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Au palais de justice : Un licencié réclame 7 millions de dédommagement

Publié le vendredi 9 septembre 2005 à 08h01min

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Ousmane Traoré, un ancien aide-gérant, et son ex-employeur, le groupe des boulangeries 2000, étaient à la barre du tribunal du travail de Ouaga le 30 août 2005. A l’origine, un conflit du travail né du licenciement de l’agent, jugé abusif par ce dernier et pour lequel il demande un dédommagement de 7 millions de FCFA en plus des droits sociaux.

Ousmane Traoré a été engagé dans le groupe Les Boulangeries 2000 en 2001 en qualité de commis au comptoir. En septembre 2003, il est nommé au poste d’aide-gérant et placé sous l’autorité d’un gérant principal à qui il reverse les encaissements qu’ils a effectués. C’est ce dernier qui donne son quitus après vérification. Il fera ce travail en compagnie d’un autre aide-gérant jusqu’en août 2004, date à laquelle il sera licencié (ainsi que son collègue et le gérant principal) pour un manquant de caisse de 462 176 FCFA constitué de bons.

Si les deux autres ex-travailleurs n’ont pas été en justice, Ousmane Traoré a décidé de son côté de franchir le pas. Et cela, pour contester son licenciement qui, à ses yeux, est abusif vu que le manquant de caisse ne pourrait lui être imputé. La raison avancée par l’ex-employé est qu’il relevait d’un supérieur hiérarchique qui attestait, sur la base d’un journal de caisse, sa gestion.

Un supérieur qui n’hésitait pas, en cas de manquant constaté, à avertir la direction du groupe qui sévissait à son tour par des retenus sur salaire de l’intéressé. Or, dans le cas du manquant de plus de 400 000 FCFA, l’aide-gérant soutient que sa responsabilité n’est pas engagée à partir du moment où il n’a pas été constaté dans sa caisse. Dans une situation de gestion séparée, chacun répond de la tenue de sa caisse et ne peut pas payer, par son salaire ou son poste, des manquements d’un collègue.

En somme, M. Traoré refuse d’être une fois de plus victime après avoir subi des coupes mensuelles de 20 000 FCFA dans son salaire pour rembourser, en compagnie d’autres travailleurs, 9 millions de FCFA représentant des pertes de sacs de farine. Une situation dans laquelle il s’est retrouvé au moment de sa nomination au poste d’aide-comptable.

Par rapport au manquant de plus de 400 000 FCFA, l’avocat de l’ex-employé, Me Paulin Salembéré, a soutenu qu’il a été constaté dans la caisse du gérant principal et non dans celle de son client. Pour cela, M. Traoré ne saurait payer dès lors que la gestion n’est pas collective. En vue de compenser le licenciement qu’il a qualifié d’abusif, l’avocat a fait un certain nombre de demandes. Il s’agit de la régularisation de l’immatriculation de l’ancien aide-gérant à la caisse de sécurité sociale, des indemnités compensatrices de préavis de 100 000 FCFA, des indemnités de congés payés de 10 000F CFA et des indemnités de licenciement de 105 334 FCFA.

L’avocat a également demandé pour son client le remboursement de la somme de 180 000 FCFA représentant les retenues sur salaire de 20 000 FCFA par mois opérées d’octobre 2003 à fin juillet 2004. Me Salembéré a aussi demandé le remboursement de la somme de 68 250 FCFA représentant diverses dépenses effectuées par l’agent de sa poche pour le compte du service (frais de parking, d’essence, etc.). Pour boucler la boucle, l’avocat a demandé des dommages et intérêts de 7 millions de FCFA et l’exécution provisoire du jugement que le tribunal va rendre.

L’avocat du cabinet Sogodogo qui défendait la boulangerie n’entendait pas les choses de la même oreille. Pour lui, le licenciement de l’aide-gérant est légitime à partir du moment où il a commis une faute lourde (malversation). La gestion étant à la fois collective et particulière au niveau du groupe, la responsabilité de l’aide-gérant est bel et bien engagée dans le manquant de caisse constaté. Par ailleurs, l’avocat a relevé que les choses ne se sont pas passées de façon cavalière comme veulent le faire croire l’employé et son conseil. Si l’aide-gérant et ses deux collègues ont été remerciés, ce n’est pas uniquement pour le manquant de caisse, mais pour d’autres raisons également, a-t-il soutenu sans entrer dans les détails.

Au regard de tout ce qui précède, l’avocat du groupe a demandé au tribunal de débouter l’ex-employé et aussi de ne pas ordonner l’exécution provisoire du jugement dont, dit-il, les conditions ne sont pas réunies. Après avoir écouté les uns et les autres, la présidente du tribunal, Rakieta Zoromé, leur a donné rendez-vous le 20 septembre prochain pour le verdict.

Par Séni DABO
Le Pays

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