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Ram Ouédraogo : L’écologie politique « se cherche »

Publié le vendredi 25 novembre 2005 à 08h02min

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Ram Ouédraogo

De tous les candidats, qui étaient face au président sortant et ce malgré les sondages CGD, on pensait que Ram OUEDRAOGO, le « père » de l’écologie politique au Burkina, serait dans le tiercé gagnant à l’annonce des résultats provisoires du scrutin du 13 novembre.

Malheureusement, la donne est tout autre et prouve que « L’écologie politique » a encore du chemin à parcourir pour atteindre l’objectif : magistrature suprême. Pourquoi, Ram OUEDRAOGO, 2e à la présidentielle de 1998 avec un score de 6,61 rame-t-il en 2005 en 5e positon avec un score de 2,03% ?

La situation inconfortable de Ram OUEDRAOGO en cette élection présidentielle prouve au moins une certitude : en politique, rien, absolument rien n’est définitivement acquis. Vous pouvez en un laps de temps perdre un acquis politique, s’il ne se retourne pas contre vous. Le candidat Ram OUEDRAOGO avec son score de 6,61% enregistré en 1998 partait, on peut le dire, au scrutin du 13 novembre, avec une certaine longueur d’avance sur les autres candidats de l’opposition.

D’abord, il pouvait se donner de l’énergie et de l’espoir en pensant à ce score de 1998, ensuite ayant été le seul des 13 autres candidats à avoir déjà participé à une élection présidentielle, il semblait être bien parti car maîtrisant plus que les autres les « rouages » d’une campagne présidentielle. Hélas, pour l’écolo, il n’a pas réussi ou d’ailleurs a-t-il réellement œuvré à capitaliser ce qu’il a bâti en 1998 ? L’ancien manager et organisateur de spectacles n’a pas su maintenir le « tempo » politique nécessaire pour lui ouvrir des perspectives meilleures.

Ram a changé de camp, ses acquis aussi

De 1998 à 2005 plusieurs évènements politiques majeurs se sont passés. Si le candidat Ram OUEDRAOGO s’est révélé au peuple burkinabè en 1998 en participant à l’élection présidentielle, sa participation au gouvernement d’ouverture YONLI I et son activisme fort remarquable et remarqué pour la paix sociale suite à l’affaire Norbert ZONGO avaient fait de lui un acteur politique de premier plan. Dans son discours, on ne sentait nulle part un radicalisme ou une haine quelconque. L’essentiel pour lui était l’écologie politique dans un Burkina de paix, de tolérance et de non-violence. On voyait vraiment en lui la carrure d’un homme d’Etat.

Malheureusement ce beau discours de consensus et de non-violence digne des écolos allait vite se transformer en autre chose qui emprunte plus au langage des « braconniers » politiques une fois l’homme remercié du gouvernement. Un débarquement qui n’a pas du tout plus, pour lui qui pense dur comme fer qu’on lui reste redevable pour le traiter de la sorte. En tout cas avec son départ du gouvernement, Ram OUEDRAOGO va alors changer de camp et devenir un opposant radical. Ce qu’il n’a pas réalisé, c’est que son discours pondéré avait suscité la sympathie, l’admiration et même l’adhésion des populations. N’est-ce pas dire que l’altération ou le virage à 90° dans le discours a beaucoup desservi Ram OUEDRAOGO ?

L’écologie politique dans la tourmente

En dehors de ce revers, il faut dire : les Verts du Burkina ont pris un coup dur avec la crise en leur sein en 2002-2003. Cette crise a d’ailleurs obligé Ram OUEDRAOGO à créer un autre parti en janvier 2003 : le Rassemblement des écologistes du Burkina (RDEB), c’est sous cette bannière qu’il s’est présenté au scrutin du 13 novembre. Une donne de l’après présidentielle de 1998 qui ne pouvait évidemment que saper la base électorale de l’homme. Il faut reconnaître que Ram OUEDRAOGO, membre fondateur de la Fédération des partis écologistes d’Afrique, ne pouvait véritablement disposer du temps nécessaire pour organiser le RDEB comme il l’a fait des Verts du Burkina son premier bébé.

L’homme est peut-être allé à cette présidentielle par défi sinon il sait fort bien que ce n’est pas une consultation à laquelle on va comme pour l’élection d’un délégué de quartier. Des moyens, il en faut ; de l’organisation, il faut en faire ; une base électorale consistante susceptible de s’élargir, on devrait compter la-dessus.

M. Adama SERE, le directeur de campagne du candidat Ram OUEDRAOGO a fait un travail de « titan », il s’est battu comme un beau diable, mais la réalité politique était implacable. Malgré la noblesse de l’écologie politique chère à M. SERE, la mayonnaise n’a pas pris. Il est donc important de laisser de côté les « il y a eu fraudes... » pour se remettre sérieusement au travail.
Les municipales, c’est pour seulement demain. Les législatives, c’est pour bientôt. Alors, que chacun tire les bonnes leçons de la présidentielle du 13 novembre afin de bien repartir sur le terrain.

Par Ben Alex BEOGO
L’Opinion

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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