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Axe Ouaga-Kongoussi : Haro sur les rackets intempestifs des commerçants

Publié le lundi 5 juin 2006 à 07h19min

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Il ne fait pas bon emprunter l’axe Ouaga-Kongoussi quand on est commerçant. La raison de la hantise ? Le poste de douane de Malou où les commerçants sont rackettés même s’ils ont les papiers en règle comme nous l’apprend l’auteur de cet écrit qui stigmatise en même temps la pratique.

Tout commerçant qui emprunte l’axe Ouaga-Kongoussi vit un cauchemar : la douane ! Oui, ce poste de douane installé a Malou (environ 70 km de Ouaga) épouvante les voyageurs et surtout les commerçants ; et pour cause !

A chaque fois, à l’approche de ce poste, les commerçants commencent à rassembler leurs factures et l’argent nécessaire pour implorer l’indulgence de l’agent douanier. Celui-ci, au regard des factures, juge si l’argent versé est suffisant ou pas, c’est-à-dire s’il faut laisser passer le véhicule ou le retenir avec pour prétexte de le fouiller. Et pour la fouille, c’est le chauffeur et son convoyeur qui sont sommés de décharger tout le véhicule. Même s’il n’y a aucune marchandise de fraude, les commerçants sont obligés d’augmenter la mise afin d’échapper à cette corvée. Le chantage marche et aucune somme versée à Malou ne fait l’objet d’un reçu.

Par moments, on se croirait dans une cour royale où l’on s’adresse avec toutes les obséquiosités possibles à un agent de douane (pardon à un chef) assis sur sa chaise dormante, d’un air condescendant et dédaigneux, feignant de ne pas écouter les pauvres commerçants qui implorent grâce. Quel produit de fraude transportent-ils ? L’enveloppe financière qu’ils proposent est maigre. Même pour des produits manufacturés de chez nous, avec ou sans factures, il faut payer quelque chose à la douane. Les quittances, si elles existent, sont jugées non conformes.

Ainsi, des grossistes font entrer des milliers de tonnes de marchandises avec des quittances falsifiées, s’il y en a, et ce sont les petits commerçants qui en font les frais. Comment les commerçants détaillants peuvent-ils avoir des quittances correctes chez des grossistes dont les quittanciers entiers (s’il en existe) sont falsifiés ? Qui doit être sanctionné ? La douane au Burkina est comme la toile d’araignée qui retient les petites mouches et laisse passer les grosses. La douane frontalière laisse passer les grossistes avec des quittanciers falsifiés sinon inexistants, et la douane interne frappe les détaillants pour n’avoir pas pris chez les mêmes grossistes des quittances en bonne et due forme. C’est ainsi que les petits travaillent pour les grands, c’est ainsi que meurent les petits pour que vivent les grands.

Il faudra que toutes les populations de Djibo, de Kongoussi et même de Tèma-Bokin se mobilisent pour que prennent fin ces spoliations. Ne disons surtout pas que c’est l’affaire des commerçants. Si la case de ton voisin brûIe, la tienne aussi est menacée. Et puis, ces commerçants quotidiennement spoliés ne peuvent qu’augmenter le prix de leurs marchandises pour maintenir leurs marges bénéficiaires au détriment des consommateurs ; et qui n’est pas consommateur ? Voici une autre façon d’accentuer la pauvreté, la même qu’on prétend pourtant combattre. Et d’ailleurs la brigade de douane qui envoie des équipes à Malou est basée à Kaya, mais pourquoi ne sévit-elle pas autant sur l’axe Ouaga-Kaya que sur l’axe Ouaga-Kongoussi ? "L’œuf sait où danser", dit le proverbe.

Nous sommes pour la lutte contre les produits de fraude, mais contre les rackets intempestifs des commerçants. Ils contribuent, tout comme les douaniers, au développement du pays. La question mérite d’être posée en Conseil des ministres car nous croyons que le même problème se pose sur les autres axes au Burkina.

Nicolas SAWADOGO B.P. 158 Kongoussi/Bam

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