Quelques temps plus tard, les visages s’illuminent, les agents de la mairie sont à leur poste et les guichets sont ouverts. Le rang commence à avancer et le mercure monte par moment, quand "les choses commencent à traîner devant". Tout allait bien, et l’atmosphère se détendait de plus en plus quand le rang cessa définitivement d’avancer. On s’interrogeait dans le rang quand un des agents chargés de la réception des différents dossiers présenta une affiche sur laquelle l’objet de la rupture était marqué : le nombre de dossiers à déposer était atteint.

150 demandes sont recevables tous les lundis comme prévu par les responsables de la mairie, et pour cause, la demande est trop forte. Baskuy est le plus grand arrondissement de la capitale burkinabè. Cet arrondissement a le plus grand nombre d’habitants. La demande dépasse donc l’offre, et conséquence, de nombreuses pertes de dossiers ont été remarquées de même que des erreurs ont été constatées sur les documents établis. La mairie s’est donné, dans cette logique, une période pour endiguer cette situation.

Les explications des agents n’y feront rien. Les esprits s’échauffent, le ton monte. "Nous sommes là depuis plus de trois semaines, et quand on veut déposer nos papiers, on nous dit de passer plus tard parce que le quota est atteint", fait savoir un des mécontents. "Leur explication tient mais on ne peut pas attendre, ils disent qu’ils prennent 150 personnes mais on nous a attribué des numéros ici. Et nous avons à peine atteint le numéro 130 qu’ils ont arrêté. Il y a problème. Des gens ont donc déposé à notre insu."

Après quelques minutes, les plaignants demanderont à rencontrer le maire de l’arrondissement, Marin Ilboudo, pour lui exprimer leur mécontentement. Ce qui ne tarda pas. Une trentaine de minutes de dialogue. Des propositions. Certains proposent qu’on permette à des habitants de Baskuy d’établir leurs documents dans d’autres arrondissements de la ville. D’autres suggèrent qu’on recrute davantage d’agents. En attendant de remédier à la situation, le maire Marin Ilboudo a autorisé la réception des dossiers de la centaine de plaignants. C’est ainsi que la crise a été résolue, mais ce n’est qu’une solution ponctuelle, quand on sait que les dépôts ont lieu tous les lundis et que "la loi des 150" tient toujours.

Par Alain DABILOUGOU

Le Pays