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Restauration du vivre ensemble : UFC-Dori mobilise les producteurs du Sahel

Publié le lundi 2 mars 2020 à 21h45min

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Restauration du vivre ensemble : UFC-Dori mobilise les producteurs du Sahel

En marge des Journées du maraicher du Sahel, l’Union fraternelle des croyants de Dori (UFC-Dori) a organisé un cadre de concertation entre producteurs autour de la problématique sécuritaire et de la cohésion sociale. C’était le 29 février dans la capitale de la région du Sahel. Les participants ont échangé sur les mécanismes à mettre en œuvre pour renforcer la cohésion sociale au sein des communautés locales fortement éprouvées par les attaques terroristes et les conflits intercommunautaires.

Pendant que les journées du maraicher battaient leur plein, il y avait aussi du temps accordé à la réflexion. Malgré les bonnes affaires, il faut également discuter sur les problématiques de l’heure. Depuis 15 ans c’est ainsi, une plateforme d’échange appelée Cadre de Concertation entre Producteurs (CaCoPro) est créée afin de permettre aux différents acteurs d’échanger et de partager des expériences sur diverses thématiques. Cette année, actualité brulante oblige, les participants ont discuté autour du thème « ensemble, reconstruisons notre vivre-ensemble au Sahel ». Cette activité a été rendue possible grâce au projet « Acting Together for Peaceful Coexistence in Sahel », financé par le Gouvernement américain.

Le coordonnateur de l’Union fraternelle des croyants de Dori (UFC-Dori) Paul François Ramdé explique : « Dans les villages accompagnés par UFC-Dori, entre 2013 et 2014, nous avons mis en place des comités locaux de paix qui aident à prévenir les conflits, à les gérer de façon à ce que les problèmes au niveau local puissent être résolus rapidement avant que cela ne prenne de l’ampleur. Ces comités locaux travaillent à côté des organisations paysannes qui sont pour la plupart des organisations de femmes qui travaillent autour des différents sites maraichers que UFC a construits et valorisés. Il s’agit de les encourager dans cette mission de promotion de la paix, on y a ajouté la restauration de la confiance ».

C’est Dénis Daboné, conseiller en droits humains à la direction régionale des droits humains et de la promotion civique de la région du sahel qui a entretenu les participants sur le thème. Il a axé sa communication autour de trois notions essentielles : la cohésion sociale, la tolérance, et la paix. « Ces trois notions sont liées. Dans le contexte actuel du Burkina, on a besoin plus que jamais de la paix. Ce qui est ressorti de nos échanges est que celui qui cherche la paix, doit d’abord commencer à tolérer (…) On ne peut pas dire que la Paix est totalement partie. Il y a toujours des indices de paix et pour préserver ces indices dans nos communautés, il faut mettre l’accent sur la cohésion sociale », a-t-il expliqué.

Partager la bonne nouvelle de la paix

Face aux producteurs, Dénis Daboné a suggéré de privilégier le dialogue parce que, a-t-il soutenu, il n’y a pas de communauté humaine qui ne connaisse pas de conflits. « Mais le dialogue est le ciment de toute société », a-t-il dit avant de souligner la nécessité de pratiquer la culture de la tolérance. « Ce n’est pas parce que nous avons raison, que nous devons être intolérants. Le pardon ne tue pas, bien au contraire, il préserve l’essentiel face aux risques de division », a poursuivi le communicateur face à un public très attentif.

Ensuite, le conseiller en droits humains à la direction régionale des droits humains et de la promotion civique de la région du sahel a insisté sur l’impératif de bannir les stigmatisations basées sur l’ethnie, la religion, le genre. Il faut plutôt encourager les associations et cadres de rencontres qui vont au-delà des clivages et qui permettent de mieux connaitre l’autre, les mariages interreligieux, les valeurs endogènes qui favorisent la cohésion sociale, comme la parenté et les alliances à plaisanterie.

Ouobua Ouadoré Possi, ressortissant de kargonol, village de la commune de Falangountou s’est réjoui du thème abordé lors des échanges. Pour ce producteur, l’insécurité impacte négativement sur les activités maraichères. « Les éditions précédentes des Journées du maraicher du Sahel, il y avait plus d’engouement. Les communes d’intervention de l’UFC-Dori où il y avait des boulis, où les gens produisent plus, ne sont pas présentes cette année. En plus, les gens venaient d’ailleurs, même de Ouagadougou pour faire des achats, mais cette année, il n’y a pas eu cela. Tout cela à cause de l’insécurité. C’est donc une bonne initiative de discuter de ce sujet », explique-t-il.

Hadjatou Hama Dicko, ressortissante de Bouloye, village de la commune de Dori a déjà suivi plusieurs formations sur les thématiques de paix et de cohésion sociale. En tant que membre de cellule de paix de son village, ce sont des sujets qui ne lui sont pas étrangers. Mais elle dit avoir apprécié la présente, pour le caractère interactif de l’exercice. Les connaissances renforcées, la dame promet de partager une fois rentrée à Bouloye. « Dans notre village, jusqu’à présent, Dieu merci tout va bien. Nous arrivons à éteindre certains conflits locaux. Mais, il faut travailler à préserver durablement cette paix », a expliqué Hadjatou Hama Dicko.

« Quand la case de ton voisin brule, tu ne peux être tranquille », reprend Ouobua Ouadoré Possi qui entend également ne pas garder la bonne nouvelle une fois rentré. Le formateur, rassuré des échanges fructueux, s’est dit confiant. « En tant que producteurs, ils ont vraiment un rôle à jouer dans leurs communautés. Ce sont des leaders dans leurs communautés. Qui dit leader, dit quelqu’un qui doit avoir des paroles, des comportements et une attitude de paix. C’est plus facile de changer le comportement de quelqu’un quand on passe par les leaders », a conclu Dénis Daboné.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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