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Commerçants de poulets à Dédougou : Des poulaillers au tribunal

Publié le lundi 4 décembre 2006 à 06h31min

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La volaille se vend bien. Elle se vend encore mieux pendant les fêtes musulmanes, chrétiennes, ou de fin d’année, et lors des cérémonies ou des funérailles.

Si aujourd’hui le secteur représente une alternative intéressante pour bon nombre de gens sans emploi, force est de constater que le développement de cette activité qui revêt une importance socio- économique indéniable se heurte souvent à l’inorganisation de ses acteurs qui se multiplient au fil du temps. La chaîne de l’exercice de l’activité est longue avec en prime des difficultés qui peuvent souvent conduire ses acteurs devant les juridictions. Reportage de 24 heures d’échanges avec les acteurs du secteur avicole entre caquètements de poules, criaillements de pintades et roucoulements de pigeons.

Dans la cité de Bankuy comme dans d’autres contrées de notre pays, le cheptel avicole occupe une place de choix et constitue une source importante de croissance de l’économie locale et de lutte contre la pauvreté. Des éleveurs aux consommateurs, en passant par les commerçants de volaille, tous s’accordent à reconnaître que l’aviculture est une spéculation très intéressante pour de nombreuses familles. La forte demande de ces oiseaux de la basse-cour et la situation conjoncturelle ont sans doute rendu le commerce de la volaille très florissante à Dédougou et son hinterland. De nos jours plus de 50 personnes réparties en 3 points de vente dans la ville de Dédougou exercent l’activité.

A ceux-ci s’ajoutent les marchands occasionnels et ambulants. Ils sillonnent les marchés des villages à la recherche de gallinacés pour les revendre aux commerçants attitrés. Selon Yacouba Ouédraogo l’activité est très passionnante et ne demande pas beaucoup d’argent pour la démarrer. "Avec 10 000 francs CFA on peut s’acheter quelques poulets pour commencer. Ensuite, en réalisant un bénéfice de 150 ou 200 francs sur chaque poulet, ça vous permet rapidement d’avoir une cage", confie-t-il. Avant d’ajouter qu’avant 2002, ils étaient une quinzaine à s’adonner à la vente de la volaille. Maintenant que le secteur est porteur, ils sont nombreux après les travaux champêtres à exercer le commerce de volaille. Certains travailleurs déflatés ou retraités se sont reconvertis en marchands de volaille.

Cette situation réjouit Désiré Ilboudo, plus connu sous le nom de Sana et qui fait partie des premiers vendeurs de volaille. Ce dernier dit ne pas comprendre qu’on parle du taux élevé de chômage. Pour lui, le secteur informel n’est pas exclusivement réservé au niveau d’instruction. "Tout les diplômés ne peuvent pas rentrer dans la Fonction publique le même jour. En attendant d’y accéder, ces derniers peuvent mener des activités comme le commerce de volaille", explique-t-il. La chaîne de l’exercice de l’activité est longue. Tout part des producteurs grossistes qui se déplacent dans les villes pour vendre leurs productions ou de ceux qui prélèvent un ou deux poulets, pour les vendre et résoudre un problème ponctuel, ceux qui achètent dans les villages pour les revendre aux commerçants attitrés et ces derniers qui vendent aux consommateurs ou aux restaurateurs.

Un agent de la direction provinciale des ressources animales nous a confié qu’un certain nombre de paramètres doivent être pris en compte pour rendre l’activité plus économique. Il s’agit essentiellement de l’étude des marchés, des périodes de vente, de la programmation et de la tenue des comptes d’exploitation. Le constat général qui se dégage, c’est qu’en toute période et surtout pendant les fêtes les volailles font l’objet d’un commerce intense. Mme Foro du restaurant "Le prestige" reconnaît que malgré sa cherté, la volaille est bien prisée par les Dédoulais. Elle vend en moyenne 40 poulets ou pintades par jour ordinaire et plus d’une centaine lors des cérémonies. Pour elle, le poulet est parfois plus cher à Dédougou qu’à Ouaga.

Sana exerce depuis plus de deux décennies. Tout en refusant de se prononcer sur son gain, il relève que l’activité comporte des hauts et des bas. "Bien que notre localité n’ait pas été touchée par la grippe aviaire de l’année dernière, nous avons subi des préjudices de cette maladie. Certains ont abandonné l’activité et d’autres ont failli le faire. Il y a aussi le fait que nous sommes obligés de nourrir ces volailles en attendant leur vente" déclare-t-il avec beaucoup de regret.

Aussi certains d’entre eux ont-ils répondu devant le tribunal pour recel. Là-dessus, Boureima témoigne : "Nous sommes sur place ici à Dédougou. Lorsque quelqu’un vient nous proposer des volailles, nous discutons. Si nos tombons d’accord nous achetons. Nous prenons le soin de connaître l’origine des volailles, mais généralement les gens se présentent à nous comme étant des producteurs ou des revendeurs.

Nous ne pouvons pas jouer au gendarme pour mener des investigations, surtout que les prix proposés reflètent la réalité." Et à Sana de renchérir qu’ils ne sont pas complices des voleurs de volaille. "Lorsque nous doutons, nous refusons d’acheter et nous vendons la mèche aux autorités. Nous payons nos taxes et impôts et nous n’entendons pas nous faire hara-kiri."

Comme toute activité, le commerce de volaille est confronté à des difficultés. Outre le fait que certains font de la rétention pour attendre la période des fêtes, les commerçants de volailles enregistrent souvent une forte mortalité de leurs produits liée à des maladies ou par étouffement lorsque les cages sont pleines et qu’il n’ y a pas de marché. A la place de l’ancienne gare, les prix sont tantôt à la baisse, tantôt à la hausse. En moyenne, ce sont plus de 150 têtes qui sont vendues par jour.

Selon le témoignage des uns et des autres, l’activité nourrit bien son homme mais l’inorganisation des acteurs du secteur fait qu’il y a d’énormes contraintes .La nécessité de mettre une structure en place s’impose donc. La mise en place de cette structure permettra non seulement aux acteurs de défendre leurs intérêts matériels et moraux, mais aussi et surtout de bénéficier des appuis techniques et financiers de certaines structures de développement.

Par Serge COULIBALY

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 6 décembre 2006 à 10:34, par Coralie En réponse à : > Commerçants de poulets à Dédougou : Des poulaillers au tribunal

    "les commerçants de volailles enregistrent souvent une forte mortalité de leurs produits liée à des maladies ou par étouffement lorsque les cages sont pleines "

    Ca s’appelle de la maltraitance animale très grave ! Vous imaginez-vous la souffrance et l’agonie de ces oiseaux ?
    Cela me choque beaucoup de lire ceci. Ces conditions sont inadmissibles.
    Et que l’on soit riche ou pauvre, il y a toujours moyen de manger sans faire souffrir et tuer des animaux, c’est-à-dire de refuser la viande !

  • Le 6 décembre 2006 à 19:20 En réponse à : > Commerçants de poulets à Dédougou : Des poulaillers au tribunal

    Parler de produit alors qu’il sagit d’êtres vivants me choque profondément. L’être humain a décidément laissé sa compassion au placard pour laisser la place au profit. Que ce commerce fasse travailler des gens ne me fait nullement plaisir : Faire de l’argent sur la souffrance et la maltraitance devrait plutôt empêcher ces personnes de dormir. Mais ont ils encore une conscience ? Là est la question !!

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