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Komsilga : Deux villages au bord de l’affrontement

Publié le vendredi 12 mai 2006 à 07h25min

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La tension était vive hier, 11 mai, à Komsilga dans la province du Kadiogo. Un groupe de jeunes en furie a fait une descente sur le marché du village Tiguindalgué, qu’ils ont incendié pour venger leur frère décédé suite à une "bavure policière" consécutive à une bagarre survenue dans un cabaret dudit marché, 17 jours plus tôt. Les forces de sécurité se sont interposées mais le pire est toujours à craindre.

Plus de 95% du marché de Tiguindalgué est parti en fumée. C’est le constat que nous avons fait sur les lieux. Daniel Zoungrana, le responsable dudit marché, apporte la précision suivante : "54 hangars rasés sur la soixantaine qui existait." Quelle est l’origine de cet incendie ? Daniel Zoungrana relate : "Le forfait a été accompli le mardi 9 mai aux environs de minuit par un groupe de 16 jeunes, selon l’un d’entre eux, qui a été appréhendé sur les lieux." Ceux-ci seraient tous des enfants du village de Zinguédessé, situé à 800 m de Tiguindalgué.

Ce que ne dément pas le chef de Zinguédessé qui avoue avoir été informé par les jeunes. "Je les ai priés, en vain, de renoncer à leur acte. J’ai même failli être pris à partie pour avoir tenté de les dissuader." Pour le chef, les jeunes étaient déterminés à en découdre avec leurs voisins de Tiguindalgué qu’ils accusent d’avoir tué leur frère du nom de Thomas Nikiéma, avec la complicité du préfet de Komsilga. Et ce qui devait arriver arriva. Le chef demande que justice soit rendue à Thomas Nikiéma pour éviter les dérives qui se profilent à l’horizon.

Une violente bagarre

Tout a commencé le dimanche 24 avril dernier, jour du marché de Tiguindalgué. Des femmes résidant à Ouagadougou, de retour du village de Lalma, situé à quelques kilomètres de Tiguindalgué, après avoir participé à la cérémonie de baptême de leur père, font escale au marché pour prendre un pot dans un cabaret. La première calebassée qu’elles ont demandée a été une pomme de discorde entre elles et des jeunes de Zinguédessé qui y avaient pris place. Ces derniers auraient adressé de violentes injures aux dames, estimant qu’elles ne devaient pas être servies avant eux. Et la réaction des jeunes qui accompagnaient les dames ne se fera pas attendre. Suivra alors une bagarre sans merci au cours de laquelle les dames et leurs compagnons seront copieusement rossés et dépouillés de sommes d’argent.

Au commissariat de police de Komsilga où les "bagarreurs" de Zinguédessé ont été convoqués par les victimes, deux dont Thomas Nikiéma seront gardés et "torturés" pendant 48 heures, à en croire le délégué du village de Zinguédessé, Marcel Ouédraogo, lui-même convoqué puis relâché. Selon lui, la maltraitance des agents de police qui a conduit à la mort de Thomas Nikiéma "a été voulue par le préfet", qui considérerait les jeunes de Zinguédessé comme n’ayant pas de respect pour lui. Le préfet serait conforté dans cette idée au regard du fait que les jeunes convoqués ont accusé un retard avant d’aller répondre. "Pourtant, les noms mentionnés sur les convocations n’étaient pas précis ", a relevé le délégué pour expliquer ce retard.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la tension est toujours vive. Armés de lances, de fusils artisanaux, de haches, et parés d’amulettes, des jeunes surexcités menacent de commettre un "carnage" si le marché de Tiguindalgué n’était pas supprimé de la carte du département. "Jamais ! Notre marché demeurera", rétorque en choeur la foule qui était aux aguets autour du marché incendié. Si le responsable du marché regrette le fait qu’il y ait eu mort d’homme, et prône le pardon, il voit à travers la tournure des événements, une pure jalousie suscitée par le fait que le marché soit florissant et privilégié.

Malgré la présence de trois équipes des forces de sécurité, un groupe de jeunes persistait à vouloir brûler les quelques hangars restants, sous lesquels des personnes discutaient autour de canaris de dolo et de viande de porc au four. Robert Yanogo, habitant de Tinguindalgué dont la femme a accouché à Zinguédessé, dit ne pas oser y aller savourer sa paternité, car il risque sa vie.

Par Kab’s (Collaborateur)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 12 mai 2006 à 11:41, par mickey En réponse à : > Komsilga : Deux villages au bord de l’affrontement

    C’est triste de constater qu’au 21° siecle des gens continuent de se battre pour des histoires à 10 francs.Le debut de cette histoire est banale comme tout.Rien au monde ne peut expliquer la violence qui sévit dans notre pays pour des règlement de compte.Mème si la justice notemment la police au 1° degré ne semble pas faire son boulot le système judicaire nous donne le droit de poursuivre quiconque devant le juge.
    Je pense sincèrement qu’il faut intégrer dans le système éducatif les règles de savoir vivre, de citoyenneté, de civisme, de respect pour l’autre tout simplement.Pour que demain les plus petits ne suivent pas la dérive des ainés irrespnsables actuels.
    Komsilga c’est mon village.Malgré que je sois en Europe j’ai des projets là bas.Cela m’ecoeure profondement d’apprendre des choses pareils venant de mes "parents".Vivement qu’ils se reconcilient pour chercher ensemble à se developper plutot qu’à se rivaliser.

    • Le 14 mai 2006 à 23:16 En réponse à : > Komsilga : Deux villages au bord de l’affrontement

      Encore la bavure policière qui crée la tension entre deux villages qui vivaient côte à côte sans problème. Malheureusement elle est monaie courante au Burkina où les agents des forces de l’ordre se croient aux dessus des lois. Les policiers doivent être tenus pour responsable de ce qui se passe entre ces deux villages et devraient repondre de leurs actes.

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