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Insalubrité à Ouahigouya : Cinq milliards pour rendre la ville propre

Publié le vendredi 9 février 2007 à 07h07min

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Dans notre parution du 26 janvier 2007, nous faisions cas de l’insalubrité dans la ville de Ouahigouya. Une situation que les populations ont décriée
et proposé au conseil municipal de Ouahigouya, des solutions adéquates pour y remédier. Du côté des autorités administratives, des dispositions sont prises pour rendre la vie agréable aux populations de Ouahigouya.

L’insalubrité à Ouahigouya préoccupe les autorités concernées par le problème. Que ce soit du côté de la mairie, de l’Etablissement public communal pour le développement (EPCD) ou le responsable de la voirie, les uns et les autres mettent les bouchées doubles pour créer un cadre sain et agréable à vivre dans la cité de Naaba Kango. Pour le maire Abdoulaye Sougouri, le phénomène est réel. Et, il faut le prendre à bras-le-corps.

Toute chose qui le pousse à dévoiler son schéma de bataille tout en précisant son arme contre l’insalubrité : « une ville insalubre est une ville où il ne fait pas bon vivre. Nous allons entreprendre des sensibilisations et des concertations ». La mairie semble maîtriser les causes de l’insalubrité : « les habitants sont à 90% composés d’agriculteurs dont 60% d’éleveurs. Après les récoltes, ils apportent les tiges de mil en vue de faire du fourrage. Or, lorsque ceux-ci sont faits, tous ces tas d’ordures ne sont pas renvoyés systématiquement en brousse mais conservés en ville. Le plus souvent, c’est la voie publique qui est utilisée pour ces besognes » a expliqué Abdoulaye Sougouri. Pour le maire : « il faut reconnaître aussi que Ouahigouya est une vieille ville et là où on rencontre des tas d’ordures, c’est dans les quartiers les plus concentrés ». Il explique cet état de fait par la surpopulation des domiciles familiaux : « dans une concession vous avez plus de 100 à 150, voire 200 personnes à l’intérieur. Les gens sont coincés et tout le monde veut aussi faire l’élevage ». Le constat du maire Abdoulaye Sougouri est sans équivoque :« le long des voies est occupé par des hangars pour stocker des foins, les animaux sont attachés n’importe comment, et des lieux sont transformés en aire d’élevage. Cela n’est pas normal ».

C’est pourquoi, le chef de service de la voirie, Moussa Sawadogo compte commencer par résoudre le problème par la sensibilisation : « c’est un constat que nous avons fait mais nous pensons régler la situation par la sensibilisation pour que les citoyens sachent qu’on ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Quand on veut une ville propre, il faut obligatoirement un changement de mentalité et de comportement ».

Selon un rapport commandité par la cellule d’appui à la gestion communale avec l’appui de l’EPCD de Ouahigouya, relatif au plan stratégique de gestion des ordures ménagères dans la ville, il ressort que la collecte des eaux usées provenant de la lessive, des douches, des cuisines est presqu’inexistante à Ouahigouya. Ces eaux sont généralement déversées dans la rue, un coin de la cour ou dans les caniveaux, a affirmé le directeur de l’EPCD, Moctar Zallé.

Selon ledit rapport, environ 80% des ménages (enquêtes réalisées en mai 2003) se livrent à cette pratique contre 20% qui collectent ces eaux dans un puits perdu. Le rapport poursuit que 62,1% des déchets étaient déversés dans la rue, 24,1 % dans les cours et 4,7% dans les caniveaux. Cette étude indique que 62,1% des ménages enquêtés évacuaient les eaux usées dans les rues, 24,1% dans les cours, 4,3% dans les fosses septiques, 8,3% dans les puisards et 5,1% dans les caniveaux. Les latrines traditionnelles équipaient 31,2% des ménages contre 56,1% de latrines ordinaires.

Prendre le taureau par les cornes malgré le manque de moyens

La mairie de Ouahigouya compte prendre le taureau par les cornes : « après la sensibilisation et la concertation, nous prendrons une série de mesures. Nous n’interdisons pas l’élevage en ville mais, nous ferons en sorte que les éleveurs trouve un lieu aménagé pour leur activité en évitant les rues ; parce que les rues c’est pour tout le monde et tout le monde doit circuler librement sans être inquiété, les éleveurs doivent exercer soit dans leur cour soit en brousse ». Des mesures secondaires suivront la phase de sensibilisation et de concertation.

Les contrevenants s’exposeront à des sanctions : « bientôt des arrêtés et des décisions seront pris pour réglementer les hangars installés anarchiquement sur les voies publiques. Ces hangars doivent disparaître pour permettre une libre circulation. Les tas d’immondices seront enlevés pour les champs ».

Malheureusement, le financement accordé par la coopération Suisse à l’Etablissement public communal pour le développement (EPCD) dans le domaine de l’assainissement tire vers sa fin. « Cela nous handicapera dans nos actions de curage de caniveaux et de ramassage des tas d’ordures ». Le premier responsable de la mairie est : « sûr que si on mène une étude approfondie sur le tonnage d’ordures déversées chaque jour dans les secteurs, il oscillerait entre 40 et 50 tonnes d’ordures. » Le problème est d’autant plus crucial que la mairie manque de matériel roulant : « nous n’avons pas de camions pour ramasser les ordures. Le camion qu’on avait loué pour faire face aux ordures est sur cale et irréparable.

Le problème est très sérieux », explique le maire impuissant. Cependant, l’espoir n’est pas perdu. A en croire les responsables de la mairie de Ouahigouya, le problème trouvera une solution dans les mois à venir : « nous envisageons dans le budget de 2007, l’achat d’un camion benne. Actuellement, nous avons bénéficié d’un tracteur de la coopération Suisse. Dans ces jours-ci, le tracteur circule dans les secteurs pour collecter les tas d’ordures. Nos amis de Chambéry nous ont promis deux camions bennes ».

Du cas des sachets plastiques

Les déchets plastiques sont un véritable casse-tête chinois pour les autorités. Et pour le maire Abdoulaye Sougouri, les sachets plastiques constituent la bête noire de tous les conseils municipaux du Burkina Faso. Malgré les sensibilisations, le phénomène persiste. « Pour venir à bout de cette pollution d’un autre siècle, le conseil municipal a prévu cette année la création d’une brigade verte pour le nettoyage de la ville ».

Pour le directeur régional de l’Environnement et du Cadre de vie du Nord, Amadé Sy Barry, la situation est difficile pour la commune. Selon lui : « il faut obligatoirement réduire l’utilisation des sachets noirs ». A cet effet, la direction régionale de l’Environnement et du Cadre de vie a révélé l’élaboration de projets dans le sens du ramassage des sachets noirs en collaboration avec la mairie. Cependant, pense M. Barry : « le problème pourrait être mieux maîtrisé par l’installation des unités de traitement des sachets ».

En tout état de cause, la mairie de Ouahigouya a de grandes ambitions pour la commune, à entendre le maire : « nous avons un projet d’assainissement qui s’inscrit dans le plan stratégique d’assainissement des eaux et excréta de la ville de Ouahigouya 2007-2020. Le budget minimum pour la mise en œuvre de ce plan est de 5 milliards ». Il est prévu également les bitumages des voies et l’ouverture de certaines routes. Tous ces projets verront le jour en 2007 selon les dires du maire. Et « le plus grand projet sera celui de l’adduction d’eau potable dans la ville de Ouahigouya », a précisé M. Sougouri.

Le paludisme, première affection sanitaire des ménages

Sur le plan sanitaire, la situation n’est pas gaie. Selon toujours l’étude précitée et relative aux données statistiques sanitaires au titre de l’année 2004, collectées auprès des services de la direction régionale de la Santé du Nord, il ressort que le paludisme est la première affection dont souffre les ménages de Ouahigouya avec 38,02% des cas effectivement déclarés auprès des services de santé de la région. Les affections respiratoires concernent 17,19% des cas. Les principales causes sont entre autres les vents de poussière mélangés aux déchets solides légers.

Le troisième groupe d’affections est l’ensemble des autres maladies hydriques (diarrhée, maladies de la peau, les parasitoses intestinales) qui touchent 17,77% des cas de consultation. On remarque qu’une partie de ces maladies ont pour causes l’insuffisance d’un assainissement adéquat. Un autre phénomène qui contribue à rendre la ville de Ouahigouya sale, est la divagation des animaux. Une situation que la mairie résolvera à travers sa police municipale : « en ce qui concerne la divagation des animaux, nous procéderons toujours à la sensibilisation et à la concertation. Ceux qui savent et agissent expressément, nous les considèrerons comme des hors-la-loi et la mairie ne fera pas la promotion de l’impunité, nous allons sévir ».

Avant les sanctions, le maire Abdoulaye Sougouri et le conseil municipal mettront la priorité sur la sensibilisation : « pour le moment, nous allons mettre les comités de développement à contribution. L’équipe de la voirie ira à la rencontre des populations dans le cadre de la sensibilisation et la phase répressive consistera à capturer les animaux et à les mettre en fourrières sous la supervision des policiers municipaux. La ville a des exigences, donc respectons-les », conseille le bourgmestre de Ouahigouya.

Jean-Victor OUEDRAOGO
AIB/Yatenga

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Vos commentaires

  • Le 9 février 2007 à 21:56, par odiard En réponse à : > Insalubrité à Ouahigouya : Cinq milliards pour rendre la ville propre

    merci de vous préocuper de cette ville si riche à mon coeur !
    je suis satisfaite que vous ayez remarqué le problème des sacs plastiques noir !c’est un problème très important,j’ai vu ça se transformer en catastrophe au cameroun où chaque bourasque transportait des centaines de plastiques enduits de divers produits alimentaires ou non... et qui peu à peu se déchiraient,se délabraient mais imposaient toujours une présence très désagréable et non-hygiénique !En europe:tous les sachets sont peu à peu retirés des différents commerces car cette nuisance était devenue une polution mageure ! je vous encourage donc dans votre démarche ! bravo !

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