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FESPACO : « Il n’est pas question qu’on laisse notre culture entre les mains des autres, qui vont l’exploiter comme ils ont exploité nos ressources » (Pr Fatou Sow Sarr, commissaire CEDEAO)

Publié le lundi 27 février 2023 à 22h43min

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FESPACO : « Il n’est pas question qu’on laisse notre culture entre les mains des autres, qui vont l’exploiter comme ils ont exploité nos ressources » (Pr Fatou Sow Sarr, commissaire CEDEAO)

Présente à Ouagadougou dans le cadre du 28e FESPACO, le commissaire en charge du développement humain et des affaires sociales de la Commission de la CEDEAO, Pr Fatou Sow Sarr, a été reçue en audience, dans la soirée de ce dimanche 26 février 2023 par le ministre des affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, Olivia Rouamba. Au menu, l’actualité culturelle certes, mais également des questions politiques de l’espace communautaire CEDEAO.

La délégation dit être venue pour manifester la solidarité de l’institution communautaire, CEDEAO, au peuple burkinabè et à son gouvernement à cette période de FESPACO. « Cela traduit la résilience du pays qui a su, malgré toutes les difficultés, tenir cette manifestation importante pour l’Afrique ; parce qu’aujourd’hui, le FESPACO n’est plus une propriété du Burkina, il appartient à notre sous-région, il appartient à notre continent. Le FESPACO nous élève au niveau international et permet à l’Afrique d’être à la table des plus grands de ce monde dans le domaine du cinéma », a exprimé Pr Fatou Sow Sarr à sa sortie d’audience.

De l’avis de l’hôte, le cinéma, la culture d’une manière générale, est importante dans la marche du monde. « L’Afrique est l’avenir du monde, c’est l’Afrique qui doit définir le futur de la culture. Pour cela, nous attachons une importance capitale au FESPACO pour qu’il continue à exister et pour qu’il aille encore plus et beaucoup plus haut. Le FESPACO aidera nos pays à avoir la place qui leur revient sur la scène internationale ; parce que d’abord, c’est une question économique, mais en même temps une question politique. (…). Il n’est pas question qu’on laisse notre culture entre les mains des autres, qui vont l’exploiter comme ils ont exploité nos ressources. La culture est aujourd’hui un bien économique. C’est ce que le Burkina est en train de faire. Le Burkina est un pays qui nous est tous cher dans cette sous-région ; parce que Thomas Sankara, comme Kwamé Nkrumah, Cheick Anta Diop, continuent aujourd’hui d’être la boussole pour notre jeunesse. Pour cela, ce que le Burkina a produit nous appartient tous », a brandi le commissaire en charge du développement humain et des affaires sociales de la Commission de la CEDEAO.

« Il faut que nous ayons une communauté forte »

Pr Fatou Sow Sarr qualifie donc cette présence à Ouagadougou d’obligation, car convaincue que l’intégration doit être une réalité dans la sous-région. « Nous n’avons pas de choix que d’être unis, pour pouvoir vaincre les difficultés qui vont se présenter à nous. Nous avons un même destin, nous sommes une communauté de destin et la CEDAO travaille à cela. Ce qui touche un de nos pays membres ébranle l’ensemble des autres pays », déclare-t-elle.

Réagissant à une question sur les sanctions de la CEDEAO contre les dirigeants de la transition, elle a expliqué qu’elles procèdent des décisions de la Conférence des Chefs d’Etat, qui répond à une logique à son niveau. « Mais nous, pour le mandat que nous avons, c’est de nous activer dans le champ du développement, et c’est ce que nous faisons, par des bourses que nous octroyons, des appuis en cas de situations de catastrophe, les soutiens humanitaires, etc. », évoque le commissaire Fatou Sow Sarr, avant de confier qu’à son arrivée en août, le premier acte qu’elle a signé, a consisté en une aide financière à l’éducation au Burkina Faso.

Le chef de délégation dit avoir également échangé avec le ministre en charge de la famille sur des sujets liés à la cellule familiale. « Aujourd’hui, le problème de notre sous-région, c’est celui de la jeunesse. Or, la jeunesse, c’est d’abord la famille », pose-t-elle avant de relever la nécessité de travailler à recoudre les familles et à assurer la cohésion au sein d’elles, de sorte à donner de l’espoir à la jeunesse qu’il y a un avenir meilleur. « Nous avons les ressources, nous avons les compétences, il nous reste à faire un petit effort pour comprendre tout cela, pour l’internaliser et travailler de manière intelligente sur nos relations avec l’extérieur. Pour pouvoir le faire, il faut que nous ayons une communauté forte », étale Pr Sow Sarr, pour qui, il faut se battre, chacun, à l’intérieur de son propre espace pour cette vision commune. Mais c’est en se donnant la main, en se serrant les coudes, que cet objectif sera atteint, convainc Pr Fatou Sow Sarr.

Tout n’est donc pas peint en noir quand on évoque la question CEDEAO

Pour le ministre des affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, Olivia Rouamba, cette démarche « vient du coup rassurer » non seulement les populations burkinabè, mais aussi les autorités dans ce contexte de l’élargissement des sanctions de la CEDEAO contre les trois pays (Burkina, Guinée, Mali). « Cette présence rassure à plus d’un titre ; quand vous entendez le discours que madame le commissaire a tenu, qui est qu’elle va transmettre fidèlement le plaidoyer qui a été fait lors de nos échanges, et qui vise à rassurer nos peuples et à mettre en exergue l’aspect CEDEAO des peuples que l’aspect sanctions. Et elle l’a si bien relevé, c’est la Conférence des chefs d’Etat qui a justement pris cette décision de renforcement des sanctions. Encore qu’à ce niveau (et c’est une analyse que je mène de façon objective), elle ne fait pas l’unanimité », accueille le ministre Rouamba.

Elle apprend également qu’au cours des échanges, il a été question de LGBT, qui, de son avis, tend à brader les valeurs culturelles, « alors que la culture, c’est tout ce qui doit nous rester, même quand on a tout perdu ».

Elle loue aussi les échanges sur la question de la famille et des femmes qui, selon elle, constitue un pan très important au Burkina, surtout dans ce contexte sécuritaire difficile. « Je profite adresser des mots de remerciements …, parce qu’on a reçu une note du président de la Commission de la CEDEAO, qui a répondu favorablement à une requête qu’on avait envoyée et qui demandait un soutien pour les personnes déplacées internes (soutien humanitaire, sécuritaire…) », informe le ministre Olivia Rouamba, faisant observer que tout n’est donc pas peint en noir quand on évoque la question CEDEAO.

O. L
Lefaso.net

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