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L’après élection du 13 novembre : Tentatives maladroites d’atténuer une défaite cuisante

Publié le mercredi 30 novembre 2005 à 08h20min

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A César ce qui est à César. La victoire éclatante de Blaise Compaoré à l’élection présidentielle du 13 novembre dernier ne doit rien à la trichérie. Pas plus à un fichier électoral bancal qu’à une opération du saint Esprit.

Du reste, reconnaissons à la majorité de ces adversaires, qu’ils ont pour une fois admis la victoire du candidat du CDP et dont celle de l’inclassable Norbert Tiendrébéogo n’est pas la moindre. Mais comme toujours, la plupart d’entre eux ont assorti cette reconnaissance d’un mais... qui tend à dire que ladite victoire n’est pas aussi propre que ça. Que dire alors, sinon que nous avons à faire à de mauvais perdants ! Il y a franchement que les complaintes multiples de l’opposition commencent à polluer le débat. Non seulement elles sont improductives, mais elles enferment le débat dans un cercle vicieux.

La conséquence la plus grave de cet usage abusif de la politique politicienne, c’est qu’après quinze (15) ans de vie démocratique, on ne connaît pas avec exactitude la position des uns et des autres sur les grandes questions qui traversent la société nationale.

Certaines parmi ces questions sont brûlantes, tels l’éducation, la santé, la mobilité des populations, la fiscalité et les salaires, la production économique et agropastorale. Qui sait ce qu’en pensent Philippe Ouédraogo, Ram ou Emile Paré ? Sérieusement, il est temps de sortir des déclarations sans fondement qui donnent la vision d’une classe politique marquée par trop de limites.

N’est-ce pas un compatriote vivant au Sénégal qui, à la vue de nos candidats à la TNB, désormais portée sur le satellite, qui s’émouvait du très faible niveau de la campagne électorale ?

Il disait ne pas comprendre comment des futurs probables présidents pouvaient ainsi uniquement déblatérer, oubliant qu’en face il y a un électorat et des observateurs qui ont un cerveau doté de pouvoir d’analyse et de discernement.

Ils n’y croient pas eux-mêmes

Si l’opposition est incapable de dessiner sa vision du futur du Burkina Faso, on comprend aisément que ceux qui parlent de fraudes, soient tout aussi incapables d’en produire les preuves. Comme elle sait si bien se contenter de généralités dans ses propositions de solutions des problèmes posés, elle ne peut que dire des généralités quant aux accusations de fraudes ou d’irrégularités.

Si le fichier électoral n’est pas fiable, on ne peut comprendre son anarchement à imposer le fait que cela a profité à Blaise Compaoré et rien qu’à lui seul. Qui peut dire si les doublons ou les cartes multiples n’ont pas aussi été bénéfiques pour les douze autres prétendants ? Qui peut prouver que ces voix-là sont allées à X plutôt qu’à Y ou à Z ? C’est pourquoi, l’opposition aurait été plus crédible et prise au sérieux si elle avait étalé ses preuves devant le Conseil Constitutionnel. Que ce Conseil soit acquis au pouvoir ou pas, on ne voit pas comment il pourrait s’asseoir sur des preuves irréfutables mettant fondamentalement en cause la régularité du scrutin. Du reste, c’est cette même structure qui avait par le passé invalidé les votes de certains bureaux et même de certaines localités.

Se donner meilleure figure

On a tout entendu avant le vote du 13 novembre. Notamment la fanfaronnade de quelques-uns sur la sûreté d’un second tour.

Mais au résultat, le réveil fut si douloureux que l’explication de la débâcle ne pouvait se trouver que dans une imaginaire fraude.

Salir la victoire de Blaise Compaoré, c’est aussi et surtout atténuer les conséquences désastreuses de la défaite de douze opposants qui ont clamé urbi et orbi complaintes sur complaintes. Si la démocratie était vécue dans toute sa rigueur, le score de certains devait les amener à se taire à jamais, parce qu’on ne saurait pas très bien à qui ils s’adresseront. On peut en étant compréhensif, admettre que ceux ayant engrangé trente mille voix puissent encore avoir un futur politique. Pour les autres, ils auraient plutôt gagné le droit de se ranger et d’aider à la clarification d’une scène politique trop désordre.

La vérité des urnes, la pâle figure de l’opposition, son poids électoral indigent, tout ceci devait lui inspirer un autre discours, une autre attitude. C’est notamment celui et celle qui ont été portés par le candidat du FFS. Norbert Tiendrébéogo ne s’est pas perdu en chemin quand il donnait sa lecture des résultats proclamés par la CENI. J’en prend acte et je sais ce qu’il me reste à faire. N’est-ce pas là un vrai tournant qui montre sa volonté de quitter le surplace pour enfin aller de l’avant.

Lorsqu’on est battu à plate couture, il faut soit faire profil bas, soit prendre de la hauteur. Tout ce qui est aux antipodes de l’indignation déplacée d’un Emile Paré et dans le ton d’un Norbert Tiendrébéogo. Entre les deux, chacun des candidats a le choix et l’heure du choix est venue. Les uns et les autres connaissent ce qu’ils pèsent et il n’y a plus de points d’interrogation

Au moins et rien que pour ça le 13 novembre a servi à quelque chose pour l’opposition. Reste maintenant à voir si les candidats battus le comprennent ainsi. Pas sûr...

Souleymane KONE

L’Hebdo

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