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Projet de développement des ressources agro-pastorales du Namentenga : Les populations satisfaites

Publié le lundi 5 décembre 2005 à 07h28min

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La province du Namentenga fait partie des provinces les moins « nanties ». Cette situation a amené le PNUD et le Fonds d’équipement des Nations unies à porter leur choix sur la province pour y mener des actions de développement depuis le début des années 1990.

De nombreux projets dont le Projet de développement des ressources agro-pastorales du Namentenga (PAPNA) verront le jour. Démarré en juillet 2000, le projet y a fait de nombreuses réalisations, malheureusement peu connues du public, au profit des populations. Des journalistes ont été découvrir du 22 au 25 novembre 2005, toutes ces actions.

L’histoire du Projet de développement des ressources agro-pastorales du Namentanga (PAPNA) commence en 1990. C’est au début de cette année que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Fonds d’équipement des Nations unies (FENU) décident de retenir cette localité comme zone de concentration de leurs interventions. Ce choix s’expliquait à l’époque non seulement par la faiblesse des actions mais aussi par le faible niveau de développement de la zone par rapport aux autres provinces du pays. Ainsi, d’ambitieux programmes de développement furent conçus afin de permettre aux populations d’améliorer leurs conditions de vie.

Le Projet d’actions de production et d’accompagnement du Namentanga (PAPANAM) vit le jour. Il sera exécuté de 1994 à 2000 avec pour objectif la sécurisation de l’activité agricole par la maîtrise de l’eau et l’augmentation de la productivité agricole, l’amélioration de l’approvisionnement et l’alimentation des populations en céréales de base et la promotion de l’auto-développement.

Les interventions du projet concerneront les quatre départements au Sud de la province que sont Boulsa, Dargo, Zéguédéguin et Boulsa, zone à vocation agricole. Entre autres réalisations, on retiendra la construction de trois barrages avec l’aménagement de 48 ha de leurs avals et 13 ha de bas-fond, 25 ha de périmètres maraîchers, 2 696 ha de sites anti érosifs, la réalisation de 10 forages, la construction de 18 banques de céréales et de 17 centres de formation.

Viendra ensuite le projet de la construction de la route Boulsa-Tougouri qui s’exécuta de 1998 à 2000 avec pour ambition le désenclavement de la zone Nord de la province, la contribution à l’autosuffisance alimentaire, à l’amélioration des revenus et du niveau de vie des producteurs et de leurs familles. Le Sud et le Nord seront ainsi reliés par la construction de 81 km de route et par la même occasion la réalisation de deux barrages à Belga et à Niounougou sur l’axe Boulsa-Tougouri.

Le dernier-né de l’ambitieux programme n’est autre que le Projet de développement des ressources agro-pastorales du Namentenga (PAPNA). Il se présente comme un complément aux autres projets. Le principal bailleurs de fonds reste le Fonds d’équipement des Nations unies (FENU) soutenu par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Aujourd’hui, le gouvernement et les deux structures des Nations unies estiment qu’il faut y associer d’autres partenaires. C’est ainsi que le Fonds belge de survie (FBS) intervient dans le projet.

Démarré donc en juillet 2000 avec la gestion du terroir comme approche d’intervention, le projet a réorienté en début 2002 sa démarche pour adopter une nouvelle approche d’intervention : le développement local. Cette approche a pour caractéristique principale, la responsabilisation entière des populations bénéficiaires dans la mise en oeuvre du projet : l’identification des actions à entreprendre, l’élaboration des plans de développement...

Avec l’appui de l’équipe du projet, les populations ont mis en place des structures de gestion comme les commissions communales de gestion (CCG), les commissions inter-villageoises de gestion des terroirs (CIVGT) et des outils et instruments divers pour mieux jouer leur rôle de maître d’ouvrage. « Jusqu’à ce jour, les nombreuses actions menées sur le terrain par le projet restent peu connues du grand public.

C’est pourquoi nous avons initié cette sortie sur le terrain au profit des journalistes afin que les expériences que nous avons capitalisées et les résultats obtenus puissent être partagés... », confie le coordonnateur national du projet, Alexis Komboudry.

Quatre principaux bénéficiaires

Le projet a concentré essentiellement ses interventions dans les quatre départements du Nord que sont Tougouri, Yalgo, Bouroum et Nagbingou, les départements du Sud ayant déjà bénéficié des interventions des autres projets. Les populations bénéficiaires de cette zone sont estimées à 111 870 personnes réparties dans 41 villages, soit 41,5 % de la population totale de la province. Le village de Belga dans le département de Boulsa est bénéficiaire à titre exceptionnel des interventions du projet à travers la réhabilitation du barrage routier dudit village et l’aménagement de son aval.

Plus de 800 millions de francs CFA ont été injectés dans les nombreuses réalisations. En terme de réalisations physiques, on retient entre autres la construction de 8 postes de santé primaire, d’une salle d’hospitalisation, d’une morgue, d’un hangar de pesée et de causerie, d’un centre de lecture, de 8 centres de formation professionnelle des producteurs, d’un logement de maître, de 6 forages et la réhabilitation de 7 autres, la réalisation de 6 puits, la réhabilitation de 2 barrages routiers, la réalisation de 400 fosses fumières et de 105 sites anti érosifs, la construction de 2 banques de céréales, l’acquisition de 2 fours et d’une décortiqueuse pour les femmes.

En matière de formation, plus 2300 personnes ont reçu des connaissances dans divers domaines. Ainsi décentralisation et développement local, planification locale, nature et mode de gestion du fonds de développement local, passation des marchés, notions de base en génie civil, gestion financière, maîtrise d’ouvrage local, suivi-évaluation participatif, alphabétisation, recherche de financement... ont été les différents thèmes de formation.

Le financement de toutes ces réalisations est assuré certes pour une grande part par le PAPNA mais les populations bénéficiaires contribuent elles aussi financièrement ou physiquement à leur concrétisation. Et les résultats dépendent en grande partie de la performance des structures locales de gestion que sont les CCG et ou les CIVGT. C’est pourquoi une évaluation annuelle de cette performance, afin de mieux cerner le dynamisme des acteurs locaux, l’état de la gouvernance locale et de créer une certaine émulation en récompensant les plus entreprenants a été instituée.

C’est une auto-évaluation faite par les CCG et les CIVGT elles-mêmes en assemblée générale sous le contrôle du comité technique de suivi avec l’appui technique du PAPNA. Les résultats de cette évaluation sont soumis aux Comités d’affectation des fonds (CAF) pour appréciation. La CAF détermine alors le montant à allouer à chaque CIVGT ou CCG pour le financement de ses investissements de l’année à venir dans le cadre du Fonds de développement local (FDL).

Le montant à allouer peut varier en fonction des performances de chaque structure dont l’évaluation se fait à travers huit critères identifiés pour garantir une appréciation assez objective. Une note est attribuée à chaque critère et la somme des notes obtenues indique s’il faut diminuer ou augmenter l’appui du PAPNA à la CIVGT ou à la CCG et dans quelle proportion.

L’auto évaluation pour cerner le dynamisme des CUVGT

A Yalgo, Retkoulga et Niounougou, nous avons assisté à ces séances d’évaluation des performances. Parmi ces trois localités, Retkoulga et Niounougou enregistrent des performances leur donnant droit à une augmentation du montant à leur allouer respectivement de +15% et =7%.

Mais aucune des trois localités n’a respecté le critère relatif au pourcentage (10%) de la dotation annuelle consacrée directement aux projets d’un intérêt certain pour les femmes. Une situation qu’Adama Kafando, trésorière adjointe du CIVGT de Retkoulga n’a pas hésité à dénoncer et à mettre en garde les hommes. « Les femmes sont les premières à s’acquitter de leurs cotisations. Elles contribuent beaucoup plus au fonds de développement local que les hommes dont certains ne versent même pas leur quote-part.

Mais lorsqu’il s’agit d’affecter les 10 % du montant alloué aux projets des femmes, les hommes ne veulent pas en entendre parler. Nous n’allons plus tolérer cet état de fait... », a-t-il prévenu. Tenez ! Sur 25 millions de francs CFA d’allocation pour leur Programme annuel d’investissement (PAI), les hommes n’ont pas été capables d’affecter 10% de ce montant aux femmes. Ils se justifient par le fait que les femmes voulaient utiliser la somme pour des prêts consacrés à des activités rémunératrices et à de l’embouche, activités non prescrites.

Mais Adama Kafando soutient qu’il n’y a pas que cela seulement. « Sur près de 400 fosses fumières réalisées, les hommes pouvaient affecter, ne serait-ce qu’une petite partie de ces fosses fumières aux femmes mais ils ne l’ont pas fait. Les femmes ont elles aussi bien besoin de fosses fumières... », affirme-t-elle.

Le projet prend fin en décembre 2006. Le coordonnateur national estime que les acquis ne sont pas négligeables. Les bénéficiaires pour leur part ne manquent pas de mots pour exprimer leur satisfaction. Fatoumata Sawadogo de Niounougou et Mariam Ouédraogo de Yalgo affirment que le PAPNA a contribué à l’amélioration de leurs conditions de vie par la réalisation de nombreuses infrastructures socio-économiques. « Le projet prend fin en 2006 certes, mais nous avons reçu diverses formations qui vont nous permettre de nous prendre en charge... », soutient Sibiri Damiba de Niounougou.

Etienne NASSA (Paratena@yahoo.fr)


Les critères d’évaluation des performances

- Le respect des délais (au plus tard le 30 novembre) pour la préparation des Programmes pluriannuels d’investissement (PPI) et Plans Annuels d’Investissement (PAI)

- L’exécution des PAI et du budget dans les délais convenus

- La qualité technique des investissements

- Le pourcentage de projets exécutés selon les procédures convenues d’avance (en particulier par rapport aux contributions des bénéficiaires)

- Le pourcentage de la dotation annuelle consacrée directement aux projets qui s’occupent des problèmes des femmes

- Le taux de collecte des taxes locales (pour la CR) au taux de cotisation (pour la CIVGT)

- La régularité dans la tenue des sessions de la CCG ou des assemblées générales de la CIVGT

- La transparence et publication des conclusions des séances de la CCG ou des réunions de la CIVGT

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