LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Production d’ignames dans le Noumbiel : Le projet YAMSYS enseigne de nouvelles techniques pour accroître les rendements

Publié le jeudi 18 juin 2020 à 16h08min

PARTAGER :                          
Production d’ignames dans le Noumbiel : Le projet YAMSYS enseigne de nouvelles techniques pour accroître les rendements

La province du Noumbiel, dans la région du Sud-Ouest, est l’une des principales zones de production d’ignames au Burkina Faso. Pour augmenter la productivité de ces tubercules dans cette partie du pays des hommes intègres, de nouvelles techniques de production agricole ont fait place aux anciennes pratiques, grâce à l’intervention du projet YAMSYS. Retour sur l’état des lieux et les actions menées pour l’amélioration de la sécurité alimentaire via la production d’ignames.

Selon les sources du Service des études statistiques et sectorielles de la Direction provinciale de l’agriculture du Noumbiel, les superficies emblavées pour l’igname s’élevaient à 4 967 hectares (ha) à la campagne agricole 2019-2020. Ce qui représentait 65 % des superficies emblavées sur le plan national.

La production d’ignames a été de 25 761 tonnes, soit 51% de la production nationale. Pour la campagne en cours, les prévisions sont de 4 161 ha d’emblavures et d’une production prévisionnelle de 23 372 tonnes. Notre source indique que les rendements de l’année dernière ne satisfont pas les techniciens de l’agriculture qui pointent du doigt le non-respect du paquet technologique en la matière.

Récolte d’ignames (production YAMSYS campagne agricole 2019 à Midebdo)

En effet, il existe un grand gap entre la production réelle obtenue entre 7 et 9 tonnes à l’hectare et le potentiel atteignable, selon les recherches agricoles qui indiquent qu’il est possible d’atteindre un rendement de 50 tonnes à l’hectare.

Au regard de l’analyse de ces statistiques, le chef de service des études statistiques et sectorielles de la Direction provinciale de l’agriculture du Noumbiel, Lionel Alberic Bayala, confie que le niveau de la productivité est faible dans la province. Il ajoute que certains facteurs majeurs expliquent cette faible production.

Ainsi, d’une manière générale, la production d’ignames dans le Noumbiel se fait de façon traditionnelle, appelée « système itinérant » à faible productivité, avec un impact négatif sur l’environnement. Cette situation s’explique par le fait que la culture de l’igname se pratique sur des parcelles appauvries, dû à la faible utilisation de fertilisants et l’utilisation de semenceaux (tubercules destinés à l’ensemencement) de mauvaise qualité. En plus de cela, la distance entre les buttes construites n’est pas respectée dans les champs.

Lionel Alberic Bayala : « Les producteurs d’ignames doivent utiliser les engrais spécifiquement adaptés à leurs spéculations, pour de meilleurs rendements »

Des techniques agricoles innovantes

Dans le souci d’optimiser les rendements des productions d’ignames dans le Noumbiel, les services techniques de l’agriculture se sont investis. Cela, avec l’accompagnement du projet YAMSYS (Biophysical Intstitutional and Economic Drivers of Sustainabe Soil Use in Yam Systems for improved Food Security in West Africa).

Autrement dit en français, « Déterminants biophysiques, institutionnels et socioéconomiques de l’utilisation durable des sols dans les systèmes de cultures à base d’ignames pour une amélioration de la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest ».

Ainsi, l’action du projet s’est axée à deux niveaux. Elle a d’abord consisté à renforcer les capacités pratiques des producteurs sur le respect des itinéraires techniques puis à la mise en œuvre d’actions pour l’organisation opérationnelle de la filière igname. Concernant le respect des itinéraires techniques, la Direction provinciale bénéficie, depuis 2015, du soutien du projet YAMSYS. Ce projet s’inscrit dans le sens de l’optimisation des rendements mais surtout dans la préservation de l’environnement.

Le producteur d’ignames, Sié Grégoire Da, dans son champ d’ignames à Midebdo.

Pour l’ingénieur agronome et gestionnaire du site YAMSYS de Midebdo, Dieudonné Sankara, les bonnes techniques agricoles pour la culture de l’igname recommandent une densité de 10 000 buttes à l’hectare. Cela avec un écartement d’un mètre entre les buttes qui doivent être disposées en ligne, accompagné de l’emploi de fumure organique et chimique.

Pour le moment, la recherche burkinabè n’a pas encore trouvé des semences améliorées d’ignames comme on le constate avec certaines spéculations. Pour pallier cette difficulté, M. Sankara confie qu’il a été importé deux variétés d’ignames de la Côte d’Ivoire, à savoir la variété R3 et la variété C18. « Avec ces variétés, des essais concluants ont permis de mettre des semenceaux à la disposition des producteurs qui ont reconnu à la récolte, le bon rendement de ces nouvelles variétés par rapport aux anciens semenceaux. Il est également recommandé de traiter les semenceaux d’ignames avant leur mise en terre.

En plus, le tuteurage des buttes d’ignames avant notre arrivée exigeait beaucoup de bois (un tuteur par butte). Ce qui est dommageable pour l’environnement et le couvert végétal. A ce sujet, il a été mis en place la technique « des tuteurs améliorés » qui a consisté à utiliser deux bois avec une traverse munie de fils qui servent de supports aux tiges rampantes pour la croissance des plants d’ignames ». S’agissant de ces tuteurs, de l’avis de Lionel Alberic Bayala, toutes les variétés d’igname ne sont pas sensibles au tuteurage. Mais pour ce qui est des variétés pour lesquelles le tuteurage influence le rendement, il est recommandé de tuteurer très tôt les plants dès l’émergence des premières feuilles.

Hangar de stockage amélioré de YAMSYS

Les résultats engrangés

L’arrivée du projet YAMSYS a un peu changé le mode de production de l’igname à Midebdo, à en croire Sié Grégoire Da. Il est producteur depuis 20 ans et exploite actuellement 4 hectares. D’après lui, il produisait l’igname selon les techniques culturales traditionnelles, mais avec ce projet, il a appris de nouvelles méthodes. Ainsi, il applique les conseils des techniciens de l’agriculture en respectant le nombre de buttes à l’hectare, la technique de tuteurage, l’application de la fumure organique et surtout l’utilisation de nouveaux semenceaux d’ignames qui produisent mieux que les variétés anciennes.

Technique des tuteurs améliorés de YAMSYS

En termes de rendement, M. Da déclare avoir obtenu 6,5 tonnes d’ignames sur 4 hectares emblavés pour le compte de la campagne agricole écoulée. Même si ce rendement semble satisfaire ce producteur, les techniciens estiment que ce résultat est très faible. Car si le paquet technologique était strictement respecté, le rendement aurait été meilleur (environ 50 tonnes à l’hectare).

Boubacar TARNAGUIDA


Le projet YAMSYS prend fin en 2020. Pour maintenir les acquis engrangés sur le terrain, des actions ont été menées pour former des vulgarisateurs. Ils seront chargés à leur tour de former les producteurs de la localité sur les bonnes techniques de production de l’igname. Pour faciliter cette vulgarisation de la filière igname, les responsables des services techniques de l’agriculture de la province du Noumbiel recommandent la structuration des producteurs en regroupements. Le projet YAMSYS est financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique et l’Agence suisse pour le développement et la coopération. Le projet intervient dans deux communes au Burkina Faso : Midebdo et Léo.

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique