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Le 21 de Pissila : Un marché atypique

Publié le samedi 29 octobre 2005 à 07h37min

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A l’instar de tous les autres marchés départementaux, celui de Pissila se tient tous les trois jours. Néanmoins, les marchés du vendredi et du dimanche qui se tiennent tous les vingt et un jours connaissent plus d’affluence. Nous avons opté pour le marché du dimanche qui s’est tenu le dimanche 23 octobre 2005, pour y faire un tour.

Un opérateur économique, le responsable des collecteurs du marché, un jeune commerçant ont bien voulu s’entretenir avec nous. Pissila était un grand centre économique, le plus grand département de la province du Sanmatenga. Nous avons approché le commissaire du district de police pour savoir quels sont les délits fréquents et quelle lutte y est menée contre l’insécurité.

Si à Pissila, on veut parler des opérateurs économiques, il faut citer Lazare Bango car il fut un des premiers et celui qui, il y a trois décennies, avait le firmament qui brillait de mille feux. Même si de nos jours il n’a pas la force de frappe d’antan, il demeure et est toujours dans les affaires. Lors des primaires pour la mise en place des structures du CDP, il était à la tête d’un clan qui voulait en découdre avec un autre.

Voilà entre autres des questions auxquelles Lazare Banga a répondu : « Je commercialise des céréales, je suis aussi dans le transport. Bien que dans la région les gens pratiquent beaucoup l’embauche, je ne fais pas de commerce de bétail. Je suis commerçant de céréales, mais avec la situation que tout le monde a connu, il était impossible de faire de la rétention de céréales pour jouer sur les prix. Depuis que je suis né, depuis que j’exerce dans le commerce des céréales, je n’ai jamais vu ni entendu qu’ils ont atteint un tel prix.

Des gens même ont risqué leurs vies pour ramener des céréales de la Côte d’Ivoire mais malgré cela, il n’y avait pas de mil ou de maïs. Comme le riz a été importé en grande quantité, c’est ce qui nous a sauvé sinon c’était grave.

Parfois les gens avaient l’argent, mais où trouver le mil ? ». Lazare Bango il y a une vingtaine d’années, gerait un bar qui fonctionnait bien et qui de nos jours, ne fonctionne pas bien. Sur ce point précis il a dit que : « ainsi va la vie et vous n’ y pouvez rien. De nos jours, les gens veulent ce qui est nouveau. Si je retapais aujourd’hui mon bar de fond en comble, les gens allaient revenir. La fréquentation des débits de boissons ne dépend pas souvent des serveuses ». Dans le marché de Pissila, on y trouve du tout et on y vend du tout.

Selon Bango, les produits qui y sont vendus sont achetés à Ouagadougou et ne proviennent pas de la fraude comme certains le pensent. Il est vrai qu’au sein du marché, il existe des kiosques à liqueurs et très souvent, les jours de marché, des élèves font l’école buissonnière pour venir aider les parents à vendre les produits. Pour Lazare Bango, cela incombe aux parents. La voie Kaya-Dori est en voie d’être bitumée. Cela réjouit Bango puisque d’abord le temps sera réduit, il y aura moins de pièces cassées, donc moins de réparations et Pissila connaîtra un nouveau visage. Autrefois, il passait plus de temps à Ouaga qu’à Pissila. De nos jours, c’est l’inverse qui s’est produit.

Pour lui, le fait que l’association nationale des transporteurs ne soit divisée veut dire qu’il y a anguille sous roche. De toute façon, ils sont appelés à s’entendre. Pour parfois, les frottements causés lors du renouvellement des structures sont à mettre au compte du passé. Aujourd’hui, les militants cheminent en paix et il souhaite cette paix partout le Burkina.

Joseph Nabaloum dit Yelsomnaaba est le responsable des collecteurs du marché. A Pissila, il y a le marché à bétail et le marché central lui-même. Selon Nabaloum, au niveau du marché à bétail, une équipe s’occupe des petits ruminants et une autre, des grands. Selon les périodes, 500 à 1000 petits ruminants et 100 à 300 gros peuvent être présentés les jours du marché. Pour chaque ruminant, il est perçu 150 francs pour les petits et 300 francs pour les gros. Aussi, toute bête qui entre dans le parc est soumise à cette taxe.

Au niveau du parc à bétail, les cocseurs n’ont pas encore fait leur apparition comme ailleurs, où le vendeur doit passer par quelqu’un pour trouver preneur. Très souvent, des bouchers de Kaya se plaignent des commerçants ghanéens qui majorent les prix. Sur ce point, Joseph Nabaloum a dit : « c’est vrai que les acheteurs ghanéens viennent très souvent ici. Quand ils voient une bête et la veulent, ils majorent les prix. C’est ça aussi le commerce.

On cède au plus offrant. Souvent, ce sont des acheteurs ghanéens qui nous viennent de Banku ». Selon Nabaloum, de nos jours, les bêtes coûtent cher car au moment critique de la famine, les prix avaient trop chuté, il a dit notamment : « Dieu merci, cette année, il a plu et il y a des céréales en abondance. Donc, les gens ne veulent plus vendre des bêtes puisque les céréales sont là ». Ce qui fait que la demande dépasse l’offre.

Pour les recettes du marché, Nabaloum a dit qu’elles sont insignifiantes avec celles qui sont prévues au parc à bétail qui on est le marché. Plusieurs commerçants disent qu’à partir du moment où ils s’acquittent de la patente, ils ne voient pas pourquoi ils doivent payer les places du marché, ce qui crée une incompréhension.

Donc, les commerçants qui ont de boutiques n’acquittent plus cette taxe. Ce sont les vieilles qui vendent les condiments et autres qui paient. Pour M. Nabaloum, la décision de faire payer ces commerçants appartient aux autorités communales. D’autre part, le marché est sale car des déchets le jonchent un peu partout le sol. Les gens ne craignent-ils pas un incendie ? A cette question, Lazare Nabaloum a dit : « Vraiment, nous avons peur que le marché, un jour, prenne feu.

Vraiment il est sale, et cela dépend de l’organisation et surtout de la voirie ou du service d’hygiène. Si la préfecture et la perception ajoutent leurs voix et donnent des directives, les gens seront obligés de s’exécuter puisque c’est leur lieu de travail ». A chaque marché, les recettes du marché à bétail et du marché central peuvent avoisiner trente mille francs. Les périodes fastes se situent en période sèche car dans la zone tout le monde est éleveur, agriculteur et commerçant. Selon le percepteur de Pissila, cette somme est reversée. Le lendemain des marchés et parfois des grands jours, elle peut culminer à 100 000 francs.

Arouna Ouédragogo est, lui, un petit commerçant. C’est le selfmade man qui monte. Gérant d’une cave à liqueurs et d’une buvette, il est aujourd’hui propriétaire d’une petite cave où il vend tout : les bouteilles de liqueurs, cartons de vin, de sucre, les savons côtoient les sachets de sel, les cahiers, ardoises, bics etc. Selon Arouna Ouédraogo, pour réussir dans le commerce, il faut vendre du tout. Il reconnaît que le marché est sale et qu’en cas d’incendie, ce sera grave. Avec un tel centre économique, il va sans dire que les bandits y rôdent.

Alors, nous avons approché Daniel Minougou, officier de police, commissaire de police au commissariat de Pissila. Selon l’officier de police Minougou, en matière de lutte contre le banditisme les différentes structures associées se transmettent souvent des informations. Dans son dernier poste qui était Boussouma, les informations sont données. Aussi, les braquages sont signalés.

Au niveau de Pissila vers Tebéré surtout dans le village de Moy daaga où se tient un grand marché, des agressions sont souvent signalées. Selon l’officier Minougou, depuis la lutte engagée contre le grand banditisme, il y a un répit, mais cela ne saurait émousser leur vigilance. Les bandits se font voir de moins en moins. Pour la mise en place de la police de proximité à Pissila, cela est embryonnaire. La sensibilisation, l’information sont les actions menées de nos jours pour amener les citoyens à collaborer avec les forces de l’ordre. Si ce volet n’est pas positif, il sera difficile d’assurer leur sécurité, a dit l’officier.

Pissila fait frontière avec la zone de Pouytenga où la drogue circule. Pour l’officier Minougou, la police n’a pas eu encore à faire de saisie de drogues dures. Mais néanmoins, des saisies d’amphétamines, ont été opérées sur la place du marché et les quantités incinérées. Les coupeurs de route opèrent surtout lors des fêtes coutumières.

C’est dire qu’il faut plus de vigilance et de collaboration de la part des citoyens, pour vaincre le banditisme. Ce qui nous a été dit à Pissila, c’est la prolifération des vidéo clubs, autour du marché. Quand on sait que les films diffusés par ces vidéos ne portent que sur la violence et la pornographie, il y a du pain sur la planche.

Jacques NONGUIERMA (AIB/Kaya)
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 16 février 2018 à 23:03, par OUEDRAOGO Lazare En réponse à : Le 21 de Pissila : Un marché atypique

    L’operateur économique interrogé se nomme Lazare BARGO au lieu de Lazare BANGO. Il n’est plus mais son nom demeure.

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