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Rives du fleuve Comoé : Le désespoir gagne des producteurs

Publié le mercredi 21 mars 2007 à 07h10min

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Les habitants des villages riverains du fleuve Comoé sont réputés dans la production de légumes, de fruits et, tout récemment, dans l’agriculture de contre-saison. Mais depuis une vingtaine de jours, un assèchement inhabituel du cours d’eau plonge ces vaillants producteurs dans un désespoir total.

La quasi-totalité des habitants des deux rives du fleuve Comoé, de Karfiguela à Diarabakoko, est active dans la maraîchéculture et la culture de contre-saison. Avec le soutien du PADL/CLK, ses habitants se spécialisent de plus en plus dans ces domaines. En témoignent leur équipement en motos-pompes et l’encadrement dont ils bénéficient des animateurs du PADL/CLK et ceux de la direction régionale de l’Agriculture. La renommée de la zone a souvent amené le ministre en charge de l’Agriculture, Salif Diallo, à la visiter en compagnie d’importants bailleurs de fonds.

Tengrela, Nekanklou, Tiékouna, Sitiéna, Lèna, Kiribina sont des villages arrosés par la Comoé que nous avons visité le samedi 17 mars 2007 en compagnie des conseillers municipaux de ces localités. Ces élus ont décidé d’oublier un tant soit peu leur appartenance politique pour gérer au mieux le problème d’eau dans le cours d’eau. Leur doigt accusateur indexe la SOSUCO. Pour eux, le géant du sucre banforalais a fermé le passage à l’eau de la Comoé, l’empêchant d’arroser les superficies aménagées. Cette eau qui quitte Karfiguela pour continuer jusque dans la république sœur de Côte d’Ivoire est utilisée aussi bien par la SOSUCO dans l’irrigation des champs de cannes que par les habitants des villages riverains dans leurs activités de jardinage et de culture de contre-saison.

A Sitiéna, les producteurs sont découragés et impuissants devant les planches qui jaunissent sous l’effet de la chaleur et de l’absence d’eau. Certains ont abandonné les motos-pompes, car elles n’aspirent plus que de la boue, pour renouer avec la méthode traditionnelle d’arrosage. Dans les endroits où il y a encore quelques flaques, ce sont les femmes et les enfants qui sont mis à contribution pour transporter l’eau dans des arrosoirs.

Les conséquences du manque d’eau ne se limitent pas à la sécheresse des planches aménagées. Le bétail a du mal à s’abreuver et les poissons dont la population interdit l’exploitation meurent dans l’eau. Certains producteurs évaluent leur investissement à plus de 250 000 F CFA. Cependant, disent-ils, si rien n’est fait d’ici au 21 mars, c’est-à-dire aujourd’hui, ils n’engrangeront pas un centime de leurs efforts, car, à cette date, il fera un mois jour pour jour que les plants ne sont plus arrosés. En attendant, les plus nantis prolongent la tuyauterie jusqu’au marigot de Kiribina pour arroser leur jardin qui se trouve au bord de la Comoé.

Selon les conseillers, le problème a été publiquement posé dans les villages, et suite aux plaintes répétées des villageois, ils ont saisi la préfecture de Banfora qui devait contacter les services compétents en matière d’utilisation d’eau de barrage. A présent, le regard de ces élus et celui de leur population semblent tourner vers le ministre Salif Diallo. Selon eux, c’est Salif Diallo qui les a encouragés dans cette activité. Mais les superficies qu’ils ont labourées ne peuvent pas être ensemencées à cause du manque d’eau.

Nous avons joint la SOSUCO à travers le responsable de l’irrigation pour en savoir davantage. Celui-ci nous dira que la SOSUCO n’a rien changé par rapport à sa pratique habituelle. L’assèchement du fleuve Comoé serait-il un phénomène naturel ? La question reste posée. Le cours du fleuve dans la partie que nous avons visitée semble avoir besoin d’entretien tant il est envahi par des herbes et des arbustes, rétrécissant ainsi sa largeur.

Par Mamoudou TRAORE/Banfora

Le Pays

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