des populations à Mangodara sont le commerce, l’agriculture, l’élevage et l’arboriculture.

Mangodara demeure d’ailleurs, une référence dans la production de l’igname et des céréales. En effet, une dizaine de camions (dix tonnes) en moyenne viennent chaque jour pour enlever les ignames pendant les récoltes. Les acheteurs viennent de partout : Banfora, Bobo-Dioulasso, Orodara, Ouagadougou, Mali et même du Niger.

La production annuelle de l’igname dans cette commune est estimée à environ 100.000 tonnes par an.
C’est donc tout naturellement que le petit commerce connaît un boom à l’image des marchés de Mangodara, Madiasso et Torokoro. Ces différents marchés qui ont lieu une fois par semaine, connaissent une grande affluence des habitants venus de la région des Cascades et de la Côte-d’Ivoire voisine à la recherche de l’igname, des céréales, de la volaille et des quadrupèdes.

Bientôt commune urbaine

Le conseil municipal de Mangodara

Le jeune conseil municipal que dirige Adama Ouattara est ambitieux et nourrit plein d’espoir quant à l’avenir de cette entité. Avec un budget estimé à 13,5 millions de F CFA, les défis du développement restent beaucoup à relever. Mangodara, malgré ses potentialités accuse un long retard sur son développement à cause de l’état très défectueux de la route départementale n°30. En plus, le conseil municipal dit connaître d’énormes difficultés pour recouvrer les recettes.

« Jusqu’à présent, nous n’avons pas de carnets de quittances, alors que c’est la période propice pour recouvrer des taxes comme celle de stationnement », confie le maire de la commune, Adama Ouattara.
Dans le domaine de l’éducation, la commune compte 27 écoles primaires dont un Centre d’éducation de base non formelle (CBNEF) et six écoles.... en paillotes. Beaucoup d’entre elles ne disposent même pas de tables-bancs si bien que le seul Collège d’enseignement général (CEG) construit par l’Etat n’accueille que 316 garçons et 146 filles. Même à ce niveau, l’insuffisance des salles de classes est encore à déplorer.

Natif de la région, le ministre du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat, Benoît Ouattara aurait permis d’ouvrir un nouveau chantier pour la construction de trois salles de classes supplémentaires au profit du CEG.

Dans le domaine de la santé, la commune dispose de cinq Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) et d’une seule ambulance pour évacuer les cas graves vers les centres médicaux plus structurés. L’équipe municipale envisage pour ce quinquennat, la construction de trois nouveaux CSPS et souhaite l’érection du CSPS de Mangodara en Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA).

Par ailleurs, le maire dit s’atteler à organiser les commerçants et à rechercher des financements en vue de la construction d’un marché moderne. « Il n’existe ni hôtel, ni auberge à Mangodara », déplore M. Ouattara qui espère que des opérateurs économiques privés ou des partenaires leur permettront de réaliser de telles infrastructures, source de devises pour sa commune.

L’énergie électrique qui peut donner un coup de pouce au développement de la commune est encore au stade de la réflexion.

« L’eau, source de vie » manque à une population qui, paradoxalement reçoit le plus d’eau en saison pluvieuse. « On a soif à Mangodara. Les femmes montent la garde pour avoir un seau d’eau », se lamente un membre du conseil municipal.

“Les forages qui sont en nombre insuffisant, ne fournissent plus assez d’eau durant la saison sèche”, explique-t-il, ajoutant que dès ce mois de mars, les deux châteaux qui alimentent la ville de Mangodara en eau potable sont vides à partir de 9 heures. Améliorer donc l’accès à l’eau potable reste la priorité pour le conseil municipal qui veut installer des forages dans les villages les plus déshérités.

Le cheptel souffre énormément du fait de la rareté du liquide précieux, la construction d’un barrage agropastoral est perçue par les éleveurs comme la fin du calvaire.

Mamadou YERE


Bientôt une route pour Mangodara Un barrage agropastoral en vue

Mangodara va bénéficier de la construction d’une route reliant Mangodara-Banfora-Sindou. Les travaux, dit-on ici, avancent au rythme souhaité par l’entrepreneur. Prévus pour durer de 22 mois, les travaux ont été officiellement lancés le 26 février 2005.

Deux ans après, l’entreprise GCER attributaire du marché n’a toujours pas achevé les travaux du seul tronçon Mangodara-Banfora. « Nous serons enclavés pendant la saison des pluies si l’entreprise observe le même rythme de travail », prévient un habitué des lieux qui se rend, dit-il, à Banfora en moyenne deux fois par semaine.
Les minibus peinent sur cette route. Il leur faut entre 4 et 5 heures pour relier Banfora.

Les usagers, mêmes s’ils apprécient bien les ponts en construction, déplorent les multiples déviations et la grande poussière.

M.Y.


L’eau constitue une véritable préoccupation pour la population et son conseil municipal. Des travaux de construction d’un barrage ont été lancés le 28 mai 2004 par l’ancien ministre des Ressources animales, Alphonse Bonou. Les travaux qui devraient durer 6 mois vont à pas de caméléon.

« L’entreprise (EBCPC), attributaire du marché vient sur le chantier quand elle veut et peut disparaître durant des mois », dénoncent des habitants, de plus en plus irrités par un tel comportement. « A chaque fois, elle évoque des pannes d’engins qui ne finissent jamais », commente un habitant. Nous-mêmes, y avons fait un tour sur le chantier et avons constaté une légère avancée des travaux.

En tous les cas ce jour-là, nous avons trouvé des contremaîtres et autres ouvriers sous des arbres en chômage. Raison avancée : « Nous sommes en panne de carburant depuis le samedi dernier ». (NDLR : nous y étions le 27 février).

M.Y.
AIB/Banfora

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 31 mars 2007 à 20:50, par K. L. M En réponse à : > Mangodara : La capitale de l’igname cherche...vainement sa route

    Décidément, on a l’impression qu’il y a 2 sortes de Burkina. Les régions qui renferment d’énormes potentialités économiques sont délaissées. Par contre, d’autres régions qui n’ont rien comme potentialités se voient dotées d’infrastructures et de projets de développement quand bien même on sait que leiur viabilité et leur rentabilité y sont douteuses. Régionalisme quand tu nous tiens....

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