LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Burkina : MPSR et chers juristes, l’essentiel est maintenant ailleurs !

Publié le mercredi 16 février 2022 à 23h37min

PARTAGER :                          
Burkina : MPSR et chers juristes, l’essentiel est maintenant ailleurs !

Avant tout propos, je tiens à m’incliner devant la mémoire des victimes du terrorisme au Burkina Faso et ailleurs. J’ai une forte pensée pour nos compatriotes communément appelés « PDI ». Je leur souhaite beaucoup de courage dans cette épreuve innommable qui défie l’Humanité. Gardez espoir car nous sommes cette contrée qui va rester DÉBOUT. Que cette crise sécuritaire soit une opportunité pour CONSTRUIRE ENSEMBLE UN FASO NOUVEAU.

Juriste ?

Non mais non ! Je ne suis pas un juriste. Dans le cadre de ma formation universitaire, j’ai suivi quelques 30 heures de cours d’introduction au Droit et pas plus en matière de Droit constitutionnel. Autant dire que je ne suis absolument pas un juriste. Toutefois, dans le cadre de la polémique impliquant le Conseil constitutionnel, je suis un citoyen ayant un avis parsemé de questions. J’espère qu’elles trouveront des réponses d’éminents experts comme Abdoulaye SOMA.

Coup d’Etat ?

Oui. Bien sûr que oui ! Par principe, et même par conviction, je suis contre le coup d’Etat. Je souffre quand il est souhaité et applaudi. Je souffre encore plus quand il survient et que d’aucuns le qualifient de salvateur. En effet, à priori, on n’en sait rien. Par contre, je sais passer à autre chose en l’espérant salvateur.

Le Burkina Faso a connu le 24 janvier 2022 l’épilogue d’un coup d’Etat. Une lettre de démission du Président déchu a été publiée. Puisqu’elle a été rédigée dans un contexte inapproprié et adressée à « Monsieur Le Président » du MPSR, j’estime qu’il n’y a pas encore de démission. Cela va de soi, le MPRS n’étant pas une institution du Faso. Bref ! Il y a eu un coup d’Etat en bonne et due forme au Burkina Faso. C’est illégal mais c’est une réalité incontestable.

J’ai vu/entendu ZÉRO Burkinabè manifester contre ce coup d’Etat. Je constate dès lors une légitimité populaire. J’ai vu/entendu presque tout le monde prendre acte et circuler. Moi aussi, j’ai pris acte et j’ai circulé. Je n’ai pas vu/entendu nos juristes – au nom de notre Constitution – dénoncer le coup d’Etat où souligner le caractère problématique de la démission du Président Kaboré. Encore faut-il être capable de tout voir/entendre. Je n’ai pas encore ce pouvoir !

L’Acte fondamental du MPSR ?

Et oui, il y a eu un Acte ! Il date du 29 janvier. Au moins trois éléments anticonstitutionnels auraient dû retenir l’attention de nos éminents juristes : l’Acte de manière globale ; la disposition établissant le Président du MPSR comme Président du Faso (Article 28) ; la suprématie de l’Acte sur notre Constitution (Article 36). Ainsi donc, depuis le 29 janvier, notre Constitution existe si et seulement si elle n’est pas contraire à l’Acte. Autant dire qu’elle n’existe plus.

Surtout, depuis cette date, le Président du MPSR est le Président du Faso. Je n’ai pas vu/entendu nos juristes – au nom de notre Constitution – dénoncer l’Acte. Celui-ci est pourtant illégal mais c’est une réalité incontestable. J’ai vu/entendu ZÉRO Burkinabè manifester contre cet Acte. Je constate ainsi une légitimité populaire. J’ai vu/entendu tout le monde prendre acte et circuler. Moi aussi, j’ai pris acte et j’ai circulé. Encore faut-il être capable de tout voir/entendre. Je n’ai pas encore ce pouvoir !

Le Conseil constitutionnel ?

Oui, oui et depuis le 8 février. D’ailleurs, les fameux « sages » étaient où ? Sagement, dans une gendarmerie aussi ? Notre Conseil constitutionnel est entré dans le processus. Auto-saine ou pas ? En tout cas, je n’y suis pour rien. Il a constaté la vacance de la présidence du Faso et établi le Président du MPSR comme Président du Faso. Ainsi, Président du MPSR doit prêter serment.

Cela est d’ailleurs bizarre puisque l’Acte l’établit déjà comme Président du Faso. Le Président du Faso va prêter serment pour être le Président du Faso ? C’est compliqué tout ça. Passons ! Des juristes, et pas des moindres, crient au scandale. Enfin, ils se réveillent. Pourquoi maintenant ? Dieu seul sait ! Il me semble qu’ils se réveillent bien très/trop tard. Leurs arguments sont fondés sur les dispositions d’une Constitution qui n’existe que si elle est en accord avec l’Acte.

Aujourd’hui, l’Acte est le grand patron et il dit que le Président du MPSR est le Président du Faso. Il me semble alors que le Conseil constitutionnel ne fait que s’inscrire dans une dynamique au regard de différentes réalités acceptées et légitimées successivement par TOUS : le coup d’Etat et l’Acte. Au final, le MPSR a juste bien ficelé son coup (d’état) et les juristes sont en retard. Le train est déjà parti. Les dénonciations tardives m’apparaissent inutiles. L’essentiel est sans doute ailleurs.

L’essentiel : la victoire contre le terrorisme ?

Oui et plus de 20 millions de fois ! Aujourd’hui, le Burkina Faso a surtout soif de sécurité. Le MPSR ne doit absolument pas se tromper de combat. Il me semble qu’il passe beaucoup de temps à ne pas assumer le coup d’Etat en travaillant à se légitimer. En témoigne l’histoire du Conseil constitutionnel. C’est une perte de temps. Aucun maquillage ne pourra embellir le coup d’Etat du MPSR.

C’est une réalité qui fait UN avec le MPSR pour toujours. Les Burkinabè, m’apparait-il, n’ont pas besoin d’un Président du Faso qui l’est parce qu’il a prêté serment. Ils ont besoin de femmes et d’hommes capables de nous conduire à la victoire contre le terrorisme. Pour l’instant, le MPSR donne l’impression de vouloir asseoir un pouvoir, le sien, et il risquerait d’être piégé par les démons de ce pouvoir. L’idéal : apporter rapidement la victoire contre le terrorisme et rendre le pouvoir dans les meilleurs délais.

Vive le Burkina Faso !

Un citoyen ayant un avis parsemé de questions.
24012022anonymat@gmail.com

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 16 février 2022 à 18:41, par Quenelle En réponse à : Burkina : MPSR et chers juristes, l’essentiel est maintenant ailleurs !

    C’est la premiere fois que l’on voit un president preter serment pour la destinée d’un pays sans pour autan que la durée de son mandat soit connu des citoyen. La France vient de nous glisser une quenelle longue comme celle de l’ane. Ho p’tain qu’est ce u’on nous a roulé. Sous peu Barkhane viendra au Burkina sans que la population ne soit informée.
    Ho la quenelle on a sent.

  • Le 16 février 2022 à 19:12, par Baoyam En réponse à : Burkina : MPSR et chers juristes, l’essentiel est maintenant ailleurs !

    Hey, ça ressemble au style d’un certain S.T. vrai ou faux ? En tout cas ce n’est pas faux ce qui est dit.

  • Le 16 février 2022 à 20:13, par Sidpassata Veritas En réponse à : Burkina : MPSR et chers juristes, l’essentiel est maintenant ailleurs !

    quand vous dites « Au final, le MPSR a juste bien ficelé son coup (d’état) et les juristes sont en retard. Le train est déjà parti. Les dénonciations tardives m’apparaissent inutiles. L’essentiel est sans doute ailleurs », il semble que vous allez trop vite en besogne. Je relève seulement 2 points :

    - 1- Un coup d’État est par nature un coup de force et pour cette raison (puisque s’agit de s’imposer par la force), l’absence de manifestation ne signifie pas que l’on adhère. Alors on prend acte parce qu’on n’y peut rien et non pas que cela n’est pas moralement, socialement, politiquement et juridiquement contestable. On peut tolérer une certaine situation contestable pour des raison d’opportunité. En 2015, les population on trouvé le coup d’État du RSP tellement inopportun qu’elles l’ont défié et fait échouer. Un coup d’état est par nature contestable et même détestable, mais parfois on est obligé de voir d’abord l’intérêt supérieur de la nation.
    - 2- Vous avez tort de croie que la juristes arrivent en retard ; Ils ont parlé bien avant la prestation de serment du président actuel, mais le conseil constitutionnel a préféré poursuivre ce qu’il a fait sans tenir compte de ce qu’ils ont dit. Mais le problème c’est qu’en droit s’il y a une faille dans votre action, vous pouvez vous faire rattraper. Les procès des coups d’état de 1987 et de 2015 sont là pour nous rafraichir la mémoire. Il y a en plus qu’en droit il y a la notion du précédent. Une question se pose, même si le serment est déjà fait : Quelle est la valeur du serment de quelqu’un qui s’impose par la force comme chef de l’État, qui peut obliger l’homme-fort à respecter son serment et par quel moyen le sanctionner éventuellement ? pourrait-on par exemple, l’accuser de haute trahison et le destituer ? Il a juré de respecter et de faire respecter la constitution, alors que son accession au pouvoir est constitutionnellement illégal, est-ce cette manière incohérente de faire serment ne rend pas notre pays ridicule à la face du monde qui nous regarde ?

    - Il aurait suffit de l’installer sans prestation de serment et de lui confier un mandat limité dans son contenu et sa durée. Il nous faut aussi éviter que par nos manière, les occidentaux qui veulent se moquer de nous, nous prennent pour des gens irréfléchis, ce qui pourra nous fâcher davantage. Il ne faut pas prêter le flanc à la moquerie de ceux qui aiment nous infantiliser. Mais c’est très difficile d’y arriver, si les "grands" n’écoutent pas assez les "petits".

  • Le 16 février 2022 à 20:57, par Bigar En réponse à : Burkina : MPSR et chers juristes, l’essentiel est maintenant ailleurs !

    Comme dit Alain Bigar, la quenelle, on nous l’a enfoncée d’autan plus profond que nous etions relax et focalisé sur la chute de Roch Mark Christian Kaboré. OUch !!!

  • Le 17 février 2022 à 10:09, par Side Raabo En réponse à : Burkina : MPSR et chers juristes, l’essentiel est maintenant ailleurs !

    Bonjour,

    Vous n’êtes pas le seul à souffrir, beaucoup d’autres également, comme moi, souffrent dans le silence.
    J’ai horreur des coups de force...
    J’aime la démocratie.
    Et je me pose aussi autant de questions que vous... Peut-être plus...
    Pourquoi l’armée aurait besoin d’être à la têt du pays (le Président et chef d’état) pour accomplir sa mission ?

    Travaillait-elle honnêtement avec l’ex. Président KABORE, ? Je me pose également beaucoup de questions sur la situation. Où va mon pays avec encore des coups d’état ?
    Ma déception est grande.

  • Le 17 février 2022 à 10:55, par Benè En réponse à : Burkina : MPSR et chers juristes, l’essentiel est maintenant ailleurs !

    Beaucoup, quoique de bonne foi, ne comprennent pas les opinions des juristes sur les décisions et actes du Conseil constitutionnel.

    Et bien, bonnes gens, il me semble que les juristes ne remettent pas en cause le coup d État. Ils ne contestent ni l avènement du MPSR ni les pouvoirs de Monsieur DAMIBA. loin de là. Eu égard à la souffrance du peuple et à l incapacité de l ancien régime à y apporter des réponses satisfaisantes, je pense que la majeure partie des juristes appelait secrètement un changement à la tête de l État. C est une question de vie ou de mort. C est donc inexact de faire croire à l opinion que les juristes contestent les événements du 24 janvier 2022.

    Cependant, ce que certains juristes contestent, c est la construction juridique dans laquelle le Conseil constitutionnel s est lancé. C est un débat purement scientifique. En effet la problématique se présente à peu près comme suit : toute juridiction doit dire le droit qui est fondé sur les lois et les principes de droit. Dès lors, en l état actuel du droit positif burkinabè, est ce que les décisions du Conseil constitutionnel sont juridiquement fondées ? C est la réponse à cette question qui divise actuellement les juristes. Et ce problème de droit, contrairement aux termes de cet article, est d une grande importance pour les juristes et, par ricochet, pour tout le peuple.

    Pour ma part, je pense que le juge n a pas le pouvoir de changer les règles de droit en fonction des situations. Cela nous plonge dans une insécurité juridique très grave. Il doit plutôt dire le droit en tout temps et en toute circonstance. Dans cette logique, j estime que les auteurs du coup d État étant désormais souverains, ils peuvent édicter de nouvelles règles de droit qui s imposeront à tous. Dès lors, si l acte fondamental du MPSR prévoit la prestation de serment de son président devant le conseil constitutionnel (???), celui-ci ne viole aucune règle de droit en recevant ce serment. Cet exercice serait donc juridiquement fondé. Quid des décisions antérieures ? Cette question, elle reste posée. Peut être que certains membres du Conseil constitutionnel viendront édifier tous les autres juristes dans l intérêt du droit.

  • Le 17 février 2022 à 11:22, par sans voix En réponse à : Burkina : MPSR et chers juristes, l’essentiel est maintenant ailleurs !

    je souffre hé oui je souffre. naitre, grandir, murir, vieillir et mourir dans la dictature, moi qui ai vécu dans un pays démocratique non loin de nous. je souffre car je suis obligé de laisser mes enfants dans la dictature et c’est là que je souffre d’avantage. Que Dieu me pardonne et je présente toutes mes excuses à mes enfants. soyez forts ça va aller Yélkabéyé

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique