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<I>Une lettre pour Laye </I> : Mise à mort programmée d’Air Burkina

Publié le vendredi 11 novembre 2005 à 08h52min

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Cher Wambi,

Jour j-2, c’est, comme tu le sais déjà, ce dimanche 13 novembre 2005 que le corps électoral est invité aux urnes pour choisir entre les douze candidats en lice celui-là qui présidera pendant les cinq prochaines années aux destinées du Burkina Faso. Ta voix compte beaucoup, et c’est pourquoi tu devrais retirer ta carte d’électeur si tu ne l’as pas encore fait.

En tout cas, la majeure partie de ceux qui convoitent le fauteuil présidentiel ont parcouru les quatre coins du Faso, expliqué leurs programmes, fait des promesses et arrosé souvent de "feuilles" et de gadgets l’électorat. Mais ont-ils seulement convaincu ? En attendant le jugement des électeurs ce dimanche donc, certains honorent leurs derniers meetings ce vendredi.

Ainsi en est-il du candidat Philippe Ouédraogo du PDS/CDS qui consacre cette journée fatidique à la commune de Ouagadougou dans le Kadiogo. Y sont en effet organisées des assemblées générales respectivement dans les arrondissements de Boulmiougou (Zongo à 9h 00), Sigh-Noghin (Tampouy à 11h 00), Nongr-Maasom (Somgandin à 17h 00), et Baskuy (Kamsonghin à 19h 00 et Bilbalogho à 20h 00). Le meeting de clôture de campagne de Philippe Ouédraogo, quant à lui, interviendra à 15h 00 à Bogodogo.

De son côté, "le Chat noir du Nayala", le docteur Pargui Emile Paré, candidat de l’Alliance socialiste, président du Mouvement du peuple pour le socialisme/Parti fédéral (MPS/PS), avant son dernier meeting de campagne aujourd’hui à Ziniaré, était hier jeudi 10 novembre 2005 dans son village natal de Yaba, à Toma et à Tougan.

A Toma, capitale de la province du Nayala, "Samogonbtenga" comme disent les moossés, le toubib samo retournera le 13 novembre prochain pour accomplir son acte citoyen avec le secret espoir d’aménager, après l’élection présidentielle, à la "Maison Blanche", où l’ont déjà précédé en d’autres temps ses "congénères" Aboubacar Sangoulé Lamizana et Saye Zerbo.


Comme tu l’imagines, le président sortant, candidat à sa propre succession, Blaise Compaoré, et les siens n’ont rien négligé pour mobiliser la capitale, qui recevra les militants, sympathisants, amis, tanties, papys et mouvanciers cet après-midi à 15h 00 au stade du 4-Août pour le meeting de clôture.

Très ambitieux n’est-ce pas, cher cousin ? Je n’en dirai pas plus. Seulement, voilà : pour ratisser large, le candidat du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a même envoyé une mission dans l’Hexagone. A ce que révèle "La Lettre du Continent" n°481 du 3 novembre dernier, cher cousin, avec l’appui logistique de la société de communication Delphi Com Afrique, une délégation du parti présidentiel a séjourné en France à la mi-octobre à l’effet de rencontrer la diaspora burkinabè et de faire un peu de lobbying auprès des partis politiques français et de la presse.

Tu veux savoir de qui cette délégation était composée ? Eh bien : Kady Korsaga (membre du bureau exécutif du CDP), Idrissa Zampaligré (Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale) et Jean-Marc Palm, ancien ministre des Affaires étrangères.


Mais quid des autres prétendants ? me demanderas-tu cher cousin.

C’est en vain que j’ai attendu leurs programmes de meeting de clôture. Même que ceux que j’ai pu joindre au téléphone étaient encore dubitatifs là-dessus. Effets précoces de la campagne ? Cafouillage dans les états-majors ? Option de la campagne de proximité presqu’à l’ultime seconde ? Je ne saurais y répondre.


Pour rester dans l’effervescence de la présidentielle de ce 13 novembre, je t’apprends que le Parti communiste révolutionnaire voltaïque (PCRV), dont la clandestinité est si éloquente, s’est invité dans la campagne et, tiens-toi bien, aux portes même de l’église de Notre Dame du Sacré-Cœur de Dapoya à Ouagadougou. A la sortie de la messe le soir du samedi 05 novembre dernier, ses militants ont surpris plus d’un fidèle en distribuant leurs tracts.

C’est peu dire que d’affirmer que le PCRV s’en est pris à toutes les communautés religieuses et sur tous les tons, disant au passage que leurs chefs sont responsables "de la situation catastrophique que vit la Haute-Volta dite Burkina Faso" et "instrumentalisent la religion pour soutenir massivement le pouvoir néfaste de Blaise Compaoré et de sa bande". Au moins, cher cousin, ce qu’on ne peut pas nier, c’est que ce Burkina Faso-là est un pays de tolérance. Sinon, distribuer de tels documents aux portes d’un lieu de culte et repartir indemne, ça ne se serait pas vu sous d’autres cieux, mais enfin.


De gros nuages sont en train de s’amonceler au-dessus d’Air-Burkina. A l’origine de cette zone de turbulences qui se profile à l’horizon, l’octroi à une nouvelle compagnie qui devrait s’appeler Point Burkina d’un agrément pour la desserte du marché régional. Un marché régional qui ne peut pourtant pas supporter, au dire des spécialistes, l’exploitation des droits de trafic du Burkina Faso par deux compagnies aériennes.

Et déjà, la "compagnie du bon voisinage" commence à faire ses comptes, et à ce qu’on dit, cher cousin, leurs conséquences sociales et économiques seront désastreuses : il m’est ainsi revenu que la perte d’environ 50% du marché régional entraînera une perte de quelque 5 milliards de francs CFA par an dans le chiffre d’affaires d’Air-Burkina. Et si tel devait être le cas, à peu près 35% des quelque 200 travailleurs pourraient très rapidement perdre leur emploi.

Seras-tu obligé, cher Wambi, de trouver un lopin de terre au village pour ton oncle Ratamanégré qui y travaille afin qu’il se reconvertisse ? On n’en est encore pas là, mais en tout cas, les employés de la compagnie nationale (quand bien même elle a été privatisée) sont particulièrement remontés contre cette nouvelle donne qui vient s’ajouter à un déséquilibre déjà constaté dans l’offre de capacité sur la ligne de Paris entre les compagnies française (Air -France et Point-Afrique) et Air-Burkina qui sont respectivement de 88% et de 12%. Autant dire que c’est une mise à mort programmée de l’instrument national qui se dessine. A moins que...


Ainsi va le Faso cher cousin. Mais dans l’attente que le patriotisme soit la chose la mieux partagée, feuilletons très rapidement le carnet secret de Tipoko l’Intrigante :

- S’il y a des Burkinabè qui vivent en marge de la présidentielle 2005, ce sont bien les entrepreneurs du bâtiment, attributaires des appels d’offres du Plan décennal de développement de l’enseignement de base (PDDEB), et pour cause.

Les marchés exécutés depuis la nuit des temps restent impayés alors que la rentrée des classes s’est effectuée depuis le 3 octobre 2005, au grand bonheur des parents et des élèves de nos provinces démunies. Pendant ce temps, les banques et les fournisseurs rougissent les yeux, durcissent le ton dans l’indifférence totale des responsables du ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA), qui pointent un doigt accusateur sur les bailleurs de fonds.

On dit en effet, que depuis la mise à mort du Bureau des projets éducation (BPE) par l’ancien ministre Rakiswiligri Mathieu Ouédraogo, ceux-ci se refusent à débloquer le moindre kopeck, attendant de voir clair dans la gestion des uns et des autres.

A telle enseigne que les entrepreneurs honnêtes craignent d’être conduits au cimetière avec femmes et enfants avant la fin des audits. La situation est telle qu’ils ne sont pas nombreux qui seront tentés par un quelconque appel d’offres de ce ministère à problèmes.

Du Kadiogo au Namentenga, en passant par le Bazèga, le Ganzourgou et le Namentenga, la grogne monte en tout cas dans les rangs.


Le Génie militaire, situé à la sortie ouest de la capitale, a été rebaptisé depuis la fête de l’armée le 1er novembre dernier du nom de "camp général Aboubacar-Sangoulé-Lamizana". En somme, un ultime hommage au père de la grande muette burkinabè et deuxième président du Burkina Faso indépendant.

Mais dommage, certains de ces héritiers font encore fi de l’honneur et de la probité qu’il incarnait de son vivant pour se livrer à des actes de vandalisme. C’est ainsi que pour avoir refusé de servir 400 FCFA de carburant à une des jeunes recrues du "Génie militaire", un pompiste de la station Shell-Pissy a été copieusement rossé. Des éléments venus en renfort du camp n’ont pas trouvé mieux à faire que de saccager la station, en toute impunité.

Cette malheureuse scène, qui s’est passée la semaine dernière, nous rappelle , hélas, une fois encore que la loi du militaire est toujours la meilleure, même en démocratie. Savent-ils seulement, ces jeunes gens, que la misère est le mal de 90% des Burkinabè ?


La rumeur y relative avait envahi la cité, avant que le départ du directeur général de la Banque commerciale du Burkina (BCB), M. Mahmud Hammuda, soit confirmé. Malgré tout, une certaine campagne de presse a été menée, pouvant compromettre les intérêts mêmes de la banque.

D’où, la mise au point qui suit : "Les écrits parus ces dernières semaines dans la presse, relatifs au départ de M. Mahmud Hammuda de la Direction générale de la BCB appellent la mise au point suivante de cadres du Comité de direction et de délégué du personnel :

conformément aux statuts de la Banque commerciale du Burkina, le Conseil d’administration, réuni à Paris le 19 juillet 2005, a nommé aux fonctions de directeur général monsieur El Mogadami Abdalla M. Celui-ci prendra fonction dès obtention de la dérogation à l’article 14 à la loi bancaire ;

les activités de la BCB se poursuivent et continueront de prospérer grâce à la compétence et à l’abnégation au travail des nombreux cadres et agents de la banque ;

la BCB conserve la confiance de la clientèle, en témoigne la constance de l’affluence à nos guichets ; - ceux qui ont des intérêts partisans à défendre sont invités à recourir à d’autres procédures et à éviter de dénigrer le travail des honnêtes clients et agents ;

les organes de presse sont invités à plus de circonspection dans le traitement de ces écrits que nul n’ose signer de son nom.

Les cadres

- Nana Dominque (Directeur juridique)
- Traoré Ambroise (Directeur des Ressources humaines et de l’Administration)
- Bâ Aboubacar ( DFC)
- Savadogo Denis (...)
- Simboro Daouda (fondé de pouvoirs)
- Seydou Diarra (fondé de pouvoirs)
- Mme Yaméogo Madeleine (fondé de pouvoirs).

Les délégués du personnel

- Ouédraogo Fernand
- Somé M. Angélique
- Mme Idani M. Chantal
- Ouédraogo Noufou
- Traoré Brahima
- Ouédraogo D. Ismaël.


Quel montant n’a-t-on pas avancé comme budget de campagne du candidat-président Blaise Compaoré ? Pour certains, cette campagne à l’américaine, que mène le champion du CDP, se chiffrerait à des milliards. A la direction de cette campagne en tout cas, on clame que ce budget, qui se chiffrerait au total à 983 millions de francs CFA, est décomposé comme suit :

tournées dans les régions : 108 millions ;
tee-shirts : 382 millions ;
casquettes : 185, 355 millions ;
pagnes : 125 millions ;
location aéronefs : 66, 245 000 ;
montgolfière : 41, 400 millions FCFA ;

location véhicules + carburant : 75 millions. Soit donc un total de 983 millions de francs FCFA. Mais qui croire dans cette guerre des chiffres ?


Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé...."

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 11 novembre 2005 à 09:48, par Vandome En réponse à : > <I>Une lettre pour Laye </I> : Départ du DG de la BCB

    Je constate tout simplement que certaines personnes dites cadre de la BCB ne savent pas ce qu’ils font exactement dans cette banque. J’en veux pour preuve, un certain cadre Savadogo Dénis (...) signataire de la lettre ci dessus et dont on ne connait pas le titre.

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