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SECOBIO : Quand l’ONG Catholic relief services (CRS) soulage les producteurs de l’or blanc

Publié le dimanche 2 février 2020 à 23h24min

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SECOBIO : Quand l’ONG Catholic relief services (CRS) soulage les producteurs de l’or blanc

Longtemps attendue par les acteurs de la filière coton, l’usine d’égrenage de coton biologique est enfin là et sera, sans nul doute, l’une des plus grandes réalisations du projet RECOLTE (Revenue throug cotton livelihoods, trade and equity) piloté par l’ONG Catholic relief services (CRS), pour la période allant de septembre 2013 à septembre 2018.

Paire de ciseaux en main, le chef de l’Etat, Roch Kaboré, en présence du vice-président de CRS chargé des opérations d’Outre-mer, Schuyler Thorup , a procédé, ce 31 janvier 2020, dans la cité du Cavalier rouge (Koudougou), à la coupure de ruban marquant officiellement le démarrage des travaux de l’unité d’égrenage de coton biologique, la toute première au Burkina et en Afrique de l’Ouest et du Centre, dit-on.

D’un investissement global de 3 milliards 850 millions de francs CFA, la Société d’égrainage de coton biologique (SECOBIO), qui a vu le jour après 16 mois de travaux, a une capacité d’égrainage de 17 500 tonnes de coton-graine par campagne, soit en moyenne 125 tonnes de coton-graine par jour (sur 140 jours d’égrenage). Le capital s’élève à 10 millions de francs CFA dont 51,02% des parts détenues par l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) soutenue par CRS, et 48,98% pour la SOFITEX.

Bâti sur une superficie de 5 000 m2, ce nouveau joyau, doté de deux lignes, a une capacité de production de 2 500 tonnes de coton-graine biologique et de 15 000 tonnes d’égrenage de coton conventionnel par campagne. L’usine permettra d’employer 100 travailleurs saisonniers (période de croisière) et 40 permanents.

A terme, on parlera de 500 emplois directs et indirects. Le peu que l’on puisse dire, c’est que le rêve de plusieurs années se concrétise enfin pour l’ensemble des acteurs qui se sont lancés dans la production du coton biologique, il y a une quinzaine d’années au Burkina. Un grand motif de satisfaction pour les producteurs en attendant de mobiliser la somme de 600 millions de francs pour rendre la deuxième ligne de l’unité d’égrenage fonctionnelle et multiplier sa capacité de production. Pour l’instant, on se réjouit d’un tel évènement qui se tient en marge de la deuxième édition du Salon international du coton et du textile (SICOT), tenue du 30 au 31 janvier 2020.

Yacouba Koura, le vice-président de l’Union nationale des producteurs de coton biologique, confie que « chaque année, il fallait d’abord attendre qu’on finisse d’égrener le coton conventionnel avant d’avoir une place pour égrener le coton biologique. Face aux retards, l’UNPCB a fait appel à son partenaire CRS pour lever ce goulot d’étranglement ».

Présente au SICOT, Bernadette Zongo/Tapsoba du groupement Wend Songda de l’Oubritenga (Ziniaré), fait partie de ces productrices qui clament que la mise en la place de l’unité d’égrenage de coton biologique leur permettra d’écouler rapidement leurs productions et de disposer de leurs revenus à temps. « On pouvait faire facilement six mois sans que la SOFITEX ne vienne peser le coton. C’est donc une initiative à saluer parce qu’on pourra vendre rapidement le coton et avoir l’argent à temps pour investir dans la campagne suivante et dans d’autres activités », se réjouit la désormais déléguée bio de l’Oubritenga.

Bernadette Zongo née Tapsoba, déléguée bio de la province de l’Oubritenga

Comme elle, Djélia Sankandé/Konaté, la présidente de la Coopérative Faso textile (COFATEX), spécialisée dans le tissage, la teinture et la formation, ne dira pas le contraire, elle qui ne souhaite plus être confrontée à des problèmes de disponibilité de fil de coton bio sur le marché. « Parfois, on était contraintes de se procurer le fil de tissage à un coût très élevé dans des pays voisins », raconte-t-elle, soulignant qu’elle a eu à perdre des partenaires. Et quand une usine d’égrenage se met en place dans son pays, dame Sakandé voit non seulement la fin des difficultés de sa coopérative, mais surtout une opportunité de mettre sur le marché, des produits de qualité à moindre coût.

Djelia Sakandé / Konaté, présidente de la COFATEX

Ces difficultés, le chef du département de l’industrie et de l’artisanat les reconnait. « La construction de l’usine d’égrenage permettra de mette fin à la récolte tardive de la production qui entraîne l’égrenage tardif du coton biologique, des retards dans la commercialisation de la fibre de coton biologique, un paiement tardif des producteurs, des risques de contamination liés à l’égrenage dans des installations non-dédiées par sous-traitance, une mise en place tardive des semences pour le démarrage de la campagne agricole, un découragement des producteurs et l’abandon de la production du coton biologique », a relevé le ministre Harouna Kaboré.

Il faut saluer la flexibilité du bailleur de fonds

Boubacar Kamissokho, le directeur du projet RECOLTE, confiera que la mise en place de l’usine d’égrenage de coton biologique ne figurait pas dans les priorités dudit projet. Toutefois, dit-il, « nous avons constaté que le nombre de producteurs de coton baissait d’année en année. Avec les retards rencontrés dans l’égrenage, on s’est donc dit, faisons une étude de faisabilité pour voir dans quelle mesure on pourrait mettre en place une usine d’égrenage de coton ».

Boubacar Kamissokho, Directeur du projet RECOLTE

Finalement, le Département américain de l’agriculture (USDA) a bien voulu financer cette initiative. « Avec les différents acteurs, on s’est rendu compte que le projet ne pouvait pas en tant que tel mettre en place une usine, mais pouvait apporter un capital de départ, c’est-à-dire un capital d’amorçage et à partir duquel, l’UNPCB pouvait apporter sa contribution, a expliqué Boubacar Kamissokho. Ainsi, le projet RECOLTE a contribué à hauteur de 700 millions pour l’installation de l’égreneuse ; un investissement qui a servi de capital d’amorçage et l’UNPCB a apporté sa propre contribution de 300 millions, soit 1 milliard de franc CFA comme contribution des cotonculteurs.

RECOLTE, 10 000 petites productrices et producteurs de coton bio
Avant d’arriver à la mise en place de la présente usine, monsieur Kamissokho note que le projet RECOLTE, qui vise le développement de la chaîne de valeur du coton biologique, l’amélioration des revenus, les perspectives économiques et la sécurité alimentaire des petits producteurs de coton biologique, a toujours été aux cotés des producteurs .

Ce, dans les provinces de la Comoé, du Ioba, du Ziro, du Boulgou, du Nayala, de l’Oubritenga et du Gourma. En effet, outre l’accès aux équipements agricoles, la mise à disposition des magasins de stockage pour les intrants et les produits de récolte, il affirme que le projet RECOLTE aura permis aux producteurs de régler un problème important lié à la disponibilité des semences bio de coton de bonne qualité. « Nous avons initié un contrat avec l’INERA qui a pu mettre à la disposition des producteurs, des semences de base multipliées dans trois fermes biologiques ». Aussi, dans le cadre du développement du capital humain, les producteurs ont bénéficié d’un programme de renforcement de capacités avec des stratégies de formation et de marketing des produits.

Andrew Young, ambassadeur des Etats-Unis au Burkina

« L’UNPCB ne disposait pas de plan marketing et nous l’avons aidée à construire ce plan. Nous avons aussi mis en place une stratégie pour les équipements agricoles avec un Fonds intrants et équipement agricole disponible. Ce qui a permis à l’UNPCB de mettre à la disposition des producteurs, des équipements de qualité », a-t-il relevé.

D’un montant de 11,8 millions de dollars, soit environ 6,6 milliards de francs CFA, le projet RECOLTE enregistre, à ce jour, 10 000 bénéficiaires directs (producteurs) dont 58% sont des femmes. Il est mis en œuvre avec l’appui de l’UNPCB, l’assistance technique de l’Institut de l’environnement et de la recherche agricole (INERA) et le Centre de recherche de l’université de Texas.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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