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Présidentielle 2005 : Nayab veut contrer Blaise Compaoré

Publié le jeudi 1er septembre 2005 à 05h01min

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La liste des prétendants à la magistrature suprême du Burkina vient de s’allonger. Le 31 août dernier, la veille de son anniversaire (18 ans), le MTP, Moog Teeb Panpaasgo (Mouvement pour la Tolérance et le progrès), a annoncé la candidature de son président, Nayabtigoungou Congo Kaboré, à la présidentielle du 13 novembre 2005. C’était à Tanghin-Dassouri, localité située à 25 km de Ouagadougou (à l’ouest) , lors d’une conférence de presse .

Le choix de Tanghin-Dassouri pour tenir cette conférence n’est pas fortuit. Il s’explique par le fait que ce département est le fief du dorénavant 16e candidat déclaré à la présidentielle de novembre 2005. C’est tout de blanc vêtu, à cheval, et acclamé par des jeunes de son parti que Nayabtigoungou Congo Kaboré, le président du Mouvement pour la Tolérance et le progrès (un parti se réclamant du sankarisme), s’est présenté à la Maison des jeunes de la localité. C’est aussi dans une Maison des jeunes comble que cette conférence de presse, à l’allure d’un meeting, a eu lieu. Occasion pour l’orateur d’alterner mooré et français, tantôt pour se faire comprendre et acclamer de l’assistance, tantôt pour répondre aux questions posées .

Dans son discours liminaire, le président du MTP a fait savoir que sa candidature avait été décidée le 20 août dernier, lors du Conseil politique national extraordinaire de son parti. Et pour lui, cela se justifie par deux raisons principales : " Quand on crée un parti, c’est pour participer à toutes les élections" ; en outre, sa candidature vise à contrer Blaise Compaoré, qui veut rempiler. Pour lui, l’élection présidentielle à venir est historique, du fait du nombre élevé des candidats. Il reste convaincu qu’il y aura un deuxième tour et qu’il fera partie du lot de ceux qui y arriveront.

Nayabtigoungou Congo Kaboré a fait savoir lors de cette rencontre, que "son effacement" de la scène politique nationale n’était rien d’autre qu’un repli tactique et une réponse aux multiples crises entre les partis politiques de l’opposition :" Chaque fois, à deux ou trois mois des élections (présidentielle, législatives et municipales), les partis de l’opposition regroupés au sein d’une même entité se pourfendent.

Cela a été le cas aux élections de 1992 et de 1998. Les partis politiques se chamaillent à l’approche des élections et brisent leur union. Ce qui les affaiblit". A la question de savoir les chances de son parti de remporter la présidentielle, il a déclaré que tous les Burkinabè avaient les mêmes chances : " Les candidats se présenteront sur un pied d’égalité, qu’ils aient des milliards, qu’ils soient réclamés par leur peuple... Le peuple n’est pas si dupe. Il est assez intelligent pour faire la part des choses".

Pour l’occasion, le conférencier a repondu aux questions concernant, entre autres, sa vision du bilan de Blaise Compaoré, de l’inflation, la famine au Burkina, la crise ivoirienne, le rapport entre le Burkina et ses voisins, le manque de cohésion entre partis sankaristes et son analyse de la situation politique nationale.

Le président du MTP, qui a été un des compagnons de Blaise Compaoré sous la Révolution et par deux fois ministre sous la IVe République (ministre de l’Action sociale et ministre de l’Intégration régionale), a affirmé que le président burkinabè restait le même : "Il a le même comportement. Et il est capable de faire mieux que ça. Tout dépend de son entourage". Et d’ajouter que les insuffisances et autres déboires du pouvoir en place étaient pour la plupart dus aux mauvais agissements de ses ministres et proches, car "un gouvernement est fait pour tout prévoir.

C’est pour éviter les famines et autres problèmes que l’OFNACER avait été créé (...). On ne tient pas compte de la spécialité des agents pour les nommer à des postes de responsabilité. Ces gens, qui ne sont pas compétents, finissent par provoquer la faillite ou la fermeture de tous les services ou institutions qu’ils ont dirigés. Et les cadres se taisent et ne parlent pas parce qu’ils se cherchent".

Pour Nayabtigoungou Congo Kaboré, le soutien du chef de fil de l’opposition à la candidature de Blaise Compaoré n’est pas fortuit, car chaque parti a ses visées, sa stratégie et sa façon de conquérir le pouvoir. A cela, il a ajouté sa vision du champ politique burkinabè : "Même si nous nous bagarrons entre nous sankaristes, il faut noter qu’il y a à notre niveau une constance. Il y a beaucoup plus d’opposants au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qu’en dehors de ce parti qui est actuellement au pouvoir.

Il y a une ingratitude au sein de ce parti. Ceux qui l’ont consolidé sont aujourd’hui délaissés (...). Et pour ce qui concerne les millions versés aux opposants par le pouvoir, nous n’avons pas encore été approchés et nous ne pouvons juger ceux qui l’ont été ou non". Pour lui, les nombreuses candidatures à la prochaine présidentielle n’entament en rien la démocratie.

Autres points abordés lors de cette rencontre, " le Burkina et la crise ivoirienne" et l’unité sankariste. Concernant le premier point, le président du MTP a laissé entendre que toutes les actions menées actuellement, à l’extérieur, par Blaise Compaoré, étaient prévues depuis la période de la Révolution et ce, avec pour intention de faire respecter les Voltaïques. Aussi s’est-il désengagé de toute démarcation avec le pouvoir en place. Une position qu’il a justifiée par le nationalisme et le patriotisme burkinabè.

Revenant au sankarisme, il a fait savoir que ce concept regroupait tous les acquis positifs de la Révolution. Et d’ajouter que cette union sankariste qui se fait attendre aura lieu " tôt ou tard".
Les préoccupations du MTP lors de cette campagne seront entre autres axées sur la crise alimentaire, l’insécurité, les relations entre le Burkina et les pays voisins, etc.

Par Alain DABILOUGOU
Le Pays

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