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Rakiire électoral : Pas de femme samogo à l’élection présidentielle de 2020

Publié le lundi 5 octobre 2020 à 21h25min

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Rakiire  électoral : Pas de femme samogo à l’élection présidentielle de 2020

L’événement est passé inaperçu, dans le grand public, pas dans mon village : aucune femme samogo candidate à l’élection présidentielle de novembre prochain au Burkina Faso ! En 2015, deux femmes de cette illustre communauté se présentaient à la magistrature suprême. Dans mon village, peuplé de Samogo, l’atmosphère était, alors, irrespirable. Retour sur ce traumatisme dont, pour beaucoup, nous trainons encore des séquelles…

Donc, il y a cinq ans, deux femmes samogo, la regrettée Françoise Toé et Saran Séré Sérémé, médiateur du Faso de nos jours, étaient candidates à la présidence du Faso. Que n’a-t-on entendu, dans mon village ? Que :

- les femmes samogo sont plus émancipées que les femmes mossi ;

- les femmes samogo sont les femmes les plus conscientisées, politiquement ;

- leur beauté, qui fait, déjà, pâlir de jalousie les femmes mossi, allait faire mouche aux élections ;

- la première présidente du Faso serait une femme samogo ;

- les femmes mossi, mariées à des Mossi, allaient quitter, en masse, leur mari, afin d’épouser, en secondes noces, des hommes samogo, pour maximiser leurs chances d’être, un jour, présidentes du Faso ;

- le féodalisme des Mossi allait reculer, grâce au leadership féminin samogo ;
- beaucoup de femmes mossi allaient, moyennant la corruption des agents de l’état civil, changer leur nom mossi en nom samogo ;

- Saran Séré Sérémé, une fois élue, battrait le record d’audience, à la télévision et à la radio, par sa beauté samogo ; les hommes mossi étant, en majorité, sous son charme ;

- les Samogo allaient multiplier par dix la dot pour les Mossi désirant convoler en justes noces avec les femmes samogo car, désormais, sœurs de la nouvelle présidente du Faso ;

- les femmes samogo étaient les phares, irradiants, de la nouvelle démocratie burkinabè, marquée du sceau du leadership féminin samogo ;

- des chercheurs allaient affluer du monde entier au Burkina Faso, pour étudier, à la loupe, cette nouvelle démocratie burkinabè aux accents féminins samogo.
Et papati, et patata…

Les dolotières dans la danse

Pendant la campagne présidentielle, dans les cabarets samogo, montrer la photo d’une des deux candidates nous valait une première rasade de dolo gratis. Avertis, mon voisin et moi exhibâmes, chacun et séparément, les deux photos. Ce jour-là, nous eûmes droit, chacun, à une double rasade gratis ! La fête, car, momentanément privés d’une partie de nos facultés de discernement politique, nous nous lançâmes dans un feu de louanges aux dolotières samogo !

Le coup KO du président Roch Marc Christian Kaboré a été accueilli, avec soulagement, dans mon village… Les Samogo persistèrent dans leur autoglorification idéologique, prétendant, ainsi, que seules les candidates samogo avaient contribué à rehausser le niveau du débat politique, rendu terne et ennuyeux par les autres candidats en lice… Mais, dans mon village, nous pûmes commencer à respirer, à la proclamation officielle des résultats. Nous arrosâmes la fin du harcèlement politique des Samogo, en buvant force dolo, sucré et très alcoolisé, du Sourou et du Nayala. Les Samogo transformèrent la défaite politique des deux candidates en exploit économique… Ils engrangèrent beaucoup de devises, exhalant une forte odeur de dolo, en provenance de mon village.

Cette année 2020, rien de tout cela, les Samogo rasent les meetings, silencieux et discrets… Seule, Saran Séré Sérémé est en mesure de dire aux masses populaires burkinabè si elle caresse encore le rêve d’un destin national… Attention, je m’arrête là, question d’éviter de réveiller une Samogo qui fait semblant de sommeiller, politiquement !

André Marie POUYA
Journaliste / Consultant

Chargé de délivrer des cartes d’identité mossi (CIM) aux Samogo, au prix, modique, de cinq mille (5 000) FCFA. Sage recommandation : ceux qui veulent éviter des problèmes de monnaie, et accélérer la procédure de délivrance du fameux sésame, peuvent apporter un billet, craquant, de dix mille (10 000) FCFA, en précisant : « Garde la monnaie ! »

Lire aussi du même auteur : Situation nationale : Pourquoi tant de souffrances au Burkina Faso (https://lefaso.net/spip.php?page=web-tv-video&id_article=95987&rubrique21 )

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Vos commentaires

  • Le 5 octobre 2020 à 23:47, par Weder Sy En réponse à : Rakiire électoral : Pas de femme samogo à l’élection présidentielle de 2020

    Cher Pouya,

    Ce pays, en 60 ans d’existence a été dirigé aux 2/3 de ces années par ces gens : une hérésie... Il suffit...l’histoire ne va plus commettre une autre imposture en nous infligeant encore une samogo...Kaï...

  • Le 6 octobre 2020 à 08:22, par Le Financier En réponse à : Rakiire électoral : Pas de femme samogo à l’élection présidentielle de 2020

    Le Samo n’est pas méchant mais est un peu naïf et croit que tout le monde est bon comme lui. Les femmes samo se sont présentées à l’élection présidentielle et ont payé le prix fort. Ma sœur Françoise n’est plus de ce monde, brutalement arrachée à l’affectation de sa famille. Paix à son âme. Ma sœur Saran a failli trépasser. Dieu merci. Au lieu de se réjouir qu’il n’y ait pas de femmes samo candidates cette année, interrogeons nous sur le pourquoi de ce que a vécu ces deux braves dames qui s’étaient présentées aux présidentielles. Loin de moi toute superstition, mais dans un pays où les politiciens partent faire des salamaleck aux chefs traditionnels, cela montre le degré d’obscurantisme dans lequel est la politique dans notre pays. Je crois que les braves femmes du Nayala et du Sourou qui n’ont pas cette culture de rentrer dans des cases obscures ont fait le choix de ne pas sacrifier leur vie dans l’arène obscure et sauvage de la politique au BF et de garder leur vie combien précieuse pour leurs enfants et leurs époux.

  • Le 6 octobre 2020 à 11:20, par Jean Christophe KI En réponse à : Rakiire électoral : Pas de femme samogo à l’élection présidentielle de 2020

    Ouagadogo y a nogo baramba lors de ces 2/3 de temps mais aujourd’hui ouagadogo y a kanga. C’est vous qui le chantez alors du calme

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