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<I>Une lettre pour Laye</I> : une base militaire américaine dans le Sahel burkinabè ?

Publié le vendredi 20 janvier 2006 à 08h24min

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Cher Wambi,

A quelque deux mois des municipales 2006, tant dans les différents états-majors des partis politiques qu’à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et dans ses démembrements, on s’affaire pour la validation des listes à travers les villes et les campagnes. Une opération qui réserve, naturellement, des fortunes diverses aux prétendants à la gestion des collectivités locales.

Mais ce qui retient surtout l’attention, cher cousin, ce sont les démissions en cascades qu’enregistrent certaines formations politiques, et pas des moindres, du fait du refus de la base de subir le sommet. Après le séisme intervenu la semaine dernière au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), section du Houet, qui a entraîné le départ du maire Célestin B. Koussoubé et ses disciples pour l’ADF/RDA, hier c’était le tour des conseillers de la section de Diébougou de se rebeller, exigeant la radiation des listes du nom du maire.

N’ayant pas obtenu gain de cause, quatorze d’entre eux auraient rendu le tablier, non sans manifester bruyamment. La Compagnie républicaine de sécurité (CRS) y aurait fait un tour, question de calmer les esprits. C’est te dire, cher cousin, qu’avant les joutes du 12 mars tant attendu, bien de militants du même parti vont se tutoyer.


En attendant, rendez-vous ce week-end dans la cité des "Cailloux blancs", bien entendu Koupèla, où la communauté catholique t’invite à la célébration du triple jubilé d’or de l’archidiocèse, de Mgr Dieudonné Yougbaré, du jumelage entre les deux diocèses de Lyon et de Koupèla les samedi 21 et dimanche 22 janvier.

Afin de te situer sur l’importance de l’événement, je me dois de te rappeler que c’est cette même ville de Koupèla qui a reçu les premiers missionnaires au Moogo. Autrement dit, cher cousin, c’est le berceau de l’Eglise-Famille du Burkina Faso, où d’ailleurs fut célébré en l’an 2000 le centenaire de l’évangélisation dans notre pays.

En bordure de ces "cailloux blancs" se trouve encore planté un vieux baobab comme témoignage vivant. Ce baobab, tu le devines, n’est autre que Mgr Dieudonné Yougbaré, premier autochtone de toute l’Afrique de l’Ouest à être promu évêque "résidentiel" par le Pape Pie XII le 29 février 1956. Il sera ordonné le 08 juillet à Ouagadougou par le Cardinal Gerlier, primat des Gaules, et intronisé à Koupèla le 11 juillet de la même année.

Depuis juin 1995, il est évêque émérite avec résidence à la maison diocésaine de Bagré, à quelque 90 km de Koupèla. Tu l’auras compris, cher cousin, Mgr Yougbaré qui sera célébré ce week-end est à la retraite, puisque âgé de 89 ans, né en effet le 16 février 1917 qu’il est. C’est ce patriarche qui a tissé les liens de mariage entre les diocèses de Koupèla et Lyon il y a cinquante ans. Pour la suite de l’histoire, rends-toi donc ce week-end dans la capitale du Kourittenga et tu seras édifié. Point de soucis à te faire, car des "goyaks chauds" et des "poulets mademoiselles", on t’en servira à satiété.


Sinon, fais un détour à Simonville où ce dimanche 22 janvier également, l’Eglise des Assemblées de Dieu (AD) du Burkina fête les 45 ans de ministère de son président, le pasteur Pawendtaoré Ouédraogo, qui procédera à une semi-retraite. A l’occasion, un culte d’action de grâce sera dit à partir de 15H00 en l’église de la zone I. Tu pourra y inviter ton neveu Marc, le "merca" de Laye. Comme tu le vois donc cher Wambi, dans cette Eglise comme dans l’autre, ce sont deux précurseurs qui se mettent ainsi en réserve de la République du Bon Dieu.


A tort ou à raison, cher cousin, l’on pense que le Burkina est sous-représenté dans les institutions internationales, alors qu’en général nous cotisons bien. Et même que pour certains, nous nous torpillons mutuellement, ou nous passons le temps à nous glisser des peaux de banane. Mais qu’en est-il exactement ? Un document que j’ai vu circuler, en provenance de New York, me convainc du contraire.

J’y ai lu, en effet, que selon le dernier classement mondial des pays, effectué par les instances des Nations unies, en fonction des postes occupées par leurs ressortissants au niveau de représentant et représentant adjoint du PNUD, les Burkinabè ont littéralement fait main basse sur l’organisation. Ainsi au 1er janvier 2006, les Burkinabè ont 5 postes de représentant du PNUD (Gabon, Madagascar, Guinée-Bissau, Ouganda et Togo).

Avec ces 5 postes, le Burkina est au 5e rang ex æquo avec la Grande-Bretagne, derrière le Canada (12 postes), les Etats-Unis (8 postes), la France (7 postes) et l’Italie (7 postes). Le Burkina est aussi le pays africain et même le pays du tiers monde à avoir le plus grand nombre de représentants au PNUD.

La situation est encore plus intéressante au niveau des postes de représentants adjoins (les futurs représentants) puisque les Burkinabè occupent aujourd’hui 6 de ces postes (Guinée, Mauritanie, Haïti, Laos, Mozambique et Tchad). Ce qui place le Burkina au 3e rang mondial ex æquo avec les Etats-Unis, dernière le Japon (11 postes) et la France (7 postes).

Visiblement, cher cousin, notre Diabré national n’y est pas allé de main morte. En tant qu’Administrateur associé du PNUD, ce serait lui qui préside le comité de nominations. Comme dit le proverbe, quand ta mère est de cuisine, la viande ne manque pas dans ta sauce. Mais osons espérer maintenant que certains ne profiteront pas de son départ pour réduire notre influence !


Bonne nouvelle encore des Etats Unis, cher Wambi, avant de t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante. Il me revient en effet, que notre ancien ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Mahamoudou Ouédraogo, qui y séjourne depuis le 02 janvier dernier pour raison de santé, est en train de récupérer convenablement. Très bientôt il ira se reposer en France, avant son retour parmi nous vers la mi-février.


Et maintenant :

- Au nombre des illustres invités à l’investiture de Blaise Comparoé le 20 décembre dans la salle des banquets de Ouaga 2000, la nouvelle présidente élue du Liberia, Ellen John-Sirleaf, siégeait aux premières loges. Très émue fut-elle ce jour, par la prestation de ses sœurs burkinabè, et elle ne s’en était pas cachée. Et Blaise le lui avait promis : à votre investiture, je viendrai avec un bon contingent.

Effectivement, à ce qu’on dit, le 16 janvier dernier, le président du Faso a affrété le Fokker F.28 d’Air Burkina pour amener une soixantaine de femmes à Monrovia à l’investiture de son homologue. Mme Sirleaf aurait été ravie de voir effectivement dans la salle des fêtes une multitude de consœurs en Faso Dan Fani, coiffées de notre légendaire "luiili peendé" noyant l’assemblée des invitées par leurs acclamations et autres youyous. En tout cas, les "chauffeuses de salles" de Simonville ont bien rempli leur contrat.


- La rumeur se fait de plus en plus persistante, le Sahel burkinabè accueillerait dans les prochains jours une base militaire américaine. Les "boys" à Dori ? D’aucuns susurrent que c’est pour couper la route au Groupe salafiste pour le combat (GSPC) qui écume depuis un certain temps l’Algérie et les pays du Sahel. La présence militaire américaine au Faso, dit-on, s’expliquerait par le combat que Bush et les siens entendent mener contre le terrorisme. Mais ils sont nombreux aussi qui se convainquent que quand les Américains sont quelque part, le pétrole n’est pas loin.

Notre sous-sol du Sahel nous cacherait-il alors quelque chose ? Ce qui est sûr, d’ici 2015, 20% des besoins énergétiques des Etats-Unis devraient être satisfaits grâce à l’or noir du Golf de Guinée. C’est pourquoi cette sécurisation à outrance et cette accélération des prospections. So, welcome yankees !


- Deux institutions financières de la place, la Bank of Africa (BOA) et la Financière du Burkina (FIB), ont assigné la Société de promotion des filières agricoles (SOPROFA) et la société de décorticage de graines (SODEGRAIN) en justice. Ces deux institutions financières, représentées par Me Traoré/Barro Fatoumata, avocat à la Cour à Bobo-Dioulasso, demandent la liquidation des biens des deux entreprises, et pour cause : les deux sociétés sont poursuivies par la BOA et la FIB pour des dettes cumulées s’élevant à un total d’un milliard deux cent cinq millions sept cent soixante-dix-neuf mille quatre cent cinquante (1 205 779 450) F CFA.

Elles ont la même adresse et sont administrées par le même « staff » technique avec pour directeur général M. Abdoulaye Kagnassi. Les dettes contractées tant par SOPROFA que par SODEGRAIN ont été cautionnées par l’Aiglon Holding S.A. et sa filiale l’Aiglon S.A. Il est également reproché au responsable des deux entreprises de poser quotidiennement des actes tendant à alourdir leur passif au détriment des créanciers. Des prêts auraient par exemple été contractés auprès d’autres établissements financiers et ce, malgré un passif déjà considérable.

De plus, relèvent les requérants, l’immeuble construit sur un terrain d’une superficie de 6000 m2 ainsi que les équipements de l’usine SONACOR Matourkou font l’objet d’hypothèques successives pour des prêts dont les destinations sont inconnues. Toutes choses mettant dangereusement en péril les intérêts des créanciers, qui attendent depuis maintenant 3 ans d’être payés. D’où l’assignation de SOPROFA/SODEGRAIN devant le tribunal de grande instance de Bobo, siégeant en matière commerciale, pour solliciter la liquidation des biens des deux sociétés ainsi que l’exécution provisoire du jugement qui sera rendu. L’audience prévue pour le 28 décembre 2005 a été reportée au 26 janvier 2006, c’est-à-dire à jeudi prochain au tribunal de grande instance de Bobo.


- Début d’année, présentation de vœux aux parents, amis, collaborateurs et connaissances. L’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS) y sacrifiera, elle aussi, en conviant la presse nationale et internationale ce samedi 21 janvier 2006 à partir de 16h, pour écouter son président, Me Bénéwendé Stanislas Sankara. Lieu : cité 1200 Logements, villa 214, juste derrière le siège du parti.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 22 janvier 2006 à 15:57, par Nogo En réponse à : > <I>Une lettre pour Laye</I> : une base militaire américaine dans le Sahel burkinabè ?

    Une base militaire américaine ? Je ne comprends pas : comment peut-on acceuillr une telle nouvelle avec une telle désinvolture si tant est que c’est vrai. Et que fait on de notre souveraineté nationale ? Pendant qu’on est fier de ne pas abriter des "akuedos" sur notre sol, comment peut accepter des "guantanamos". Et d’ailleurs comment une telle décision peut elle être prise sans consultation du parlement ou sans débat public ? J’espère que c’est au mieux une rumeur et tout au pire des manoeuvres conjointes entre les US et e Burkina, sinon si c’est une vraie base militaire c’est plus que scandaleux.

    Dans tous les cas, qu’un journaliste accueille cette nouvelle avec des "welcome yankees" ridicules et sans analyses traduit la déconnexion de nos hommes de medias avec les enjeux désormais planétaires de la géostratégie et de la géopolitique, et le manque de ne serait-ce qu’un simple brin de conscience nationale.

  • Le 25 janvier 2006 à 15:40 En réponse à : > <I>Une lettre pour Laye</I> : une base militaire américaine dans le Sahel burkinabè ?

    Merci,mais de toute les facon nous n’avons pas peur des militaires americains qu’ils soient les bienvenus sinon si ca chauffe on se gifle bien au desert labas

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